Insee Flash GuadeloupeUne dynamique d’emploi spécifique dans les Entreprises de Taille Intermédiaire

Baptiste Raimbaud (Insee)

Entre 2008 et 2017, le nombre d’établissements guadeloupéens a fortement augmenté (+ 23 %), principalement des nouvelles microentreprises n’employant pas de salarié. L’impact de cette hausse sur l’emploi salarié a été faible (+ 1 %). Ces évolutions masquent cependant les dynamiques à l’œuvre. Les microentreprises sont les seules à créer des emplois salariés en Guadeloupe sur la période, mais beaucoup d’entre elles changent de catégorie à la suite de leur croissance ou de leur rachat par des entreprises de plus grande taille. À l’inverse, les ETI ne créent pas d’emplois mais les changements de catégorie leur en apporte près de 3 000.

Insee Flash Guadeloupe
No 146
Paru le :Paru le18/02/2021
Baptiste Raimbaud (Insee)
Insee Flash Guadeloupe No 146- Février 2021

En 2017, 48 437 établissements dans les secteurs des activités marchandes hors agriculture sont implantés en Guadeloupe, dont 8 502 emploient des salariés. Le nombre d’établissements a crû de 23 % par rapport à 2008, néanmoins la hausse de nombre d’établissements employant des salariés est limitée à 11 %.

9 établissements sur 10 appartiennent à des microentreprises

Le tissu productif régional reste très marqué par le poids important des  : 92,5 % des établissements contre 82 % en France métropolitaine. Seules 13 % d’entre elles emploient des salariés. À l’inverse, 69 % des établissements relevant d’entreprises de plus grande taille sont employeurs. Depuis 2008, le nombre de microentreprises a crû de 23 %, passant de 36 440 établissements à 44 800 en 2017.

Les regroupent 4,5 % des établissements guadeloupéens, soit 2 290 établissements. Ces entreprises sont moins présentes qu’en Martinique et qu’en France Métropolitaine (respectivement 5,9 % et 9,6 % des établissements). Leur nombre progresse de 19 % sur la période 2008-2017.

Les établissements des représentent 1,8 % des établissements guadeloupéens, soit 850 établissements. Les ETI sont ainsi très peu présentes dans l’archipel à l'inverse des autres régions françaises (4,3 % en moyenne nationale). C’est la catégorie d’entreprises qui a connu la plus forte augmentation, + 39 % entre 2008 et 2017.

Les sont moins implantées en Guadeloupe : 1,2 % des établissements guadeloupéens, soit 590 établissements, contre 1,5 % en Martinique et 3,6 % en France Métropolitaine. Elles ont connu la plus faible croissance (+ 11 % d’établissements depuis 2008).

Stagnation de l’emploi salarié

En 2017, la Guadeloupe compte 58 619 emplois salariés dans les secteurs des activités marchandes hors agriculture, en augmentation de seulement 1 % par rapport à 2008.

Les établissements des PME sont les premiers employeurs de Guadeloupe, cumulant 37 % des effectifs salariés, ou 21 570 emplois, suivis des microentreprises qui représentent 32 % des effectifs (18 525 emplois). Les établissements des ETI et des grandes entreprises cumulent respectivement 17 % et 14 % des emplois de la région, soit 8 670 et 8 315 emplois.

L’emploi dans les microentreprises baisse de 4 % par rapport à 2008. Néanmoins, cette baisse est à relativiser, car le cycle de vie d’une entreprise est jalonné par quatre stades : le stade d’introduction, le stade de croissance, le stade de maturité et le stade de déclin. En effet, un certain nombre de microentreprises ont atteint le stade de la maturité avec un développement de leur effectif et de leur bilan suffisant leur permettant d’accéder à la catégorie des PME. Ce sont ainsi 3 640 emplois qui ont basculé vers des PME. Les microentreprises sont, en réalité, la seule catégorie d’entreprises à créer davantage d’emplois qu’à en supprimer entre 2008 et 2017.

Sur la même période, une partie des PME a changé de catégorie en devenant des ETI, re-catégorisant au passage 2 940 emplois. Au final, les effectifs salariés dans les PME stagnent.

Les ETI sont les principales bénéficiaires de ces transferts d’emploi salarié induit par les reclassifications d’entreprises. Les emplois salariés y ont augmenté de 23 % par rapport à 2008 : c’est la seule catégorie dont les effectifs salariés sont en hausse en Guadeloupe. Cette croissance est cependant due uniquement au développement de PME devenues ETI. En parallèle, certaines ETI ont cru ou ont été rachetées et sont devenues des GE, emportant avec elle 985 emplois. Néanmoins, les effectifs salariés de ces établissements diminuent de 4 %, car les pertes d’emploi ne sont pas compensées par les créations (figure 1).

La région Pointoise, poumon économique de l’archipel

Pôle urbain et économique, la région pointoise concentre les deux tiers des établissements de Guadeloupe. En particulier, elle accueille 81 % des établissements appartenant à des PME (1 780 établissements) et à des ETI (700 établissements). Cette zone d’influence concentre une part importante du tissu productif et contribue à hauteur des trois quarts à la croissance du nombre d’établissements depuis 2008, qui passe de 26 200 établissements à 33 080 (+ 26 %) en 2017.

L’Est Grande-Terre et le Sud Basse-Terre concentrent chacune 13 % des établissements guadeloupéens. Avec 6 250 établissements, L’Est Grande-Terre se différencie par un potentiel de développement économique plus important que le Sud Basse-Terre. Son tissu productif s’est accru de 29 % entre 2008 et 2017 tandis que celui de Basse-Terre a connu la hausse la plus faible du territoire (+ 6 %). Néanmoins, L’Est Grande Terre compte davantage de microentreprises, peu employeuses, et ne concentre que 10 % des établissements de grandes entreprises en Guadeloupe (56 établissements) ; c’est 15 % pour le Sud Basse-Terre (90 établissements). De la même manière, les établissements de PME et d’ETI sont plus présents au Sud Basse-Terre (9 % des établissements guadeloupéens, contre 7 % des établissements dans l’Est Grande-Terre).

La Côte sous le vent et Marie-Galante sont des zones peu développées en termes de tissu productif avec respectivement 3,5 % et 2,5 % des établissements guadeloupéens (respectivement 1 715 et 1 200 établissements). Trop éloigné du pôle urbain, la Côte sous le vent ne bénéficie pas de son influence économique et l’île de Marie-Galante est pénalisée par sa double insularité. En particulier, les PME et les ETI y possèdent très peu d’établissements.

Figure 1Forte croissance de l’emploi salarié dans les entreprises de taille intermédiaire Effectifs salariés par catégorie d’entreprises en 2008 et 2017

Forte croissance de l’emploi salarié dans les entreprises de taille intermédiaire
Effectifs 2008 Effectifs 2017
Grande entreprise 8 669 8 316
Entreprise de taille intermédiaire 8 315 10 206
Petite et Moyenne entreprise 21 786 21 571
Microentreprise 19 282 18 526
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 1Forte croissance de l’emploi salarié dans les entreprises de taille intermédiaire Effectifs salariés par catégorie d’entreprises en 2008 et 2017

  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 2La région pointoise concentre l’activité économique de GuadeloupeRépartition de l’emploi salarié par catégorie d’entreprises et par zone d’emplois

La région pointoise concentre l’activité économique de Guadeloupe
Code ze Zone d’emploi Grandes entreprises Entreprises de taille intermédiaire Petites et Moyennes entreprises Microentreprises
0104 Région Pointoise 6 844 8 774 16 447 12 894
0105 Sud Basse-Terre 804 914 2 374 2 505
0102 Est Grande-Terre 504 449 1 678 2 148
0101 Côte sous le vent 44 64 606 552
0103 Marie Galante 120 5 466 427
  • Sources : Insee, Flores 2017, Lifi

Figure 2La région pointoise concentre l’activité économique de GuadeloupeRépartition de l’emploi salarié par catégorie d’entreprises et par zone d’emplois

  • Sources : Insee, Flores 2017, Lifi

Figure 3La croissance des PME provient des microentreprisesTransfert des effectifs salariés entre catégorie d’entreprises entre 2008 et 2017

La croissance des PME provient des microentreprises - Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 985 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 985 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
Grandes entreprises Entreprises de taille intermédiaire Petites et Moyennes entreprises Microentreprises
Grandes entreprises 0 985 34 -4
Entreprises de taille intermédiaire -985 0 2944 73
Petites et Moyennes entreprises -34 -2944 0 3637
Microentreprises 4 -73 -3637 0
  • Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 985 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 985 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Figure 3La croissance des PME provient des microentreprisesTransfert des effectifs salariés entre catégorie d’entreprises entre 2008 et 2017

  • Note de lecture : dans les grandes entreprises (GE) 985 emplois salariés proviennent d’anciennes ETI. Par symétrie, dans les ETI, 985 emplois salariés ont été supprimés au profit des grandes entreprises.
  • Sources : Insee, Clap 2008, Flores 2017, Lifi

Pour comprendre

La variation nette de l’emploi par catégorie d’entreprise compare le niveau d’emploi de la catégorie à deux dates différentes. Elle permet d’analyser si, en fin de période, davantage de salariés travaillent dans une catégorie donnée d’entreprises.

Cette variation nette ne permet pas, en revanche, d’étudier la dynamique de l’emploi par catégorie d’entreprise : la variable étudiée (l’emploi) influe directement sur la variable qui sert à la catégoriser (la catégorie d’entreprise). Par exemple, au cours de la période, une microentreprise qui est devenue une PME contribue à réduire ainsi la variation nette d’emploi des microentreprises (puisqu’elle est sortie de la catégorie), alors même qu’elle a créé de l’emploi avant de devenir PME.

La variation à contour constant permet en revanche de savoir dans quelle catégorie d’entreprise l’emploi a été créé ou détruit. Pour calculer cette variation à contour constant, plusieurs conventions sont possibles, chacune ayant donné lieu à des publications, des chiffrages et des débats. Proposée en 1996, la convention dynamique a finalement fait consensus parmi les économistes, car elle ne comporte pas de biais et est justifiable économiquement. Cette convention consiste à répartir l’évolution de l’emploi en fonction des seuils définissant les catégories d’entreprise.

Par exemple, si une microentreprise compte 7 salariés en 2016, et devient une PME de 15 salariés en 2017 : 2 emplois sont comptabilisés dans les créations d’emploi des microentreprises, et 6 emplois sont comptabilisés dans les créations d’emploi des PME, le seuil déterminant la limite entre les microentreprises et les PME étant de 9 salariés.

Sources

Cette étude utilise une base créée par l’Insee à partir des données de démographie des établissements de 2008 à 2017 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique…), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (2008 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi(liaison financière) pour calculer les catégories d’entreprises.

Définitions

Microentreprise / MIC :

Une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes, et qui a un chiffre d'affaires annuel ou un total de bilan n'excédant pas 2 millions d'euros. Les microentreprises font partie des petites et moyennes entreprises (PME).

Cette notion, utilisée à des fins d'analyse statistique et économique, diffère de celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s'apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, « relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique ».

Petite et moyenne entreprise / PME :

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Elles incluent la catégorie des microentreprises. (MIC) qui occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Entreprise de taille intermédiaire / ETI :

Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros.

Une entreprise qui a moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et plus de 43 millions d'euros de total de bilan est aussi considérée comme une ETI.

Les ETI constituent une catégorie d'entreprises intermédiaire entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises.

Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Grande entreprise :

Une grande entreprise est une entreprise qui vérifie au moins une des deux conditions suivantes :

  • avoir au moins 5 000 salariés ;
  • avoir plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et plus de 2 milliards d'euros de total de bilan.
Remarque :

Cette catégorie d'entreprises est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique.

Entreprise : plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Établissement : une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d'une chaîne hôtelière, la « boutique » d'un réparateur de matériel informatique...

L'établissement, unité de production, constitue le niveau le mieux adapté à une approche géographique de l'économie.

 : quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret n° 2008-1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique, les microentreprises, les petites et moyennes entreprises (PME), les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises(GE). La notion de microentreprise, utilisée à des fins d’analyse statistique et économique, diffère de celle du régime fiscal de la micro-entreprise et ne s’apparente pas non plus au statut de micro-entrepreneur, appelé auto-entrepreneur avant le 19 décembre 2014.

La catégorie à laquelle une entreprise appartient est déterminée à partirdes données annuelles suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan.

Catégorie d'entreprise :

Quatre catégories d'entreprises sont définies dans le décret d'application de la loi de modernisation de l'économie (décret n°2008-1354) pour les besoins de l'analyse statistique et économique :

  • les petites et moyennes entreprises dont les microentreprises ;
  • les entreprises de taille intermédiaire ;
  • les grandes entreprises.

Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle, sont utilisées : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros.

Les grandes entreprises (GE) sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.

Remarque :

La notion d'entreprise et la catégorie d'entreprise sont définies dans le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, « relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique ».

Champ

Le champde l’étude est le secteur marchand non agricole hors intérimaires. Les micro-entrepreneurs sont exclus du champ.

Pour en savoir plus

Bacheré H, Mirouse B., « Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises », Insee Première n°1839, février 2021

Creignou A, « Cinq zones d’emploi en Guadeloupe - Un marché du travail tourné vers les services de proximité et les administrations », Insee Flash Guadeloupe n°138, septembre 2020

Kempf N., « Un dynamisme de l'emploi en périphérie de Cap Excellence », Insee Flash Guadeloupe n°125, septembre 2019