Les zones d’intervention prioritaire reflètent-elles des écarts de pratiques des médecins généralistes ?

Julien SILHOL - Bruno VENTELOU

Documents de travail
No G2020/01
Paru le :Paru le10/02/2020
Julien SILHOL - Bruno VENTELOU
Documents de travail No G2020/01- Février 2020

Actuellement, on observe en France l’apparition de zones dans lesquelles le nombre de généralistes en regard des besoins de la population est très inférieur à la moyenne nationale.

L’étude s’attache d’abord à mesurer des corrélations entre la densité médicale et certaines variables d’activité et de pratiques de prescription des médecins généralistes. Pour mesurer la densité médicale, nous nous appuyons sur l’indicateur d’Accessibilité Potentielle Localisé (APL) ainsi que sur le zonage de 2018 qui définit le périmètre des Zones d’Interventions Prioritaires (ZIP) vers lesquelles sont fléchées les aides au maintien des généralistes. Les données utilisées sont celles du troisième panel d’observation des généralistes libéraux, enrichies d’indicateurs fournis par la CNAMTS.

Nous observons que la sous-densité médicale va de pair avec des temps de consultation plus courts sans que le temps de travail du médecin ne soit affecté. Nous documentons également l’existence de corrélations entre la densité médicale et certains volumes de prescriptions. En particulier, les médecins des zones les moins denses prescrivent davantage d’antidouleurs (opioïdes) et moins de soins paramédicaux. Enfin, il semble que les actes de prévention soient moins fréquents dans les ZIP.

L’étude s’intéresse encore aux modalités de sélection des ZIP. Cette sélection s’effectue en partie à l’aide d’un seuil sur l’indicateur d’APL, mais les Autorités Régionales de Santé (ARS) ont également la possibilité de sélectionner des communes. En utilisant des variables dont la première partie de l’étude a montré la corrélation avec la densité médicale, nous comparons cette sélection effectuée avec une sélection contrefactuelle qui aurait été entièrement centralisée et fondée uniquement sur l’indicateur d’APL. La sélection effectuée semble davantage refléter l’hétérogénéité des pratiques des médecins.