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Insee Flash Réunion · Septembre 2021 · n° 209
Insee Flash RéunionEn 50 ans, deux fois moins d’habitants par logement Les logements à La Réunion de 1968 à 2018

Noémie Letailleur (Insee)

À La Réunion, le nombre de résidences principales est multiplié par quatre entre 1968 et 2018, passant de 82 100 à 332 400. En 50 ans, il augmente de 2,8 % par an, soit deux fois plus vite que la population (+ 1,5 %). Cet accroissement du parc de logements répond aux besoins liés à la croissance de la population mais également au phénomène de décohabitation lié aux changements de mode de vie. Le nombre moyen de personnes par ménage est ainsi passé de 5,0 en 1968 à 2,6 en 2018. Du fait de la très forte hausse du nombre de logements en 50 ans, le parc des logements est nettement plus récent à La Réunion qu’en France métropolitaine. La maison individuelle reste majoritaire, mais le logement collectif se développe sensiblement. Le confort des logements s’améliore également fortement sur la période.

Insee Flash Réunion
No 209
Paru le :Paru le10/09/2021

Au 1er janvier 2018, 376 000 logements sont comptabilisés à La Réunion, dont 332 400 résidences principales. En 50 ans, entre 1968 et 2018, le nombre de résidences principales quadruple en augmentant en moyenne de 5 000 unités par an (+ 2,8 % par an), soit l’équivalent chaque année du nombre total de logements d’une commune comme Bras-Panon (Figure 1). Dans le même temps, la population augmente en moyenne de 8 800 personnes par an entre 1968 et 2018, soit une croissance de + 1,5 % par an, deux fois plus faible que celle du nombre de résidences principales.

Figure 1Évolution du nombre de résidences principales, de la population et de la taille des ménages entre 1968 et 2018 à La Réunion

Évolution du nombre de résidences principales, de la population et de la taille des ménages entre 1968 et 2018 à La Réunion
Années Population (indice base 100 en 1968) Résidences principales (indice base en 1968) Taille moyenne des ménages
1968 100 100 5,0
1975 114,4 124,8 4,6
1982 123,8 147,2 4,2
1990 143,5 192,3 3,8
1999 169,6 262,2 3,3
2008 194,0 338,2 2,9
2013 200,5 373,6 2,7
2018 205,5 404,9 2,6
  • Lecture : entre 1968 et 2018 à La Réunion, la population augmente de 106 % et le nombre de résidences principales de 305 %. Dans le même temps, le nombre moyen de personnes par ménage passe de 5 à 2,6.
  • Source : Insee, Recensements de la population de 1968 à 2018.

Figure 1Évolution du nombre de résidences principales, de la population et de la taille des ménages entre 1968 et 2018 à La Réunion

  • Lecture : entre 1968 et 2018 à La Réunion, la population augmente de 106 % et le nombre de résidences principales de 305 % (échelle de gauche). Dans le même temps, le nombre moyen de personnes par ménage passe de 5 à 2,6 (échelle de droite).
  • Source : Insee, Recensements de la population de 1968 à 2018.

Forte baisse de la taille des ménages en 50 ans

L’accroissement plus élevé du nombre de logements par rapport à celui de la population est lié à la baisse du nombre de personnes par ménage (ou par logement). Ainsi, le nombre moyen de personnes par ménage diminue de 5,0 en 1968 à 2,6 en 2018. Dans les années 1970 et 1980, cette baisse est principalement liée au recul du nombre de familles nombreuses, conséquence de la très forte diminution de la fécondité sur l’île (de 5,7 enfants par femme en 1968 à 2,5 à la fin des années 1980). Depuis le début des années 1990, avec une fécondité relativement stable, d’autres facteurs liés à l’évolution des modes de vie expliquent davantage la baisse de la taille des ménages notamment les mises en couple plus tardives ou les ruptures d’unions plus fréquentes que par le passé : on parle d’« effet décohabitation ».

En France métropolitaine, les évolutions sont moins prononcées qu’à La Réunion tant en termes de croissance du nombre de résidences principales (+ 1,7 %) que d’habitants (+ 0,6 %). Les ménages y sont aussi de plus petite taille qu’à La Réunion (2,2 personnes par ménage en 2018).

Depuis 2008, la décohabitation contribue davantage que la hausse de la population aux besoins en logements

Entre 1968 et 1975, la croissance de la population particulièrement forte contribue davantage que l’effet décohabitation à la hausse du nombre de résidences principales (Figure 2 et Pour comprendre). L’effet décohabitation est ensuite équivalent à l’effet démographique entre 1975 et 2008. Depuis 2008, du fait d’une croissance démographique ralentie et de la poursuite de la baisse de la taille des ménages, l’effet décohabitation domine. Ainsi, entre 2013 et 2018, 69 % de la hausse du nombre de résidences principales résulte de la baisse de la taille des ménages et 31 % de la croissance de la population.

L’effet de la décohabitation sur la hausse du nombre de résidences principales est plus important encore qu’en France métropolitaine (57 %). Il devrait rester prédominant au cours des prochaines décennies, du fait de la poursuite du vieillissement de la population.

Figure 2Variation du nombre de résidences principales décomposée en effet démographique et effet décohabitation entre 1968 et 2018 à La Réunion

Variation du nombre de résidences principales décomposée en effet démographique et effet décohabitation entre 1968 et 2018 à La Réunion
Effet démographique Effet décohabitation
1968-1975 12 890 7 506
1975-1982 8 079 10 299
1982-1990 20 037 16 928
1990-1999 28 567 28 875
1999-2008 30 985 31 399
2008-2013 8 790 20 204
2013-2018 7 909 17 845
  • Lecture : entre 2013 et 2018, à taille des ménages inchangée, le nombre de résidences principales aurait augmenté de 7 900 du seul fait de la hausse de la population. En revanche, à population inchangée, il aurait crû de 17 800 sous l’effet de la seule baisse de la taille moyenne des ménages.
  • Source : Insee, Recensements de la population de 1968 à 2018.

Figure 2Variation du nombre de résidences principales décomposée en effet démographique et effet décohabitation entre 1968 et 2018 à La Réunion

  • Lecture : entre 2013 et 2018, à taille des ménages inchangée, le nombre de résidences principales aurait augmenté de 7 900 du seul fait de la hausse de la population. En revanche, à population inchangée, il aurait crû de 17 800 sous l’effet de la seule baisse de la taille moyenne des ménages.
  • Source : Insee, Recensements de la population de 1968 à 2018.

Des logements plus récents qu’ailleurs

Du fait de la très forte hausse du nombre de logements au cours des cinq dernières décennies, le parc des logements est nettement plus récent à La Réunion qu’en France métropolitaine. Ainsi, 61 % du parc de 2018 est constitué de logements construits après 1991 : c’est deux fois plus qu’en France métropolitaine. A contrario, les logements construits avant 1946 ne représentent que 1 % du parc à La Réunion, contre 22 % en métropole.

Une forte progression des logements collectifs

Les maisons individuelles sont toujours majoritaires : 67 % des résidences principales en 2018 (Figure 3). Mais au cours des vingt dernières années, les logements collectifs se sont largement diffusés : en 2018, 32 % des résidences principales sont des appartements, soit 10  points de plus qu’en 1999. Cette part se rapproche de celle de l’Hexagone (42 % d’appartements), de la Martinique (35 %) et de la Guyane (33 %). La Guadeloupe est le Drom où le logement collectif est le moins développé (25 %).

La rareté du foncier, et son coût de plus en plus élevé dans les centres urbains particulièrement, associée à un fort besoin en logements – notamment sociaux – incitent en effet à construire davantage de logements collectifs. Ainsi, 85 % du parc locatif social est désormais composé d’habitat collectif et les programmations en maisons individuelles sont devenues marginales.

Figure 3Répartition des résidences principales selon le type de logements en 2018 à La Réunion

en %
Répartition des résidences principales selon le type de logements en 2018 à La Réunion (en %)
Appartement Autre* Maison
Guadeloupe 24,8 1 74,2
La Réunion 32,5 0,9 66,6
Martinique 36,5 0,7 62,8
Guyane 33,4 4,7 61,9
Métropole 42,5 1,5 56
  • * logement-foyer, chambre d’hôtel, habitation de fortune, etc.
  • Lecture : à La Réunion en 2018, 33 % des résidences principales sont des appartements.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018.

Figure 3Répartition des résidences principales selon le type de logements en 2018 à La Réunion

  • * logement-foyer, chambre d’hôtel, habitation de fortune, etc.
  • Lecture : à La Réunion en 2018, 33 % des résidences principales sont des appartements.
  • Source : Insee, Recensement de la population de 2018.

Le confort des logements s’améliore

Beaucoup plus nombreuses qu’il y a 50 ans, les résidences principales réunionnaises ont aussi profondément changé. Alors que l’habitat de fortune représentait encore 5 % des logements en 1990, celui-ci a disparu du paysage des centres urbains. À l’intérieur du logement, disposer de l’électricité et du confort sanitaire de base (W.-C à l’intérieur du logement, baignoire ou douche) s’est généralisé, principalement au cours des décennies 1970 et 1980. Cependant, en 2018, 10 900 ménages ne disposent toujours pas dans leur logement d’au moins l’un de ces éléments de base et 1 270 n’ont encore aucun point d’eau à l’intérieur du logement.

Au cours des deux dernières décennies, d’autres éléments de confort sont progressivement apparus dans les logements réunionnais. Ainsi en 2018, 91 % des ménages réunionnais disposent de l’eau chaude dans leur logement, soit 9 points de plus qu’en 2008 et 28 points de plus qu’en 1999. Cet accès à l’eau chaude a pu être favorisé en partie par l’installation de chauffe-eaux solaires de plus en plus nombreux : 51 % des logements en sont pourvus en 2018, soit 22 points de plus qu’en 2008 et sept fois plus qu’en 1999. Dans le même temps, les appareils de climatisation sont également de plus en plus présents dans les résidences principales : 26 % d’entre elles en sont équipées en 2018 contre 16 % en 2008 et 6 % en 1999.

La taille des logements évolue peu en 50 ans

Au cours des trois décennies passées, malgré la baisse du nombre de personnes par ménage, la taille des logements évolue peu, tant en nombre de pièces que de surface.

Ainsi, en 2018, 9 % des résidences principales ont une superficie de moins de 40 m² : c’est deux points de moins qu’en 2008. Cette part est comparable à celle de l’Hexagone. À La Réunion, les logements de taille intermédiaire (entre 40 et 100 m²) sont nettement plus nombreux qu’en métropole, au contraire des logements de grande taille (plus de 100 m²). Toutefois, de nombreux logements comprennent des varangues ou autres terrasses extérieures, dont la surface n’est pas comptabilisée ici.

Une personne a donc en moyenne plus d’espace à vivre que dans le passé. Pour autant, la des logements reste une problématique importante. Les Réunionnais vivent deux fois plus souvent que les habitants de métropole dans un logement suroccupé [Besson, 2020]. C’est plus particulièrement le cas dans le logement social.

Encadré - Un parc de logements composé pour l’essentiel de résidences principales

À La Réunion, en 2018, neuf logements sur dix sont des . Cette part est quasiment stable depuis 50 ans. Les représentent 9 % du parc de logements, soit une part comparable à 1968 et à l’Hexagone, mais moindre qu’aux Antilles (15 %). La part de logements vacants est la plus élevée dans les communes de Cilaos (15 %) et Salazie (14 %), Trois-Bassins et Saint-Benoît (12 % dans chacune de ces communes) [Jonzo , 2015]. Par ailleurs, 3 % des logements sont des . Les trois quarts d’entre elles sont situées dans l’Ouest et le Sud. Les résidences secondaires, qui ne sont occupées qu’une partie de l’année, sont particulièrement présentes à La Plaine-des-Palmistes (20 %) et à Cilaos (11 %).

Publication rédigée par :Noémie Letailleur (Insee)

Pour comprendre

Les résultats sont issus des Recensements de la population des années 1968, 1975, 1982, 1990, 1999, 2008, 2013 et 2018. À La Réunion, le recensement de 1968 est référencé au 16 octobre 1967, celui de 1975 au 16 octobre 1974. Le champ de l’étude est constitué des résidences principales et de la population vivant en ménage ordinaire : les communautés (EHPAD, internats, foyers etc) ne sont pas prises en compte.

L’évolution du nombre de résidences principales est décomposée en deux effets :

• un effet dû à la croissance démographique, qui permet de savoir quel aurait été le nombre de logements supplémentaires nécessaires pour loger les nouveaux habitants si la taille moyenne des ménages était inchangée ;

• un effet dû aux évolutions des comportements de cohabitation, qui permet de savoir quel serait le volume de logements supplémentaires nécessaires pour absorber la baisse de la taille moyenne des ménages à nombre d’habitants constant. Cet effet est principalement lié aux phénomènes de décohabitation (forte augmentation du nombre de ménages de 1 ou 2 personnes). La diminution du nombre de familles nombreuses joue un rôle plus secondaire, au moins sur la période récente.

Définitions

La suroccupation : un logement est suroccupé quand il lui manque au moins une pièce par rapport à la norme d'« occupation normale », fondée sur la composition du ménage.

La norme d'« occupation normale » d’un logement est fondée sur :

• une pièce de séjour pour le ménage,

• une pièce pour chaque personne de référence de chaque famille occupant le logement,

• une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans ou plus,

• et pour les célibataires de moins de 19 ans :

◦ une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans,

◦ sinon, une pièce par enfant.

Les studios occupés par une personne sont exclus du champ.

Une résidence principale est un logement occupé de façon habituelle et à titre principal par une ou plusieurs personnes qui constituent un ménage.

Une résidence secondaire est un logement utilisé pour les week-ends, les loisirs ou les vacances. Un logement occasionnel est un logement ou une pièce indépendante utilisée occasionnellement pour des raisons professionnelles.

Un logement vacant est un logement inoccupé se trouvant, par exemple, déjà attribué à un acheteur ou un locataire et en attente d’occupation.

Pour en savoir plus

Brutel C., « 50 ans d’évolution des résidences principales : des logements plus grands et moins peuplés », Insee Première n° 1865, juin 2021.

Besson L., Merceron S., « Moins souvent en appartement qu’en métropole, mais des problèmes persistants » Insee Flash La Réunion n° 179, mai 2020.

Baktavatsalou R. (dir.), « Les besoins en logements à La Réunion à l'horizon 2035 - Rôle majeur de la croissance et du vieillissement de la population », Insee Dossier La Réunion n° 6, octobre 2018.

Baktavatsalou R. et Chaussy C. (dir.), « Des conditions d’habitat aux dépenses des ménages - Panorama du logement à La Réunion fin 2013 », Insee Dossier La Réunion n° 4, septembre 2017.

Chaussy C., Touzet C., « Les propriétaires de logements à La Réunion de 1990 à 2014 », Insee Flash La Réunion n° 142, novembre 2018.

Jonzo A., « Les logements à La Réunion de 2010 à 2015 », Insee Flash La Réunion n° 133, juin 2018.

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