Artificialisation en Meurthe-et-Moselle Progression des zones industrielles et commerciales
En Meurthe-et-Moselle, 7,6 % de la superficie du département est artificialisée, soit davantage qu’au niveau régional, alors que la surface artificialisée y augmente au même rythme entre 2012 et 2018. Les espaces attribués aux zones urbanisées progressent, bien que la population soit stable. Le nombre de nouveaux logements construits est toutefois en baisse, avec une proportion de logements collectifs supérieure à celle des logements individuels. Les zones industrielles et commerciales continuent de s’étendre, malgré un recul des emplois.
Cette étude fait partie d'une série de publications sur l'artificialisation des sols dans le Grand Est.
L’artificialisation se définit comme tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols. En 2018, 7,6 % de la surface de Meurthe-et-Moselle est artificialisée, soit 40 100 ha (400 km²), ce qui en fait le 4e département le plus artificialisé du Grand Est et le 36e de France. Comme dans l’ensemble de la région, les terres agricoles occupent la majorité du territoire (59 %), suivies des forêts et terres semi-naturelles (33 %). Enfin, les eaux de surfaces et zones humides représentent moins de 1 % du territoire.
L’habitat couvre 73 % des surfaces artificialisées, les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication 21 %, le reste étant occupé par les espaces verts artificialisés (4 %, dont certains équipements sportifs), les mines, décharges et chantiers.
L’artificialisation est particulièrement marquée au centre de la Meurthe-et-Moselle, notamment dans l’unité urbaine de Nancy qui représente 22 % des surfaces artificialisées du département (figure 1 et figure 2). De même, au nord du département, le long de la frontière allemande, l’unité urbaine de Longwy rassemble 6 % des surfaces artificialisées. Le territoire s’est également artificialisé autour d’autres grandes unités urbaines comme Pont-à-Mousson, Toul ou encore Lunéville, mais de manière plus mesurée. Rapportée à sa population résidente, l’unité urbaine de Nancy apparaît bien plus dense que les autres principales unités urbaines.
Dans ces unités urbaines, la part des surfaces artificialisées est la plus grande à Nancy (36 %), due à une présence plus importante de tous les types de sol artificialisé, notamment l’habitat et les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication. Elle n’est que de 16 % à Pont-à-Mousson, caractérisée par une forte présence de forêts et milieux naturels, et est comprise entre 21 % et 33 % dans les autres principales unités urbaines. La part des surfaces artificialisées consacrées à l’habitat est plus faible dans les unités urbaines de Nancy et Longwy qu’en moyenne en Meurthe-et-Moselle (68 % et 65 %). Elle est proche de la moyenne départementale dans les autres principales unités urbaines. À l’inverse, celle couverte par les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus grande (23 % et 28 %). Ces espaces sont proches de la moyenne départementale dans les autres principales unités urbaines, sauf à Toul, Dombasle-sur-Meurthe et Neuves-Maisons, où la part des zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus importante.
graphiqueFigure 1 – L’artificialisation très présente autour de NancyL’occupation du sol dans la Meurthe-et-Moselle en 2018
tableauFigure 2 – 7,6 % de la superficie de la Meurthe-et-Moselle est artificialisée
Unité urbaine (+10 000 hab) | Surface artificialisée en 2018 (ha) | Part de la surface de la zone artificialisée (%) | Population rapportée à la surface artificialisée (Nombre d’habitants par ha) | Part de la surface artificialisée consacrée | |
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aux zones urbanisées (habitat) (%) | aux zones industrielles, commerciales et réseaux de communication (%) | ||||
Jarny | 760 | 24,8 | 16,1 | 81,1 | 13,2 |
Neuves-Maisons | 1 130 | 22,2 | 15,9 | 56,5 | 32,1 |
Esch-sur-Alzette (LUX) - Villerupt (partie française) | 710 | 20,7 | 29,2 | 90,3 | 1,0 |
Dombasle-sur-Meurthe | 1 118 | 31,5 | 19,6 | 70,2 | 27,5 |
Toul | 1 361 | 24,0 | 16,8 | 71,6 | 28,4 |
Lunéville | 1 125 | 21,7 | 19,5 | 73,1 | 19,2 |
Jœuf | 1 103 | 30,0 | 20,5 | 75,7 | 13,3 |
Pont-à-Mousson | 1 192 | 16,2 | 19,8 | 74,4 | 20,4 |
Longwy (partie française) | 2 237 | 33,5 | 20,8 | 65,1 | 27,9 |
Nancy | 8 956 | 36,3 | 31,9 | 67,8 | 23,0 |
Meurthe-et-Moselle | 40 092 | 7,6 | 18,3 | 72,5 | 21,2 |
- Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018, Insee, RP 2017.
Une artificialisation en hausse mais qui ralentit
Entre 2012 et 2018, les surfaces artificialisées progressent de 324 ha en Meurthe-et-Moselle, soit une hausse moyenne de 0,1 % par an, similaire à l’évolution régionale. Cette évolution est stable depuis 2006 mais marque un ralentissement par rapport à celles constatées au cours des périodes 1990-2000 et 2000-2006 (entre +0,2 % et + 0,6 % par an). Ce ralentissement n’est pas visible dans les principales unités urbaines, où l’artificialisation augmente légèrement après une période de faible progression. Près de 10 % des terres nouvellement artificialisées se situent dans l’unité urbaine de Nancy comme dans celle de Longwy. Les espaces artificialisés proviennent essentiellement des terres agricoles (303 ha) ainsi que des forêts et milieux semi-naturels (15 ha) (figure 3). Il n’existe pas de grandes zones où l’artificialisation recule entre 2012 et 2018 dans le département .
graphiqueFigure 3 – 324 hectares de terres artificialisées de plusTransformation des surfaces dans la Meurthe-et-Moselle entre 2012 et 2018 (en hectares)
Toujours davantage de logements construits malgré une population qui stagne
En cinq ans, la population est restée stable en Meurthe-et-Moselle. Pour autant, de nouveaux logements sont construits chaque année. Ainsi de 2013 à 2018, plus de 13 900 logements ont été mis en chantier, soit 2 300 en moyenne par an. Cela marque un recul par rapport à la période précédente (19 000 logements construits entre 2007 et 2012, soit 3 200 en moyenne par an). La surface urbanisée par logement supplémentaire est plus importante pour les maisons individuelles que les bâtiments de plusieurs logements. En Meurthe-et-Moselle, 56 % des logements construits entre 2013 et 2018 font partie d'un immeuble collectif, une proportion proche de la moyenne régionale. Cette part progresse de 4 points par rapport à la période 2007-2012. La construction de logements individuels baisse en effet davantage que celle des logements collectifs. Ainsi, les surfaces occupées par des zones urbanisées, assimilées à de l’habitat, augmentent de 0,1 % par an entre 2012 et 2018, chiffre stable par rapport à la période 2006-2012, alors que le rythme de la hausse ralentit au niveau régional. Cet accroissement des zones urbanisées, alors que la population stagne, s’explique en partie par la diminution de la taille des ménages, qui entraîne une augmentation du nombre de ménages et donc de logements nécessaires. Le taux de vacance est néanmoins en hausse dans le département (+ 3,1 % par an en moyenne).
Des zones industrielles et commerciales plus nombreuses malgré un recul des emplois
Les zones industrielles ou commerciales et installations publiques représentent 16 % des surfaces artificialisées du département, soit plus qu’en moyenne dans le Grand Est (14 %). Elles augmentent de 1,7 % par an entre 2012 et 2018, plus rapidement que dans l’ensemble de la région (+ 0,8 % en moyenne par an). Ces zones progressent davantage que l’habitat et leur progression s'accélère par rapport à la période précédente (+ 0,7 % par an entre 2006 et 2012). Toutefois, cette forte augmentation s’explique en grande partie par la transformation de la base aérienne 136 Toul-Rosières en centrale solaire photovoltaïque, qui compte pour 80 % des surfaces transformées en zones industrielles ou commerciales. Sans cette transformation, on assisterait plutôt à un ralentissement. La Meurthe-et-Moselle est le cinquième département du Grand Est en termes de construction de locaux commerciaux (surface de plancher). L’augmentation des zones industrielles ou commerciales ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre d’emplois. Ainsi, l’emploi diminue en moyenne de 0,3 % par an depuis 2012. La baisse d’emploi est stable par rapport à la période précédente, alors même que les zones industrielles ou commerciales se développaient entre 2006 et 2012.
La surface attribuée aux réseaux routier et ferroviaire et espaces associés, représente 2,2 % des terres artificialisées, soit l’une des plus élevées du Grand Est. Elle est stable entre 2012 et 2018, alors qu’elle progresse à l'échelle régionale (+ 2,4 %) : dans certains départements en effet, de nouvelles voies ferrés, notamment la LGV, ainsi que de grands axes routiers ont été construits.
Encadré - Partenariat
L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est.
Pour en savoir plus
Cacheux L., Nieto V., « Artificialisation dans le Grand Est et ses espaces de coopération transfrontalière - L’artificialisation progresse toujours, mais son rythme ralentit », Insee Analyse Grand Est n° 118, juillet 2020.
Levi-Valensin M., « Ouvrir dans un nouvel ongletOccupation du sol dans la région Grand Est en 2014 », Agreste Grand Est n° 2, mars 2018.
« Ouvrir dans un nouvel ongletL’observation de l’occupation du sol en Grand Est : Quel outil, CLC-TERUTI-MAJIC-BDOCS… pour quelle observation ? », DREAL Grand Est Service connaissance et développement durable Focus n° 1, mai 2017.
« Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas régional de l’occupation des sols en France », Commissariat général au développement durable, octobre 2016.