Insee Flash Grand EstArtificialisation dans l'Aube Forte progression de l’artificialisation

Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)

Dans l’Aube, 4,3 % de la superficie du département est artificialisée, soit moins qu’au niveau régional. Entre 2012 et 2018, la surface artificialisée y augmente toutefois plus rapidement. Les espaces attribués aux zones urbanisées progressent, en lien avec la dynamique démographique. Le nombre de nouveaux logements construits est toutefois en baisse, avec une proportion de logements collectifs inférieure à celle des logements individuels. Les zones industrielles et commerciales continuent de s’étendre, malgré un recul des emplois.

Insee Flash Grand Est
No 31
Paru le :Paru le28/07/2020
Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)
Insee Flash Grand Est No 31- Juillet 2020

Cette étude fait partie d'une série de publications sur l'artificialisation des sols dans le Grand Est.

L’artificialisation se définit comme tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols. En 2018, 4,3 % de la surface de l’Aube est artificialisée, soit 26 100 ha (261 km²),ce qui en fait le 7e département le plus artificialisé du Grand Est et le 65e de France. Comme dans l’ensemble de la région, les terres agricoles occupent la majorité du territoire, mais sont plus présentes qu’en moyenne dans le Grand Est (69 % contre 59 %). Cela est compensé par une part plus faible attribuée aux forêts et terres semi-naturelles (26 %). Enfin, les eaux de surfaces et zones humides représentent 1 % du territoire.

L’habitat couvre 80 % des surfaces artificialisées, les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication 15 %, soit l’une des plus faibles proportions des départements du Grand Est (19 % en moyenne). Le reste est occupé par les espaces verts artificialisés (3 %, dont certains équipements sportifs), les mines, décharges et chantiers.

L’artificialisation est particulièrement marquée au centre de l’Aube dans l’unité urbaine de Troyes, qui représente 23 % des surfaces artificialisées du département (figures 1 et 2). Le territoire s’est artificialisé de manière plus mesurée autour d’autres grandes unités urbaines comme Romilly-sur-Seine ou encore Nogent-sur-Seine. En raison de zones industrielles et commerciales plus étendues, l’unité urbaine de Brienne-le-Château apparaît plus artificialisée que celle de Bar-sur-Aube, alors qu’elle compte presque deux fois moins d’habitants (2,0 % des surfaces artificialisées du département contre 1,2 %). Rapportée à sa population résidente, l’unité urbaine de Troyes s'avère plus dense que les autres principales unités urbaines.

Dans ces unités urbaines, la part des surfaces artificialisées est la plus grande à Troyes (34 %), due à une présence plus importante de tous les types de sol artificialisé, notamment l’habitat et les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication. Elle est comprise entre 14 % et 26 % dans les autres principales unités urbaines et la proportion des surfaces artificialisées consacrées à l’habitat y est plus faible qu’en moyenne dans l’Aube (entre 58 % et 71 %). À l’inverse, la part des surfaces couvertes par les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus forte, allant de 25 % jusqu’à 42 % à Bar-sur-Aube. Cette part monte même jusqu’à 57 % dans la plus petite unité urbaine de Brienne-le-Château.

Figure 1L’artificialisation très présente autour de TroyesL’occupation du sol dans l’Aube en 2018

  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018.

Figure 24,3 % de la superficie de l’Aube est artificialisée

4,3 % de la superficie de l’Aube est artificialisée
Unité urbaine (+5 000 hab) Surface artificialisée en 2018 (ha) Part de la surface de la zone artificialisée (%) Population rapportée à la surface artificialisée (Nombre d’habitants par ha) Part de la surface artificialisée consacrée
aux zones urbanisées (habitat) (%) aux zones industrielles, commerciales et réseaux de communication (%)
Bar-sur-Aube 320 13,9 16,1 58,1 41,9
Nogent-sur-Seine 515 25,9 11,6 60,6 39,4
Romilly-sur-Seine 1 100 17,2 15,2 68,0 27,9
Troyes 5 921 33,9 23,4 71,6 25,0
Aube 26 082 4,3 11,9 80,3 14,9
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018, Insee, RP 2017

Forte progression de l’artificialisation entre 2012 et 2018

Entre 2012 et 2018, les surfaces artificialisées progressent de 441 ha dans l’Aube, soit une hausse moyenne de 0,3 % par an. Il s’agit de la plus forte progression de l’artificialisation du Grand Est après la Marne (+ 0,4 % contre + 0,1 % par an en moyenne dans la région). Cela marque tout de même un ralentissement par rapport aux évolutions constatées au cours des périodes 1990-2000, 2000-2006 et 2006-2012 (entre + 0,3 % et + 0,6 % par an, régulièrement supérieures à la moyenne régionale). Ce ralentissement est également visible dans les principales unités urbaines. Près de 20 % des terres nouvellement artificialisées se situent dans l’unité urbaine de Troyes. Les espaces artificialisés proviennent essentiellement des terres agricoles (391 ha), ainsi que des forêts et milieux semi-naturels (42 ha) (figure 3). Il n’existe pas de grandes zones où l’artificialisation recule entre 2012 et 2018 dans le département.

Figure 3441 hectares de terres artificialisées de plusTransformation des surfaces dans l’Aube entre 2012 et 2018 (en hectares)

  • Lecture : en 2018, 26 100 ha sont artificialisés. Parmi eux, 391 ha ont été prélevés sur des terres agricoles entre 2012 et 2018.
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2012 et 2018.

Baisse du nombre de logements construits

En cinq ans, la population a augmenté de 0,3 % par an dans l’Aube. Ainsi, de nouveaux logements sont construits chaque année. De 2013 à 2018, près de 7 100 logements ont été mis en chantier, soit 1 200 en moyenne par an. Cela marque un recul par rapport à la période précédente (10 400 logements construits entre 2007 et 2012, soit 1 700 en moyenne par an). La surface urbanisée par logement supplémentaire est plus importante pour les maisons individuelles que les bâtiments de plusieurs logements. Dans l’Aube, 43 % des logements construits entre 2013 et 2018 font partie d'un immeuble collectif, une proportion plus faible que la moyenne régionale (56 %). Cette part progresse toutefois de plus de 3 points par rapport à la période 2007-2012. Le nombre de constructions de logements individuels baisse en effet plus fortement que celui des logements collectifs. Ainsi, les surfaces occupées par des zones urbanisées, assimilées à l’habitat, augmentent de 0,2 % par an entre 2012 et 2018, chiffre stable par rapport à la période 2006-2012, mais supérieur au niveau régional (+ 0,1 %). Malgré la hausse de la population et du nombre de ménages, l'accroissement des zones urbanisées s’accompagne d’une hausse du taux de vacance (+ 2,4 % par an en moyenne).

Des zones industrielles et commerciales plus nombreuses malgré un recul des emplois

Les zones industrielles ou commerciales et installations publiques représentent 12 % des surfaces artificialisées du département, soit une proportion plus faible qu’en moyenne dans le Grand Est (14 %). Elles augmentent de 1,5 % par an entre 2012 et 2018, plus fortement qu’en moyenne dans la région (+ 0,8 % par an). Parmi les surfaces de terres transformées en zones industrielles ou commerciales, 44 % sont situées dans l’unité urbaine de Troyes et 15 % dans celle de Romilly-sur-Seine. Ces zones progressent davantage que l’habitat, mais leur progression ralentit toutefois par rapport à la période précédente (+ 2,5 % par an entre 2006 et 2012). L’Aube est le septième département du Grand Est en termes de construction de locaux commerciaux (surface de plancher). L’augmentation des zones industrielles ou commerciales ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre d’emplois. Ainsi, l’emploi diminue en moyenne de 0,3 % par an depuis 2012. La baisse d’emploi est stable par rapport à la période précédente, alors même que les zones industrielles ou commerciales se développaient entre 2006 et 2012.

La surface attribuée aux réseaux routier et ferroviaire et espaces associés, représente à peine plus de 1 % des terres artificialisées, et augmente de 0,3 % entre 2012 et 2018. C’est moins qu'à l'échelle régionale (+ 2,4 %) : dans certains départements en effet, de nouvelles voies ferrés, notamment la LGV, ainsi que de grands axes routiers ont été construits.

Encadré - Partenariat

L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est.

Pour en savoir plus

Cacheux L., Nieto V., « Artificialisation dans le Grand Est et ses espaces de coopération transfrontalière - L’artificialisation progresse toujours, mais son rythme ralentit », Insee Analyse Grand Est n° 118, juillet 2020.

Levi-Valensin M., « Ouvrir dans un nouvel ongletOccupation du sol dans la région Grand Est en 2014 », Agreste Grand Est n° 2, mars 2018.

« Ouvrir dans un nouvel ongletL’observation de l’occupation du sol en Grand Est : Quel outil, CLC-TERUTI-MAJIC-BDOCS… pour quelle observation ? », DREAL Grand Est Service connaissance et développement durable Focus n° 1, mai 2017.

« Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas régional de l’occupation des sols en France », Commissariat général au développement durable, octobre 2016.