Pouvoir de marché et part du travail

Arthur Bauer (Insee – Crest), Jocelyn Boussard (Commission Européenne – Crest)

Documents de travail
No G2020-13
Paru le :Paru le11/12/2020
Arthur Bauer (Insee – Crest), Jocelyn Boussard (Commission Européenne – Crest)
Documents de travail No G2020-13- Décembre 2020

Les tendances séculaires du pouvoir de marché et de la part du travail dans la valeur ajoutée ont des conséquences importantes sur les inégalités et l’efficacité de l’allocation des facteurs de production. Pour les analyser, il faut recueillir des données exhaustives et renseignant le détail du compte de chaque entreprise, couvrant plusieurs dizaines d’années. Nous exploitons une nouvelle base de données sur l’univers des entreprises françaises entre 1984 et 2016 et documentons une hausse de la concentration depuis le début des années 1990. Malgré une certaine stabilité de la part agrégée du travail, les entreprises de plus grande taille dont la part du travail est moins importante ont gagné des parts de marché, surtout dans les industries où la concentration a le plus augmenté. Le taux de marge, i.e. le ratio du prix au coût marginal, d’une entreprise type – que nous considérons ici comme un indicateur de son pouvoir de marché – a diminué, mais la redistribution des parts de marché vers les entreprises de plus grande taille a fait augmenter le taux de marge agrégé. Notamment, selon nos constatations, la hausse de la concentration ne s’accompagne pas d’un accroissement du pouvoir de marché dans les tranches supérieures. Nous montrons également qu’il est essentiel de tenir compte de la redistribution dans l’ensemble des entreprises pour bien comprendre comment les tendances du pouvoir de marché ont façonné la dynamique de la part globale du travail en France.