Insee Flash Hauts-de-FranceChâteau-Thierry : le seul arrondissement de l’Aisne en croissance démographique Territoires des Hauts-de-France

Morgan Dandois (Insee)

Au 1er janvier 2016, 69 800 personnes habitent l’arrondissement de Château‑Thierry, soit 13,0 % de la population de l’Aisne. Depuis 1999, la population du territoire ne cesse de croître, principalement grâce au solde naturel positif (+ 0,3 % par an sur la période 2011-2016), tandis que le département, lui, perd des habitants. En lien avec la proximité de l'Île-de-France, la situation socioéconomique est globalement favorable avec notamment un secteur agricole en expansion, cas unique dans le département.

Morgan Dandois (Insee)
Insee Flash Hauts-de-France No 75- Septembre 2019

Cette étude fait partie d'une série de publications sur les territoires des Hauts-de-France.

L’arrondissement le moins peuplé de l’Aisne

Au 1er janvier 2016, 69 800 personnes habitent l’arrondissement de Château‑Thierry (figure 1). Cela représente 13,0 % de la population de l’Aisne. L’arrondissement comprend 108 communes, dont une seule dépasse 10 000 habitants : Château‑Thierry (14 600 personnes soit un habitant sur cinq de l’arrondissement). Recouvert à 25 % de forêts (contre 19 % pour le département de l’Aisne et 13 % pour la région des Hauts-de-France), le territoire reste rural : seuls 49,0 % de sa population réside dans une , contre 54,3 % à l’échelle du département.

Figure 1Un arrondissement en croissance démographiquePopulation 2016 par arrondissement et évolution entre 2011 et 2016

Un arrondissement en croissance démographique
Arrondissement Population 2016 Taux de variation annuel moyen Entre 2011 et 2016 (en %)
Château-Thierry 69 836 0,3
Laon 157 371 -0,2
Saint-Quentin 129 028 -0,4
Soissons 107 744 0,0
Vervins 72 157 -0,6
Senlis 281 760 0,4
Compiègne 182 266 0,4
  • Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2016.

Figure 1Un arrondissement en croissance démographiquePopulation 2016 par arrondissement et évolution entre 2011 et 2016

  • Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2016.

La plus forte croissance démographique du département

Entre 2011 et 2016, l’arrondissement de Château-Thierry est celui qui, dans l’Aisne, a gagné le plus d’habitants : + 1 080, soit une augmentation de 1,6 % (figure 2). Sur cette période, seul l’arrondissement de Soissons gagne également des habitants, mais dans des proportions moindres (+ 0,2 %). A titre de comparaison, l’arrondissement de Vervins, qui abrite une population similaire (72 000 habitants), a perdu 2 300 habitants.

La croissance repose principalement sur un excédent naturel (+ 0,3 % par an entre 2011 et 2016), mais pas seulement : l’arrondissement est le seul du département à avoir également un solde migratoire positif (+ 0,1 %). Si les tendances démographiques récentes se prolongeaient, l’arrondissement continuerait de gagner des habitants avec un taux de croissance annuel moyen qui serait le plus fort dans le département : + 0,3 % par an jusque 2050 (contre – 0,1 % dans l’Aisne). La population du territoire atteindrait alors 76 500 habitants, soit une augmentation de 9,4 %.

La structure de la population par âge est comparable à celle du département avec une part de moins de 20 ans plus faible qu’en moyenne régionale (25,6 % dans l’arrondissement et 25,4 % dans le département contre 26,3 % en région) et une part des 65 ans ou plus supérieure (respectivement 18,7 % et 19,1 % contre 16,9 %). D’ici 2050, on compterait 150 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 âgées de moins de 20 ans, soit deux fois plus qu’aujourd’hui.

Un taux de chômage relativement faible

En 2016, l’arrondissement abrite 21 500 emplois, soit 12,4 % des emplois de l’Aisne. Entre 2011 et 2016, ce nombre a diminué (– 1,9 %), mais moins rapidement qu’à l’échelle du département (– 4,2 %). Le taux de chômage de l’arrondissement (14,6 %) est plus faible que dans le département (18,1 %) et dans la région (17,1 %). Comme pour le reste du département, il est particulièrement élevé chez les jeunes : 34,5 % des actifs âgés de 15 à 24 ans sont au chômage (38,8 % dans l’Aisne). Enfin, le taux d’activité (75,3 %) et le taux d’emploi (64,3 %) sont plus élevés que ceux du département (respectivement 72,0 % et 59,0 %).

En 2016, 36,8 % des actifs occupés résidant dans l’arrondissement travaillent en dehors de ce dernier. Cette proportion est deux fois plus élevée qu’à l’échelle du département (19,8 %). Parmi ces navetteurs, nombreux sont ceux à travailler en Île-de-France, profitant de la proximité géographique et de l’attractivité économique de la région francilienne.

Un poids important de l’agriculture et de l’industrie

Un quart des emplois se situe dans l’agriculture ou l’industrie, contre 16 % au niveau régional. L’agriculture occupe une place stratégique et progresse (encadré). L’industrie dispose de secteurs clés. Parmi ceux-ci, la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique ainsi que de produits minéraux non métalliques (notamment du verre) comptabilise plus de 600 postes (3,7 % du total des postes du territoire, contre 1,6 % à l’échelle de l’Aisne). Par exemple, Eurokera, situé à Chierry, emploie près de 300 salariés et est à l’origine de 5,7 % des richesses dégagées dans l’arrondissement. Les industries manufacturières (notamment la fabrication d’articles de joaillerie, bijouterie, d’instruments de musiques, d’articles de sport, de jeux et de jouets, etc.) et de réparation et installation de machines et d’équipements occupent 560 personnes (3,4 % du total des emplois contre 1,5 % à l’échelle du département) dont plus de 400 pour Novacel Ophtalmique SAS à Château‑Thierry.

Des conditions de vie plus favorables

Fort d’une situation économique avantageuse et de l’apport salarial de ses actifs travaillant en Île-de-France (deux tiers des salaires captés par l’arrondissement y sont générés), le territoire offre à ses habitants des conditions de vie plus favorables. Le niveau de vie y est plus élevé qu’ailleurs, avec une médiane atteignant 19 920 € (contre 18 600 € à l’échelle de l’Aisne). Par ailleurs, 18,2 % de la population vit avec un bas revenu, contre 24,4 % dans l’Aisne. Enfin, le taux de pauvreté est de 13,7 %, alors qu’il s’élève à 19,0 % dans le département.

Figure 2Un taux de chômage bien inférieur aux taux départemental et régionalPrincipaux indicateurs démographiques et économiques

Un taux de chômage bien inférieur aux taux départemental et régional
Arrondissement de Château-Thierry Aisne Hauts-de-France
Population au 1ᵉʳ janvier 2016 69 836 536 136 6 006 870
Taux de croissance annuel moyen entre 2011 et 2016 (%) 0,3 -0,2 0,2
Part des moins de 20 ans (%) 25,6 25,4 26,3
Part des 65 ans ou plus (%) 18,7 19,1 16,9
Nombre d’actifs occupés au lieu de résidence 28 637 197 863 2 262 435
Nombre d’emplois au lieu de travail 21 527 173 255 2 115 049
Taux d’activité des 15 à 64 ans (%) 75,3 72,0 70,9
Part d’actifs ayant un emploi dans la population des 15 à 64 ans (%) 64,3 59,0 58,8
Taux de chômage au sens du recensement de la population (%) 14,6 18,1 17,1
Taux de pauvreté (%) 13,7 19,0 18,6
Niveau de vie médian (en euros) 19 918 18 604 18 982
Part des diplômés de l’enseignement supérieur (%) 18,8 18,4 23,8
  • Source : Insee, recensements de la population 2011 et 2016, Fichier localisé social et fiscal (FiLoSoFi) en géographie au 01/01/2016.

Un secteur agricole en expansion, cas unique dans le département

Avec 10,2 % des emplois dans le secteur de l’agriculture, l’arrondissement de Château-Thierry est le plus agricole du département, devant celui de Vervins (9,2 %). A titre de comparaison, l’Aisne totalise 4,9 % d’emplois agricoles au lieu de travail et les Hauts-de-France seulement 2,2 %. De plus, l’arrondissement est le seul à créer des emplois dans ce secteur. Après avoir baissé entre 1990 et 2011, le nombre d’emplois agricoles repart à la hausse depuis 2011 avec + 130 emplois en cinq ans. Dans l’Aisne, le nombre d’emplois dans l’agriculture a été presque divisé par deux depuis 1990. À noter que l’arrondissement est le seul, dans la région, à offrir des emplois dans le secteur de la fabrication des vins effervescents (plus de 120 salariés en 2015).

Définitions

Une commune urbaine est une commune dont plus de la moitié de la population réside dans une zone bâtie continue comptant au moins 2 000 habitants.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes entrées sur un territoire donné et le nombre de personnes qui en sont sorties, au cours de la période considérée.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation.

Le taux de pauvreté correspond à la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population française.

Le taux de chômage au sens du recensement de la population est la proportion du nombre de chômeurs au sens du recensement dans la population active au sens du recensement.

Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (actifs occupés et chômeurs) et l’ensemble de la population correspondante.

Au recensement, les personnes actives ayant un emploi peuvent être comptées à leur lieu de résidence ou à leur lieu de travail. Au lieu de résidence, on parle de population active ayant un emploi. Au lieu de travail, on parle d’emploi au lieu de travail ou plus brièvement d’emploi.

Les navetteurs sont des actifs occupés qui résident dans un arrondissement et travaillent en dehors de celui-ci.

Pour en savoir plus

Sur le site insee.fr : Rubrique Dossier complet, comparateur de territoire, Ouvrir dans un nouvel ongletstatistiques-locales.insee.fr

« Au 1ᵉʳ janvier 2016, 536 100 habitants dans l’Aisne », Insee Flash Hauts-de-France, n° 61, décembre 2018

« Aisne : 519 000 habitants à l’horizon 2050 », Insee Flash Hauts-de-France, n° 49, juillet 2018