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Insee Flash Hauts-de-France · Septembre 2021 · n° 123
Insee Flash Hauts-de-France1,1 million de personnes vivent dans un ménage à revenu médian

Yohan Baillieul, Marie-Michèle Legrand (Insee)

En 2018, 1,1 million d’habitants des Hauts-de-France vivent avec un revenu proche du revenu médian français. Le profil de ces ménages à revenu médian se rapproche de celui de l’ensemble des ménages de la région. Moins présents dans le département du Nord, ces ménages médians privilégient, pour lieu de résidence, les communes de la couronne d’un pôle urbain. Ils sont plus représentés après 60 ans et sont aussi plus souvent en couple.

Insee Flash Hauts-de-France
No 123
Paru le :Paru le07/09/2021

Une faible proportion de ménages à revenu médian

En 2018, dans les Hauts-de-France, 1,1 million de personnes vivent dans un ménage à  : leur revenu disponible mensuel est compris entre 1 624 et 1 984 € par mois. Elles représentent 18,7 % de la population régionale des , soit près d’un point de moins qu’en France de province. Les Hauts-de-France se placent au 9rang parmi les régions de province (figure 1). Les Pays de la Loire (22,7 %) et la Bretagne (22,1 %) comptent le plus de ménages médians. C’est en Corse que leur part est la plus faible (16,7 %).

Dans les Hauts-de-France, la moindre présence des ménages à revenu médian s’explique par une forte proportion de ménages modestes (47 %), la plus élevée de France de province (41 %). Celle des ménages aisés ou plutôt aisés y est, à l’inverse, inférieure de 5 points à la moyenne nationale (34 %).

Figure 1Part de personnes vivant dans un ménage médian en 2018 par région

Part de personnes vivant dans un ménage médian en 2018 par région
Région Part de personnes vivant dans un ménage à revenu médian (%)
Île-de-France 13,9
Auvergne-Rhône-Alpes 18,7
Nouvelle-Aquitaine 20,2
Occitanie 18,3
Hauts-de-France 18,7
Grand Est 18,7
Provence-Alpes-Côte d'Azur 17,2
Pays de la Loire 22,7
Bretagne 22,1
Normandie 20,8
Bourgogne-Franche-Comté 20,6
Centre-Val de Loire 20,8
Corse 16,7
  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Figure 1Part de personnes vivant dans un ménage médian en 2018 par région

  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Une moindre proportion dans le département du Nord

Le Nord se distingue des autres départements de la région par une moindre présence de ménages à revenu médian (– 0,9 point par rapport au taux régional) (figure 2). Elle s’explique par une surreprésentation à la fois des ménages modestes (+ 0,4 point) et aisés ou plutôt aisés (+ 0,5 point). De par son poids démographique dans la région, ce département influe fortement sur la moyenne régionale.

Dans les autres départements, les ménages à revenu médian sont un peu plus représentés. Dans l’Oise, les ménages modestes sont moins présents (– 9,2 points) et les ménages aisés ou plutôt aisés nettement plus nombreux (+ 8,5 points), bénéficiant de la proximité du marché du travail francilien où les salaires sont plus élevés. À l’inverse, dans le Pas-de-Calais et l’Aisne, la présence un peu plus élevée de ménages à revenu médian s’ajoute à la présence plus marquée de ménages modestes qu’en région (respectivement + 4,3 et + 1,8 points). La Somme enregistre la part de ménages à revenu médian la plus élevée de la région, en lien avec la moindre présence des ménages modestes (– 1,3 point).

Figure 2Part de personnes vivant dans un ménage médian dans les départements des Hauts-de-France

Part de personnes vivant dans un ménage médian dans les départements des Hauts-de-France
Département Part de personnes vivant dans un ménage à revenu médian (%)
Aisne 19,6
Nord 17,8
Oise 19,4
Pas-de-Calais 19,1
Somme 19,8
  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Figure 2Part de personnes vivant dans un ménage médian dans les départements des Hauts-de-France

  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Une présence plus marquée dans les couronnes des aires

Les ménages à revenu médian privilégient, pour leur lieu de vie, les couronnes des  : 55 % y vivent, contre la moitié de l’ensemble des ménages. En contrepartie, ils sont moins nombreux à résider dans les pôles de ces aires : 40 % contre 45 % en moyenne en région.

Le lieu de résidence des ménages à revenu médian est également fonction de la taille de l’aire d’attraction des villes. Leur répartition est proche de celle de l’ensemble des ménages. Ils sont toutefois un peu moins présents dans l’aire de Lille (23 % contre 25 %) et comme les ménages modestes, un peu plus dans celles de moins de 200 000 habitants (42 % contre 41 %).

Au niveau régional, les ménages modestes résident plus souvent dans les grandes aires urbaines de Lens-Liévin et Valenciennes. Les ménages aisés ou plutôt aisés se concentrent dans les grandes aires de Lille et de Paris (partie Hauts-de-France) : 40 % y vivent, soit 7 points de plus que la moyenne régionale.

Une présence qui rebondit après 60 ans

Les ménages dont le référent fiscal a plus de 60 ans sont surreprésentés parmi les ménages à revenus médians : 31 % contre 28 % en moyenne régionale. Jusqu’à 60 ans, la proportion de ménages à revenu médian diminue alors que celle des ménages aisés ou plutôt aisés augmente (figure 3). Une meilleure insertion sur le marché du travail et l’occupation d’emplois mieux rémunérés peuvent expliquer ce constat. Après 60 ans, quand l’heure de la retraite sonne et que les enfants ont quitté le domicile familial, le poids des ménages à revenu médian augmente tandis que celui des ménages aisés ou plutôt aisés diminue fortement. Après 75 ans, la part des ménages médians recule mécaniquement, le poids des ménages aisés ou plutôt aisés continuant à se réduire tandis que celui des ménages modestes progresse.

Figure 3Part des personnes vivant dans un ménage médian en fonction de l’âge du référent fiscal

Part des personnes vivant dans un ménage médian en fonction de l’âge du référent fiscal
Âge Proportion de ménages médians (en %)
24 18,6
25 19,2
27 19,3
28 19,0
29 19,2
30 18,8
31 19,5
32 19,6
33 19,1
34 19,4
35 18,8
36 18,8
37 18,4
38 18,4
39 18,3
40 17,7
41 17,4
42 17,6
43 18,0
44 18,3
45 18,2
46 18,1
47 18,3
48 18,1
49 17,9
50 17,6
51 17,3
52 16,8
53 16,5
54 16,3
55 16,1
56 16,3
57 15,9
58 16,2
59 16,3
60 15,8
61 17,2
62 18,1
63 19,6
64 20,2
65 21,0
66 21,3
67 22,0
68 22,0
69 22,2
70 22,5
71 22,4
72 22,8
73 22,5
74 23,3
75 22,5
76 22,4
77 22,0
78 22,7
79 21,7
80 21,7
81 21,1
82 20,8
83 21,1
84 20,9
85 20,3
86 20,3
87 20,1
88 19,4
89 19,7
90 19,0
91 19,0
92 18,5
93 17,3
94 18,2
95 16,5
96 17,1
97 17,6
98 16,5
  • Lecture : 16 % des référents fiscaux âgés de 60 ans font partie d’un ménage à revenu médian. 21 % des référents fiscaux âgés de 65 ans font partie d’un ménage à revenu médian.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Figure 3Part des personnes vivant dans un ménage médian en fonction de l’âge du référent fiscal

  • Lecture : 16 % des référents fiscaux âgés de 60 ans font partie d’un ménage à revenu médian. 21 % des référents fiscaux âgés de 65 ans font partie d’un ménage à revenu médian.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

La surreprésentation des plus de 60 ans parmi les ménages à revenu médian explique en partie la structure de leur revenu disponible. Celle-ci repose davantage sur les pensions et les retraites (33 %) que pour l’ensemble des ménages de la région (28 %) (figure 4). Cette structure se distingue de celle des revenus des ménages modestes qui s’appuient davantage sur les prestations sociales. Les revenus des ménages aisés ou plutôt aisés sont plus souvent issus de salaires et du patrimoine. La part des impôts imputant le revenu disponible varie suivant la catégorie de ménages : 8 % pour les ménages modestes, 13 % pour les ménages à revenu médian à 22 % pour les ménages aisés ou plutôt aisés.

Figure 4Caractéristiques des ménages médians, modestes, aisés ou plutôt aisés en comparaison à l’ensemble de la population régionale

Unité : %
Caractéristiques des ménages médians, modestes, aisés ou plutôt aisés en comparaison à l’ensemble de la population régionale (Unité : %)
Modeste Médian Aisé ou plutôt aisé Ensemble
Part dans le revenu disponible
Salaires 49 67 73 65
Prestations sociales 20 4 2 8
Pensions et retraites 29 33 25 28
Revenus du patrimoine 3 4 12 8
Âge du référent fiscal
50 à 59 ans 17 18 24 20
60 à 74 ans 17 22 22 20
Composition familiale
Monoparentale 19 9 6 12
Couple sans enfant 14 23 28 20
Couple avec au moins trois enfants 19 10 8 14
  • Lecture : les pensions et retraites constituent 33  % du revenu disponible des ménages à revenu médian. Cette proportion est de 28 % dans l’ensemble des ménages de la région. Au sein des ménages à revenu médian, 18 % des référents fiscaux ont entre 50 et 59 ans. Les couples sans enfant représentent 23 % des ménages à revenu médian et 28 % des ménages aisés ou plutôt aisés.
  • Champ : ménages fiscaux dont le revenu disponible est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSofi) 2018; DGFiP; Cnaf; Cnav; CCMSA.

Des ménages plus souvent en couple

La composition familiale des ménages à revenus médians est proche de celle de l’ensemble des ménages de la région (68 % de couples et 12 % de familles monoparentales). Elle se distingue par contre des ménages modestes avec davantage de couples (respectivement 72 % et 59 %) et moins de familles monoparentales (9 % et 19 %). Les couples sans enfant sont plus fréquents dans les ménages à revenu médian (23 %) que dans l’ensemble des ménages (20 %). En revanche, leur part est nettement moins élevée que dans les ménages aisés ou plutôt aisés (28 %). Ce constat est aussi vrai pour les couples avec un seul enfant. Les couples avec deux enfants sont surreprésentés au sein des ménages à revenu médian et aisés ou plutôt aisés (23 %). Les familles d’au moins trois enfants se trouvent moins souvent au sein des ménages à revenu médian (10 %) que dans l’ensemble des ménages (14 %). Elles constituent par contre une part importante des ménages modestes (20 %).

Publication rédigée par :Yohan Baillieul, Marie-Michèle Legrand (Insee)

Pour comprendre

Méthode

En 2018, le revenu médian de (France métropolitaine + Martinique + La Réunion) vaut 21 649 € par an, soit 1 804 € par mois.

Les ménages fiscaux sont répartis en trois catégories :

• les ménages modestes, dont le revenu médian est inférieur à 90 % du revenu médian, soit moins de 1 624 € par mois. Ils comportent notamment les ménages pauvres, dont le revenu est inférieur à 60 % du revenu médian, soit 1 082 € par mois.

• les ménages à revenu médian, dont le revenu médian se situe entre 90 % et 110 % du revenu médian, soit entre 1 624 € et 1 984 € par mois.

• les ménages aisés ou plutôt aisés, les ménages fiscaux dont le revenu médian est supérieur à 110 % du revenu médian soit 1 984 € par mois. Ils comportent notamment les ménages très aisés, dont le revenu est supérieur à 180 % du revenu médian, soit 3 247 € par mois.

Sources

Les données, millésimées 2018, sont issues du fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi) rapprochant les données fiscales exhaustives en provenance de la Direction générale des Finances publiques (déclaration de revenus des personnes physiques, taxe d’habitation et fichier d’imposition des personnes physiques) et des données sur les prestations sociales émanant des organismes gestionnaires de ces prestations (CNAF, CNAV, MSA).

Définitions

Le niveau de vie médian partage la distribution nationale des niveaux de vie en deux sous-populations égales. La première moitié de la population perçoit moins que ce niveau de vie médian, et la seconde davantage.

Un ménage fiscal est un ménage constitué par le regroupement des foyers fiscaux répertoriés dans un même logement. En sont ainsi exclus :

• les ménages constitués de personnes qui ne sont pas fiscalement indépendantes (le plus souvent des étudiants). Ces personnes sont comptabilisées dans le ménage où elles sont déclarées à charge (parent(s) dans le cas des étudiants) ;

• les contribuables vivant en collectivité (foyers de travailleurs, maisons de retraite, maisons de détention...) ;

• les sans-abri.

L’aire d’attraction d’une ville (AAV) définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Ce zonage succède au zonage en aires urbaines de 2010. Une aire est composée d’un pôle, défini à partir de critères de population et d’emploi, et d’une couronne, constituée des communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune-centre.

Le niveau de vie d’un ménage correspond aux revenus du ménage après transferts (impôts et prestations sociales) rapportés au nombre d’unités de consommation du ménage. Les unités de consommation (UC) constituent une échelle préconisée par l’OCDE pour comparer les revenus de ménages de taille et de composition différentes. On compte 1 UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus, et 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans. Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un ménage.

Pour en savoir plus

« Davantage de personnes vivent dans un ménage médian dans les régions de l’Ouest », Insee Focus n° 148, mars 2019

« Plus d’un demi-million de personnes proches du seuil de pauvreté », Insee Flash Hauts-de-France n° 119, avril 2021

Dossier « Éclairages sur les ménages à niveau de vie médian », Insee Références « France, portrait social », édition 2017