Insee Flash BretagneLes conditions de confinement en Bretagne

Alain Maillochon, Marie Sala (Insee)

Les mesures de confinement mises en place à partir du 17 mars 2020 touchent de façon différenciée les populations, selon le type de logement qu'elles occupent ou la composition de leur ménage. En Bretagne, les conditions de logement apparaissent plus favorables qu'au niveau national : les logements y sont plus souvent des maisons, de taille plus en adéquation avec celle des ménages qui y résident. En revanche, s’agissant de la composition des ménages, le nombre de personnes âgées vivant seules est important dans la région, notamment sur les littoraux et dans le Centre Bretagne. En cette période de confinement, cette population peut faire face à un isolement accru ou à des difficultés à accéder aux soins ou aux commerces alimentaires.

Insee Flash Bretagne
No 62
Paru le :Paru le14/05/2020
Alain Maillochon, Marie Sala (Insee)
Insee Flash Bretagne No 62- Mai 2020

Des conditions de logement plus favorables en Bretagne…

Quatre Bretons sur cinq habitent dans une maison. Cette part est moindre en Ille-et-Vilaine, où les appartements sont plus nombreux du fait de l'importance de l'agglomération rennaise, et plus importante dans les Côtes-d'Armor. Selon ce critère, la Bretagne se place au 2e rang des régions françaises. Ses habitants ont donc souvent accès à un jardin, et leurs logements sont moins sujets à la  : les maisons étant en général plus spacieuses que les appartements, le nombre de pièces y est plus souvent suffisant au regard de la composition des ménages qui les occupent.

En Bretagne, par comparaison à la situation nationale, peu de logements sont suroccupés. Au nombre de 21 800 dans la région, ils représentent 1,5 % du parc des résidences principales (figure 1). À titre de comparaison, la France en compte près de 1,4 million, soit 5,0 % du parc national, mais cette part, restreinte à la France métropolitaine hors Île-de-France, tombe à 3,1 %.

La suroccupation des logements est ainsi un phénomène qui va souvent de pair avec la tension sur le marché de l’immobilier, retrouvée essentiellement dans les grandes agglomérations. Or en Bretagne, plus de la moitié de la population habite dans des communes peu denses ou très peu denses (). De ce fait, la proportion d’habitants vivant dans un logement suroccupé est trois fois moins importante en Bretagne que dans l’ensemble du pays. Au total, 77 500 personnes vivent dans un logement suroccupé, soit 2,4 % des Bretons contre 8,2 % de la population en France. Ce taux varie de 1,9 % dans le Finistère à 3,1 % en Ille-et-Vilaine, où le dynamisme démographique de la métropole rennaise peut entraîner des difficultés à trouver un logement qui corresponde à la composition du ménage.

Figure 1Peu de résidences principales suroccupées en BretagnePart des résidences principales suroccupées

Peu de résidences principales suroccupées en Bretagne
Nombre Part (%)
France hors Mayotte 1 381 867 5,0
Bretagne 21 835 1,5
Côtes-d'Armor 3 486 1,3
Finistère 4 778 1,2
Ille-et-Vilaine 8 779 2,0
Morbihan 4 793 1,4
  • Champ : France hors Mayotte, résidences principales (hors studios d’une personne).
  • Source : Insee, recensement de la population 2016, exploitation complémentaire.

Figure 1Peu de résidences principales suroccupées en BretagnePart des résidences principales suroccupées

  • Champ : France hors Mayotte, résidences principales (hors studios d’une personne).
  • Source : Insee, recensement de la population 2016, exploitation complémentaire.

Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville bretons (QPV), la part des résidences suroccupées (5,1 %) est plus élevée que dans le reste de la région. Néanmoins, elle est trois fois moins élevée que dans les QPV de France métropolitaine (14,4 %).

En Bretagne, les familles nombreuses bénéficient de conditions de logement plus favorables qu'ailleurs. En effet, parmi les ménages de 4 personnes ou plus qui vivent en appartement, seuls 1,5 % vivent dans un appartement de 1 ou 2 pièces (figure 2), alors que la moyenne nationale est trois fois plus élevée.

Figure 2Indicateurs des conditions de confinement en Bretagne

Indicateurs des conditions de confinement en Bretagne
Indicateurs Bretagne France hors Mayotte
Nombre Part (%) Nombre Part (%)
Résidences principales (RP) suroccupées (au sein de l'ensemble des RP hors studio de 1 personne) (1) 21 800 1,5 1 381 900 5,0
Population vivant en appartement (au sein de l'ensemble de la population des ménages) (2) 670 100 20,8 23 961 300 36,9
Population vivant en appartement et en famille monoparentale avec au moins 1 enfant de moins de 10 ans (au sein de l'ensemble de la population des ménages) (3) 51 300 1,6 1 748 000 2,7
Population des ménages de 4 personnes ou plus vivant en appartement de 1 ou 2 pièces (au sein de l'ensemble de la population des ménages de 4 personnes ou plus) (4) 1 700 1,5 324 600 4,7
Personnes de 75 ans ou plus vivant seules (au sein de l'ensemble de la population des ménages) (5) 136 300 4,2 2 361 500 3,6
Taux de pauvreté des personnes vivant seules de 75 ans ou plus (6) 17 600 12,9 266 700 11,8
Allocataires AAH vivant seuls (au sein de la population de 20 ans ou plus) (7) 45 700 1,8 827 000 1,6
  • Note : les données en volume sont arrondies à la centaine.
  • Champs : (1) France hors Mayotte, résidences principales hors studio de une personne ;
    (2) (3) (5) France hors Mayotte, population des logements ordinaires ;
    (4) France hors Mayotte, population vivant en appartement dans un ménage de 4 personnes ou plus ;
    (6) France hors Mayotte, Guadeloupe et Guyane, population des 75 ans ou plus vivant seuls ;
    (7) France hors Mayotte, population des 20 ans ou plus.
  • Sources : (1) (3) (4) Insee, recensement de la population 2016, exploitation complémentaire ;
    (2) (5) Insee, recensement de la population 2016, exploitation principale ;
    (6) Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) 2017 ;
    (7) Cnaf, fichier Allstat FR6 décembre 2018 ; Insee, Estimations de population 2019.

Les familles monoparentales vivant en appartement représentent 3,4 % de la population de la Bretagne, à comparer à 6,1 % en France. Dans les départements de la région, c’est en Ille-et-Vilaine où elles sont les plus fréquentes (4,4 %). Seulement 4,3 % des familles monoparentales bretonnes en appartement vivent dans un logement de 1 ou 2 pièces. C’est quasiment trois fois moins qu‘en France (10,8 %).

En Bretagne, 51 300 familles monoparentales vivent en appartement avec au moins un enfant de moins de 10 ans. Elles représentent 1,6 % de la population bretonne. Cette part est moindre que celle observée pour la France dans son ensemble (2,7 %).

…mais une population qui présente des signes de vulnérabilité accentués par le confinement

Les personnes âgées qui vivent seules peuvent rencontrer des difficultés supplémentaires pendant la période de confinement : l'isolement, les difficultés à se déplacer pour faire ses courses ou se soigner peuvent s'accentuer.

En Bretagne, 566 200 personnes vivent seules dans leur logement. Elles représentent 17,6 % de la population, soit un taux un peu supérieur à celui de la France (16,1 %). Parmi elles, 136 300 sont âgées de 75 ans ou plus, soit 4,2 % de la population, un taux également supérieur au taux national (3,6 %).

Elles sont un peu plus présentes dans les départements des Côtes-d’Armor (5,0 %), du Finistère (4,6 %) et du Morbihan (4,5 %), notamment en Centre Bretagne. Elles habitent aussi sur le littoral, principalement sur celui des Côtes-d’Armor et du Finistère sud (figure 3). En Bretagne comme en France, la population des 75 ans ou plus qui vivent seuls est majoritairement féminine (80 % sont des femmes).

Figure 3Les personnes âgées qui habitent seules très présentes sur les littoraux et dans le Centre Bretagne

  • Source : Insee, recensement de la population 2016.

L'accessibilité aux commerces de proximité, notamment alimentaires, est un enjeu de la période de confinement, en particulier pour les personnes qui ont des difficultés à se déplacer. Près de 12 % des personnes seules de 75 ans ou plus, en Bretagne, vivent dans une commune dépourvue de commerce alimentaire généraliste, soit un taux similaire à celui de la France. Cette moyenne régionale masque les disparités départementales : dans les Côtes-d’Armor, cette situation concerne 17,8 % des personnes seules de 75 ans ou plus et 9,0 % de celles habitant en Ille-et-Vilaine.

En Bretagne, 88 500 personnes seules vivent sous le seuil de pauvreté. Elles représentent 15,6 % de la population vivant seule. Chez les personnes seules de 75 ans ou plus, 12,9 % sont en situation de pauvreté, une part supérieure à la moyenne de France métropolitaine. À titre de comparaison, cette part est de 10,9 % pour l’ensemble de la population bretonne.

Les adultes handicapés qui vivent seuls peuvent également être exposés à des difficultés accrues pendant le confinement. La Bretagne compte 45 700 allocataires de l’ dans ce cas, soit 73 % de l’ensemble des allocataires de cette prestation.

Définitions

La suroccupation est mesurée en rapportant la composition du ménage au nombre de pièces du logement ; les studios occupés par une personne étant exclus du champ. Le concept de suroccupation repose sur la composition du ménage et le nombre de pièces du logement.

Un logement est suroccupé quand il lui manque au moins une pièce par rapport à la norme d'« occupation normale », fondée sur :

  • une pièce de séjour pour le ménage,
  • une pièce pour chaque personne de référence de chaque famille occupant le logement,
  • une pièce pour les personnes hors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans ou plus,
  • et pour les célibataires de moins de 19 ans :
    • une pièce pour deux enfants s'ils sont du même sexe ou ont moins de 7 ans,
    • sinon, une pièce par enfant.

Cette notion de « suroccupation » diffère légèrement de la notion de « surpeuplement » pouvant être utilisée dans d'autres publications de l'Insee, en particulier celles issues de l'enquête nationale Logement. En effet, l'indice de peuplement des logements prend en compte, dans sa caractérisation du surpeuplement, la surface de certaines pièces, information qui n'est pas disponible dans le Recensement de la population.

Pour prendre en compte la population communale et sa répartition dans l'espace, la nouvelle grille communale de densité s’appuie sur la distribution de la population à l’intérieur de la commune en découpant le territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté. Elle repère ainsi des zones agglomérées. C’est l’importance de ces zones agglomérées au sein des communes qui va permettre de les caractériser (et non la densité communale habituelle). La grille communale permet ainsi de distinguer quatre catégories de communes :

  • les communes densément peuplées,
  • les communes de catégorie intermédiaire,
  • les communes peu denses,
  • les communes très peu denses.

L'allocation aux adultes handicapés (AAH) est un complément de ressources permettant de garantir un revenu minimal aux personnes handicapées, sous certaines conditions.

Pour en savoir plus

« Conditions de vie des ménages en période de confinement », Vincent Bernard, Gabrielle Gallic, Olivier Léon, Catherine Sourd (Insee) – Dans : Insee Focus, n°189 (2020, avril)

« Les Bretons plus souvent propriétaires de leur logement », Hervé Bovi, Alain Maillochon (Insee) – Dans : Insee Flash Bretagne, n°43 (2018, nov.)

« Les conditions de logement en France », édition 2017 – Dans : Insee Références (fév. 2017)

Ouvrir dans un nouvel ongletCarte interactive de suroccupation des logements jusqu'au niveau communal