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Insee Analyses Hauts-de-France · Décembre 2021 · n° 130
Insee Analyses Hauts-de-France75 ans de prénoms dans les Hauts-de-France De Marie et Jean à Jade et Léo

Samyn Sébastien, (Insee)

Depuis 1946, le nombre de prénoms différents donnés chaque année dans les Hauts-de-France a été multiplié par cinq. Ainsi, en 2020, Jade et Léo, les prénoms les plus donnés, ne concernent chacun que 1 % des naissances chez les filles et les garçons, contre respectivement 6 % et 12 % pour leurs prédécesseurs Marie et Jean, prénoms préférés d’après-guerre. Cette diversification, continue depuis 1946, s’est accélérée au début des années 1990 mais la tendance s’inverse depuis quelques années. Les préférences évoluent avec le temps. Certains prénoms très donnés à une époque, comme Michel ou Martine, ont quasiment disparu, quand les prénoms de la dernière génération (Lucas, Emma) n’ont émergé qu’à partir des années 1980. Après 1946, quatre générations de prénoms, d’une vingtaine d’années chacune, se sont succédé. Depuis 20 ans, si les goûts diffèrent peu au sein des territoires, l’arrondissement de Lille se distingue par une plus grande diversité.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 130
Paru le :Paru le02/12/2021

Les prénoms apparaissent et disparaissent

Lilou, Mathéo, Louna, Noah… autant de prénoms qui n’avaient jamais été donnés dans les Hauts-de-France avant les années 1980. Les prénoms suivent des cycles. Ils apparaissent, atteignent un ou parfois plusieurs pics (comme Louis et Louise), refluent et parfois disparaissent (Romuald ou Carole aujourd’hui). Si certains prénoms existent depuis longtemps, comme Jean et Marie, d’autres sont apparus très récemment (Louane ou Timéo). En 2020, près de 10 000 prénoms différents ont été donnés aux 64 000 bébés nés dans les Hauts-de-France (33 000 garçons et 31 000 filles). Les préférences régionales sont très proches de celles de France entière. Chez les filles, le top 5 est identique avec Jade, Louise, Emma, Alice et Ambre. Chez les garçons, quatre prénoms sont communs (Léo, Raphaël, Louis, Gabriel), seul Jules (6e au niveau national) remplace Arthur (9e dans les Hauts-de-France) dans le top 5 régional. Par ailleurs, près de 90 prénoms sont communs sur les 100 plus donnés. En termes de diversité, la région se situe au 3e rang derrière l’Île-de-France (26 000 prénoms) et Auvergne Rhône-Alpes (12 500), juste devant d’autres régions enregistrant plus de 50 000 naissances annuelles comme Provence-Alpes-Côte d’Azur, Grand Est ou Occitanie (environ 9 500 prénoms différents donnés). Au niveau national, 61 000 prénoms différents ont été donnés en 2020.

Cinq fois plus de prénoms qu’en 1946

Depuis 1946, le nombre de prénoms différents donnés chaque année a été multiplié par 5 dans les Hauts-de-France, passant d’environ 2 000 (900 pour les garçons, 1 300 pour les filles) à près de 10 000 en 2020 (4 700 pour les garçons, 5 300 pour les filles). C’est moins qu’au niveau national, où il a été multiplié par 8 durant le même temps.

L’évolution n’a cependant pas été constante et a connu trois phases successives bien distinctes : une diversification lente de 1946 à 1989, une forte croissance de 1990 à 2014 et enfin une baisse de la diversité depuis 2015 (figure 1). Entre 1946 à 1989, le nombre de prénoms donnés augmente en moyenne de 60 par an alors que la législation est restée plutôt restrictive (encadré 1). Des prénoms apparaissent pendant cette période et certains d’entre eux, comme Audrey ou Grégory, deviendront très courants quelques décennies plus tard. Ils font même partie des dix prénoms les plus donnés à la fin des années 1970. Plus tard, c’est aussi le cas de Chloé ou Maël, figurant parmi les dix prénoms les plus donnés dans les années 2000 et 2010. À partir de 1990 et jusqu’en 2014, le nombre de prénoms augmente très fortement (240 de plus chaque année). Le mouvement précède même la loi de 1993 qui ne restreint plus le choix à un répertoire défini. Ainsi, le prénom Noah est donné pour la première fois dans la région en 1990, Louna en 1992.

Depuis 2015, le nombre de prénoms différents donnés chaque année baisse sensiblement ( – 110 par an en moyenne) alors qu’au niveau national ce nombre stagne. La baisse est concomitante à celle des naissances qui s’accélère depuis 2015. D’autres hypothèses peuvent également expliquer ce repli : atteinte d’une limite en termes de diversification orthographique ou encore disparition plus rapide de prénoms très donnés dans l’après-guerre. Ainsi, ces dernières années, des prénoms comme Sylvie ou Bernard, très fréquents avant 1970, ne sont plus du tout donnés dans la région.

Une explosion du nombre de prénoms rares dans les années 1990

Les ont fortement augmenté en 75 ans, principalement depuis la loi de 1993. En 1946, 900 prénoms, tels Claudiane ou Fortune, sur les 2 100 donnés (soit 4 sur 10) étaient des prénoms rares. En 2020, sur 9 800 prénoms donnés, 6 000 sont des prénoms rares comme Maïana ou Léopaul (6 sur 10). Leur poids dans l’ensemble des naissances a également beaucoup progressé. Alors qu’en 1946, les prénoms rares représentaient moins de 1 % des naissances, ils en couvrent 11 % en 2020 (10 % chez les garçons, 12 % chez les filles). L’évolution des prénoms rares suit la même tendance que celle de l’ensemble des prénoms : en augmentation lente jusqu’en 1989 (+ 30 prénoms par an), puis en forte croissance à partir de 1990 (+ 180 prénoms rares) avant de baisser depuis 2015 (–  60 prénoms rares par an).

À partir de 1990, l’explosion du nombre de prénoms rares explique en grande partie la forte diversification pendant cette période. Des prénoms sont créés par nouvelles combinaisons de prénoms existants ou de syllabes (Syrine ou Lenzo) et les variantes orthographiques se multiplient (Thiméo, Louanne…). Depuis 2015, la baisse du nombre de prénoms rares contribue à la baisse de la diversité mais n’est cependant pas le seul facteur explicatif. Même sans eux, la diversité est un peu moins marquée.

Figure 1Évolution du nombre de prénoms dans les Hauts-de-France depuis 1946

Évolution du nombre de prénoms dans les Hauts-de-France depuis 1946 - Lecture  : entre 1946 et 2020, le nombre de prénoms donnés chaque année est passé de 1 273 à 5 274 pour les filles et de 917 à 4 682 pour les garçons.
Année Prénoms hommes Prénoms femmes Prénoms hommes
(hors prénoms rares)
Prénoms femmes
(hors prénoms rares)
1946 917 1 273 545 759
1947 935 1 248 558 747
1948 1 000 1 375 596 792
1949 1 074 1 476 627 839
1950 1 181 1 557 674 846
1951 1 199 1 498 696 882
1952 1 208 1 508 686 888
1953 1 191 1 563 716 881
1954 1 197 1 604 703 940
1955 1 218 1 646 720 976
1956 1 315 1 659 756 978
1957 1 239 1 603 745 966
1958 1 330 1 629 775 965
1959 1 406 1 690 776 996
1960 1 411 1 746 797 1 006
1961 1 476 1 766 831 1 037
1962 1 411 1 718 818 1 011
1963 1 549 1 778 839 1 034
1964 1 522 1 764 834 1 020
1965 1 547 1 820 856 1 033
1966 1 590 1 837 860 1 077
1967 1 628 1 886 870 1 091
1968 1 569 1 915 881 1 115
1969 1 633 1 921 902 1 088
1970 1 691 1 897 933 1 091
1971 1 777 2 103 993 1 153
1972 1 890 2 085 1 014 1 204
1973 1 913 2 107 1 008 1 184
1974 1 943 2 140 1 045 1 215
1975 1 937 2 189 1 036 1 235
1976 1 909 2 195 1 009 1 229
1977 2 051 2 262 1 082 1 265
1978 1 995 2 306 1 077 1 291
1979 2 155 2 294 1 131 1 278
1980 2 183 2 396 1 162 1 321
1981 2 254 2 447 1 170 1 326
1982 2 261 2 458 1 176 1 369
1983 2 182 2 456 1 156 1 340
1984 2 161 2 524 1 191 1 388
1985 2 262 2 499 1 193 1 409
1986 2 217 2 593 1 213 1 447
1987 2 220 2 506 1 217 1 427
1988 2 269 2 549 1 257 1 466
1989 2 192 2 541 1 242 1 490
1990 2 310 2 547 1 280 1 526
1991 2 301 2 666 1 275 1 500
1992 2 456 2 718 1 381 1 514
1993 2 659 2 948 1 382 1 609
1994 2 683 3 094 1 404 1 623
1995 2 802 3 174 1 433 1 684
1996 2 814 3 187 1 445 1 680
1997 2 897 3 338 1 505 1 735
1998 2 985 3 457 1 524 1 805
1999 3 088 3 623 1 575 1 822
2000 3 190 3 797 1 614 1 883
2001 3 290 3 965 1 659 1 939
2002 3 373 4 089 1 668 2 009
2003 3 639 4 287 1 727 2 031
2004 3 768 4 458 1 788 2 049
2005 3 963 4 692 1 812 2 125
2006 4 186 4 963 1 853 2 173
2007 4 283 5 044 1 876 2 189
2008 4 344 5 204 1 903 2 181
2009 4 568 5 315 1 941 2 204
2010 4 689 5 347 1 924 2 223
2011 4 702 5 389 1 943 2 241
2012 4 825 5 533 1 945 2 251
2013 4 912 5 600 1 969 2 246
2014 4 921 5 687 1 968 2 225
2015 4 810 5 413 1 928 2 198
2016 4 812 5 496 1 942 2 173
2017 4 789 5 353 1 905 2 110
2018 4 785 5 201 1 853 2 104
2019 4 692 5 232 1 840 2 062
2020 4 682 5 274 1 830 2 046
  • Lecture  : entre 1946 et 2020, le nombre de prénoms donnés chaque année est passé de 1 273 à 5 274 pour les filles et de 917 à 4 682 pour les garçons.
  • Source : Insee, état-civil 1946-2020.

Figure 1Évolution du nombre de prénoms dans les Hauts-de-France depuis 1946

  • Lecture  : entre 1946 et 2020, le nombre de prénoms donnés chaque année est passé de 1 273 à 5 274 pour les filles et de 917 à 4 682 pour les garçons.
  • Source : Insee, état-civil 1946-2020.

Un garçon sur huit s’appelait Jean en 1946, un sur 70 s’appelle Léo en 2020

Avec la diversification, la concentration des prénoms diminue au fil du temps. En 1946, le prénom Jean est donné à 7 000 garçons. Il représentait à lui seul 12,3 % des naissances déclarées (soit une naissance sur huit) et 20,5 % si on y ajoute tous les à partir de Jean. En 2020, Jean, qui n’a été donné qu’à 58 enfants, laisse le 1er rang à Léo, attribué à 470 nouveaux-nés, soit 1,4 % des naissances (et une naissance sur 70). De même, en 1946, les cinq prénoms de garçons les plus donnés (Jean, Michel, Daniel, Bernard, Jacques) représentaient 35 % des naissances déclarées à l’état civil contre 7 % en 2020 (Léo, Raphaël, Louis, Jules, Gabriel). Enfin, les 100 prénoms les plus donnés couvraient 95 % des naissances en 1946 contre seulement 49 % en 2020 (figure 2).

Une fille sur seize s’appelait Marie en 1946, une sur 70 s’appelle Jade en 2020

Chez les filles, la concentration est moindre que chez les garçons, mais elle diminue aussi depuis l’après-guerre. En 1946, une petite fille sur seize se prénommait Marie (3 400 naissances sur un total de 54 000) et une sur dix si on inclut les prénoms composés commençant par Marie. En 2020, il n’y a eu que 51 Marie dans la région (0,1 % des naissances). Le prénom le plus courant, Jade, n’est attribué qu’à une petite fille sur 70, soit 450 naissances sur un total de 31 400. Les cinq prénoms les plus donnés (Marie, Monique, Nicole, Françoise, Annie) regroupaient 20 % des naissances en 1946 contre 6 % en 2020 (Jade, Louise, Emma, Alice, Ambre). Cependant, la concentration des prénoms n’a pas diminué progressivement. Au milieu des années 1960, la vogue des Nathalie donne au top 5 féminin plus de poids dans les naissances qu’à son pendant masculin. Enfin, en 1946, les 100 prénoms féminins les plus donnés couvraient 87 % des naissances contre 43 % en 2020. Parmi les prénoms passés de mode en 2020 figurent Amélie, qui était dans le top 10 en 1991, et Céline, prénom le plus donné entre 1979 et 1981.

Figure 2Part des 5 et des 100 prénoms les plus donnés dans les naissances des Hauts-de-France depuis 1946 (en %)

Part des 5 et des 100 prénoms les plus donnés dans les naissances des Hauts-de-France depuis 1946 (en %) - Lecture : en 1946, les 100 prénoms les plus donnés couvraient 95 % des naissances chez les garçons, 87 % chez les filles. En 2020, ces parts ne sont plus que de 49 % des naissances chez les garçons et 43 % chez les filles.
Année Hommes (top 100) Femmes (top 100) Hommes (top 5) Femmes (top 5)
1946 95 87 35 20
1947 95 87 32 19
1948 95 86 31 19
1949 94 84 26 16
1950 94 84 25 15
1951 94 83 24 16
1952 94 84 25 18
1953 94 83 24 18
1954 93 82 22 17
1955 93 83 22 17
1956 93 83 22 17
1957 93 83 22 18
1958 92 83 22 19
1959 92 83 22 19
1960 91 83 23 20
1961 91 83 23 20
1962 91 84 24 22
1963 90 84 24 23
1964 90 84 23 26
1965 90 84 23 28
1966 89 83 23 27
1967 88 83 23 27
1968 87 83 22 26
1969 87 82 23 26
1970 86 82 25 24
1971 85 80 24 23
1972 84 80 23 22
1973 83 80 23 20
1974 82 80 23 21
1975 81 79 22 19
1976 81 78 22 17
1977 80 78 20 16
1978 80 78 18 15
1979 79 77 17 15
1980 79 77 17 15
1981 79 76 17 15
1982 79 76 16 15
1983 78 75 15 15
1984 78 74 15 15
1985 78 74 16 14
1986 78 73 14 14
1987 77 73 13 13
1988 77 72 14 13
1989 77 71 14 12
1990 75 71 14 11
1991 75 70 14 11
1992 74 69 14 11
1993 73 68 13 11
1994 73 67 12 11
1995 73 67 12 11
1996 73 66 12 11
1997 72 65 12 10
1998 71 65 11 11
1999 71 64 11 12
2000 70 63 11 12
2001 68 62 13 12
2002 66 60 13 11
2003 65 58 12 11
2004 64 56 11 10
2005 62 55 10 10
2006 61 54 10 9
2007 60 53 10 9
2008 59 52 9 8
2009 58 51 9 8
2010 55 48 9 7
2011 55 46 8 7
2012 53 45 8 7
2013 53 45 8 7
2014 53 45 8 7
2015 52 45 8 6
2016 51 44 8 6
2017 50 44 7 6
2018 50 44 8 6
2019 50 44 8 6
2020 49 43 7 6
  • Lecture : en 1946, les 100 prénoms les plus donnés couvraient 95 % des naissances chez les garçons, 87 % chez les filles. En 2020, ces parts ne sont plus que de 49 % des naissances chez les garçons et 43 % chez les filles.
  • Source : Insee, état civil 1946-2020.

Figure 2Part des 5 et des 100 prénoms les plus donnés dans les naissances des Hauts-de-France depuis 1946 (en %)

  • Lecture : en 1946, les 100 prénoms les plus donnés couvraient 95 % des naissances chez les garçons, 87 % chez les filles. En 2020, ces parts ne sont plus que de 49 % des naissances chez les garçons et 43 % chez les filles.
  • Source : Insee, état civil 1946-2020.

Quatre générations de prénoms

Après des périodes pendant lesquelles ils sont beaucoup donnés, les prénoms refluent. Quatre générations, d’une vingtaine d’années chacune, peuvent être définies en fonction des dix prénoms les plus donnés chaque année (figure 3, pour comprendre). Elles correspondent approximativement aux générations identifiées dans la littérature sociologique ( ou milléniaux…). Les bornes varient quelque peu pour les garçons et les filles.

La première génération définie s’étend de 1946 à 1964 pour les garçons (1959 pour les filles) et correspond à la génération du baby-boom. Les prénoms les plus donnés dans la région sont alors Martine, Marie, Françoise, Brigitte, Chantal pour les filles, et Jean, Michel, Philippe, Alain, Patrick pour les garçons. Ces prénoms, en vogue à cette époque, ne sont presque plus donnés depuis le début des années 2000 (0,25 % des naissances chez les garçons et 0,6 % chez les filles contre 20 % et 15 % pour la première génération). Cette génération se distingue également par la mode des prénoms composés (Marie-Christine, Jean- Pierre…) qui atteignent leur pic au milieu des années 1950 (16 % des naissances chez les garçons et 13 % chez les filles) avant de décroître pour ensuite n’être quasiment plus donnés (moins de 1 % en 2020).

La seconde génération s’étend de 1960 à 1977 pour les filles et de 1965 à 1982 pour les garçons. Elle correspond approximativement à la génération X, c’est-à-dire les personnes devenues adultes après la crise des années 1970. Les prénoms les plus donnés sont Nathalie, Isabelle, Sylvie, Valérie ou Catherine (19 % des naissances de la période) pour les filles et Christophe, David, Frédéric, Laurent et Sébastien pour les garçons (18 % des naissances).

La troisième génération couvre les années 1983 à 2003 (garçons) et 1978 à 2001 (filles). Elle correspond à la génération Y, aussi appelée les milléniaux, autrement dit les personnes devenues adultes à partir de l’an 2000. C’est le temps des Julien, Thomas, Nicolas, Maxime et Kevin chez les garçons (11 % des naissances) et des Aurélie, Céline, Émilie, Julie et Marie chez les filles (9 % des naissances). C’est pendant cette période qu’émergent certains prénoms comme Dylan pour les garçons ou Lilou pour les filles.

Enfin, la dernière génération est celle des Léa, Emma, Manon, Chloé et Jade pour les filles et Lucas, Louis, Hugo, Enzo, Nathan pour les garçons. Les cinq prénoms les plus fréquents de cette période étaient très rarement donnés auparavant, voire inexistants. Nathan n’est pas attribué avant la fin des années 1970 et Emma quasiment pas avant les années 1980. Les prénoms de cette génération sont remplacés ces dernières années par Léo, Louise, Raphaël ou Alice.

Depuis 1946, l’effet de cycle tend à s’atténuer fortement, surtout pour les garçons. Les prénoms les plus donnés représentent de moins en moins de naissance et la « cloche », très marquée pour les deux premières générations définies, s’aplatit. Quant à Jade et Léo, les prénoms les plus donnés en 2020, ils se situent plutôt sur des plateaux que sur des pics comme c’était le cas pour leurs prédécesseurs (figure 4).

Peu de prénoms résistent aux modes. Seuls 98 prénoms de garçons et 74 de filles ont toujours été donnés au moins une fois dans la région depuis 1946 sur un total d’environ 5000 pour chaque sexe en 2020. Marie est le seul prénom féminin à figurer parmi les cents prénoms les plus donnés dans chacune des quatre générations. Pour les garçons, c’est le cas de Jean, Nicolas, Pierre, Antoine et de manière plus surprenante de William dont le rang varie de 88 à 96. Cependant, aucun de ces prénoms n’est resté dans les cents les plus donnés tous les ans depuis 1946. Marie et Jean, ceux qui résistent le mieux, sont beaucoup plus rares depuis 2010.

Figure 3aLes 100 prénoms les plus donnés par sexe dans les Hauts-de-France pour les deux générations extrêmes

Les 100 prénoms les plus donnés par sexe dans les Hauts-de-France pour les deux générations extrêmes - Lecture : Le prénom Jean a été attribué à 47 098 garçons entre 1946 et 1964, le prénom Marie à 28 428 filles entre 1946 et 1959.
Rang Génération 1946-1964 (Hommes)
Prénom Effectifs
1 JEAN 47 098
2 MICHEL 46 532
3 PHILIPPE 43 143
4 ALAIN 40 196
5 PATRICK 37 102
6 BERNARD 36 696
7 DANIEL 33 234
8 CHRISTIAN 31 535
9 GÉRARD 25 322
10 PASCAL 25 258
11 JEAN-PIERRE 24 635
12 DOMINIQUE 24 555
13 DIDIER 24 471
14 JACQUES 20 672
15 BRUNO 18 799
16 FRANCIS 18 793
17 ERIC 18 538
18 JEAN-CLAUDE 16 882
19 PIERRE 16 421
20 ANDRÉ 15 662
21 CLAUDE 15 380
22 JEAN-LUC 15 319
23 JEAN-MARIE 14 709
24 JOËL 14 503
25 THIERRY 13 768
26 GUY 13 387
27 MARC 13 195
28 SERGE 13 161
29 YVES 11 364
30 JEAN-MARC 11 220
31 JEAN-MICHEL 10 353
32 RENÉ 9 940
33 PATRICE 9 884
34 HERVÉ 9 626
35 JEAN-PAUL 9 572
36 GILLES 8 422
37 FRANÇOIS 8 398
38 DENIS 7 908
39 FRÉDÉRIC 7 894
40 ROGER 7 091
41 JEAN-LOUIS 6 627
42 ROBERT 6 593
43 MARCEL 6 547
44 REGIS 6 298
45 JEAN-JACQUES 6 075
46 JACKY 6 024
47 GEORGES 5 842
48 LAURENT 5 803
49 JOSÉ 5 793
50 HENRI 5 568
51 JEAN-FRANÇOIS 5 557
52 OLIVIER 5 411
53 RICHARD 4 881
54 CHRISTOPHE 4 861
55 RAYMOND 4 564
56 GILBERT 4 551
57 FABRICE 4 492
58 STÉPHANE 4 368
59 MAURICE 4 196
60 PAUL 3 809
61 LUC 3 762
62 BERTRAND 3 512
63 LIONEL 3 188
64 ROLAND 3 149
65 VINCENT 3 018
66 XAVIER 2 902
67 FRANCK 2 808
68 ALBERT 2 714
69 HUBERT 2 477
70 LUCIEN 2 422
71 BENOÎT 2 271
72 JACKIE 2 260
73 LOUIS 2 229
74 DANY 2 182
75 SYLVAIN 2 098
76 CHARLES 2 093
77 YVON 1 970
78 FREDDY 1 960
79 NOËL 1 842
80 JOSEPH 1 832
81 JEAN-PHILIPPE 1 819
82 JEAN-YVES 1 816
83 EMMANUEL 1 776
84 ANTOINE 1 624
85 ETIENNE 1 611
86 EMILE 1 443
87 JEAN-NOËL 1 410
88 WILLIAM 1 394
89 MARTIAL 1 393
90 YANNICK 1 245
91 HUGUES 1 219
92 GHISLAIN 1 200
93 EDOUARD 1 166
94 ARNAUD 1 152
95 FERNAND 1 143
96 GÉRALD 1 131
97 EDMOND 1 093
98 NICOLAS 1 061
99 JEAN-BERNARD 1 000
100 MARIO 983
  • Lecture : Le prénom Jean a été attribué à 47 098 garçons entre 1946 et 1964, le prénom Marie à 28 428 filles entre 1946 et 1959.
  • Source : Insee, état civil 1946-2020.

Figure 3aLes 100 prénoms les plus donnés par sexe dans les Hauts-de-France pour les deux générations extrêmes

  • Lecture : Le prénom Jean a été attribué à 47 098 garçons entre 1946 et 1964, le prénom Marie à 28 428 filles entre 1946 et 1959.
  • Source : Insee, état civil 1946-2020.

Figure 4aÉvolution entre 1946 et 2020 des principaux prénoms ayant été les plus donnés au moins une année dans les Hauts-de-France

Évolution entre 1946 et 2020 des principaux prénoms ayant été les plus donnés au moins une année dans les Hauts-de-France - Lecture : Nathalie est le prénom féminin le plus donné en 1965 avec 3 900 petites filles qui reçoivent ce prénom. Pour le prénom Philippe, le pic est atteint en 1960 (3 500 petits garçons reçoivent ce prénom).
Année FILLES
Marie Martine Nathalie Stéphanie Aurélie Camille Léa Jade
1946 3 424 312 7 17 1 23 7 0
1947 3 019 501 12 13 2 12 7 0
1948 3 107 811 11 13 2 19 5 0
1949 1 652 1 392 7 16 4 13 9 0
1950 1 648 1 638 13 14 1 15 6 0
1951 1 512 2 121 19 7 0 13 9 0
1952 2 255 2 604 29 7 0 6 5 0
1953 1 794 2 979 43 3 1 11 3 0
1954 1 012 3 139 53 5 0 10 6 0
1955 816 2 978 43 8 0 12 6 0
1956 973 2 855 86 6 0 3 0 0
1957 831 2 557 107 5 0 8 2 0
1958 707 2 364 178 4 1 9 4 0
1959 620 2 177 254 5 0 6 1 0
1960 427 1 982 514 10 2 6 1 1
1961 316 1 687 751 6 0 3 0 0
1962 297 1 538 1 078 12 1 4 5 0
1963 351 1 231 1 953 18 6 12 2 0
1964 287 1 021 3 115 19 4 8 3 0
1965 225 757 3 923 61 6 8 0 0
1966 236 654 3 896 123 7 7 1 1
1967 199 487 3 727 189 8 13 1 2
1968 156 397 3 612 239 25 5 3 0
1969 160 306 3 588 317 31 8 2 0
1970 165 250 3 225 505 41 6 1 0
1971 165 240 2 701 888 46 15 2 0
1972 162 192 2 293 1 036 62 21 2 0
1973 172 118 2 033 1 574 105 13 3 1
1974 228 98 1 681 2 835 146 16 1 1
1975 230 72 1 336 2 452 205 16 2 1
1976 256 59 1 092 2 185 313 20 2 0
1977 324 54 996 2 042 527 37 6 1
1978 402 32 745 1 659 728 54 5 1
1979 479 32 639 1 419 1 078 99 1 1
1980 727 30 540 1 250 1 275 116 7 0
1981 671 25 442 1 186 1 558 133 5 0
1982 701 21 451 1 031 1 712 158 10 0
1983 780 12 356 983 1 747 171 15 0
1984 838 13 346 831 1 683 216 31 2
1985 870 13 282 827 1 622 322 25 0
1986 905 12 199 1 120 1 552 314 45 6
1987 865 7 153 882 1 346 346 49 6
1988 851 6 107 602 1 038 452 55 8
1989 809 1 96 497 977 510 80 11
1990 741 8 65 407 776 580 124 8
1991 632 3 60 342 644 576 116 20
1992 673 4 32 219 491 691 145 20
1993 609 1 32 174 355 700 198 33
1994 728 7 23 145 328 775 289 26
1995 763 3 20 113 237 920 410 22
1996 788 1 17 110 208 926 465 40
1997 713 1 19 62 170 916 620 67
1998 664 2 14 56 140 933 752 68
1999 627 4 14 53 114 915 980 116
2000 636 2 14 42 117 897 1 133 145
2001 595 1 9 27 91 865 1 325 179
2002 501 2 11 18 71 808 1 300 218
2003 515 2 1 17 85 669 1 254 260
2004 474 3 7 10 59 661 1 070 301
2005 411 3 4 9 32 609 972 356
2006 346 2 2 9 28 598 949 440
2007 285 0 2 9 11 520 801 472
2008 212 0 0 11 18 538 798 614
2009 184 2 1 2 11 450 746 592
2010 178 0 2 4 7 464 452 512
2011 163 0 5 6 10 443 410 521
2012 112 0 3 6 5 365 474 479
2013 90 1 3 2 8 357 472 500
2014 112 0 3 3 3 324 418 602
2015 73 0 2 3 2 307 364 542
2016 75 2 1 0 2 258 375 527
2017 70 1 2 2 3 260 292 523
2018 59 0 0 2 2 189 297 484
2019 59 1 0 2 0 184 241 482
2020 51 1 1 1 0 143 200 449
  • Lecture : Nathalie est le prénom féminin le plus donné en 1965 avec 3 900 petites filles qui reçoivent ce prénom. Pour le prénom Philippe, le pic est atteint en 1960 (3 500 petits garçons reçoivent ce prénom).
  • Source : Insee, état-civil 1946-2020.

Figure 4aÉvolution entre 1946 et 2020 des principaux prénoms ayant été les plus donnés au moins une année dans les Hauts-de-France

  • Lecture : Nathalie est le prénom féminin le plus donné en 1965 avec 3 900 petites filles qui reçoivent ce prénom. Pour le prénom Philippe, le pic est atteint en 1960 (3 500 petits garçons reçoivent ce prénom).
  • Source : Insee, état-civil 1946-2020.

Une diversité plus importante dans l’arrondissement de Lille

Pour la dernière génération née après 2000, certaines préférences sont bien partagées au niveau infra-régional : Lucas, Hugo, Nathan, Emma, Léa ou Chloé apparaissent ainsi parmi les prénoms les plus populaires quels que soient les arrondissements de la région. Plus de la moitié des cents prénoms les plus donnés est commune à tous ces territoires (56 chez les garçons et 59 chez les filles).

Cependant, la diversification des prénoms est très marquée dans l’arrondissement de Lille, en partie car sa population y est importante. L’explosion du nombre de prénoms au début des années 1990 y est très nette. En 1946, les différences étaient faibles au contraire. Près de 800 prénoms différents étaient donnés dans l’arrondissement de Lille, soit 1,4 fois plus qu’à Valenciennes (560) et 2,5 fois plus à Péronne (330), arrondissements enregistrant respectivement le plus et le moins de naissances en 2020 après Lille. La différence entre Lille et le reste des arrondissements est bien plus marquée en 2020 : 4 300 à Lille soit 2,1 fois plus qu’à Valenciennes (2 100) et 16,5 fois plus qu’à Péronne où le nombre de prénoms différents diminue (260). Dans l’arrondissement de Lille, le nombre de prénoms donnés a ainsi été multiplié par 5,4 entre 1946 et 2020 (par 4 dans le reste de la région).

Par ailleurs, les territoires se distinguent par la fréquence de certains types de prénoms. Ainsi, ceux qui se terminent en – o chez les garçons (Enzo, Timéo…), sont moins donnés sur la période 2004-2020 à Lille ou Senlis (10-11 %) et beaucoup plus à Lens, Béthune, Abbeville (16-18 %). De même, les prénoms finissant en – an chez les garçons, typiques notamment des prénoms anglo-saxons (Dylan, Nolan, Ethan…), sont moins courants dans certains arrondissements : 11-12 % à Lille, Amiens ou Arras contre 16-17 % à Lens, Laon ou Château-Thierry. Entre 2002 et 2020, les prénoms finissant en – a chez les filles (Léa, Lola, Lina…) sont moins donnés dans les arrondissements de Boulogne-sur-mer et Saint-Omer (32 % des naissances) et beaucoup plus dans ceux de Lens et Senlis (43 à 45 %). La part des , revenus à la mode après les années 2000, comme Jeanne, Paul, Anna ou Victor, varie aussi du simple au double : de près de 10 % à Lens et Senlis à près de 20 % à Lille, Amiens et Arras. Les écarts entre arrondissements sont cependant un peu moins marqués pour les prénoms de filles.

Encadré 1 - L’évolution de la législation sur les prénoms

La loi du 11 Germinal de l’an XI (1er avril 1803) datant du consulat pose des limites au choix des prénoms pour éviter la multiplication des prénoms « patriotes » nés sous la Révolution (Châtaigne, Liberté…). « Les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne, pourront seuls être reçus, comme prénoms […] ». Cependant, la législation n’empêche pas une diversification de fait particulièrement nette depuis 1946, même si l’administration tente parfois de freiner ce mouvement. L’instruction générale du 22 septembre 1955 indique que les officiers de l’état civil doivent refuser d’enregistrer les prénoms « de fantaisie ». Elle est cependant assouplie en 1966. Le législateur recommande alors « bon sens » , « libéralisme », « respect des particularismes locaux » dans l’application de la loi de 1803. Finalement, la loi du 8 janvier 1993 abroge celle de 1803 et supprime toute restriction au choix des prénoms à condition que ceux-ci ne portent pas préjudice à l’enfant ou à des tiers. Même dans ce cas, l’officier d’état civil ne peut plus refuser de son propre chef d’enregistrer un prénom comme c’était le cas auparavant. Il doit inscrire les prénoms choisis sur l’acte de naissance et aviser le procureur de la République, qui décide ou pas alors de lancer la procédure judiciaire pouvant aboutir à la modification de l’état civil.

Publication rédigée par :Samyn Sébastien, (Insee)

Pour comprendre

Est pris en compte dans cette étude le premier prénom inscrit à l’état civil. La seule correction apportée concerne les accents et les signes typographiques spécifiques (cédille) pour les traitements statistiques.

Des classifications ascendantes hiérarchiques ont été utilisées pour les regroupements de générations : le regroupement s’effectue en fonction du nombre de prénoms différents sur les 10 prénoms les plus donnés chaque année.

La maille géographique choisie est l’arrondissement pour approcher le concept de territoire de résidence. En effet, le fichier des prénoms ne donne d’information que sur la commune de naissance de l’individu et pas sur la commune de résidence des parents. Trois arrondissements ne comptant pas de maternité en 2020 ont été regroupés avec l’arrondissement où la majorité des résidentes accouche (à partir de la base naissances 2020 de l’état civil) : Montdidier avec Amiens, Clermont avec Beauvais, Vervins avec Avesnes-sur-Helpe.

Sources

Le fichier des prénoms issu de l’état civil recense depuis 1900 les prénoms donnés par mois, année, sexe et commune de naissance (le plus souvent la commune où se trouve la maternité depuis la généralisation des accouchements en établissement).

Définitions

Un prénom rare est un prénom qui n’a pas été attribué au moins 20 fois à des personnes de sexe féminin et/ou au moins 20 fois à des personnes de sexe masculin sur la période 1946-2020 au niveau national.

Un prénom composé est un prénom formé de la juxtaposition de deux prénoms séparés par un trait d’union.

La génération du baby-boom est celle qui est née après la deuxième guerre mondiale et s’arrête suivant les sources entre 1960 et le milieu des années 1970 (Ined). La génération X est celle qui suit celle des baby-boomers, ses bornes varient selon les auteurs (1966-1976, 1961-1981…). La génération Y ou milléniaux, la suivante regroupe celles et ceux qui sont nés entre le début des années 80 et avant l’an 2000.

Les prénoms anciens revenus à la mode sont des prénoms donnés plus de 500 fois qui ont connu soit leur effectif maximal dans la région avant 1930, soit au moins deux cycles (un pic avant 1930 et un deuxième pic après 2000).