Satisfaction générale dans la vie et satisfactions particulières Structure, interprétation et comparabilité entre populations

Stéphane Legleye (Insee-DSDS, Université Paris-Saclay, Inserm-CESP) & Alexandra Rouquette (Université Paris-Saclay, Inserm-CESP)

Documents de travail
No F2021-02
Paru le :Paru le10/05/2021
Stéphane Legleye (Insee-DSDS, Université Paris-Saclay, Inserm-CESP) & Alexandra Rouquette (Université Paris-Saclay, Inserm-CESP)
Documents de travail No F2021-02- Mai 2021

Chaque année, la satisfaction relative aux conditions de vie est mesurée à travers six questions dans l’enquête Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV) : la satisfaction relative au logement, aux loisirs, au travail, aux relations avec la famille et les amis font chacune l’objet d’une question spécifique tandis qu’une sixième question porte sur la satisfaction relative à la vie que l’on mène actuellement, souvent dénommée « satisfaction dans la vie en général » ou « satisfaction générale dans la vie ». Il s’agit très souvent de l’unique question mobilisée dans les études portant sur la satisfaction : cela fait a priori sens dans la mesure où la vie semble englober l’ensemble des dimensions que l’on pourrait imaginer questionner en détail. Dans ce travail, nous montrons d’abord que le construit « satisfaction » sous-jacent aux cinq sousdimensions étudiées est bidimensionnel, opposant une composante plutôt matérielle (logement, travail et loisirs) à une autre plus relationnelle (famille et amis), cette dernière expliquant une part de variance nettement plus grande que la première. Ensuite, nous montrons que la variance des réponses à la question « satisfaction générale dans la vie » est surtout expliquée par la composante matérielle du construit et qu’elle se révèle un mauvais proxy du construit bidimensionnel de satisfaction : autrement dit, utiliser la question sur la satisfaction dans la vie en général comme mesure synthétique de la satisfaction revient peu ou prou à s’intéresser à la satisfaction relative aux conditions matérielles de vie et très peu aux relations sociales. Enfin, nous montrons que le construit bidimensionnel de satisfaction présente une invariance métrique mais non scalaire du point de vue de l’âge, et de la taille d’unité urbaine et une invariance métrique seulement partielle du point de vue du niveau de vie. Cela autorise à comparer des coefficients de corrélation impliquant les facteurs latents sous-jacents aux items de satisfaction entre des groupes définis par ces critères d’âge ou de lieu de résidence, mais pas de niveau de vie. Dans tous les cas, les moyennes des facteurs latents entre groupes ne peuvent être comparées avec fiabilité. En toute rigueur, cette importante limite implique qu’il est également difficile de comparer les niveaux moyens de chacune des variables de satisfaction entre des sous-populations définies par ces critères ; cette restriction vaut aussi pour la satisfaction générale dans la vie.