Insee FocusDes appareils électroniques aux services en ligne : une diffusion massive des nouvelles technologies en 30 ans

François Gleizes, Sébastien Grobon, Stéphane Legleye (division Conditions de vie des ménages, Insee)

Au cours des trente dernières années, les biens électroniques se sont massivement imposés dans l’équipement des ménages, jusqu’à concerner huit ménages sur dix en 2017. Ils ont également évolué pour devenir plus nomades et connectés. À la diffusion des ordinateurs fixes de 1990 au début des années 2000, a ainsi succédé celle de l’accès à Internet, des téléphones mobiles, et enfin des tablettes et ordinateurs mobiles du début des années 2000 à nos jours.

Les modes de consommation audiovisuelle ont changé : le déclin des supports vidéo traditionnels (cassettes et DVD) s’est accompagné d’un essor des chaînes payantes (62 % des ménages sont concernés), puis des services en ligne payants (18 % des personnes disent en regarder).

Cette diffusion importante concerne d’abord les jeunes, qui sont les premiers à les adopter, mais également les personnes âgées, parmi lesquelles les augmentations sont particulièrement fortes dans la période récente. Toutefois, des inégalités persistent en matière d’équipement en ordinateur ou en accès à Internet selon le niveau de vie, et de débit Internet selon les territoires.

Insee Focus
No 162
Paru le :Paru le18/07/2019
François Gleizes, Sébastien Grobon, Stéphane Legleye (division Conditions de vie des ménages, Insee)
Insee Focus No 162- Juillet 2019

L’ordinateur s’est diffusé en trente ans et est devenu nomade depuis dix ans

L'ordinateur (fixe, portable, tablette ou netbook) est de plus en plus présent en métropole : en 2017, plus de huit ménages sur dix en sont équipés (82 %), contre moins d’un sur deux (45 %) en 2004, selon les données de l’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) (figure 1).

Figure 1 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques entre 2004 et 2017

en %
Figure 1 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques entre 2004 et 2017 (en %)
Ordinateur, y compris tablette Connexion à Internet Téléphone portable Abonnement à des chaînes de TV
2004 45 31 69 nd
2005 50 36 72 nd
2006 54 42 74 nd
2007 60 49 78 33
2008 63 55 79 36
2009 67 61 80 39
2010 70 65 85 44
2011 73 69 86 46
2012 75 73 88 49
2013 77 75 89 51
2014 79 78 91 53
2015 80 80 92 55
2016 81 82 94 59
2017 82 84 95 62
  • nd : donnée non disponible.
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV de 2004 à 2017.

Figure 1 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques entre 2004 et 2017

  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV de 2004 à 2017.

Cette diffusion remonte aux années 1990 et est advenue en deux temps. Selon l’enquête Budget de famille (figure 2), après une croissance rapide de l’équipement en ordinateurs fixes (13 % des ménages en 1995 contre 45 % en 2006), les ménages se tournent vers des produits légers et nomades qui connaissent un essor très rapide. Négligeable au début des années 2000, la part des ménages équipés en ordinateur portable, netbook ou ultraportable a été multipliée par six en onze ans pour atteindre 62 % en 2017. Les tablettes tactiles, qui n’étaient presque pas diffusées en 2011 (seuls 2 % des ménages en possédaient), concernent quatre ménages sur dix en 2017. Inversement, face à l'essor de ces nouveaux produits, les foyers sont de moins en moins équipés en ordinateur fixe (37 % en 2017 contre 47 % en 2011).

Figure 2 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques

en %
Figure 2 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques (en %)
1995 2001 2006 2011 2017
Téléphone portable nd 49 69 85 93
Ordinateur fixe 13 29 45 47 37
Ordinateur portable nd 3 11 48 62
Tablette tactile nd nd nd 2 42
Appareil photo numérique nd nd 30 62 55
  • nd : donnée non disponible.
  • Note : le bien « ordinateur portable » comprend aussi le netbook et l'ultraportable.
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes Budget de famille ; données 2017 provisoires.

Figure 2 - Taux d'équipement des ménages en biens électroniques

  • Note : le bien « ordinateur portable » comprend aussi le netbook et l'ultraportable.
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes Budget de famille ; données 2017 provisoires.

Internet s’est diffusé en moins de vingt ans, mais des disparités de débit subsistent

Parallèlement au développement de l’ordinateur et du téléphone portable et en lien avec l’essor des tablettes et des smartphones, de plus en plus de foyers ont un accès à Internet : 84 % sont équipés en 2017, contre 31 % en 2004 d’après l’enquête SRCV.

En 2017, le taux d’accès à Internet fixe (qui dépend de la couverture du réseau et de la décision d’équipement des ménages) varie selon la taille de l’unité urbaine : 82 % des ménages des communes rurales y ont accès contre 85 % et 90 % de ceux des unités urbaines de plus de 200 000 habitants et de l'agglomération de Paris.

La différence est plus marquée pour la connexion haut débit par réseau fixe ou mobile. Si, parmi les ménages ayant accès à Internet, 81 % ont une connexion haut débit par réseau fixe et 40 % une connexion haut débit par réseau mobile, le haut débit est moins fréquent dans les communes rurales et les unités urbaines de moins de 50 000 habitants, qu'il s'agisse d'un accès par réseau fixe (autour de 75 %, contre plus de 86 % dans les unités urbaines de plus de 200 000 habitants et dans l’agglomération parisienne) ou mobile (36 % dans les communes rurales, contre 46 % dans l'agglomération de Paris).

Internet et ordinateur : un taux d’équipement encore déterminé par le niveau de vie

Si l'ordinateur se démocratise, le niveau de vie continue de déterminer le taux d'équipement : en 2017, ce dernier atteint 71 % au sein des 20 % des ménages les plus modestes (premier quintile de niveau de vie) mais 91 % au sein des 20 % les plus aisés (cinquième quintile) (figure 3). L’écart s’est toutefois réduit en 13 ans, puisqu’en 2004, les ménages les plus aisés étaient deux fois plus souvent équipés que les plus modestes (62 % contre 27 %).

L'accès à Internet dépend également du niveau de vie : 73 % des ménages du premier quintile de niveau de vie sont équipés contre 93 % des ménages du dernier quintile. Ces inégalités d’accès à l’équipement numérique selon le niveau de vie sont similaires à celles observées pour d’autres biens durables tels que le lecteur DVD, le lave-vaisselle et la voiture.

Figure 3 - Taux d'équipement des ménages en ordinateur selon le niveau de vie du ménage en 2017

en %
Figure 3 - Taux d'équipement des ménages en ordinateur selon le niveau de vie du ménage en 2017 (en %) - Lecture : en 2017, le taux d'équipement des ménages en ordinateur est de 71 % au sein des 20 % des ménages les plus modestes (premier quintile de niveau de vie).
2004 2017
1ᵉʳ quintile 27 71
2ᵉ quintile 36 74
3ᵉ quintile 45 83
4ᵉ quintile 53 91
5ᵉ quintile 62 91
Ensemble 45 82
  • Lecture : en 2017, le taux d'équipement des ménages en ordinateur est de 71 % au sein des 20 % des ménages les plus modestes (premier quintile de niveau de vie).
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2004 et 2017.

Figure 3 - Taux d'équipement des ménages en ordinateur selon le niveau de vie du ménage en 2017

  • Lecture : en 2017, le taux d'équipement des ménages en ordinateur est de 71 % au sein des 20 % des ménages les plus modestes (premier quintile de niveau de vie).
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2004 et 2017.

Téléphone : tous les ménages sont équipés, malgré des différences de matériel

L'équipement des ménages en téléphone portable (de type smartphone ou non) continue de progresser : d'après l'enquête Budget de famille, 93 % des ménages en sont équipés en 2017, contre 49 % en 2001, c’est-à-dire qu’au moins un membre du ménage a un téléphone portable. Il dépasse maintenant le taux d'équipement des ménages en téléphone fixe. Selon l’enquête SRCV, ce dernier a d’abord progressé à partir du milieu des années 2000 pour culminer en 2013 à 91 %, en lien avec le développement des offres de téléphonie illimitée couplées avec Internet. Depuis, il diminue rapidement pour valoir 85 % en 2017. 79 % de la population dispose à la fois d'un téléphone portable et d’un fixe. La quasi-totalité est joignable par téléphone (fixe ou portable) en 2018 (plus de 99 %).

À l'instar des autres biens électroniques, l'équipement en téléphone fixe est fortement déterminé par le niveau de vie des ménages. Selon l’enquête Technologie de l’information et de la communication (TIC), en 2018, 23 % des ménages du premier quintile de niveau de vie n'ont pas de numéro fixe, contre 9 % des ménages du cinquième quintile. Alors que le téléphone fixe était la règle et le téléphone mobile un objet comparativement coûteux et dispensable au début des années 2000, la diminution du coût du matériel et des abonnements mobiles, ainsi que les fonctionnalités et services offerts, ont au contraire rendu le fixe dispensable ces dernières années.

Parmi les ménages équipés d’un téléphone fixe, un peu plus de la moitié des personnes ne décrochent que lorsqu'elles connaissent le numéro appelant et 13 % ne répondent jamais. Les moins enclines à décrocher leur téléphone sont les titulaires d'un diplôme inférieur au Bac ou qui n’ont pas de diplôme, celles qui habitent dans des communes rurales ou dans des unités urbaines de moins de 50 000 habitants. Les possesseurs de téléphone portable filtrent encore davantage les appels (64 %). Les femmes filtrent plus que les hommes (67 % contre 61 %). Comme pour le téléphone fixe, les moins diplômés filtrent davantage (69 % des personnes sans diplôme filtrent contre 60 % des Bac+3 ou plus).

Cet accroissement du filtrage a lieu en parallèle d’un changement d’usage du téléphone mobile, de moins en moins utilisé pour véhiculer de la voix au profit de données multimédias [Ouvrir dans un nouvel ongletArcep, 2017].

Télévision et vidéo : déclin des DVD au profit des chaînes payantes et des services en ligne

En 2017, 96 % des ménages ont au moins une télévision. Cette part est quasiment stable depuis les années 1990, avec un point haut en 2009 et 2010 où 98 % des ménages étaient équipés. Néanmoins, les pratiques évoluent fortement au cours des dernières années.

Tout d’abord, de plus en plus de ménages payent des abonnements à des chaînes de télévision : leur taux d’équipement a presque doublé au cours des dix dernières années (de 33 % en 2007 à 62 % en 2017), ce qui reflète l’apparition de nombreuses chaînes de télévision via la TNT, le câble ou le satellite. Selon l’enquête TIC, plus récemment, des offres en ligne se développent, concurrençant directement la télévision classique : 29 % des individus âgés de 16 ans ou plus regardent la télévision sur Internet en 2018, 40 % regardent des vidéos en ligne et 18 % regardent des films ou émissions à la demande à partir de services commerciaux (Netflix, OCS, etc.). Un phénomène nouveau apparaît : les jeunes sont moins équipés d’un téléviseur : en effet, alors que de 2004 à 2014, leur taux d’équipement oscillait autour de 94 %, il baisse depuis 2015 et a atteint 90 % en 2017.

En outre, l’équipement des ménages en lecteur DVD ou magnétoscope décroît fortement : son taux est passé de 85 % en 2007 à 66 % en 2017.

Une diffusion tardive mais rapide des produits électroniques aux personnes âgées

Les plus jeunes possèdent davantage de biens électroniques liés à des nouvelles technologies. En 2017, 95 % des 16-29 ans possèdent un ordinateur contre 80 % des 60-74 ans. Tous les moins de 30 ans possèdent un téléphone portable (99,7 %), contre 74 % des 60-74 ans. Cependant, bien que tardive, la diffusion de ces produits (téléphone portable, ordinateur, accès à Internet) parmi les personnes âgées de 60 ans ou plus est très rapide. Ainsi, 83 % des personnes âgées de 60 à 74 ans et 43 % de celles âgées de 75 ans ou plus ont un accès à Internet en 2017 contre respectivement 14 % et 3 % en 2004 (figure 4). Le taux d’équipement en téléphone portable a quant à lui triplé pour les personnes âgées de 75 ans ou plus entre 2004 et 2017, passant de 25 % en 2004 à 74 % en 2017. En revanche, pour les foyers plus jeunes, la diffusion de l’ordinateur, du téléphone portable et de la connexion à Internet a logiquement ralenti ces dernières années, puisque leur taux d’équipement est saturé.

Figure 4 - Taux d'équipement des ménages en connexion à Internet selon l'âge de la personne de référence

en %
Figure 4 - Taux d'équipement des ménages en connexion à Internet selon l'âge de la personne de référence (en %)
16 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 75 ans ou plus Ensemble
2004 38 44 39 14 3 31
2005 46 51 45 17 4 36
2006 52 60 53 22 6 42
2007 63 67 58 28 8 49
2008 72 75 66 36 11 55
2009 79 81 72 44 12 61
2010 83 84 76 52 16 65
2011 88 89 80 58 19 69
2012 91 92 85 63 22 73
2013 92 94 86 68 27 75
2014 94 94 88 73 31 78
2015 96 95 90 75 34 80
2016 96 94 92 78 40 82
2017 96 96 93 83 43 84
  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV de 2004 à 2017.

Figure 4 - Taux d'équipement des ménages en connexion à Internet selon l'âge de la personne de référence

  • Champ : ménages ordinaires résidant en France métropolitaine.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV de 2004 à 2017.

Sources

Trois sources principales permettent de documenter l’équipement des ménages. L’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) correspond à la version française du dispositif européen European Union - Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC). Chaque année depuis 2004, 12 000 ménages ordinaires résidant en France métropolitaine sont interrogés dans le cadre de cette enquête.

L’enquête Budget de famille (BDF) fournit des évolutions comparables en matière de taux d’équipement des ménages en biens électroniques, même s’il existe de légers écarts entre les deux sources du fait de différences dans les modes de collecte et de questionnement. Pour l’édition 2017, les chiffres sont provisoires et portent sur 12 000 ménages ordinaires répondants en France métropolitaine.

L’enquête Technologies de l’information et de la communication (TIC) recense annuellement l'équipement des ménages en micro-ordinateurs et en accès à Internet. Elle s'intéresse également à leurs usages et à leur fréquence d'utilisation. En France métropolitaine, environ 13 000 personnes âgées de 16 ans ou plus ont répondu en 2018.

Définitions

Unité urbaine / Agglomération / Agglomération multicommunale / Agglomération urbaine :

La notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. Les unités urbaines sont construites en France métropolitaine et dans les DOM d’après la définition suivante : une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

Si l’unité urbaine se situe sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée.

Si l’unité urbaine s’étend sur plusieurs communes, et si chacune de ces communes concentre plus de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu, elle est dénommée agglomération multicommunale.

Si une de ces communes concentre moins de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu mais qu’elle y concentre 2 000 habitants ou plus alors elle constituera une unité urbaine isolée. L’agglomération de Paris désigne l’agglomération multicommunale contenant Paris. Enfin, on désigne par « commune hors unité urbaine », les communes non affectées à une unité urbaine.

Remarque :

Ces seuils, 200 mètres pour la continuité du bâti et 2 000 habitants pour la population des zones bâties, résultent de recommandations adoptées au niveau international. À titre d’exemple, dans le règlement européen encadrant le recensement de la population, des statistiques de population basées sur le zonage en unités urbaines sont attendues.

Le calcul de l’espace entre deux constructions est réalisé par l’analyse des bases de données sur le bâti de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Il tient compte des coupures du tissu urbain telles que cours d’eau en l’absence de ponts, gravières, dénivelés importants.

Depuis le découpage de 2010, certains espaces publics (cimetières, stades, aérodromes, parcs de stationnement…), terrains industriels ou commerciaux (usines, zones d’activités, centres commerciaux…) ont été traités comme des bâtis avec la règle des 200 mètres pour relier des zones de construction habitées, à la différence des découpages précédents où ces espaces étaient seulement annulés dans le calcul des distances entre bâtis.

Les unités urbaines sont redéfinies périodiquement. L’actuel zonage, daté de 2020, est établi en référence à la population connue au recensement de 2017 et sur la géographie administrative du territoire au 1er janvier 2020. L’exercice précédent, daté de 2010, reposait sur le recensement de 2007 et la géographie administrative du territoire au 1er janvier 2010.

Une première délimitation des villes et agglomérations avait été réalisée à l’occasion du recensement de 1954. De nouvelles unités urbaines ont ensuite été constituées lors des recensements de 1962, 1968, 1975, 1982, 1990 et 1999.

Les unités urbaines peuvent s’étendre sur plusieurs départements, voire traverser les frontières nationales (voir unité urbaine internationale).

Le découpage en unités urbaines concerne toutes les communes de France métropolitaine et des départements d’outre-mer.