L’effet hétérogène du commerce international sur l’innovation

Philippe Aghion (Collège de France, LSE et PSE), Antonin Bergeaud (Banque de France et CEP), Matthieu Lequien (Insee-Dese – Département des études économiques – Division « Études Macroéconomiques » - Banque de France et PSE), Marc J. Melitz (Harvard et NBER)

Documents de travail
No G2020-11
Paru le :Paru le04/11/2020
Philippe Aghion (Collège de France, LSE et PSE), Antonin Bergeaud (Banque de France et CEP), Matthieu Lequien (Insee-Dese – Département des études économiques – Division « Études Macroéconomiques » - Banque de France et PSE), Marc J. Melitz (Harvard et NBER)
Documents de travail No G2020-11- Novembre 2020

Nous analysons comment les conditions de la demande auxquelles est confrontée une entreprise sur ses marchés d’exportation influent sur ses décisions d’innovation. Pour s’assurer du sens de la causalité de la demande vers l’innovation, nous exploitons un choc sur la demande adressée aux exports de l’entreprise, mais qui est indépendant des décisions prises par l’entreprise. En utilisant des données exhaustives sur le secteur manufacturier français, nous montrons que les entreprises françaises brevettent davantage lorsque leurs marchés d’export croissent plus fortement de manière exogène. Cette réponse est entièrement imputable aux entreprises initialement les plus productives. La réponse du brevet est perceptible 3 à 5 ans après un choc de demande, mettant en évidence le temps nécessaire pour innover. En revanche, les ventes et l’emploi augmentent en même temps que le choc de demande, et ceci de façon similaire pour les entreprises quel que soit leur niveau de productivité. Nous montrons que cette réponse différente de l’innovation à des chocs de demande communs découle naturellement d’un modèle d’innovation et de concurrence endogène avec une hétérogénéité des entreprises. L’augmentation de la taille du marché pousse toutes les entreprises à innover davantage en augmentant les rentes d’innovation ; cependant, en induisant plus d’entrées et donc plus de concurrence, elle décourage également l’innovation des entreprises à faible productivité.