Insee Flash Grand EstLe solde naturel se dégrade et la croissance démographique marque le pas

Mom Karina, Nieto Vincent (Insee)

Entre 2013 et 2018, le nombre d’habitants du Grand Est est stable. En effet, le solde naturel se dégrade et la croissance démographique faiblit par rapport aux cinq années précédentes. Le Bas-Rhin, l’Aube et le Haut-Rhin se démarquent avec une population en hausse. Les aires d’attraction des villes de plus de 700 000 habitants sont les plus dynamiques. À l’opposé, dans celles de moins de 200 000 habitants, la population baisse.

Insee Flash Grand Est
No 44
Paru le :Paru le29/12/2020
Mom Karina, Nieto Vincent (Insee)
Insee Flash Grand Est No 44- Décembre 2020

Au 1ᵉʳ janvier 2018, 5 550 390 personnes vivent dans le Grand Est (source). Depuis 2013, la population régionale est stable, contrairement à celle de France métropolitaine qui augmente de 0,4 % par an en moyenne. Le Grand Est, les Hauts-de-France, la Normandie, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire sont les seules régions où le nombre d’habitants reste constant, les autres enregistrant une hausse annuelle d’au moins 0,4 %, jusqu’à 0,7 % pour l’Occitanie et les Pays de la Loire et 1,1 % en Corse. Le maintien de la population est uniquement dû au solde naturel positif, différence entre les naissances et les décès, qui compense le solde migratoire apparent négatif, différence entre les entrées et les sorties. En effet, le solde naturel induit une hausse de population de 0,2 % en moyenne chaque année, alors que le solde migratoire entraîne une baisse de la même grandeur.

Hausse de la population dans seulement trois départements

Le Bas-Rhin, l’Aube et le Haut-Rhin sont les seuls départements où la population progresse depuis 2013 (entre + 0,2 % et + 0,4 % par an) (figure 1). Outre un solde naturel positif, les deux premiers bénéficient d’un excédent migratoire, tandis que le troisième présente un léger déficit migratoire.

Le nombre d’habitants est stable dans la Marne, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle, mais diminue dans les autres départements, en raison d’un solde migratoire défavorable, non compensé par un excédent naturel. En effet, le déficit migratoire entraîne une baisse de la population qui peut atteindre - 0,6 % par an (Ardennes, Haute-Marne et Meuse). Les Vosges, la Haute-Marne ainsi que la Meuse cumulent même déficit naturel et migratoire. Ces départements comptent le moins d’habitants au kilomètre carré et s’avèrent moins attractifs par l’absence de grandes villes.

Figure 1L’Aube et les départements alsaciens plus dynamiques 

L’Aube et les départements alsaciens plus dynamiques  - Lecture : dans les Ardennes, le nombre d’habitants baisse de 0,2 % par an entre 2008 et 2013 et de 0,7 % par an entre 2013 et 2018.
Code département Département Taux d’évolution annuel moyen de la population (en %) Population 2018
2008-2013 2013-2018
67 Bas-Rhin 0,3 0,4 1 133 552
10 Aube 0,3 0,2 310 020
68 Haut-Rhin 0,3 0,2 764 981
54 Meurthe-et-Moselle 0,0 0,1 733 469
51 Marne 0,1 -0,1 567 462
57 Moselle 0,1 -0,1 1 043 524
88 Vosges -0,3 -0,5 366 112
08 Ardennes -0,2 -0,7 271 845
55 Meuse -0,2 -0,7 185 355
52 Haute-Marne -0,5 -0,8 174 069
Grand Est 0,1 0,0 5 550 389
France métropolitaine 0,5 0,4 64 844 037
  • Note : on parle de stabilité (ou relative stabilité) si le taux est égal à - 0,1 %, 0 0 % ou 0,1 %
  • Lecture : dans les Ardennes, le nombre d’habitants baisse de 0,2 % par an entre 2008 et 2013 et de 0,7 % par an entre 2013 et 2018.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018.

Figure 1L’Aube et les départements alsaciens plus dynamiques 

  • Note : on parle de stabilité (ou relative stabilité) si le taux est égal à - 0,1 %, 0 0 % ou 0,1 %
  • Lecture : dans les Ardennes, le nombre d’habitants baisse de 0,2 % par an entre 2008 et 2013 et de 0,7 % par an entre 2013 et 2018.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018.

La dynamique démographique faiblit sur la période récente

Entre 2008 et 2013, la région gagnait 0,1 % d’habitants en moyenne par an, alors que la population est stable les cinq années suivantes. En France métropolitaine, la hausse se poursuit avec respectivement + 0,5 % et + 0,4 % en moyenne par an. À ces deux échelles, la dynamique démographique semble donc faiblir sur la période récente et le phénomène touche toutes les régions. Ce ralentissement est la conséquence d’une baisse de l’excédent naturel (figure 2) : d’une part, le nombre de décès augmente, avec l’arrivée à des âges élevés des générations nombreuses du baby-boom, et d’autre part, le nombre de naissances recule. En effet, le vieillissement de la population réduit le nombre de femmes en âge de procréer et le taux de fécondité décroît.

Aucun département du Grand Est ne fait exception. Le solde naturel diminue partout, jusqu’à devenir nul dans les Ardennes et négatif dans les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne. En outre, dans les Ardennes, la Meuse et la Haute-Marne, le déficit migratoire s’accentue, d’où une baisse de population qui s’accélère et dépasse même le double de ce qu’elle était entre 2008 et 2013, pour atteindre respectivement - 1 300, - 1 500 et - 1 800 habitants par an. À l'opposé, la population augmente davantage entre 2013 et 2018 dans deux départements, le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle, grâce à l’amélioration du solde migratoire. Le Bas-Rhin présente un excédent migratoire contrairement à la période précédente (+ 0,1 % contre - 0,1 %). Il rejoint l’Aube, seul autre département ayant un solde migratoire positif depuis 2008 (+ 0,1 %).

Figure 2Le solde naturel baisse dans tous les départementsTaux d’évolution annuel moyen de la population entre 2008 et 2013 et entre 2013 et 2018

en %
Le solde naturel baisse dans tous les départements (en %) - Lecture : entre 2008 et 2013, la population du Bas-Rhin augmente de 0,3 % par an. Le solde naturel fait croître la population de 0,4 % par an, tandis que le solde migratoire apparent induit une baisse de 0,1 % par an. Les cinq années suivantes, la population augmente de 0,4 % par an : + 0,3 % par an dû au solde naturel, et + 0,1 % dû au solde migratoire apparent.
Départements Taux de variation annuel 2008-2013 Taux de variation annuel 2013-2018
Ensemble Dû au solde naturel Dû au solde migratoire apparent Ensemble Dû au solde naturel Dû au solde migratoire apparent
Bas-Rhin 0,3 0,4 -0,1 0,4 0,3 0,1
Aube 0,3 0,2 0,1 0,2 0,1 0,1
Haut-Rhin 0,3 0,4 -0,1 0,2 0,3 -0,1
Meurthe-et-Moselle 0,0 0,3 -0,3 0,1 0,2 -0,1
Marne 0,1 0,4 -0,2 -0,1 0,3 -0,3
Moselle 0,1 0,3 -0,2 -0,1 0,1 -0,2
Vosges -0,3 0,0 -0,3 -0,5 -0,2 -0,3
Ardennes -0,2 0,2 -0,4 -0,7 0,0 -0,6
Meuse -0,2 0,1 -0,3 -0,7 -0,1 -0,6
Haute-Marne -0,5 0,0 -0,5 -0,8 -0,2 -0,6
Grand Est 0,1 0,3 -0,2 0,0 0,2 -0,2
  • Note : les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des taux dus aux soldes naturel et migratoire peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population.
  • Lecture : entre 2008 et 2013, la population du Bas-Rhin augmente de 0,3 % par an. Le solde naturel fait croître la population de 0,4 % par an, tandis que le solde migratoire apparent induit une baisse de 0,1 % par an. Les cinq années suivantes, la population augmente de 0,4 % par an : + 0,3 % par an dû au solde naturel, et + 0,1 % dû au solde migratoire apparent.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018, état civil.

Figure 2Le solde naturel baisse dans tous les départementsTaux d’évolution annuel moyen de la population entre 2008 et 2013 et entre 2013 et 2018

  • Note : les taux de variation sont arrondis au plus près de leurs valeurs réelles. La somme des taux dus aux soldes naturel et migratoire peut être de fait légèrement différente du taux de variation de la population.
  • Lecture : entre 2008 et 2013, la population du Bas-Rhin augmente de 0,3 % par an. Le solde naturel fait croître la population de 0,4 % par an, tandis que le solde migratoire apparent induit une baisse de 0,1 % par an. Les cinq années suivantes, la population augmente de 0,4 % par an : + 0,3 % par an dû au solde naturel, et + 0,1 % dû au solde migratoire apparent.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008, 2013 et 2018, état civil.

Les couronnes plus attractives que les pôles

Le dynamisme démographique décroît avec la taille de l’, jusqu’à se changer en déclin lorsque l’aire est en deçà de 200 000 habitants. Ainsi parmi les grandes aires, celle de Strasbourg, est celle où la hausse de population est la plus forte, + 0,6 % par an depuis 2013 (figure 3) ; elle cumule excédent naturel et excédent migratoire. Dans certaines aires plus petites qui comptent entre 200 000 et 700 000 habitants, la population augmente également : c’est le cas de Reims et de Troyes, où le nombre d’habitants progresse de 0,3 % et 0,5 % par an entre 2013 et 2018. Dans les autres aires de cette même catégorie, comme Nancy, Mulhouse et Metz, la population reste stable.

Au sein des aires d’attraction des villes, la croissance de la population est plus élevée dans les couronnes que dans les pôles eux-mêmes, à l’exception des aires de plus de 700 000 habitants. Dans les couronnes, l’excédent des arrivées sur les départs est le principal moteur. À l’opposé, dans les pôles, le solde migratoire est souvent plus faible, mais les naissances portent la croissance démographique en raison d’une population plus jeune.

Figure 3Les territoires influencés par les grandes villes plus dynamiquesÉvolution de la population entre 2013 et 2018 selon la taille des aires d’attraction des villes dans le Grand Est

Les territoires influencés par les grandes villes plus dynamiques - Lecture : en 2018, 2 263 habitants du Grand Est vivent dans l’aire d’attraction de Paris ; entre 2013 et 2018, ce nombre a augmenté de 0,2 % en moyenne par an, dont 0,3 % dû au solde naturel et - 0,1 % dû au solde migratoire apparent.
Taille de l’aire en 2017 Population 2018 du Grand Est Taux de variation annuel 2013-2018 (en %)
Ensemble Dû au solde naturel Dû au solde migratoire apparent
Aire de Paris 2 263 0,2 0,3 -0,1
700 000 hab. ou plus (hors Paris) 1 183 941 0,5 0,3 0,1
200 000 à moins de 700 000 hab. 1 952 832 0,2 0,3 -0,1
50 000 à moins de 200 000 hab. 1 086 746 -0,3 0,1 -0,3
Moins de 50 000 hab. 879 519 -0,5 -0,1 -0,4
Commune hors attraction des villes 445 088 -0,5 -0,2 -0,3
Ensemble 5 550 389 0,0 0,2 -0,2
  • Lecture : en 2018, 2 263 habitants du Grand Est vivent dans l’aire d’attraction de Paris ; entre 2013 et 2018, ce nombre a augmenté de 0,2 % en moyenne par an, dont 0,3 % dû au solde naturel et - 0,1 % dû au solde migratoire apparent.
  • Champ : Grand Est, limites territoriales communales en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2020.
  • Source : Insee, recensements de la population de 2013 et 2018, état civil.

Sources

Cette étude porte sur les populations communales, dites « populations municipales légales », issues des recensements de la population réalisés par l’Insee, en partenariat avec les communes, en date de référence au 1ᵉʳ janvier 2018, 2013 et 2008.

Les données de population au 1ᵉʳ janvier 2018 dans les limites territoriales des communes existant au 1ᵉʳ janvier 2020 seront officielles dès leur authentification par décret. Ces populations officielles entrent en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2021.

L'évolution de population mesurée entre 2008 et 2018 est affectée d’un très léger effet lié à la prise en compte de la multirésidence dans le questionnaire.

Définitions

Aire d’attraction d’une ville : ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi et d’une couronne qui rassemble les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. La taille des aires est définie par rapport à leur population en 2017.

Pour en savoir plus

Vallès V., « Le dynamisme démographique faiblit entre 2013 et 2018, avec la dégradation du solde naturel », Insee Focus n° 221, décembre 2020.

Lercari L., Villaume S., « Le nouveau zonage en aires d’attraction des villes : une grille de lecture de la géographie des ménages », Insee Analyses Grand Est n° 123, décembre 2020.

Horodenciuc L., Monchâtre V. (Insee), Lu A-V., Meyour P.(Dreal) « La déprise démographique touche la moitié du territoire du Grand Est », Insee Analyses Grand Est n° 121, octobre 2020.

Batto V., Villaume S., « Toujours moins de naissances et plus de décès », Insee Analyses Grand Est n° 109, février 2020.

Mironova E., Pic V., « Une croissance de la population ralentie et concentrée dans les communes peu denses », Insee Flash Grand Est n° 26, décembre 2019.