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Insee Flash Grand Est · Janvier 2022 · n° 55
Insee Flash Grand EstUn jeune sur trois vit dans une commune rurale

Perrine Kauffmann, Mireille Salomon (Insee)

Au 1er janvier 2018, 1 436 000 jeunes âgés de 3 à 24 ans résident dans le Grand Est, dont 37 % dans une commune rurale. À partir de 18 ans, les jeunes ruraux partent plus souvent s’installer en ville, principalement pour y poursuivre leurs études. Les collégiens et lycéens du rural parcourent des distances bien plus longues que les autres pour se rendre sur leur lieu d’étude. La part des jeunes ruraux en apprentissage est plus élevée que celle des urbains.

Insee Flash Grand Est
No 55
Paru le :Paru le18/01/2022

Au 1er janvier 2018, 1 436 000 jeunes âgés de 3 à 24 ans résident dans le Grand Est. Parmi eux, 525 000 vivent dans une , soit 37 % des jeunes de la région, situant le Grand Est au même niveau que la France de province. Sans surprise, la majorité des jeunes de 3 à 24 ans de la Meuse (74 %), des Vosges (66 %), de la Haute-Marne (65 %) et des Ardennes (54 %) vivent dans le rural, ces départements étant majoritairement ruraux. À l’inverse, ils ne sont que 27 % dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, départements plus urbains.

Un départ massif des communes rurales à la majorité

Dans le Grand Est, 984 000 enfants et adolescents sont âgés de 3 à 17 ans. Parmi eux, 40 % résident en milieu rural et cette proportion évolue peu avec l’âge (figure 1). La majorité de ces mineurs vivent dans une commune sous influence d’un pôle. En effet, les familles du rural vivent plus souvent à proximité des pôles d’emploi. Dans les milieux urbains, les jeunes de 3 à 17 ans sont plus nombreux dans les communes à densité intermédiaire.

Figure 1Part des jeunes résidant dans une commune rurale du Grand Est en 2018 selon la tranche d’âge

en %
Part des jeunes résidant dans une commune rurale du Grand Est en 2018 selon la tranche d’âge (en %) - Lecture : dans la Meuse, 76,6 % des jeunes de 3 à 17 ans vivent dans une commune rurale.
3 à 17 ans 18 à 24 ans 3 à 24 ans
Meuse 76,6 64,7 73,6
Haute-Marne 69,6 52,5 65,0
Vosges 68,7 57,1 65,6
Ardennes 56,7 46,6 54,1
Aube 49,3 34,9 45,0
Marne 44,9 25,2 38,2
Grand Est 40,7 27,5 36,5
Moselle 35,4 26,6 32,8
Meurthe-et-Moselle 33,6 17,5 27,7
Bas-Rhin 30,5 19,5 26,7
Haut-Rhin 28,3 24,7 27,3
  • Lecture : dans la Meuse, 76,6 % des jeunes de 3 à 17 ans vivent dans une commune rurale.
  • Champ : Grand Est, personnes âgées de 3 à 24 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Figure 1Part des jeunes résidant dans une commune rurale du Grand Est en 2018 selon la tranche d’âge

  • Lecture : dans la Meuse, 76,6 % des jeunes de 3 à 17 ans vivent dans une commune rurale.
  • Champ : Grand Est, personnes âgées de 3 à 24 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2018, exploitation complémentaire.

Dans le Grand Est comme au niveau national, les migrations vers les communes urbaines sont plus importantes après 18 ans, les établissements d’enseignement supérieur étant majoritairement implantés dans les grandes villes. À 17 ans, 27 200 jeunes résident dans le rural, soit 40 % des jeunes de cet âge. À 18 ans, ils ne sont plus que 19 600, soit 29 % d’entre eux. Parmi les jeunes de 18 ans qui vivaient un an auparavant dans une commune rurale de la région, 3 800 se sont installés dans une commune urbaine du Grand Est et 1 000 ont quitté la région. Enfin, entre 19 et 24 ans, la part des jeunes résidant dans une commune rurale se stabilise autour de 27 %. Ainsi, les jeunes résidant dans le rural poursuivent moins souvent une scolarité que les urbains : seulement 54 % des jeunes de 16 à 24 ans sont scolarisés contre 62 % dans l’urbain.

En Marne et en Haute-Marne, les départs des jeunes autour de 18 ans sont plus fréquents que dans les autres départements. La part des 18-24 ans y est respectivement inférieure de 20 et de 17 points à celle des 3-17 ans. À l’inverse, dans le Haut-Rhin, peu de jeunes majeurs quittent le milieu rural pour l’urbain. La Meurthe-et-Moselle et le Bas-Rhin sont les départements ayant la plus faible proportion de 18-24 ans vivant dans le rural, tandis que la Meuse et les Vosges, départements plus ruraux, sont ceux où cette proportion est la plus élevée.

La distance domicile-école augmente avec l’âge

Compte tenu de la répartition des établissements scolaires sur le territoire, dans le rural une plus grande proportion d’élèves fréquente une école en dehors de leur commune de résidence, et cette proportion augmente au fil de l’âge. Ainsi, 41 % des enfants entre 3 et 10 ans sont scolarisés hors de leur commune de résidence, contre 13 % en milieu urbain (figure 2). Néanmoins, que l’on vive dans le rural ou l’urbain, les distances parcourues par ces écoliers sont voisines : la moitié des enfants de 3 à 10 ans, habitent à moins de 6 km de leur école.

Dans le rural, la part de collégiens scolarisés hors de leur commune de résidence double par rapport aux écoliers : 79 % des jeunes ruraux de 11 à 14 ans étudient dans un établissement situé hors de leur commune, contre 31 % des jeunes urbains. La moitié de ces collégiens parcourent plus de 8 km pour se rendre sur leur lieu d’études : ce trajet médian est 3 km plus long que pour les jeunes urbains.

Lors du passage au lycée, les disparités entre jeunes urbains et jeunes ruraux se creusent davantage. Dans l’espace rural, la distance entre le domicile et le lieu d’étude double par rapport aux collégiens. La quasi-totalité des jeunes âgés de 15 à 17 ans sont scolarisés en dehors de leur commune de résidence. Avec 18 km au lieu de 10 km, les distances parcourues pour se rendre sur leur lieu d’étude sont sensiblement plus élevées que pour les jeunes du même âge en milieu urbain. Ces derniers étudient pour moitié dans leur commune de résidence.

Figure 2Jeunes ruraux de 3 à 17 ans non scolarisés dans leur commune de résidence, distance des trajets « domicile-établissement scolaire » dans le Grand Est en 2018

Jeunes ruraux de 3 à 17 ans non scolarisés dans leur commune de résidence, distance des trajets « domicile-établissement scolaire » dans le Grand Est en 2018 - Lecture : en 2018, 82 200 jeunes de 3 à 10 ans vivant dans l’espace rural sont scolarisés hors de leur commune de résidence, soit 41 % d’entre eux. La distance médiane parcourue par ces enfants pour aller à l’école est de 6 km.
Type de commune de résidence 3 à 10 ans 11 à 14 ans 15 à 17 ans
Effectifs Part des scolarisés hors de leur commune de résidence (en %) Distance médiane (en km) Effectifs Part des scolarisés hors de leur commune de résidence (en %) Distance médiane (en km) Effectifs Part des scolarisés hors de leur commune de résidence (en %) Distance médiane (en km)
Espace rural 82 000 41 6 85 000 79 8 73 100 95 18
Rural autonome très peu dense 16 400 88 6 10 100 98 11 7 200 99 26
Rural autonome peu dense 17 600 30 6 21 500 65 8 21 800 90 21
Rural sous faible influence d'un pôle 23 500 36 5 27 200 79 7 23 700 96 17
Rural sous forte influence d'un pôle 24 500 44 5 26 200 88 9 20 300 97 15
Espace urbain 38 900 13 5 45 900 31 5 58 000 52 8
Urbain densité intermédiaire 26 600 17 5 33 100 39 5 41 100 64 11
Urbain dense 12 300 9 5 12 800 20 5 16 900 36 6
  • Lecture : en 2018, 82 200 jeunes de 3 à 10 ans vivant dans l’espace rural sont scolarisés hors de leur commune de résidence, soit 41 % d’entre eux. La distance médiane parcourue par ces enfants pour aller à l’école est de 6 km.
  • Champ : Grand Est, enfants de 3 à 17 ans inscrits dans un établissement et non scolarisés dans leur commune de résidence.
  • Sources : Insee, distancier Metric-OSRM, © les contributeurs d’OpenStreetMap et du projet OSRM.

L’apprentissage plus répandu dans le rural

Dans le Grand Est, 35 200 jeunes de 16 à 24 ans étudient dans un cursus en apprentissage, soit 10 % des jeunes de cette tranche d’âge inscrits dans un établissement d’enseignement. Cette part est plus élevée dans l’espace rural : 14 % des jeunes scolarisés y sont en apprentissage, pour 9 % en milieu urbain. Cette part est notamment plus importante dans le rural sous faible influence des pôles (15 %) et plus faible dans l’urbain dense (7 %).

L’apprentissage dans la région est au même niveau qu’en France de province. Les apprentis du rural ayant un diplôme d’enseignement supérieur sont surreprésentés dans le Grand Est. La proportion de jeunes ruraux scolarisés poursuivant leurs études par voie professionnelle après un BTS ou un DUT s’élève à 35 %, supérieure de 3 points au niveau national. De même, 22 % des jeunes de la région vivant en milieu rural accèdent à un apprentissage après la licence, pour 18 % en France de province.

Publication rédigée par :Perrine Kauffmann, Mireille Salomon (Insee)

Définitions

Les territoires ruraux désignent l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses d’après la grille communale de densité. Mais cette seule caractéristique de l’espace rural ne permet pas d’en appréhender toutes les dimensions. Il faut y associer des critères de type fonctionnel, notamment le degré d’influence d’un pôle d’emploi. Cette approche permet de définir statistiquement un continuum allant des espaces les plus distants des pôles et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés :

  • Les communes rurales « hors influence d’un pôle d’emploi » sont hors influence des villes ou appartiennent à une aire d’attraction des villes de moins de 50 000 habitants. Ce groupe est qualifié de « rural autonome » dans le sens où ces communes fonctionnent sans l’influence d’un pôle, ou sous l’influence d’un petit pôle qui structure peu son environnement. On distingue les communes rurales autonomes très peu denses des communes rurales autonomes peu denses.
  • Les communes rurales qui appartiennent à une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants sont qualifiées de « communes rurales sous influence d’un pôle d’emploi » (ou de « rural périurbain »). Si moins de 30 % de leurs actifs occupés travaillent dans le pôle de cette aire, elles sont sous faible influence d’un pôle d’emploi, sinon, elles sont sous forte influence de ce pôle.

La grille communale de densité s’appuie sur la distribution de la population à l’intérieur de la commune en découpant le territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté. Elle repère ainsi des zones agglomérées. C’est l’importance de ces zones agglomérées au sein des communes qui va permettre de les caractériser. La grille communale permet ainsi de distinguer quatre catégories de communes : les communes densément peuplées, les communes de densité intermédiaire, les communes peu denses, les communes très peu denses.

Pour en savoir plus

Brutel C., « Entre ville et campagne, les parcours des enfants qui grandissent en zone rurale », Insee Première n° 1888, janvier 2022.

Isel F., Villaume S., « Le Grand Est, contrasté entre territoires très ruraux et urbains », Insee Analyses Grand Est n° 131, avril 2021.

D’Alessandro C., Levy D., Regnier T. « Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations », La France et ses territoires , Insee Références, édition 2021.