La part du travail dans les économies développées

Gilbert Cette, Lorraine Koehl et Thomas Philippon

Documents de travail
No G2019/15
Paru le :Paru le23/12/2019
Gilbert Cette, Lorraine Koehl et Thomas Philippon
Documents de travail No G2019/15- Décembre 2019

Nous remettons en question le consensus général d’une diminution tendancielle de la part du travail dans la valeur ajoutée. Nous proposons un modèle théorique simple soulignant les principaux facteurs qui influencent l’évolution de la part du travail et documentons trois problématiques de la littérature actuelle qui peuvent “biaiser” le diagnostic quant aux évolutions de la part du travail: (i) le point de départ de l’analyse empirique, (ii) la prise en compte des travailleurs indépendants et (iii) la prise en compte des revenus tirés de l’immobilier résidentiel. Concernant ce dernier, il nous semble approprié d’exclure le secteur immobilier des analyses du partage de la valeur ajoutée entre la rémunération du travail et les profits. Les explications usuelles des évolutions tendancielles de la part du travail (technologie, mondialisation, pouvoirs de marché, syndicalisation…) n’ont en effet rien à voir avec les revenus de l’immobilier résidentiel.

Une analyse empirique est menée sur dix pays développés : Belgique, Danemark, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Espagne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis. Lorsque les trois biais précédents sont mis de côté, l’évolution de la part du travail ne fait pas apparaître de tendance particulière à la baisse ou à la hausse dans le secteur marchand. Lorsque les services immobiliers sont inclus dans la valeur ajoutée, il y a une évolution clairement à la baisse dans sept des pays étudiés, à la hausse dans deux d’entre eux et une quasi-stabilité dans un seul. Lorsque les services immobiliers sont exclus de la valeur ajoutée, la tendance à la baisse de la part du travail demeure dans cinq pays, la tendance à la hausse apparaît dans trois pays et la quasi-stabilité dans deux pays.