Insee FocusLa consommation d’énergie dans l’industrie est stable en 2018, la facture s’accroît encore

Soline Rousseau (division Enquêtes thématiques et études transversales - Insee)

En 2018, la consommation brute d’énergie dans l’industrie est stable à 37,4 millions de tonnes d’équivalent pétrole. En revanche, la facture énergétique dans l’industrie est en hausse de 9 % en euros courants, après + 2 % en 2017, et atteint 14,5 milliards d’euros. Cela s’explique notamment par une augmentation des prix des produits pétroliers (+ 20 %), de la vapeur (+ 12 %) et du gaz (+ 10 %). Le gaz et l’électricité restent les énergies les plus consommées.

Insee Focus
No 179
Paru le :Paru le21/01/2020
Soline Rousseau (division Enquêtes thématiques et études transversales - Insee)
Insee Focus No 179- Janvier 2020

L’industrie chimique et pharmaceutique réalise un tiers de la consommation d’énergie de l’industrie

En 2018, la hors carburants de l’industrie (hormis l’artisanat commercial et l’industrie de l’énergie ; sources) s’élève à 37,4 millions de (tep), et la à 36,3 millions de tep (figure 1). La consommation brute d’énergie conserve ainsi son niveau de 2017.

Figure 1 : Consommation d'énergie et facture énergétique entre 2005 et 2018

Figure 1 : Consommation d'énergie et facture énergétique entre 2005 et 2018
Consommation brute d'énergie (en millions de tep¹) Consommation nette d'énergie (en millions de tep¹) Facture énergétique² (en milliards d'euros courants)
2005 43,3 41 12,1
2006 42,6 40,5 13,6
2007 42,1 40,1 13,7
2008 42,1 40,3 15,4
2009 36,0 34,2 12,6
2010 37,2 35,4 13,8
2011 36 34,5 14,8
2012 35,3 33,8 15,3
2013 (ancienne série) 35,2 33,8 15,1
2013 (nouvelle série) 37 35,6 15,9
2014 37,1 35,9 15,2
2015 37,4 36,2 14,3
2016 38,1 37,1 13,1
2017 37,4 36,4 13,3
2018 37,4 36,3 14,5
  • Note : la base de sondage a été élargie en 2013, entraînant une rupture de série.
  • 1. Tep : tonne d'équivalent pétrole.
  • 2. La facture énergétique comprend les achats d'électricité, de vapeur, de gaz, de combustibles minéraux solides et de produits pétroliers et, depuis 2012, le bois acheté (101 millions d'euros en 2018).
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Figure 1 : Consommation d'énergie et facture énergétique entre 2005 et 2018

  • Note : la base de sondage a été élargie en 2013, entraînant une rupture de série.
  • 1. Tep : tonne d'équivalent pétrole.
  • 2. La facture énergétique comprend les achats d'électricité, de vapeur, de gaz, de combustibles minéraux solides et de produits pétroliers et, depuis 2012, le bois acheté (101 millions d'euros en 2018).
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Le secteur le plus énergivore reste l’industrie chimique et pharmaceutique (32 % de la consommation brute totale, soit 11,8 millions de tep), suivie de la métallurgie et fabrication de produits métalliques (24 %, soit 8,9 millions de tep, figure 2). Alors que le premier consomme beaucoup de gaz et d’autres produits pétroliers, le second est plutôt utilisateur de combustibles minéraux solides : houille, coke de houille ou lignite.

Figure 2a : Consommation d'énergie brute par grand secteur* en 2018

Figure 2a : Consommation d'énergie brute par grand secteur* en 2018 - Lecture : en 2018, l’industrie chimique et pharmaceutique consomme 11,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep).
en millions de tep
Industrie chimique et pharmaceutique 11,8
Métallurgie et fabrication de produits métalliques 8,9
Industrie agroalimentaire 5,3
Caoutchouc, plastique et minéraux non métalliques 4,6
Bois, papier et imprimerie 4,0
Équipements électriques, électroniques, informatiques, machines, matériel de transport 1,9
Autres industries 0,9
Total 37,4
  • * Regroupements de divisions de NAF rév. 2.
  • Note : la consommation d'énergie inclut celle où l'énergie est utilisée en tant que matière première.
  • Lecture : en 2018, l’industrie chimique et pharmaceutique consomme 11,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep).
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête annuelle sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2018.

Figure 2a : Consommation d'énergie brute par grand secteur* en 2018

  • * Regroupements de divisions de NAF rév. 2.
  • Note : la consommation d'énergie inclut celle où l'énergie est utilisée en tant que matière première.
  • Lecture : en 2018, l’industrie chimique et pharmaceutique consomme 11,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep).
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Source : Insee, enquête annuelle sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2018.

La facture énergétique en nette hausse à cause de l’augmentation des prix

En 2018, la facture énergétique s’accroît de 9 %, après une augmentation de 2 % en 2017. En effet, le prix des produits pétroliers continue d’augmenter fortement en 2018 (+ 20 %), presque autant qu’en 2017 (+ 22 % ; figure 3). Cette hausse est comparable à celles connues entre 2009 et 2011 (+ 26 % par an). En lien avec la hausse continue du prix du , le prix moyen des produits pétroliers atteint 465 euros par tep, contre 388 euros en 2017 et 583 euros au point haut de 2012. Parallèlement, le prix de la vapeur s’accroît encore en 2018 (+ 12 %), après une augmentation (+ 2 %) au cours de l’année 2017 et une forte baisse entre 2012 et 2016 (– 26 %) ; le prix de la vapeur atteint 345 euros par tep, contre 307 euros en 2017 et 402 euros au point haut de 2012. Le prix du gaz augmente de 10 % en 2018 pour s’établir à 26 euros le MWh (soit 340 euros par tep). À 61 euros le MWh (soit 703 euros par tep), le prix de l’électricité reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne. Il repart à la hausse en 2018 (+ 4 %), après une baisse de 4 % en 2017, et retrouve ainsi son niveau de 2016.

En revanche, le prix moyen des combustibles minéraux solides diminue de 2 % et redescend à 270 euros par tep, après une très forte hausse (+ 47 %) en 2017. Ainsi, en 2018, le prix de la houille est de 160 euros la tonne, contre 164 euros en 2017 (soit respectivement 258 et 265 euros par tep) ; la houille représente plus de 92 % des quantités de combustibles minéraux solides achetées.

Figure 3 : Évolution des prix des énergies depuis 2005

indice 100 en 2010
Figure 3 : Évolution des prix des énergies depuis 2005 (indice 100 en 2010) - Lecture : par rapport à l’année de référence 2010, le prix des produits pétroliers est supérieur de 9,7 % en 2018.
Électricité Gaz Combustibles minéraux solides Vapeur Produits pétroliers
2005 79,1 76,2 70 77,3 65,9
2006 88,8 95,3 66,3 94 77,1
2007 88 99 65,2 93,6 82,6
2008 93 118,1 74,7 121,1 104,1
2009 98,3 105,1 71,8 100,5 78,6
2010 100 100 100 100 100
2011 106,6 106 127,2 113,8 123,9
2012 108,9 114,8 115,2 124,5 137,5
2013 113,6 120,4 88 122,3 124
2014 115,5 111,3 79,4 115,9 115,2
2015 114,3 105,6 76,2 104,3 83,1
2016 105,2 90,9 74,2 92,7 74,9
2017 101,2 88,1 109,1 94,9 91,6
2018 105,5 96,9 106,9 106,5 109,7
  • Lecture : par rapport à l’année de référence 2010, le prix des produits pétroliers est supérieur de 9,7 % en 2018.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Figure 3 : Évolution des prix des énergies depuis 2005

  • Lecture : par rapport à l’année de référence 2010, le prix des produits pétroliers est supérieur de 9,7 % en 2018.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Depuis 2010, une baisse de la consommation brute d’énergie de 4 %, avec une facture équivalente

Depuis 2010, à champ constant, la consommation brute d’énergie dans l’industrie s’est contractée de 4 % alors que l’indice de la production manufacturière augmente de 3 % (figure 4). La facture énergétique retrouve en 2018 son niveau de 2010.

Figure 4 : Évolution de la facture, des consommations d’énergie et de l’indice de la production industrielle (IPI) depuis 2005

base 100 en 2010
Figure 4 : Évolution de la facture, des consommations d’énergie et de l’indice de la production industrielle (IPI) depuis 2005 (base 100 en 2010) - Lecture : en 2018, la consommation brute d'énergie mesurée à champ constant est inférieure de 4,4 % à celle de l’année de référence 2010.
Consommation brute d'énergie Facture Facture déflatée du prix du PIB IPI* dans l'industrie manufacturière Évolution du prix du PIB
2005 116,6 87,8 95,3 111,7 92,1
2006 114,6 98,4 104,6 112,8 94,1
2007 113,2 99,4 102,9 114,5 96,5
2008 113,4 111,8 113,2 110,9 98,8
2009 96,8 91,4 92,4 95,6 98,9
2010 100 100 100 100 100
2011 96,9 107,3 106,3 103,6 100,9
2012 95 110,8 108,5 100,5 102,1
2013 94,6 109,3 106,2 99 102,9
2014 94,8 104,4 100,9 98,8 103,5
2015 95,5 98,4 94 100,5 104,7
2016 97,4 90,2 86 100,9 104,9
2017 95,5 91,3 86,5 103,4 105,6
2018 95,6 99,9 93,8 103,1 106,6
  • * Indice de la production industrielle, en moyenne annuelle des données mensuelles CVS-CJO.
  • Note : la base de sondage de l'enquête a été élargie en 2013, entraînant une rupture des séries de consommation et de facture d'énergie. À partir de 2013, leurs évolutions par rapport à 2005 sont calculées en tenant compte de cette rupture et ne s'obtiennent pas par lecture directe de la figure 1 (sources).
  • Lecture : en 2018, la consommation brute d'énergie mesurée à champ constant est inférieure de 4,4 % à celle de l’année de référence 2010.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Figure 4 : Évolution de la facture, des consommations d’énergie et de l’indice de la production industrielle (IPI) depuis 2005

  • * Indice de la production industrielle, en moyenne annuelle des données mensuelles CVS-CJO.
  • Note : la base de sondage de l'enquête a été élargie en 2013, entraînant une rupture des séries de consommation et de facture d'énergie. À partir de 2013, leurs évolutions par rapport à 2005 sont calculées en tenant compte de cette rupture et ne s'obtiennent pas par lecture directe de la figure 1 (sources).
  • Lecture : en 2018, la consommation brute d'énergie mesurée à champ constant est inférieure de 4,4 % à celle de l’année de référence 2010.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

L’électricité et le gaz sont, hors , les deux énergies les plus consommées, dans des quantités proches ; elles représentent à elles deux 66 % de la consommation d’énergie totale (figure 5). La consommation de ces deux énergies, hors usage non énergétique, est quasiment identique à celle de 2017.

La part des combustibles minéraux solides ainsi que celle de la vapeur (hors usage non énergétique) sont identiques entre 2017 et 2018, s’établissant toutes deux à 6 %. La part des produits pétroliers est de 4 % après une baisse constante depuis 2005 où elle était de 10 %. Enfin, celle des autres énergies (bois, , autres produits pétroliers, combustibles renouvelables ou non) décroît légèrement en 2018 pour atteindre 18 %.

Dans le même temps, l’industrie produit elle-même de l’électricité ; en 2018, cette autoproduction représente 6 000 GWh, soit 5 % de la consommation totale d’électricité, comme en 2017. 70 % de cette autoproduction est consommée sur place, le reste étant revendu au réseau. Cette autoproduction est très majoritairement d’origine thermique (89 %) ; les 11 % restants sont d’origine renouvelable (hydraulique, photovoltaïque ou éolienne).

Si tous les établissements consomment de l’électricité, le recours aux autres énergies est variable : 53 % consomment aussi du gaz (en baisse par rapport à 2017, 57 %), 39 % des produits pétroliers, tandis que moins de 6 % des établissements consomment chacune des autres énergies (3 % en 2017).

Figure 5 : Part des grandes familles d'énergies dans la consommation en volume, hors usage matières premières

en %
Figure 5 : Part des grandes familles d'énergies dans la consommation en volume, hors usage matières premières (en %)
2005 2010 2016 2017 2018
Électricité 32,2 32,4 32,5 32,9 33,3
Gaz 32,6 32,9 32,1 32,1 32,7
Combustibles minéraux solides 4,5 4,9 6,9 5,8 5,8
Vapeur 5,8 5,7 5,7 6,2 6,2
Produits pétroliers 9,7 7,4 5,1 4,4 4,0
Autres énergies* 15,2 16,7 17,7 18,6 18,0
Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
  • * Bois, autres produits pétroliers, liqueur noire et autres combustibles renouvelables ou non.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Figure 5 : Part des grandes familles d'énergies dans la consommation en volume, hors usage matières premières

  • * Bois, autres produits pétroliers, liqueur noire et autres combustibles renouvelables ou non.
  • Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus.
  • Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2018.

Sources

Ces données sont issues des enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l’industrie 2005 à 2018 (EACEI). Elles portent sur les établissements de 20 salariés ou plus implantés en France, appartenant au secteur de l'industrie, hors industrie de l’énergie et artisanat commercial, mais y compris récupération, soit les codes suivants de la NAF rév. 2 : 07, 08, 09.9, 38.3 et 10 à 33 (sauf 10.13B, 10.71B, 10.71C, 10.71D, 19.10Z, 19.20Z, 20.13A, 24.46Z). Avant 2013, l’enquête couvrait aussi les établissements de 10 à 19 salariés du secteur de fabrication de gaz industriel (20.11Z).

La base de sondage a changé en 2013. Afin de permettre des comparaisons avec les années précédentes, les séries de consommations brutes et nettes et celle sur la facturation d’énergie ont été estimées pour l’année 2013 (« 2013 (ancienne série) ») en corrigeant l’effet dû au changement de base. Les données à partir de 2014 sont quant à elles comparables à celles de la nouvelle série démarrée en 2013 (« 2013 (nouvelle série) »). À la suite de modifications complémentaires, les séries ont été révisées entre 2005 et 2016.

Définitions

Consommation brute d’énergie : la consommation brute d’énergie est obtenue en sommant les consommations en combustibles et en électricité, ainsi que les achats de vapeur.

Tonne d'équivalent pétrole / tep :

La tonne d'équivalent pétrole (tep) représente la quantité d'énergie contenue dans une tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules. Cette unité est utilisée pour exprimer dans une unité commune la valeur énergétique des diverses sources d'énergie. Selon les conventions internationales, une tonne d'équivalent pétrole équivaut par exemple à 1 616 kg de houille, 1 069 m³ de gaz d'Algérie ou 954 kg d'essence moteur. Pour l'électricité, 1 tep vaut 11,6 MWh.

Consommation nette d’énergie : la consommation nette d’énergie est égale à la consommation brute diminuée des quantités de combustibles ayant servi à produire de l'électricité et diminuée de la quantité de vapeur vendue par des établissements industriels.

Brent :

Le Brent est un pétrole assez léger, issu d'un mélange de la production de 19 champs de pétrole situés en mer du Nord. Il est coté à Londres. Malgré une production limitée, la cotation du Brent (avec le West Texas Intermediate- WTI) sert de prix de référence au niveau mondial.

Usage non énergétique : part des combustibles entrant dans la composition du produit final (matières premières).

Liqueur noire : la liqueur noire est un sous-produit du bois utilisé dans l’industrie de la pâte à papier.

Usage énergétique : part de l’énergie directement consommée pour faire fonctionner les outils de production (machines, séchoirs, fours…).

Pour en savoir plus

« La consommation d’énergie dans l’industrie en 2018 », Insee Résultats, à paraître.

« Prix de l’électricité en France et dans l’Union européenne en 2018 », Datalab essentiel, SDES, juin 2019.

« Les consommations d’énergie dans l’industrie en 2017 » Insee Résultats, mars 2019.

Aude J., « La consommation d’énergie dans l’industrie diminue en 2017, tandis que la facture augmente », Insee Focus n° 142, février 2019.