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Insee Analyses Normandie · Mars 2021 · n° 91
Insee Analyses NormandieLa Normandie tire encore un peu parti de la proximité de l’Île-de-France

Jonathan Brendler, Aubin Merel, Pauline Roger (Insee)

Reliée à sa voisine par des axes de communication structurants, la Normandie profite de certains avantages liés à la proximité de l’Île-de-France. En tant que pôle d’emplois national majeur, la région francilienne pourvoit en emplois – souvent plus rémunérateurs que les emplois locaux – une part importante des actifs résidant en Normandie. Sur le plan démographique, la Normandie peut compter sur un apport substantiel de population originaire d’Île-de-France. En dépit de ce soutien, l’effet d’entraînement de cet imposant voisin est peu évident au cours de la période récente, l’économie normande pâtissant notamment d’une spécialisation historique dans les secteurs industriel et agricole.

Insee Analyses Normandie
No 91
Paru le :Paru le25/03/2021

Disposant d’une frontière commune avec l’Île-de-France, la Normandie est ainsi voisine d’une région dont le poids démographique est trois fois et demie plus important que le sien et le volume d’emplois cinq fois plus élevé. Cette proximité géographique et cette différence de poids ne sont pas sans conséquence sur la dynamique économique et démographique de la Normandie.

Un voisin imposant mais accessible

La Normandie est traversée par d’importants axes de communication convergeant vers la région francilienne qui renforcent le lien de proximité avec celle-ci (figure 1). Paris, situé au barycentre des emplois franciliens, est accessible en moins d’une heure et demie en train pour 11 % des Normands. Ces derniers résident en très grande majorité dans l’Eure, dont le réseau ferroviaire facilite l’accessibilité au cœur francilien, même s’il paraît moins avantageux que dans certains autres départements limitrophes de l’Île-de-France (Oise, Eure-et-Loir, etc.). Les résidents de l’est de l’Eure bénéficient également d’un réseau routier permettant de rejoindre Paris en moins de deux heures en heures pleines, et d’autres pôles d’emplois franciliens importants dans un temps encore plus réduit (Mantes-la-Jolie, Cergy-Pontoise, Versailles, etc.). Les Normands résidant non loin de gares reliant Paris (notamment dans les communes situées aux alentours de Rouen, Lisieux, Argentan, etc.) disposent d’un moyen d’accéder à la capitale en moins de deux heures. À l’inverse, les résidents de la Manche sont bien plus éloignés avec un temps d’accès à la capitale supérieur à trois heures par la route comme par le train.

Temps d’accès par

Figure 1Temps d’accès par la route (en minutes)*

  • * par la route en heures pleines ; par le train en rejoignant la plus proche gare desservant Paris.
  • Sources : Insee, distancier Métric ; Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, trafic moyen journalier annuel 2018 ; SNCF, horaires des lignes, calcul des auteurs.

Un réservoir d’emplois qui attire de nombreux navetteurs normands

L’Île-de-France constitue un pôle d’emplois majeur dont l’attractivité rayonne bien au-delà de ses frontières, en particulier sur les régions limitrophes. Ainsi, 48 000 Normands travaillent en Île-de-France, soit 4 % des actifs en emploi résidant en Normandie. Cette proportion atteint 28 % dans la zone d’emploi de Vernon-Gisors et 35 % dans la partie normande de la zone d’emploi de Dreux (figure 2). Une grande majorité des navetteurs normands vers l’Île-de-France résident dans les zones d’emploi géographiquement proches de celle-ci (Vernon-Gisors, Évreux, Rouen) et travaillent dans les zones d’emploi situées à l’ouest de la région francilienne (Seine-Yvelinoise, Cergy-Vexin, Paris). Dans le sens inverse, les flux sont bien moins importants : 7 600 Franciliens travaillent en Normandie et occupent moins de 1 % des emplois normands.

Dans certaines zones d’emploi normandes, les salaires perçus par les navetteurs franciliens constituent une importante source de revenus pour les ménages résidant dans ces territoires. Ces salaires représentent en effet un septième des revenus salariaux des résidents de la zone d’emploi d’Évreux, un tiers dans celle de Vernon-Gisors et plus de la moitié dans la partie normande de la zone d’emploi de Dreux. Les salaires perçus par ces navetteurs sont souvent élevés : leur salaire horaire net moyen est d’un tiers supérieur à celui des salariés normands travaillant en Normandie. Les cadres sont en effet surreprésentés parmi les navetteurs puisqu’ils constituent un quart des Normands travaillant en Île-de-France contre 13 % des actifs résidents en emploi. Ces revenus salariaux élevés contribuent manifestement à améliorer le niveau de vie d’ensemble de certains territoires : les niveaux de vie des ménages résidant dans les zones d’emploi fortement irriguées par ces flux de salaires apparaissent en effet parmi les plus élevés de la région (figure 3).

Autre forme d’interdépendance entre les deux régions : 165 000 salariés travaillant en Normandie – soit un emploi salarié normand sur sept – sont liés à l’Île-de-France dans la mesure où ils sont employés au sein d’un établissement dont le siège est situé en Île-de-France.

Figure 2Part et nombre d’actifs travaillant en Île-de-France, par commune 

Part et nombre d’actifs travaillant en Île-de-France, par commune 
Zone d’emploi Nombre d’actifs travaillant en Île-de-France Part d’actifs travaillant en Île-de-France
0051 796 1,7
0054 28 000 23,8
0056 653 2,7
0057 20 616 35,3
0058 283 1,0
0059 362 0,8
0060 569 1,0
0061 1 235 4,9
0062 214 0,7
2401 1 079 1,5
2402 644 0,8
2403 20 939 23,0
2404 1 015 4,7
2405 733 1,0
2406 191 1,1
2407 655 2,1
2408 211 1,0
2409 6 414 13,8
2410 7 309 4,0
2411 6 621 23,6
2412 435 1,2
2413 4 532 2,2
2414 919 3,6
2415 271 1,6
2701 97 0,6
2702 1 914 2,7
2703 355 1,9
2704 170 0,5
2705 323 0,4
2706 693 0,5
2707 452 0,7
2708 221 0,7
2709 381 1,6
2710 301 0,9
2711 1 620 1,0
2712 110 0,3
2713 148 0,2
2714 212 0,3
2715 116 0,2
2716 67 0,3
2717 9 254 21,1
2718 185 0,4
2801 213 1,3
2802 191 0,5
2803 984 3,6
2804 3 033 1,4
2805 633 0,8
2806 190 0,8
2807 883 1,5
2808 8 212 10,9
2809 373 1,0
2810 200 1,0
2811 1 023 2,4
2812 648 4,0
2813 1 459 1,2
2814 588 2,0
2815 8 120 2,8
2816 243 0,6
2817 15 039 28,4
2818 101 0,6
2819 521 1,1
3201 559 1,6
3202 3 879 2,6
3203 1 431 2,0
3204 494 1,1
3205 1 037 1,0
3206 440 0,7
3207 546 1,1
3208 675 1,2
3209 7 534 25,5
3210 9 895 12,1
3211 38 623 32,1
3212 1 098 1,3
3213 810 0,8
3214 871 2,2
3215 1 510 1,1
3216 5 300 1,4
3217 691 0,8
3218 1 217 0,8
3219 398 0,6
3220 2 409 2,7
3221 18 068 26,5
3222 1 325 1,0
4401 218 0,8
4402 510 1,1
4403 370 0,6
4404 334 0,7
4405 420 0,5
4406 576 1,6
4407 423 0,6
4408 208 0,6
4409 333 0,3
4410 1 353 0,8
4411 558 0,3
4412 1 934 0,9
4413 3 071 2,3
4414 137 0,4
4415 4 530 14,4
4416 182 0,4
4417 142 0,4
4418 123 0,3
4419 298 0,6
4420 212 0,4
4421 141 0,4
4422 241 0,5
4423 1 695 0,6
4424 505 0,3
4425 1 755 1,8
4426 179 0,6
4427 342 0,8
5201 307 0,6
5202 1 615 1,0
5203 351 0,6
5204 73 0,4
5205 74 0,3
5206 301 0,4
5207 242 0,5
5208 341 1,2
5209 180 0,8
5210 364 0,5
5211 477 0,7
5212 2 964 2,0
5213 261 0,4
5214 182 0,6
5215 192 0,6
5216 3 772 0,9
5217 287 1,0
5218 195 0,8
5219 758 0,8
5220 347 0,9
5221 60 0,3
5301 361 1,0
5302 1 042 0,6
5303 100 0,4
5304 256 0,7
5305 158 0,5
5306 171 0,8
5307 200 0,7
5308 364 0,9
5309 713 0,8
5310 278 0,6
5311 173 0,6
5312 156 0,3
5313 753 0,7
5314 168 0,7
5315 3 049 1,0
5316 515 0,7
5317 670 1,2
5318 977 1,1
5319 191 0,4
  • Source : Insee, recensement de la population 2017 – exploitation complémentaire.

Figure 2Part et nombre d’actifs travaillant en Île-de-France, par commune

  • Source : Insee, recensement de la population 2017 – exploitation complémentaire.

Figure 3Volume et part des salaires des navetteurs vers l’Île-de-France dans la masse salariale totale des actifs résidents en emploi et niveau de vie médian des ménages fiscaux résidents

Volume et part des salaires des navetteurs vers l’Île-de-France dans la masse salariale totale des actifs résidents en emploi et niveau de vie médian des ménages fiscaux résidents
Libellé Zone d’emploi Montant des salaires perçus par les actifs travaillant en Île-de-France Part des salaires perçus par les actifs travaillant en Île-de-France Niveau de vie médian des ménages
Alençon (partie normande) 17 553 121 3,4 19 514
Beauvais (partie normande) 12 130 910 13,7 19 553
Dreux (partie normande) 88 064 447 54,3 21 692
La Vallée de la Bresle-Vimeu (partie normande) 5 881 217 2,5 19 258
Nogent-le-Rotrou 9 734 586 9,2 19 752
Argentan 6 624 210 2,4 19 153
Avranches 8 835 265 1,6 19 150
Bernay 27 744 646 5,2 20 210
Caen 141 810 398 3,2 20 636
Cherbourg en Cotentin 45 529 711 3,0 20 164
Coutances 9 026 740 2,3 19 315
Dieppe-Caux maritime 32 296 593 3,0 19 659
Évreux 224 851 763 13,9 20 812
Flers 8 960 353 1,5 19 060
Granville 11 628 109 3,4 20 336
Honfleur Pont-Audemer 35 614 619 4,2 20 312
L'Aigle 14 260 206 5,1 18 981
Le Havre 62 122 197 2,3 20 138
Lisieux 16 037 036 3,0 19 163
Rouen 311 975 993 4,9 20 611
Saint-Lô 20 055 343 2,4 19 578
Vernon-Gisors 372 007 665 32,3 21 196
Vire Normandie 4 251 301 1,4 18 670
Yvetot-Vallée du Commerce 22 705 437 2,2 20 433
  • Sources : Insee, DADS 2017, Filosofi 2017.

Figure 3Volume et part des salaires des navetteurs vers l’Île-de-France dans la masse salariale totale des actifs résidents en emploi (abscisses) et niveau de vie médian des ménages fiscaux résidents (ordonnées)

  • Sources : Insee, DADS 2017, Filosofi 2017.

Encadré 1 : Des Normands plus enclins à travailler en Île-de-France ?

Pour les résidents des régions limitrophes, le fait de travailler en Île-de-France peut être plus ou moins influencé par certaines caractéristiques individuelles et facilité par l’accessibilité aux emplois franciliens. La probabilité de travailler en Île-de-France, estimée par un modèle de régression logistique, augmente ainsi avec l’âge et le niveau de diplôme, notamment lorsqu’il s’agit de s’y rendre en transport en commun. Le fait d’être une femme diminue cette probabilité, notamment lorsqu’il s’agit de s’y rendre autrement qu’en transport en commun. L’opportunité de travailler en Île-de-France se trouve évidemment limitée lorsque le temps d’accès au cœur francilien augmente. Finalement, à caractéristiques contrôlées égales par ailleurs, les Normands affichent une probabilité plus forte de travailler en Île-de-France par rapport aux résidents des autres régions limitrophes de l’Île-de-France, notamment lorsqu’il s’agit d’utiliser les transports en commun. Il faut cependant noter que des facteurs influents, tels que les différences de coût des transports ou la répartition spatiale des emplois franciliens, ne sont pas ici pris en compte.

Un soutien important à la démographie normande

La Normandie traverse une période de stagnation de sa population mais peut néanmoins compter sur un apport encore conséquent de population en provenance de l’Île-de-France. En 2017, alors que les échanges migratoires de la Normandie avec l’ensemble des régions métropolitaines se soldent par un déficit migratoire, elle bénéficie d’un excédent migratoire avec l’Île-de-France de 7 600 habitants (18 900 arrivées pour 11 300 départs). À titre de comparaison, cet excédent migratoire avec l’Île-de-France est nettement supérieur au solde naturel normand, qui constitue pourtant le principal moteur de la croissance démographique pour de nombreuses régions. Les pertes nettes aux âges d’études, en direction de l’Île-de-France, bien plus modérées qu’avec l’ensemble des autres régions, sont largement compensées par les gains aux autres âges (figure 4). Cumulés sur plusieurs décennies, les échanges migratoires entre les deux régions apparaissent plus équilibrés, mais toujours à l’avantage de la Normandie : 262 000 résidents normands sont nés en Île-de-France et à l’inverse, 240 000 résidents franciliens sont natifs de la Normandie.

Les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime bénéficient en premier lieu des échanges migratoires avec l’Île-de-France. Pour les Franciliens, s’établir sur le territoire normand tout en restant à proximité de sa région d’origine, éventuellement de son emploi, permet d’accéder à une certaine qualité de vie avec des prix de l’immobilier plus abordables que ceux pratiqués en Île-de-France (figure 5). On estime en effet que les prix de l’immobilier sont deux fois plus élevés dans le Val-d’Oise et les Yvelines que dans le département voisin de l’Eure.

Figure 4Impact des migrations pour la Normandie selon l’âge et l’ensemble géographique avec lequel ont lieu les échanges

Impact des migrations pour la Normandie selon l’âge et l’ensemble géographique avec lequel ont lieu les échanges - Lecture : En 2017, le solde migratoire sur un an de la Normandie avec l’Île-de-France pour les personnes âgées de 20 ans (entrants – sortants) est quasi nul, tandis qu’il est négatif avec l’ensemble des régions de France métropolitaine et représente 0,8 % de la population de départ (stables + sortants).
Âge Avec l’ensemble des régions de France métropolitaine Avec l’Île-de-France
2 0,2 0,5
3 0,4 0,5
4 0,4 0,5
5 0,3 0,5
6 0,1 0,3
7 0,0 0,2
8 0,1 0,2
9 0,1 0,3
10 0,1 0,3
11 0,0 0,2
12 0,0 0,2
13 0,0 0,1
14 0,0 0,1
15 0,0 0,1
16 0,0 0,1
17 -0,6 0,0
18 -0,9 -0,2
19 -1,2 -0,1
20 -0,8 0,0
21 -0,9 -0,1
22 -1,1 -0,4
23 -1,3 -0,6
24 -1,1 -0,5
25 -0,8 -0,4
26 -0,3 -0,1
27 -0,2 0,1
28 -0,1 0,2
29 -0,3 0,2
30 -0,4 0,1
31 -0,3 0,2
32 -0,2 0,3
33 0,1 0,4
34 0,3 0,4
35 0,3 0,3
36 0,2 0,3
37 0,0 0,3
38 0,1 0,3
39 0,2 0,3
40 0,3 0,3
41 0,2 0,3
42 0,1 0,3
43 0,2 0,3
44 0,2 0,3
45 0,0 0,3
46 0,1 0,2
47 0,1 0,2
48 0,2 0,2
49 0,1 0,2
50 0,0 0,2
51 0,0 0,2
52 0,0 0,2
53 0,1 0,2
54 0,1 0,3
55 0,2 0,3
56 0,1 0,3
57 0,1 0,3
58 0,2 0,4
59 0,4 0,5
60 0,5 0,6
61 0,5 0,6
62 0,3 0,5
63 0,2 0,5
64 0,1 0,4
65 0,1 0,3
66 0,2 0,3
67 0,2 0,3
68 0,2 0,3
69 0,1 0,3
70 0,1 0,2
71 0,1 0,2
72 0,1 0,1
73 0,1 0,1
74 0,0 0,1
75 0,0 0,1
76 0,0 0,1
77 0,0 0,1
78 0,1 0,1
79 0,1 0,1
80 0,1 0,0
81 0,0 0,1
82 -0,1 0,0
83 0,0 0,0
84 0,1 0,1
85 0,1 0,1
86 0,1 0,1
87 0,1 0,1
88 0,2 0,2
89 0,1 0,2
  • Lecture : En 2017, le solde migratoire sur un an de la Normandie avec l’Île-de-France pour les personnes âgées de 20 ans (entrants – sortants) est quasi nul, tandis qu’il est négatif avec l’ensemble des régions de France métropolitaine et représente 0,8 % de la population de départ (stables + sortants).
  • Sources : Insee, recensement de la population 2017 – exploitation complémentaire.

Figure 4Impact des migrations pour la Normandie selon l’âge et l’ensemble géographique avec lequel ont lieu les échanges

  • Lecture : En 2017, le solde migratoire sur un an de la Normandie avec l’Île-de-France pour les personnes âgées de 20 ans (entrants – sortants) est quasi nul, tandis qu’il est négatif avec l’ensemble des régions de France métropolitaine et représente 0,8 % de la population de départ (stables + sortants).
  • Sources : Insee, recensement de la population 2017 – exploitation complémentaire.

Figure 5Indice de cherté de l’immobilier (foncier et loyers)

  • Sources : Ministère de la Transition écologiques et solidaire, DVF+ 2014-2018, carte des loyers 2018, calcul des auteurs.

Encadré 2 : La Normandie, lieu de villégiature pour de nombreux Franciliens

La Normandie est, pour les Franciliens, un lieu privilégié de villégiature. Ils sont en effet propriétaires de 60 000 résidences secondaires sur le territoire normand, correspondant à 3 % de l’ensemble du parc de logements et à plus de la moitié de celui des résidences secondaires. Disposant d’une façade littorale bien desservie par les axes routiers, le Calvados accueille la moitié de ces résidences avec 30 000 unités (7 % de son parc de logements). Il s’agit du département français le plus prisé par les Franciliens pour y établir leur résidence secondaire. Les ménages propriétaires de ces logements disposent très souvent d’un niveau de vie supérieur à celui des résidents normands et à celui des propriétaires non franciliens de résidences secondaires normandes (niveau de vie médian de 36 500 euros contre respectivement 20 600 euros et 28 400 euros).

Des effets d’entraînement peu visibles depuis le début du siècle

Si l’étalement de la « troisième couronne » de l’Île-de-France, ainsi que la déconcentration de son industrie, ont par le passé pu profiter à la Normandie et aux autres régions limitrophes, la période récente témoigne d’une situation très contrastée entre la région capitale et ses voisines. Après une période d’atonie démographique durant les années 90, l’Île-de-France retrouve un rythme soutenu avec une hausse moyenne de la population de 0,6 % par an entre 1999 et 2012 (figure 6) ; au cours de cette même période, en Normandie, la croissance est deux fois plus faible (+ 0,3 %), comme dans l’ensemble des régions limitrophes de l’Île-de-France (+ 0,2 %). Et tandis que la population continue de progresser en Île-de-France à un rythme annuel moyen de + 0,5 % entre 2012 et 2017, elle stagne en Normandie comme dans les autres régions limitrophes.

L’entraînement francilien ne semble plus effectif en matière de démographie et ne se vérifie pas davantage en matière de développement de l’emploi. Suite à la crise financière de 2008-2009, la Normandie connaît une période de stagnation de l’emploi, alors que l’Île-de-France renoue très rapidement avec la croissance. Les régions limitrophes de l’Île-de-France sont en effet pénalisées par leur spécialisation « historique » dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, en recul sur le long terme. L’Île-de-France concentre quant à elle les activités tertiaires « métropolitaines » (activités scientifiques et techniques, financières et d’assurance, de communication et d’information), en plein développement depuis le début du siècle.

Figure 6Évolution de l’emploi de la population depuis 1990, selon l’ensemble géographique

indice base 100 en 1990
Évolution de l’emploi de la population depuis 1990, selon l’ensemble géographique (indice base 100 en 1990)
Normandie : emplois Île-de-France : emplois Régions limitrophes IDF : emplois Normandie : population Île-de-France : population Régions limitrophes IDF : population
1990 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
1991 99,8 99,7 99,9
1992 99,3 97,8 99,3
1993 98,0 96,8 98,1
1994 98,7 97,2 99,0
1995 98,6 97,2 99,8
1996 98,0 97,2 99,5
1997 98,6 97,7 100,5
1998 100,1 99,6 102,3
1999 102,3 102,6 104,4 102,4 102,7 101,8
2000 105,0 105,2 107,0
2001 105,1 106,1 107,6
2002 105,9 105,8 108,1
2003 105,7 104,7 107,6
2004 105,5 105,2 107,4
2005 105,8 106,4 107,5
2006 106,6 107,9 108,2
2007 108,2 109,8 109,2 104,8 108,8 104,0
2008 107,1 109,5 108,2
2009 105,5 108,6 106,8
2010 105,4 108,9 107,1
2011 105,7 109,9 107,1
2012 105,2 110,2 106,4 106,2 111,6 105,0
2013 104,9 111,4 106,3
2014 104,7 111,6 105,9
2015 104,4 112,2 105,8
2016 104,5 113,0 106,2
2017 105,1 114,5 107,0 106,5 114,2 105,3
  • Sources : Insee, recensements de la population 1990, 1999, 2007, 2012 et 2017 ; Estel.

Figure 6Évolution de l’emploi de la population depuis 1990, selon l’ensemble géographique

  • Sources : Insee, recensements de la population 1990, 1999, 2007, 2012 et 2017 ; Estel.
Publication rédigée par :Jonathan Brendler, Aubin Merel, Pauline Roger (Insee)

Pour comprendre

Les temps d’accès vers Paris par le train et la fréquence des trajets ont été calculés à partir des données sur les horaires des lignes SNCF disponibles sur le site data.sncf.com. Le temps d’accès comprends le temps de trajet théorique par la route pour rejoindre la plus proche gare desservant une gare parisienne et le temps de trajet théorique par le train pour rejoindre cette dernière.

L’indice communal de cherté de l’immobilier est établi à partir des données sur les valeurs foncières des mutations (« DVF + ») et de la carte des loyers du ministère de la transition écologique et solidaire. Une analyse en composantes principales est réalisée sur la base de quatre indicateurs portant sur les valeurs foncières et les loyers des appartements et maison, le premier axe de cette analyse étant interprété comme un indice de cherté de l’immobilier.

Définitions

Un navetteur est un actif ayant un emploi et travaillant dans une autre commune que celle où il réside. Cette information est obtenue à partir du recensement de la population qui permet de connaître la commune de résidence des actifs en emploi ainsi que la commune de leur lieu de travail.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Les unités de consommation sont généralement calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Pour en savoir plus

Gascard N., Van Lu A., « Organisation, fonctionnement et dynamiques de l’espace autour de Paris et de l’Île-de-France », Insee Dossier Île-de-France n° 4, juin 2019

Brendler J., Faure S., Le Goff F., Mounchit N., Rochelle S., « Les mobilités dans le Bassin parisien à trois âges de la vie : faire ses études, aller travailler, prendre sa retraite », Insee Dossier Île-de-France n° 4, novembre 2019

Hurard C., Maillard M., « Les nouvelles zones d’emploi normandes : des profils économiques divers », Insee Analyses Normandie n° 83, septembre 2020