Insee Flash Grand EstArtificialisation en Haute-Marne Département le moins artificialisé du Grand Est

Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)

En Haute-Marne, 2,8 % de la superficie du département est artificialisée, soit bien moins qu’au niveau régional, alors que l’artificialisation y augmente au même rythme entre 2012 et 2018. Les espaces attribués aux zones urbanisées progressent, bien que la population diminue. Le nombre de nouveaux logements construits est toutefois en baisse, avec une proportion de logements collectifs bien inférieure à celle des logements individuels. Les zones industrielles et commerciales continuent de s’étendre, malgré une stagnation des emplois.

Insee Flash Grand Est
No 33
Paru le :Paru le28/07/2020
Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)
Insee Flash Grand Est No 33- Juillet 2020

Cette étude fait partie d'une série de publications sur l'artificialisation des sols dans le Grand Est.

L’artificialisation se définit comme tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols. En 2018, 2,8 % de la surface de la Haute-Marne est artificialisée, soit 17 600 ha (176 km²), ce qui en fait le département le moins artificialisé du Grand Est avec la Meuse, et le 85e de France. Comme dans l’ensemble de la région, les terres agricoles occupent la majorité du territoire (57 %), suivies des forêts et terres semi-naturelles (40 %). Enfin, les eaux de surfaces et zones humides représentent 0,4 % du territoire.

L’habitat couvre 76 % des surfaces artificialisées, les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication 19 %, le reste étant occupé par les espaces verts artificialisés (2,4 %, dont certains équipements sportifs), les mines, décharges et chantiers.

L’artificialisation, assez peu présente dans la Haute-Marne, est marquée dans les unités urbaines de Saint-Dizier et Chaumont, qui correspondent respectivement à 14 % et 7 % des surfaces artificialisées du département (figure 1 et figure 2). Le territoire s’est également artificialisé autour d’autres grandes unités urbaines, notamment Langres qui représente 4 % des surfaces artificialisées. Rapportée à sa population résidente, l’unité urbaine de Chaumont apparaît plus dense que celle de Saint-Dizier.

Dans ces unités urbaines, la part des surfaces artificialisées est la plus grande à Saint-Dizier (27 %) due à une présence plus importante de tous les types de sol artificialisé, notamment l’habitat et les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication. Elle n’est que de 13 % à Langres et 17 % à Chaumont, marqués par une forte présence de terres agricoles, particulièrement à Langres. La part des surfaces artificialisées consacrées à l’habitat est plus faible dans ces unités urbaines qu’en moyenne en Haute-Marne (entre 46 % et 69 %). À l’inverse, celle couverte par les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus grande, allant de 26 % jusqu’à 48 % à Saint-Dizier.

Figure 1L’artificialisation moins présente que dans les autres départements du Grand EstL’occupation du sol dans la Haute-Marne en 2018

  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018.

Figure 22,8 % de la superficie de la Haute-Marne est artificialisée

2,8 % de la superficie de la Haute-Marne est artificialisée
Unité urbaine (+5 000 hab) Surface artificialisée en 2018 (ha) Part de la surface de la zone artificialisée (%) Population rapportée à la surface artificialisée (Nombre d’habitants par ha) Part de la surface artificialisée consacrée
aux zones urbanisées (habitat) (%) aux zones industrielles, commerciales et réseaux de communication (%)
Joinville 427 9,1 11,8 68,9 25,1
Langres 716 12,6 13,0 57,4 34,0
Chaumont 1 245 16,8 18,5 67,1 25,8
Saint-Dizier 2 449 27,1 12,5 45,5 48,3
Haute-Marne 17 576 2,8 10,0 75,6 18,7
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018, Insee, RP 2017.

Une artificialisation en hausse mais qui ralentit

Entre 2012 et 2018, les surfaces artificialisées progressent de 135 ha en Haute-Marne, soit une hausse moyenne de 0,1 % par an, similaire à l’évolution régionale. Cela marque un ralentissement par rapport aux évolutions constatées au cours des périodes 1990-2000, 2000-2006 et 2006-2012 (entre + 0,2 % et + 0,3 % par an, inférieures à la moyenne régionale). Ce ralentissement est également visible dans les principales unités urbaines, bien que 15 % des terres nouvellement artificialisées se situent dans l’unité urbaine de Saint-Dizier et 22 % dans celle de Langres. Les espaces artificialisés proviennent essentiellement des terres agricoles (112 ha) ainsi que des forêts et milieux semi-naturels (23 ha) (figure 3). Il n’existe pas de grandes zones où l’artificialisation recule entre 2012 et 2018 dans le département.

Figure 3135 hectares de terres artificialisées de plusTransformation des surfaces dans la Haute-Marne entre 2012 et 2018 (en hectares)

  • Lecture : en 2018, 17 600 ha sont artificialisés. Parmi eux, 112 ha ont été prélevés sur des terres agricoles entre 2012 et 2018.
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2012 et 2018.

Baisse du nombre de logements construits mais peu de collectifs

En cinq ans, la population a baissé de 0,7 % par an en Haute-Marne. Pour autant, de nouveaux logements sont construits chaque année. Ainsi, de 2013 à 2018, plus de 1 700 logements ont été mis en chantier, soit 300 en moyenne par an. Cela marque un recul par rapport à la période précédente (3 400 logements construits entre 2007 et 2012, soit 600 en moyenne par an). La surface urbanisée par logement supplémentaire est plus importante pour les maisons individuelles que les bâtiments de plusieurs logements. En Haute-Marne, 27 % des logements construits entre 2013 et 2018 font partie d'un immeuble collectif, une proportion bien inférieure à la moyenne régionale (56 %). La part de collectifs dans les nouveaux logements est stable par rapport à la période 2007-2012. La diminution du nombre de constructions de logements individuels est en effet similaire à celle des logements collectifs. Ainsi, les surfaces au sol occupées par des zones urbanisées, assimilées à de l’habitat, augmentent de 0,1 % par an entre 2012 et 2018, chiffre stable par rapport à la période 2006-2012. Cette progression des zones urbanisées, alors que la population diminue, s’explique en partie par la diminution de la taille des ménages qui entraîne une augmentation du nombre de ménages et donc de logements nécessaires. Le taux de vacance est néanmoins en hausse dans le département (+ 1,1 % par an en moyenne).

Des zones industrielles et commerciales moins développées

Les zones industrielles ou commerciales et installations publiques représentent 11 % des surfaces artificialisées du département, soit une proportion plus faible qu’en moyenne dans le Grand Est (14 %). Elles augmentent de 0,7 % par an entre 2012 et 2018, légèrement plus faiblement qu’en moyenne dans la région (+ 0,8 % par an). Plus des deux tiers des surfaces de terres transformées en zones industrielles ou commerciales se situent dans trois unités urbaines : Saint-Dizier, Chaumont et Langres. Ces zones progressent davantage que l’habitat mais leur progression ralentit toutefois par rapport à la période précédente (+ 2,5 % par an entre 2006 et 2012). La Haute-Marne est l’avant-dernier département du Grand Est en termes de construction de locaux commerciaux (surface de plancher). L’accroissement des zones industrielles ou commerciales ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre d’emplois, qui est globalement stable depuis 2012 (- 0,04 % par an). La situation sur le marché du travail s’améliore par rapport à la période précédente, où l'emploi baissait de 0,8 % par an, alors même que les zones industrielles ou commerciales se développaient.

La surface attribuée aux réseaux routier et ferroviaire et espaces associés, représente 2,2 % des terres artificialisées, et augmente de 0,5 % entre 2012 et 2018. C’est moins que dans la région (+ 2,4 %) : dans certains départements en effet, de nouvelles voies ferrés, notamment la LGV, ainsi que de grands axes routiers ont été construits.

Encadré - Partenariat

L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est.

Pour en savoir plus

Cacheux L., Nieto V., « Artificialisation dans le Grand Est et ses espaces de coopération transfrontalière - L’artificialisation progresse toujours, mais son rythme ralentit », Insee Analyse Grand Est n° 118, juillet 2020.

Levi-Valensin M., « Ouvrir dans un nouvel ongletOccupation du sol dans la région Grand Est en 2014 », Agreste Grand Est n° 2, mars 2018.

« Ouvrir dans un nouvel ongletL’observation de l’occupation du sol en Grand Est : Quel outil, CLC-TERUTI-MAJIC-BDOCS… pour quelle observation ? », DREAL Grand Est Service connaissance et développement durable Focus n° 1, mai 2017.

« Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas régional de l’occupation des sols en France », Commissariat général au développement durable, octobre 2016.