Insee Flash Grand EstArtificialisation en Moselle Un département où l’artificialisation est forte, mais progresse peu

Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)

En Moselle, 10,2 % de la superficie du département est artificialisée, soit davantage qu’au niveau régional. Entre 2012 et 2018, la surface artificialisée évolue peu. Les espaces attribués aux zones urbanisées progressent, bien que la population diminue. Le nombre de nouveaux logements construits est toutefois en baisse, avec une proportion de logements collectifs supérieure à celle des logements individuels. Les zones industrielles et commerciales continuent de s’étendre, malgré un recul des emplois.

Insee Flash Grand Est
No 36
Paru le :Paru le28/07/2020
Lionel Cacheux, Vincent Nieto (Insee)
Insee Flash Grand Est No 36- Juillet 2020

Cette étude fait partie d'une série de publications sur l'artificialisation des sols dans le Grand Est.

L’artificialisation se définit comme tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, agricoles ou forestiers, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols. Avec 63 700 ha artificialisés (ou 637 km²), la Moselle est le département du Grand Est ayant la surface artificialisée la plus étendue en 2018. Celle-ci représente 10,2 % de la surface totale, ce qui en fait le 3e département le plus artificialisé du Grand Est et le 19e de France. Comme dans l’ensemble de la région, les terres agricoles occupent la majorité du territoire (58 %), suivies des forêts et terres semi-naturelles (30 %). La Moselle est le département du Grand Est où la part des eaux de surfaces et zones humides est la plus importante (1,4 %).

L’habitat couvre les trois quarts des surfaces artificialisées, les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication 19 %, le reste étant occupé par les espaces verts artificialisés (3,5 %, dont certains équipements sportifs), les mines, décharges et chantiers.

L’artificialisation est particulièrement marquée à l’ouest de la Moselle, notamment dans les unités urbaines de Metz et de Thionville, qui représentent respectivement 19 % et 9 % des surfaces artificialisées du département (figures 1 et 2). Les surfaces artificialisées sont également importantes à l’est, le long de la frontière allemande, dans les unités urbaines de Forbach, de Saint-Avold et de Sarreguemines (14 %). Au sud, l’unité urbaine de Sarrebourg apparaît plus artificialisée que celle de Creutzwald, quoiqu’elle compte sensiblement le même nombre d’habitants (2,0 % des surfaces artificialisées du département, contre 1,7 %). Rapportées à leur population résidente, les unités urbaines de Metz, de Thionville et de Forbach se révèlent plus denses que les autres principales unités urbaines.

Dans ces unités urbaines, la part des surfaces artificialisées est la plus grande à Forbach (44 %), due notamment à une présence plus importante de l’habitat, ainsi que de zones d’extraction de matériaux. L’artificialisation est aussi forte dans les deux plus grandes unités urbaines que sont Thionville et Metz (39 % et 40 %). Elle est plus faible à Creutzwald et à Sarrebourg (29 % et 31 %). La part des surfaces artificialisées consacrées à l’habitat est plus modérée dans ces unités urbaines qu’en moyenne en Moselle (entre 60 % et 71 %). À l’inverse, celle couverte par les zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication y est plus grande, allant de 20 % jusqu’à 35 % à Saint-Avold. Plus de 10 % de la surface artificialisée de l’unité urbaine de Sarrebourg est consacrée aux équipements sportifs et de loisirs.

Figure 1L’ouest de la Moselle plus artificialiséeL’occupation du sol en Moselle en 2018

  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018.

Figure 210,2 % de la superficie de la Moselle est artificialisée

10,2 % de la superficie de la Moselle est artificialisée
Unité urbaine (+10 000 hab) Surface artificialisée en 2018 (ha) Part de la surface de la zone artificialisée (%) Population rapportée à la surface artificialisée (Nombre d’habitants par ha) Part de la surface artificialisée consacrée
aux zones urbanisées (habitat) (%) aux zones industrielles, commerciales et réseaux de communication (%)
Faulquemont 808 19,6 13,2 68,0 19,6
Sarrebourg 1 243 31,1 12,6 62,1 23,7
Creutzwald 1 071 28,6 15,7 68,7 22,2
Sarreguemines (partie française) 2 307 31,8 12,6 67,7 22,7
Saint-Avold (partie française) 2 426 31,1 14,1 62,8 34,9
Sarrebruck (ALL) - Forbach (partie française) 4 141 43,9 19,9 70,8 22,1
Thionville 5 532 40,2 24,2 71,4 23,0
Metz 11 833 38,6 24,1 60,2 30,9
Moselle 63 726 10,2 16,4 74,5 18,7
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2018 ; Insee, RP 2017.

Une artificialisation quasi stable entre 2012 et 2018

Entre 2012 et 2018, les surfaces artificialisées progressent de 45 ha en Moselle, soit une quasi-stabilité sur cette période. Cela marque un fort ralentissement par rapport aux évolutions constatées au cours des périodes 1990-2000, 2000-2006 et 2006-2012 (entre + 0,3 % et + 0,4 % par an, comme en moyenne régionale). Ce ralentissement est également visible dans les principales unités urbaines, bien que 30 % des terres nouvellement artificialisées se situent dans celles de Metz et de Thionville. Les surfaces artificialisées proviennent essentiellement des terres agricoles (309 ha), ainsi que des forêts et des milieux semi-naturels (141 ha) (figure 3). En parallèle, des espaces artificialisés sont redevenus naturels ou agricoles. C’est notamment le cas d’anciennes mines ou carrières rendues au milieu naturel autour de Forbach et de Saint-Avold. Ces deux unités urbaines sont ainsi les seules du département dont la surface artificialisée recule. De plus, des zones de chantiers, notamment pour la construction de la ligne TGV, retournent au milieu naturel ou agricole, amputées du nouvel axe créé.

Figure 345 hectares de terres artificialisées de plusTransformation des surfaces en Moselle entre 2012 et 2018 (en hectares)

  • Lecture : en 2018, 63 700 ha sont artificialisés. Parmi eux, 309 ha ont été prélevés sur des terres agricoles entre 2012 et 2018.
  • Sources : Union européenne – SDES, Corine Land Cover 2012 et 2018.

Baisse du nombre de logements construits

En cinq ans, la population a baissé de 0,1 % par an en Moselle. Pour autant, de nouveaux logements sont construits chaque année. Ainsi, de 2013 à 2018, plus de 28 100 logements ont été mis en chantier, soit 4 700 en moyenne par an. Cela marque un recul par rapport à la période précédente (32 400 logements construits entre 2007 et 2012, soit 5 400 en moyenne par an). La surface urbanisée par logement supplémentaire est plus importante pour les maisons individuelles que les bâtiments de plusieurs logements. En Moselle, 54 % des logements construits entre 2013 et 2018 font partie d’un immeuble collectif, une proportion proche de la moyenne régionale (56 %). Cette part est en progression de 4 points par rapport à la période 2007-2012. La construction de logements individuels baisse en effet plus fortement que celle des logements collectifs. Ainsi, les surfaces occupées par des zones urbanisées, assimilées à l’habitat, augmentent de 0,1 % par an entre 2012 et 2018, soit un léger ralentissement par rapport à la période 2006-2012 (+ 0,2 %), comme au niveau régional. Cette progression des zones urbanisées, alors que la population recule, s’explique en partie par la diminution de la taille des ménages, qui entraîne une augmentation du nombre de ménages et donc de logements nécessaires. Le taux de vacance est néanmoins en hausse dans le département (+ 3,6 % par an en moyenne).

Des zones industrielles et commerciales plus nombreuses malgré un recul des emplois

Les zones industrielles ou commerciales et les installations publiques représentent 14,7 % des surfaces artificialisées du département, soit légèrement plus qu’en moyenne dans le Grand Est (14,0 %). Elles augmentent de 0,3 % par an entre 2012 et 2018, plus faiblement qu'au niveau régional (+ 0,8 % par an). Un tiers des surfaces de terres transformées en zones industrielles ou commerciales se situent dans l’unité urbaine de Metz. Ces zones progressent davantage que l’habitat, mais leur progression ralentit toutefois par rapport à la période précédente (+ 0,7 % par an entre 2006 et 2012). Après les Vosges, la Moselle est le département du Grand Est où ces surfaces s’accroissent le plus faiblement. Pour autant, la Moselle est le troisième département de la région en termes de construction de locaux commerciaux (surface de plancher). Cela s’explique par le fait que la majorité des nouvelles entreprises se créent sur des terres déjà artificialisées. L’augmentation des zones industrielles ou commerciales ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre d’emplois. En effet, celui-ci diminue en moyenne de 0,2 % par an depuis 2012, moins toutefois que pendant la période précédente, où il baissait de 0,5 % par an, alors même que les zones industrielles ou commerciales se développaient.

La surface attribuée aux réseaux routier et ferroviaire et les espaces associés, représente 1,9 % des terres artificialisées, et augmente de 2,1 % entre 2012 et 2018. C’est moins que dans la région (+ 2,4 %) : dans certains départements en effet, de nouvelles voies ferrés, notamment la LGV, ainsi que de grands axes routiers ont été construits.

Encadré - Partenariat

L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Grand Est et la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) du Grand Est.

Pour en savoir plus

Cacheux L., Nieto V., « Artificialisation dans le Grand Est et ses espaces de coopération transfrontalière - L’artificialisation progresse toujours, mais son rythme ralentit », Insee Analyse Grand Est n° 118, juillet 2020.

Levi-Valensin M., « Ouvrir dans un nouvel ongletOccupation du sol dans la région Grand Est en 2014 », Agreste Grand Est n° 2, mars 2018.

« Ouvrir dans un nouvel ongletL’observation de l’occupation du sol en Grand Est : Quel outil, CLC-TERUTI-MAJIC-BDOCS… pour quelle observation ? », DREAL Grand Est Service connaissance et développement durable Focus n° 1, mai 2017.

« Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas régional de l’occupation des sols en France », Commissariat général au développement durable, octobre 2016.