Insee Flash Hauts-de-FranceLes naissances chutent, la population baisse

Catherine Barkovic, Line Leroux (Insee)

En Hauts-de-France, le nombre de naissances a fortement diminué depuis 2014 (– 16 %), en raison d’une baisse du nombre de femmes en âge de procréer et d’une fécondité moindre. Les départs plus nombreux que les arrivées, notamment chez les jeunes ménages, accentuent cette tendance. Dans le même temps, la région vieillit avec l’arrivée à un âge avancé des baby-boomers entraînant une légère hausse des décès. Avec un excédent naturel qui se réduit et un déficit migratoire marqué, la région perd désormais des habitants.

Insee Flash Hauts-de-France
No 100
Paru le :Paru le02/07/2020
Catherine Barkovic, Line Leroux (Insee)
Insee Flash Hauts-de-France No 100- Juillet 2020

16 % de naissances en moins en 5 ans

Depuis 2014, le nombre des naissances diminue sensiblement en Hauts-de France, la région n’enregistrant plus que 67 000 enfants en 2019. Entre 1990 et 2014, le nombre de naissances oscillait autour de 80 000. En cinq ans, les naissances ont ainsi chuté de 16 % dans la région pour s’établir à un niveau historiquement bas. Le ne s’élève plus qu’à 11,3 naissances pour 1 000 habitants en 2019, soit 2 points de moins qu’en 2014 (figure 1), se rapprochant du niveau de France métropolitaine (11,0 ‰).

Figure 1Le taux de natalité de la région se rapproche de celui de la France métropolitaineÉvolution du taux de natalité de 2009 à 2019 (en ‰)

Le taux de natalité de la région se rapproche de celui de la France métropolitaine
Hauts-de-France France métropolitaine
2009 13,6 12,7
2010 13,7 12,8
2011 13,6 12,5
2012 13,4 12,4
2013 13,3 12,2
2014 13,1 12,2
2015 12,6 11,8
2016 12,1 11,5
2017 11,8 11,3
2018 11,3 11,1
2019 11,3 11,0
  • Source : Insee, état civil et estimations de population.

Figure 1Le taux de natalité de la région se rapproche de celui de la France métropolitaineÉvolution du taux de natalité de 2009 à 2019 (en ‰)

  • Source : Insee, état civil et estimations de population.

Moins de femmes en âge de procréer

Cette baisse des naissances est consécutive au phénomène général de la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, dont le poids dans la population a baissé de près de 2 points entre 2009 et 2019. Ainsi, la région compte aujourd’hui près de 90 000 femmes âgées de 15 à 49 ans de moins qu’il y a dix ans. Aux âges les plus féconds, c’est-à-dire entre 20 et 40 ans, la région perd même plus de 60 000 femmes.

Une chute très marquée de la fécondité

Par ailleurs, le comportement en matière de se rapproche progressivement des autres régions. En Hauts-de France, les femmes ont désormais moins d’enfants et plus tard (figure 2). En 2019, la région n’est plus la plus féconde et se situe désormais en 5position, loin derrière les régions PACA ou l’Île-de-France. Avec une moyenne de 1,87 enfant par femme dans la région contre 1,84 en France métropolitaine, le renouvellement des générations n’est désormais plus assuré, alors qu’il l’était jusqu’en 2014 (2,07).

Suivant la tendance nationale, l’âge moyen des femmes à la naissance ne cesse de reculer, de 29 ans en 2009 à 30 ans en 2019. Ce niveau reste toutefois inférieur à la moyenne nationale (31 ans), notamment en raison d’une proportion plus élevée de mères de moins de 20 ans dans la région (2,2 % contre 1,2 % au niveau national).

Figure 2 Moins d’enfants et plus tardivementTaux de fécondité par âge en 2009 et 2019

Moins d’enfants et plus tardivement
Âge Hauts-de-France 2009 Hauts-de-France 2019 France métropolitaine 2009 France métropolitaine 2019
14 0,16 0,13 0,00 0,00
15 1,05 0,52 0,50 0,40
16 4,11 2,59 1,90 1,30
17 9,02 5,04 4,50 3,00
18 17,19 11,23 9,40 5,70
19 32,18 19,78 19,00 11,70
20 47,30 30,67 29,90 20,30
21 60,38 43,21 40,40 28,60
22 71,24 52,00 53,20 38,30
23 84,94 63,80 66,00 49,50
24 100,45 77,69 81,30 62,90
25 119,29 93,48 99,90 77,90
26 136,11 111,18 116,70 94,00
27 145,91 121,86 131,60 108,70
28 151,56 136,76 143,50 121,40
29 150,55 138,30 147,70 131,10
30 151,76 137,51 150,50 136,10
31 139,96 134,42 144,90 136,90
32 124,99 120,40 134,10 130,60
33 105,85 101,07 119,40 119,10
34 92,25 93,79 104,30 108,60
35 77,26 80,44 90,20 96,70
36 67,71 72,80 75,90 83,30
37 51,25 58,72 61,40 68,80
38 40,69 44,65 48,50 54,90
39 32,18 33,77 37,70 44,80
40 24,12 25,82 27,90 34,90
41 15,85 21,71 19,30 24,70
42 10,06 13,26 12,70 17,40
43 6,61 8,72 7,80 10,90
44 3,69 5,04 4,50 6,10
45 1,60 2,64 2,10 3,30
46 0,77 0,96 1,10 1,70
47 0,20 0,49 0,50 1,00
48 0,07 0,29 0,20 0,30
49 0,25 0,31 0,20 0,40
  • Note de lecture : en 2019, 1000 femmes de 25 ans ont mis au monde 93,48 enfants en Hauts-de-France.
  • Source : Insee, état civil et estimations de population.

Figure 2Moins d’enfants et plus tardivementTaux de fécondité par âge en 2009 et 2019

  • Note de lecture : en 2019, 1000 femmes de 25 ans ont mis au monde 93,48 enfants en Hauts-de-France.
  • Source : Insee, état civil et estimations de population.

Plus de départs que d’arrivées dans la région, notamment chez les jeunes

Avec le plus fort déficit migratoire derrière l’Île-de-France, la région reste peu attractive. Entre 2016 et 2019, elle perd plus de 17 000 habitants par an au travers des migrations résidentielles, contre 15 000 entre 2007 et 2012.

Si les étudiants sont nombreux à venir s’installer dans la région grâce à l’offre universitaire importante, beaucoup la quittent une fois diplômés. Au total, un adulte sur trois qui part de la région a entre 25 et 39 ans. La moitié d’entre eux sont en couple, avec ou sans enfant. Ces départs contribuent à diminuer le nombre de femmes en âge de procréer et de naissances dans la région.

Des décès en légère hausse

Entre 2014 et 2019, le nombre de décès dans la région progresse, mais plus lentement qu’au niveau national (+ 6,3 % contre + 9,5 % en France métropolitaine). En lien avec le vieillissement de la population, en particulier des générations du baby-boom, le nombre de décès est passé d’environ 52 000 à 56 000 par an.

Toutefois, la région est toujours l’une des plus jeunes de France, juste derrière l’Île-de-France. Paradoxalement, la mortalité y est plus élevée et l’ plus courte notamment parce que la demeure parmi les plus élevées de France (2,4 décès pour 1 000 habitants dans la région contre 1,9 en France).

Les écarts de mortalité entre les hommes et les femmes ont tendance à se réduire. Au cours des dernières années, les taux de mortalité des femmes dans la région commencent en effet à stagner tandis que ceux des hommes continuent de diminuer, quel que soit l’âge observé. La mortalité prématurée des femmes par cancers liés au tabac a augmenté de plus de 50 % depuis 2002 en France et expliquerait, en partie du moins, ce moindre recul de la mortalité pour les femmes.

Un excédent naturel divisé par trois

Du fait de la baisse significative des naissances et de la hausse des décès, le de la région se réduit sensiblement. En l’espace de six ans, il a été ainsi divisé par trois. De 1993 à 2013, il y avait en moyenne environ 30 000 naissances de plus que de décès chaque année. Entre 2014 et 2019, l’ est passé de 26 000 personnes à environ 11 500 personnes. Cet essoufflement est nettement plus marqué dans les Hauts-de-France qu’au niveau national.

Avec un excédent naturel affaibli et un déficit migratoire marqué, la région perd désormais des habitants. Selon les dernières estimations, la population des Hauts-de-France aurait diminué de 0,2 % par an entre 2016 et 2019.

Définitions

Taux de natalité : rapport du nombre de naissances à la population totale moyenne de l’année.

Indicateur conjoncturel de fécondité : nombre moyen d’enfants que mettrait au monde une femme si elle connaissait, durant toute sa vie féconde, les conditions de fécondité observées une année donnée.

Espérance de vie à la naissance : durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge d’une année considérée.

Taux brut de mortalité : rapport du nombre de décès de l’année à la population totale moyenne de l’année.

Solde naturel / excédent naturel : différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période. On parle d’accroissement naturel ou d’excédent naturel lorsque le nombre de naissances est supérieur à celui des décès.

Le taux de mortalité prématurée est le nombre de décès, au cours de l’année, d’individus âgés de moins de 65 ans, rapporté à la population totale des moins de 65 ans, de la même année.

Pour en savoir plus

« Bilan démographique 2019 : la région quitte le trio de tête », Insee Flash Hauts-de-France n° 99, juillet 2020

« Bilan démographique 2019 : La fécondité se stabilise en France », Insee Première n° 1789, janvier 2020

« Population des Hauts-de-France : la région quitte le trio de tête à l’horizon 2050 », Insee Analyses Hauts-de-France n° 50, juin 2017

« Deux enfants sur trois naissent hors mariage », Insee Flash Hauts-de-France n° 70, juin 2019

« Ouvrir dans un nouvel ongletL’état de santé de la population en France – RAPPORT 2017 », Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, mai 2017