Insee Flash Pays de la LoireLa baisse de la natalité et la hausse de la mortalité freinent la croissance démographique

Hélène Chesnel, Mathilde Rocheteau (Insee)

Si elle reste supérieure au niveau national, la croissance démographique dans les Pays de la Loire ralentit au cours des dernières années. Depuis cinq ans, la population augmente principalement en raison de l’excédent migratoire. La baisse des naissances conjuguée à la hausse des décès sont à l’origine du ralentissement de la croissance, même si ces tendances semblent se stabiliser depuis 3 ans. La baisse des naissances s’explique en grande partie par le fléchissement de la fécondité, accompagné d’une diminution du nombre de femmes de 25 à 34 ans. La hausse des décès est à relier à l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité.

Insee Flash Pays de la Loire
No 99
Paru le :Paru le14/01/2020
Hélène Chesnel, Mathilde Rocheteau (Insee)
Insee Flash Pays de la Loire No 99- Janvier 2020

3 801 800 habitants dans les Pays de la Loire au 1er janvier 2020

Au 1er janvier 2020, la population des Pays de la Loire est estimée à 3 801 800 habitants (pour comprendre). La croissance démographique dans la région est soutenue. Depuis l’an 2000, son rythme est de + 0,8 % en moyenne annuelle contre + 0,5 % en France métropolitaine. C’est le 3e plus élevé de France métropolitaine, derrière la Corse et l’Occitanie.

La croissance démographique ralentit

Si elle reste soutenue, la hausse de la population régionale ralentit : elle passe de 33 400 habitants supplémentaires par an entre 2000 et 2006 à 29 500 entre 2007 et 2014. Le gain annuel ne serait plus que de 21 900 habitants par an entre 2015 et 2019. Cependant, selon les dernières estimations de population, depuis 3 ans, la croissance semble se stabiliser autour de 0,5 % par an (figure 1). La hausse de la population décélère dans toutes les régions de France métropolitaine.

La croissance de la population résulte à la fois de l’excédent des naissances sur les décès (solde naturel) et des arrivées dans la région sur les départs (solde migratoire).

Figure 1La baisse de l’excédent naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ansÉvolution annuelle de la population des Pays de la Loire entre 2000 et 2019 (en %)

La baisse de l’excédent naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ans - Lecture : En 2019, c’est-à-dire entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2020, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,5 %, dont 0,1 % due au solde naturel et 0,4 % due au solde migratoire.
Variation de la population au 1er janvier Due au solde naturel Due au solde migratoire
2000 1,0 0,5 0,5
2001 1,0 0,4 0,6
2002 1,0 0,4 0,6
2003 1,0 0,4 0,6
2004 1,1 0,5 0,6
2005 1,0 0,5 0,6
2006 0,9 0,5 0,4
2007 0,8 0,5 0,3
2008 0,8 0,5 0,4
2009 0,9 0,4 0,5
2010 0,8 0,4 0,4
2011 0,9 0,4 0,5
2012 0,8 0,4 0,4
2013 0,8 0,3 0,5
2014 0,7 0,3 0,4
2015 0,6 0,2 0,4
2016 0,7 0,2 0,5
2017 (p) 0,6 0,1 0,4
2018 (p) 0,5 0,1 0,4
2019 (p) 0,5 0,1 0,4
  • (p) résultats provisoires
  • Lecture : En 2019, c’est-à-dire entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2020, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,5 %, dont 0,1 % due au solde naturel et 0,4 % due au solde migratoire.
  • Source : Insee, estimations de population.

Figure 1La baisse de l’excédent naturel explique le ralentissement de la croissance démographique depuis 10 ansÉvolution annuelle de la population des Pays de la Loire entre 2000 et 2019 (en %)

  • (p) résultats provisoires
  • Lecture : En 2019, c’est-à-dire entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2020, la population des Pays de la Loire a augmenté de 0,5 %, dont 0,1 % due au solde naturel et 0,4 % due au solde migratoire.
  • Source : Insee, estimations de population.

Dans la région, la hausse de la population est essentiellement liée à l’excédent migratoire qui reste stable depuis 2010, s’établissant en moyenne à 15 700 habitants par an. Au contraire, l’excédent des naissances sur les décès se réduit : équivalent à l’excédent migratoire avant 2010, il serait inférieur à 5 000 en 2019, niveau le plus bas jamais mesuré (figure 2). Cette diminution progressive résulte de deux facteurs : la baisse des naissances et la hausse des décès.

Figure 2Diminution du solde naturel en raison de la baisse des naissances et de la hausse des décèsÉvolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel dans les Pays de la Loire depuis 1975

Diminution du solde naturel en raison de la baisse des naissances et de la hausse des décès
Année Naissances Décès Solde naturel
1975 45 615 28 364 17 251
1976 43 773 28 299 15 474
1977 44 236 26 637 17 599
1978 44 069 27 139 16 930
1979 45 081 27 121 17 960
1980 47 258 27 911 19 347
1981 47 280 27 728 19 552
1982 45 957 27 128 18 829
1983 42 072 28 659 13 413
1984 42 688 27 440 15 248
1985 42 617 27 782 14 835
1986 42 135 27 690 14 445
1987 41 396 26 903 14 493
1988 41 056 26 209 14 847
1989 39 932 26 936 12 996
1990 39 856 26 878 12 978
1991 39 593 26 413 13 180
1992 38 924 26 698 12 226
1993 37 207 26 928 10 279
1994 37 435 26 809 10 626
1995 38 916 28 263 10 653
1996 39 647 28 296 11 351
1997 39 492 28 430 11 062
1998 39 943 28 190 11 753
1999 40 803 28 568 12 235
2000 44 039 28 800 15 239
2001 43 248 28 712 14 536
2002 42 999 29 043 13 956
2003 43 404 30 691 12 713
2004 44 002 28 120 15 882
2005 44 499 28 641 15 858
2006 45 918 28 361 17 557
2007 45 181 29 102 16 079
2008 45 483 29 643 15 840
2009 45 503 29 912 15 591
2010 45 962 30 115 15 847
2011 45 052 29 859 15 193
2012 44 771 31 664 13 107
2013 44 303 31 858 12 445
2014 43 671 31 120 12 551
2015 42 049 33 867 8 182
2016 40 887 33 675 7 212
2017 40 263 34 783 5 480
2018 39 739 34 800 4 939
2019 (p) 39 642 34 902 4 740
  • (p) résultats provisoires
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil.

Figure 2Diminution du solde naturel en raison de la baisse des naissances et de la hausse des décèsÉvolution du nombre de naissances, de décès et du solde naturel dans les Pays de la Loire depuis 1975

  • (p) résultats provisoires
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil.

La baisse des naissances ralentit

La baisse du nombre de naissances contribue au ralentissement de la croissance démographique. En 2019, 39 640 bébés seraient nés dans les Pays de la Loire (donnée provisoire). Le nombre de naissances serait stable par rapport à l’année précédente, après une diminution continue depuis 2010 (45 960 bébés). Par rapport à l’année précédente, les naissances seraient moins nombreuses en Vendée et Maine-et-Loire, stables en Loire-Atlantique et Mayenne. À l’inverse, elles seraient plus nombreuses dans la Sarthe. Le nombre de naissances diminue aussi en France métropolitaine, à un rythme légèrement plus faible.

La natalité résulte de deux facteurs : le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et leur fécondité.

Dans la région, la fécondité baisse nettement entre 2014 et 2017, ce qui explique en grande partie la diminution des naissances. Les Pays de la Loire sont la région de France métropolitaine où l’indicateur conjoncturel de fécondité (pour comprendre) baisse le plus fortement (– 0,26 enfant par femme depuis 2010). Il est maintenant presque équivalent à celui de France métropolitaine. Avec 1,87 enfant par femme en 2018, les Pays de la Loire sont la 5e région la plus féconde, derrière l’Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, alors qu’elle occupait la 1re place entre 2003 et 2010. La fécondité semble cependant se stabiliser depuis 2 ans.

Elle baisse fortement chez les femmes de 18 à 34 ans (figure 3). À l’inverse, chez les femmes plus âgées, le taux de fécondité reste stable ou progresse. Par ailleurs, les femmes ligériennes de 25 à 30 ans restent beaucoup plus fécondes que celles de France métropolitaine alors que celles de 35 à 42 ans le sont moins. Avec 2,0 enfants par femme en 2018, la Mayenne reste le département le plus fécond de la région et se place à la 9e position des départements de France métropolitaine. La fécondité en Loire-Atlantique est la plus faible de la région, avec 1,83 enfant par femme en 2018.

Dans une moindre mesure, la baisse des naissances s’explique aussi par la diminution, du nombre de femmes de 25 à 34 ans, période où les femmes sont les plus fécondes. En 2019, 209 200 femmes ont entre 25 et 34 ans, soit 6 700 de moins qu’en 2015.

Figure 3Baisse de la fécondité chez les femmes de 18 à 34 ansTaux de fécondité par âge en 2010 et 2018, dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine (nombre d’enfants pour 100 femmes)

Baisse de la fécondité chez les femmes de 18 à 34 ans
2010 – France Métropolitaine 2018 – France Métropolitaine 2010 – Pays de la Loire 2018 – Pays de la Loire
15 0,060 0,040 0,027 0,045
16 0,190 0,130 0,162 0,087
17 0,450 0,300 0,356 0,217
18 0,940 0,580 0,833 0,451
19 1,860 1,230 1,663 1,049
20 2,920 1,970 2,766 1,744
21 4,050 2,920 3,997 3,014
22 5,260 3,850 5,241 3,781
23 6,710 4,960 7,116 4,784
24 8,270 6,360 9,115 6,596
25 9,980 7,790 11,488 8,958
26 11,660 9,380 13,988 10,760
27 13,180 11,000 15,607 13,099
28 14,410 12,320 16,859 14,582
29 14,970 13,190 16,950 14,995
30 15,090 13,740 16,807 15,116
31 14,720 13,790 15,973 14,263
32 13,660 13,090 14,496 13,504
33 12,220 12,050 12,791 11,653
34 10,780 10,820 10,669 10,266
35 9,290 9,570 9,210 9,449
36 7,830 8,240 7,615 7,505
37 6,270 6,800 5,522 6,141
38 4,970 5,520 4,472 4,210
39 3,860 4,420 3,515 3,430
40 2,920 3,380 2,453 2,810
41 2,030 2,470 1,638 1,684
42 1,310 1,660 0,965 1,396
43 0,820 1,060 0,590 0,697
44 0,440 0,600 0,298 0,453
45 0,240 0,300 0,137 0,200
46 0,130 0,160 0,076 0,072
47 0,060 0,080 0,024 0,057
48 0,030 0,040 0,012 0,028
49 0,030 0,040 0,021 0,024
  • Source : Insee, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Figure 3Baisse de la fécondité chez les femmes de 18 à 34 ansTaux de fécondité par âge en 2010 et 2018, dans les Pays de la Loire et en France métropolitaine (nombre d’enfants pour 100 femmes)

  • Source : Insee, estimations de population, statistiques de l’état civil.

Les décès demeurent à un niveau élevé

En 2019, 34 900 Ligériens seraient décédés (donnée provisoire), niveau comparable à celui de l’année précédente. La mortalité augmente nettement depuis le début des années 2000 : le nombre de décès était en moyenne de 28 910 entre 2000 et 2006. Au niveau national, cette hausse est un peu moins prononcée. Par rapport à 2018, les décès seraient plus nombreux en Loire-Atlantique et Mayenne, stables en Vendée, moins nombreux en Maine-et-Loire et dans la Sarthe. Le niveau de décès résulte à la fois de la taille des générations et de la mortalité à chaque âge. Le nombre de décès a tendance à augmenter avec l’arrivée des générations du baby-boom à des âges de forte mortalité. Le taux de mortalité atteint 9,3 décès pour 1 000 habitants en 2018, soit un point de plus qu’entre 2004 et 2011.

Une espérance de vie plus élevée qu’au niveau national

Dans les conditions de mortalité de 2018, l’espérance de vie à la naissance des femmes demeure nettement supérieure à celle des hommes. Dans les Pays de la Loire, une femme vivrait en moyenne 85 ans et 10 mois, et un homme 79 ans et 7 mois, soit 6 ans et 3 mois de plus (pour comprendre). L’écart tend néanmoins à se réduire, il était presque de 8 ans en 2000. L’espérance de vie des femmes dans les Pays de la Loire est la 3e plus élevée des espérances de vie des régions métropolitaines. Elle est de 5 mois supérieure au niveau national. Celle des hommes se situe dans la médiane (1 mois de plus par rapport au niveau national).

L’espérance de vie des femmes en Mayenne est la plus élevée des départements de la région (85 ans et 10 mois, 13e rang des départements de France métropolitaine). Elle est plus faible dans la Sarthe (85 ans et 1 mois). Pour les hommes, l’espérance de vie est plus élevée en Maine-et-Loire (80 ans et 5 mois) et plus faible dans la Sarthe (78 ans et 11 mois).

Pour comprendre

Les statistiques d’état civil sur les naissances et les décès sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee. Pour 2019, il s’agit d’une estimation provisoire basée sur les évènements enregistrés au cours des dix premiers mois de l’année. Les naissances et les décès sont comptabilisés au lieu de domicile respectivement de la mère et du défunt.

Le recensement de la population sert de base aux estimations annuelles de population. Il fixe les niveaux de référence pour les années où il est disponible. Pour les années 2018, 2019 et 2020, les estimations de population sont provisoires : la population du dernier recensement (soit 2017) est actualisée grâce à des estimations, d’une part, du solde naturel (différence entre le nombre de naissances et de décès), d’autre part, du solde migratoire (différence entre le nombre de personnes qui entrent sur le territoire et de personnes qui en sortent) et d’un ajustement. En effet, un ajustement a été introduit pour tenir compte de la rénovation du questionnaire qui a eu lieu lors de l’enquête de recensement 2018 et pour rendre comparables les niveaux de population annuels successifs (données complémentaires). Une explication détaillée est disponible dans la documentation relative au recensement de la population sur insee.fr. Les soldes migratoires apparents de 2017 à 2019 sont estimés à partir des données des trois derniers soldes connus (2014, 2015 et 2016). Ils sont provisoires.

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes qui connaîtraient tout au long de leur vie les taux de fécondité par âge observés cette année-là. Il s’agit d’un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de l’année considérée.

L’espérance de vie à la naissance est égale à la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de l’année considérée. Il s’agit d’un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de l’année considérée.

Pour en savoir plus

Papon S. et Beaumel C., "Bilan démographique 2019 – La fécondité se stabilise en France", Insee Première n°1789, janvier 2020.

Kurzmann J. et Marbot C., "Un enfant ligérien sur dix vit dans une famille recomposée", Insee Flash Pays de la Loire n° 100, janvier 2020.

Manceau C. et Rodrigues A., "Pays de la Loire : la dynamique démographique toujours soutenue mais plus localisée", Insee Analyses Pays de la Loire , n° 79, décembre 2019.

Barré M., "Une croissance démographique qui ralentit sauf dans les intercommunalités les plus peuplées", Insee Flash Pays de la Loire n° 88 , janvier 2019.