Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Janvier 2022 · n° 77

Grandir en milieu rural : des trajets plus longs pour aller à l’école

En 2018, 1 239 500 habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur sont âgés de 3 à 24 ans, soit 24,5 % de la population. Cette proportion est la 3e plus faible des régions métropolitaines (après la Corse et la Nouvelle-Aquitaine). Au sein de la région, les Bouches-du-Rhône (26,3 %) et le Vaucluse (25,2 %) sont les départements les plus jeunes.

Parmi ces jeunes, 174 000, soit 14 % d’entre eux, résident dans une commune rurale, contre 37 % en France de province. La part de jeunes ruraux est donc parmi les plus faibles de France métropolitaine, la région se situant en 2e position derrière l’Île-de-France. Cette répartition des jeunes entre espace rural et urbain est proche de celle de l’ensemble de la population (15 % des habitants de la région sont ruraux).

La part de jeunes ruraux varie fortement entre les départements de la région. Dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes, un peu plus de la moitié des jeunes vivent dans une commune rurale, tandis qu’ils sont moins de 8 % dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône.

Les jeunes ruraux de 3 à 17 ans sont plus souvent scolarisés hors de leur commune de résidence que les jeunes urbains (figure 1). Cet écart s’observe dès le début de la scolarité : entre 3 et 10 ans, 20,5 % d’entre eux changent de commune pour aller à l’école contre 8,6 % pour les jeunes urbains. Dans les territoires ruraux, toutes les communes ne disposent pas d’école et les regroupements sont plus fréquents qu’en milieu urbain. Certains parents peuvent aussi faire le choix de scolariser leur enfant dans une autre commune, celle de leur lieu de travail par exemple.

La proportion d’enfants scolarisés dans une autre commune que leur commune de résidence augmente fortement avec leur progression dans le système scolaire. Cela concerne 76 % des collégiens ruraux (18 % pour les urbains) et 92 % des lycéens vivant dans une commune rurale (38 % dans les communes urbaines). Ces proportions sont proches de celles observées pour l’ensemble des communes rurales de France.

Pour les écoliers et collégiens scolarisés hors de leur commune de résidence, la distance moyenne entre le centre de la commune de résidence et le centre de la commune lieu d’étude est d’environ 13,5 km (méthode). Il y a peu d’écart entre territoires ruraux et urbains (figure 2). Cette distance s’accroît fortement lors du passage au lycée et un écart important apparaît entre les jeunes résidant en communes rurales et ceux vivant en communes urbaines : les jeunes ruraux de 15 à 17 ans scolarisés hors de leur commune de résidence parcourent en moyenne 24,2 km, soit 6,4 km de plus que les jeunes urbains. On retrouve le même phénomène d’éloignement pour l’entrée au lycée au niveau national : le trajet domicile-école des jeunes ruraux passe en moyenne de 10,5 km pour les 3 à 14 ans à 23,2 km pour les 15-17 ans.

La répartition des jeunes par type d’espace de résidence dépend de l’âge (figure 3). Avant 18 ans, la part des enfants vivant dans l’espace rural est stable autour de 16 %. Leur présence est soutenue par l’attrait migratoire des communes rurales pour les familles, notamment les communes rurales sous influence des pôles urbains. Entre 17 et 18 ans, toutefois, la part des jeunes ruraux chute brutalement (- 5 points) et demeure ensuite proche de 11 %. Une partie des jeunes quitte en effet l’espace rural pour commencer des études supérieures, dans la région ou en dehors. Ainsi, à 18 ans, 13 % des jeunes ruraux ont migré vers l’espace urbain de la région, et 6 % ont déménagé hors de la région. Par ailleurs, les communes urbaines de Provence-Alpes-Côte d’Azur polarisent également 95 % des arrivées de jeunes de 18 ans venant d’autres régions. À cet âge, le solde migratoire est cependant négatif pour la région dans son ensemble : les départs sont plus nombreux que les arrivées.

Avec 81 % des jeunes ruraux qui restent dans l’espace rural de la région à leurs 18 ans, Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 4e région de France métropolitaine où cette part est la plus élevée. Si la poursuite d’études motive de nombreux départs, 72 % des jeunes qui restent dans le rural à 18 ans sont inscrits dans un établissement d’enseignement (contre 92 % de ceux qui ont migré vers l’urbain). De nombreux ruraux qui n’ont pas migré vers l’urbain poursuivent donc leurs études. Le plus souvent, ils étudient au sein de l’espace urbain : entre 18 et 24 ans, c’est le cas de neuf jeunes sur dix.

Les formations par apprentissage permettent souvent aux jeunes de poursuivre des études en demeurant dans l’espace rural. Quel que soit le niveau de diplôme déjà obtenu, l’apprentissage concerne davantage de jeunes de 18 à 24 ans dans le rural (18 % des jeunes encore en études) que dans l’urbain (10 %). Dans les deux types d’espace, les études par apprentissage se font principalement après un CAP, BEP, BTS, DUT, ou bac professionnel.