Artificialisation dans les Ardennes Une artificialisation relativement faible mais en forte progression
Dans les Ardennes, 4 % de la superficie du département est artificialisée, soit moins qu’au niveau régional. Entre 2012 et 2018, la surface artificialisée y augmente toutefois plus rapidement. Les espaces attribués aux zones urbanisées progressent, bien que la population diminue. Le nombre de nouveaux logements construits est toutefois en baisse, avec une proportion de logements collectifs bien inférieure à celle des logements individuels. Les zones industrielles et commerciales continuent de s’étendre, malgré un recul des emplois.
Cette étude fait partie d'une série de publications sur l'artificialisation des sols dans le Grand Est.
L’artificialisation se définit comme tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols. En 2018, 4 % de la surface des Ardennes est artificialisée, soit 20 900 ha (209 km²), ce qui en fait le 8e département le plus artificialisé du Grand Est et le 70e de France. Comme dans l’ensemble de la région, les terres agricoles occupent la majorité du territoire, mais sont plus présentes qu’en moyenne dans le Grand Est (67 % contre 59 %). Cela est compensé par une part plus faible attribuée aux forêts et terres semi-naturelles (29 %). Enfin, les eaux de surfaces et zones humides correspondent à moins de 1 % du territoire.
L’habitat couvre 82 % des surfaces artificialisées, soit la plus grande proportion pour les départements du Grand Est (76 % en moyenne), les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication 14 %, soit l’une des plus faibles proportions des départements du Grand Est (19 % en moyenne). Le reste de l’espace est occupé par les espaces verts artificialisés (2 %, dont certains équipements sportifs), les mines, décharges et chantiers.
L’artificialisation est particulièrement marquée au centre dans les unités urbaines de Charleville-Mézières et Sedan qui représentent respectivement 12 % et 7 % des surfaces artificialisées du département (figures 1 et 2). Le territoire s’est artificialisé de manière plus mesurée autour d’autres grandes unités urbaines comme Rethel ou encore Givet. En raison de zones industrielles et commerciales plus étendues, l’unité urbaine de Vrigne-aux-Bois apparaît plus artificialisée que celle de Nouzonville alors qu’elle compte sensiblement le même nombre d’habitants (2,1 % des surfaces artificialisées du département contre 1,5 %). Rapportée à sa population résidente, l’unité urbaine de Charleville-Mézières ainsi que celle de Nouzonville s'avèrent plus denses que les autres principales unités urbaines.
Dans ces unités urbaines, la part des surfaces artificialisées est la plus grande à Charleville-Mézières (34 %), due à une présence plus importante de tous les types de sol artificialisé, notamment l’habitat et les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication. Elle n’est que de 5 % à Fumay et est comprise entre 7 % et 18 % dans les autres principales unités urbaines. La proportion des surfaces artificialisées consacrées à l’habitat est plus faible dans ces unités urbaines qu’en moyenne dans les Ardennes (entre 61 % et 81 %), excepté dans celles de Bogny-sur-Meuse et Fumay, qui sont de taille plus modérée que les autres principales unités urbaines. À l’inverse, la part des surfaces couvertes par les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus grande, allant de 17 % jusqu’à 34 % à Givet. Cette part est toutefois légèrement plus faible qu’en moyenne dans l’unité urbaine de Charleville-Mézières (14 %) ainsi que dans les plus petites unités urbaines.
graphiqueFigure 1 – L’artificialisation très présente autour de Charleville-MézièresL’occupation du sol dans les Ardennes en 2018
tableauFigure 2 – 4 % de la superficie des Ardennes est artificialisée
Unité urbaine (+5 000 hab) | Surface artificialisée en 2018 (ha) | Part de la surface de la zone artificialisée (%) | Population rapportée à la surface artificialisée (Nombre d’habitants par ha) | Part de la surface artificialisée consacrée | |
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aux zones urbanisées (habitat) (%) | aux zones industrielles, commerciales et réseaux de communication (%) | ||||
Nouvion-sur-Meuse | 314 | 7,3 | 16,1 | 77,8 | 22,2 |
Fumay | 300 | 4,6 | 17,9 | 89,3 | 10,7 |
Bogny-sur-Meuse | 351 | 12,9 | 16,5 | 89,9 | 10,1 |
Vrigne-aux-Bois | 429 | 13,4 | 15,3 | 67,9 | 32,1 |
Nouzonville | 304 | 14,4 | 22,5 | 83,3 | 16,7 |
Revin | 327 | 8,4 | 19,1 | 81,0 | 19,0 |
Givet | 574 | 17,7 | 14,8 | 60,5 | 33,7 |
Rethel | 612 | 16,9 | 16,3 | 63,3 | 32,6 |
Sedan | 1 451 | 16,8 | 17,3 | 74,5 | 22,5 |
Charleville-Mézières | 2 589 | 34,3 | 22,4 | 80,2 | 13,9 |
Ardennes | 20 906 | 4,0 | 13,1 | 81,8 | 14,1 |
- Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018 ; Insee, RP 2017.
Une artificialisation plus rapide que dans la région entre 2012 et 2018
Entre 2012 et 2018, les surfaces artificialisées progressent de 293 ha dans les Ardennes, soit une hausse moyenne de 0,2 % par an, supérieure à l’évolution régionale. Cela marque une stabilité par rapport aux évolutions constatées au cours des périodes 1990-2000, 2000-2006 et 2006-2012 (entre + 0,1 % et + 0,3 % par an, régulièrement inférieures à la moyenne régionale). Dans les principales unités urbaines, l’artificialisation ralentit. Seuls 6 % des terres nouvellement artificialisées se situent dans l’unité urbaine de Charleville-Mézières. Les espaces artificialisés proviennent essentiellement des terres agricoles (221 ha), ainsi que des forêts et milieux semi-naturels (72 ha) (figure 3). Il n’existe pas de grandes zones où l’artificialisation recule entre 2012 et 2018 dans le département.
graphiqueFigure 3 – 293 hectares de terres artificialisées de plusTransformation des surfaces dans les Ardennes entre 2012 et 2018 (en hectares)
Baisse du nombre de logements construits
En cinq ans, la population a baissé de 0,7 % par an dans les Ardennes. Pour autant, de nouveaux logements sont construits chaque année. Ainsi de 2013 à 2018, près de 3 600 logements ont été mis en chantier, soit 600 en moyenne par an. Cela marque un recul par rapport à la période précédente (5 800 logements construits entre 2007 et 2012, soit 1 000 en moyenne par an). La surface urbanisée par logement supplémentaire est plus importante pour les maisons individuelles que les bâtiments de plusieurs logements. Dans les Ardennes, 25 % des logements construits entre 2013 et 2018 font partie d'un immeuble collectif, une proportion bien inférieure à la moyenne régionale (56 %). Cette part progresse toutefois de 3 points par rapport à la période 2007-2012. Le nombre de constructions de logements individuels baisse en effet, et plus fortement que celui des logements collectifs. Ainsi, les surfaces occupées par des zones urbanisées, assimilées à l’habitat, augmentent de 0,1 % par an entre 2012 et 2018, chiffre stable par rapport à la période 2006-2012. Cet accroissement des zones urbanisées, alors que la population diminue, s’explique en partie par la diminution de la taille des ménages qui entraîne une augmentation du nombre de ménages et donc de logements nécessaires. Le taux de vacance est néanmoins en hausse dans le département (+ 4,2 % par an en moyenne).
Des zones industrielles et commerciales moins développées
Les zones industrielles ou commerciales et installations publiques représentent 10 % des surfaces artificialisées du département, soit une proportion plus faible qu’en moyenne dans le Grand Est (14 %). Elles augmentent de 1,1 % par an entre 2012 et 2018, plus fortement qu’en moyenne dans la région (+ 0,8 % par an). Parmi les surfaces de terres transformées en zones industrielles ou commerciales, 22 % sont situées dans l’unité urbaine de Givet. Ces zones progressent davantage que l’habitat, et leur progression s'accélère par rapport à la période précédente (+ 0,5 % par an entre 2006 et 2012). Les Ardennes sont le huitième département du Grand Est en termes de construction de locaux commerciaux (surface de plancher). L’augmentation des zones industrielles ou commerciales ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre d’emplois. Ainsi, l’emploi diminue en moyenne de 0,3 % par an depuis 2012. La baisse d’emploi ralentit toutefois par rapport à la période précédente (- 1 % par an), alors que la surface au sol attribuée aux zones industrielles ou commerciales progressait déjà.
La surface attribuée aux réseaux routier et ferroviaire et espaces associés, représente 1,7 % des terres artificialisées, et augmente de 17 % entre 2012 et 2018. C’est bien plus que dans la région (+ 2,4 %), en raison de la construction de la nouvelle autoroute A304.
Encadré - Partenariat
L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est.
Pour en savoir plus
Cacheux L., Nieto V., « Artificialisation dans le Grand Est et ses espaces de coopération transfrontalière - L’artificialisation progresse toujours, mais son rythme ralentit », Insee Analyse Grand Est n° 118, juillet 2020.
Levi-Valensin M., « Ouvrir dans un nouvel ongletOccupation du sol dans la région Grand Est en 2014 », Agreste Grand Est n° 2, mars 2018.
« Ouvrir dans un nouvel ongletL’observation de l’occupation du sol en Grand Est : Quel outil, CLC-TERUTI-MAJIC-BDOCS… pour quelle observation ? », DREAL Grand Est Service connaissance et développement durable Focus n° 1, mai 2017.
« Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas régional de l’occupation des sols en France », Commissariat général au développement durable, octobre 2016.