Insee PremièreLe « made in France » : 81 % de la consommation totale des ménages, mais 36 % seulement de celle des biens manufacturés

Alexandre Bourgeois et Antonin Briand (division Synthèse des biens et des services, Insee)

En 2015, le « made in France » représente 81 % de la consommation des ménages, mais seulement 36 % de celle des biens manufacturés. La consommation des ménages est davantage « made in France » que l’investissement et les exportations. La consommation en « made in France » est plus élevée chez les personnes âgées et les cadres. Le contenu en importation des produits consommés en France provient principalement d’Allemagne (13,0 %), des États-Unis (8,0 %), de Chine (7,7 %), du Royaume-Uni (6,7 %), d’Espagne (6,5 %), d’Italie (6,2 %) et de Belgique (5,4 %). Le « made in » français s’est replié de près de deux points entre 2005 et 2015, restant toutefois proche de celui de ses voisins européens.

Alexandre Bourgeois et Antonin Briand (division Synthèse des biens et des services, Insee)
Insee Première No 1756- Juin 2019

Le « made in France » représente 81 % de la consommation des ménages

En France, en 2015, le « made in France » (encadré) représente 81 % de la consommation des ménages. 19 % de la consommation des ménages est donc importée (figure 1), dont 9 % de façon et 10 % de façon . Ce taux masque une forte hétérogénéité entre types de produits. En effet, la consommation en inclut 64 % d’importations, voire plus de 85 % pour les . Cette part est même de 87 % pour la consommation de textiles, de produits de l’industrie de l’habillement ou du cuir et de la chaussure, aux neuf dixièmes de façon directe. Pour d’autres biens, cette part est plus faible : 40 % pour la consommation de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac.

En revanche, le contenu en importation de la consommation de services est en général assez faible, moins de 10 % en moyenne. Ces activités sont plutôt produites par des résidents, mais elles peuvent mobiliser des composants étrangers (par exemple, un restaurant français utilisant de la viande de bœuf argentine).

Le « made in France » peut concerner des marques non françaises mais produites pour partie en France, et réciproquement. Il rend compte de la résidence du processus de production. Les emplois résidents associés à la production du produit final au sein d’une filière peuvent se situer soit au niveau des producteurs intermédiaires, soit au niveau des producteurs finaux. Le contenu en emploi de la consommation des ménages (i. e. en équivalent temps plein) est moins important pour les biens manufacturés, et particulièrement pour les biens fabriqués. Ainsi, 11,0 équivalents temps plein sont nécessaires pour satisfaire un million d’euros de consommation des ménages, mais seulement 4,7 pour les biens manufacturés et 1,8 pour les biens fabriqués. À l’inverse, 12,4 équivalents temps plein permettent de satisfaire un million d’euros de consommation des ménages en services.

Figure 1 - Contenus en « made in France » et en importation de la consommation effective des ménages en 2015

Figure 1 - Contenus en « made in France » et en importation de la consommation effective des ménages en 2015 - Lecture : 81,3 % de la consommation des ménages se compose de valeur ajoutée française (respectivement 18,7 % de la consommation des ménages est importée). La somme des colonnes « contenus en valeur ajoutée » et « contenus en importation » est de 100 %.
Consommation des ménages en valeur (en millions d’euros) Contenus en valeur ajoutée « made in France » (en %) Contenus en importation (en %) Dont contenus directs (en %) Dont contenus indirects (en %)
Agriculture, sylviculture et pêche 17399 47,7 52,3 38,4 13,9
Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution 44652 74,6 25,4 0,7 24,7
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 100053 59,8 40,2 22,1 18,1
Cokéfaction et raffinage 20145 27,6 72,4 42,9 29,5
Fabrication d'équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines 15951 7,5 92,5 88,5 4,0
Fabrication de matériels de transport 34060 15,7 84,3 72,6 11,7
Fabrication d'autres produits industriels 69273 20,1 79,9 71,0 8,9
Construction 15956 79,7 20,3 0,0 20,3
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 192770 86,4 13,6 0,0 13,6
Transports et entreposage 44854 76,0 24,0 11,3 12,6
Hébergement et restauration 73180 85,1 14,9 0,0 14,9
Information et communication 37939 75,6 24,4 9,2 15,3
Activités financières et d'assurance 54683 86,9 13,1 2,0 11,1
Activités immobilières 241352 97,5 2,5 0,0 2,5
Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 31272 85,9 14,1 3,1 11,0
Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale 526136 93,3 6,7 0,1 6,6
Autres activités de services 73942 86,5 13,5 2,8 10,7
Total 1593617 81,3 18,7 8,7 9,9
Champ des biens manufacturés 239482 35,9 64,1 49,6 14,5
Champ des biens fabriqués 65657 14,3 85,7 77,1 8,6
Champ des services 1 276 128 90,6 9,4 1,0 8,4
  • Lecture : 81,3 % de la consommation des ménages se compose de valeur ajoutée française (respectivement 18,7 % de la consommation des ménages est importée). La somme des colonnes « contenus en valeur ajoutée » et « contenus en importation » est de 100 %.
  • Source : Insee, comptes nationaux, estimations à l'aide du modèle Avionic.

La consommation des ménages est plus « made in France » que l’investissement et les exportations

Les produits importés permettent de satisfaire la consommation des ménages, mais aussi l’investissement et les exportations. Ils représentent 25 % de la en 2015, dont 11 % sont portés par la consommation des ménages, 8 % par les exportations et 6 % par les autres postes de la demande finale (investissement, variations de stocks et objets de valeur).

En 2015, 19 % de la consommation des ménages est importée (dont 9 % de façon directe et 10 % de façon indirecte), alors que 34 % des exportations françaises sont d’origine étrangère (dont 7 % de façon directe et 27 % de façon indirecte). Le contenu direct en importation des exportations provient des importations directement réexportées, c’est-à-dire pour lesquelles la France est un pays de transit. Enfin, 32 % des autres postes de la demande finale sont importés (dont 16 % de façon directe et 16 % de façon indirecte), provenant notamment de l’investissement.

La structure de la consommation finale des ménages est différente de celle des autres postes de la demande finale. Les machines et équipements et les matériels de transport ou industriels pèsent davantage dans l’investissement que dans la consommation des ménages ; leur contenu en importation est important : 84 % pour la demande intérieure finale en matériels de transport. En outre, les services émanent souvent d’une chaîne d’activités située sur le territoire français et sont essentiellement consommés par les ménages. En effet, pour l’essentiel, il s’agit d’activités mises en oeuvre localement pour produire des biens et des services visant à satisfaire des besoins de personnes présentes sur le territoire, qu’elles soient résidentes ou touristes. C’est le cas des services de restauration, de santé ou d’éducation, même si leur production peut incorporer des denrées alimentaires ou du mobilier produits à l’étranger. Certains biens sont essentiellement importés ; ils sont de moins en moins fabriqués en France. La demande finale en textile intègre 80 % de contenu en importation, majoritairement de façon directe. Plus spécifiquement, les exportations françaises de textile comportent 75 % d’importations. La France est essentiellement un pays de transit pour ses exportations de textile.

Dans une moindre mesure, pour les produits pharmaceutiques, la demande finale est importée à 58 %, aux trois quarts de façon directe. C’est surtout le fait de la consommation des ménages, dont le contenu en importations est de 87 % et essentiellement direct. Les exportations françaises contiennent 30 % d’importations, de façon indirecte.

La demande finale en denrées alimentaires inclut 37 % d’importations, réparties de façon égale entre importations directes et indirectes. Ces contenus en importation sont plus élevés pour la consommation (40 %) que pour les exportations (29 %).

La consommation en « made in France » est plus élevée chez les personnes âgées et les cadres

Chaque ménage possède sa propre structure de consommation (sources), plus ou moins intense en « made in France ». Ainsi, les retraités et les cadres ont une consommation plus intensive en « made in France » (figure 2) : la part des dépenses des retraités en logement est élevée, et les cadres consomment davantage de services (loisirs, culture, hôtels-cafés-restaurants), postes de consommation qui sont naturellement plus intenses en « made in France ». À l’inverse, les ouvriers et les agriculteurs allouent une plus grande part de leur budget aux denrées alimentaires et aux boissons, qui sont moins intenses en « made in France ». Les plus âgés consomment davantage « made in France » que les jeunes. Enfin, la consommation « made in France » est plus faible lorsque la taille de la famille est grande : les familles nombreuses allouent une part plus importante de leur budget aux dépenses d’habillement et plus faible aux dépenses de logement.

Figure 2 - Écarts à la situation moyenne du contenu en valeur ajoutée de la catégorie correspondante en 2015

en points de pourcentage
Figure 2 - Écarts à la situation moyenne du contenu en valeur ajoutée de la catégorie correspondante en 2015 (en points de pourcentage) - Lecture : la consommation des retraités est plus intensive en valeur ajoutée française de 0,8 point par rapport à l'individu moyen, alors que la consommation des ouvriers est plus intensive en importations de 1,1 point par rapport à l'individu moyen.
Écarts à la situation moyenne du made in France
Contenus en valeur ajoutée « made in France » (en %) Dont part directe (en %) Dont part indirecte (en %) % Part directe (en %) % Part indirecte (en %)
Inférieur au 1er quintile de revenu disponible brut 0,0 0,0 0,0 0,1 -0,1
Entre le 1er et le 2e quintile de revenu disponible brut -0,2 -0,2 0,0 -0,4 0,4
Entre le 2e et le 3e quintile de revenu disponible brut 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0
Entre le 3e et le 4e quintile de revenu disponible brut 0,0 0,0 0,0 -0,1 0,1
Supérieur au 4e quintile de revenu disponible brut 0,0 0,1 0,0 0,2 -0,2
Moins de 30 ans -0,8 -0,6 -0,2 -0,8 0,8
30-39 ans -0,2 -0,2 0,0 -0,3 0,3
40-49 ans -0,4 -0,2 -0,2 -0,1 0,1
50-59 ans -0,5 -0,4 -0,2 -0,4 0,4
60-69 ans -0,2 -0,2 0,0 -0,3 0,3
70 ans ou plus 2,0 1,4 0,5 1,8 -1,8
Personne seule 1,2 0,9 0,3 1,2 -1,2
Famille monoparentale -0,2 -0,2 -0,1 -0,1 0,1
Couples sans enfant -0,3 -0,3 -0,1 -0,4 0,4
Couples avec 1 enfant -0,5 -0,4 -0,1 -0,5 0,5
Couples avec 2 enfants -0,4 -0,2 -0,1 -0,2 0,2
Couples avec 3 enfants ou plus -1,0 -0,7 -0,3 -0,7 0,7
Agriculteurs -1,5 -1,1 -0,4 -1,2 1,2
Artisans, commerçants, chefs d'entreprises et professions libérales 0,0 0,0 0,0 0,1 -0,1
Cadres 0,2 0,3 0,0 0,6 -0,6
Professions intermédiaires -0,5 -0,4 -0,2 -0,5 0,5
Employés -0,6 -0,4 -0,1 -0,6 0,6
Ouvriers -1,1 -0,9 -0,2 -1,2 1,2
Ensemble des actifs -0,4 -0,3 -0,1 -0,3 0,3
Retraités 0,9 0,6 0,3 0,7 -0,7
  • Lecture : la consommation des retraités est plus intensive en valeur ajoutée française de 0,8 point par rapport à l'individu moyen, alors que la consommation des ouvriers est plus intensive en importations de 1,1 point par rapport à l'individu moyen.
  • Source : Insee, comptes nationaux données 2015, estimations à l'aide du modèle Avionic et du compte des ménages par catégorie. Le périmètre retenu ne concerne que la dépense de consommation des ménages (donc hors dépenses invididualisables des APU et des ISBLSM).

Figure 2 - Écarts à la situation moyenne du contenu en valeur ajoutée de la catégorie correspondante en 2015

  • Lecture : la consommation des retraités est plus intensive en valeur ajoutée française de 0,8 point par rapport à l'individu moyen, alors que la consommation des ouvriers est plus intensive en importations de 1,1 point par rapport à l'individu moyen.
  • Source : Insee, comptes nationaux données 2015, estimations à l'aide du modèle Avionic et du compte des ménages par catégorie. Le périmètre retenu ne concerne que la dépense de consommation des ménages (donc hors dépenses invididualisables des APU et des ISBLSM).

Le contenu importé des produits consommés en France provient principalement d’Allemagne

Le contenu importé des produits consommés en France provient principalement d’Allemagne (13,0 %), des États-Unis (8,0 %), de Chine (7,7 %), du Royaume-uni (6,7 %), d’Espagne (6,5 %), d’Italie (6,2 %) et de Belgique (5,4 %) (figure 3). Les importations provenant d’Allemagne pour satisfaire la consommation des ménages français sont assez variées. À l’inverse, les contenus en importations de certains pays sont plus ciblés sur des produits spécifiques : c’est le cas des produits informatiques importés de Chine, des véhicules automobiles importés d’Espagne, des équipements électroniques et optiques provenant de Suisse, ou encore des services d’intermédiation financière provenant du Luxembourg. Les biens du champ manufacturier sont surtout importés d’Allemagne et de Chine et les denrées alimentaires d’Allemagne, des Pays-Bas et d’Italie. Enfin, les importations de textiles proviennent à 36 % de la Chine.

Figure 3 - Décomposition du contenu en importation de la consommation finale des ménages par pays de provenance en 2015

Figure 3 - Décomposition du contenu en importation de la consommation finale des ménages par pays de provenance en 2015 - Lecture : 13,0 % des importations servant à satisfaire la consommation des ménages française proviennent d'Allemagne. 14,5 % des importations d'industrie de fabrication servant à servir la consommation des ménages française proviennent d'Allemagne et 11,2 % de Chine.
Allemagne États-Unis Chine Royaume-Uni Italie Belgique Espagne Reste du monde Total
Agriculture, sylviculture et pêche 9,1 4,5 2,6 5,4 5,3 5,0 13,6 54,6 100,0
Industries extractives 5,3 27,2 0,3 4,6 1,9 0,3 2,4 58,1 100,0
Industries de fabrication 14,5 6,8 11,2 4,6 6,8 4,4 7,1 44,7 100,0
Électricité, gaz, eau et traitement des déchets 8,8 5,0 3,5 5,7 3,9 3,4 3,7 66,0 100,0
Construction 15,6 6,5 7,4 6,0 8,9 7,8 7,4 40,4 100,0
Total des services aux entreprises 11,4 9,7 4,1 8,4 5,8 6,8 5,7 48,0 100,0
Administration publique, enseignement et santé ; services sociaux et personnels 13,3 8,5 6,2 10,7 5,8 5,6 5,5 44,4 100,0
Contenu total 13,0 8,0 7,7 6,7 6,2 5,4 6,5 46,6 100,0
Part du contenu direct 55,6 58,2 70,5 44,2 59,4 51,7 58,9 nd nd
Part du contenu indirect 44,4 41,8 29,5 55,8 40,6 48,3 41,1 nd nd
Contenu total sur le champ des biens manufacturés 14,6 7,4 12,6 4,4 6,7 3,1 6,2 45,0 100,0
Contenu total sur le champ des biens fabriqués 16,4 6,7 11,4 4,4 6,5 2,6 7,0 45,1 100,0
  • nd : non disponible.
  • Lecture : 13,0 % des importations servant à satisfaire la consommation des ménages française proviennent d'Allemagne. 14,5 % des importations d'industrie de fabrication servant à servir la consommation des ménages française proviennent d'Allemagne et 11,2 % de Chine.
  • Source : estimations Insee, résultat du modèle Avionic pour l'année 2015 à partir de la base TiVA 2018, sélection des pays de provenance dont les contenus français sont supérieurs à 5 %.

Le « made in » français est proche du « made in » de ses grands voisins européens

Sur le champ des pays suivis par l’OCDE, ceux dont les dépenses de consommation sont inférieures à 500 milliards d’euros ont des taux de « made in » en général plus faibles que les autres (75,5 % contre 85,5 %, figure 4). Cela s’explique pour partie par un effet taille, c’est-à-dire la capacité du marché intérieur à satisfaire la demande finale intérieure. Le « made in France » issu de la base TiVA de l’OCDE s’établit à 80,0 % (contre 81,3 % dans les données françaises), en raison des ajustements ayant conduit à la réconciliation des échanges extérieurs pour assurer la cohérence globale des comparaisons entre pays.

Le Luxembourg (61 %), l’Irlande (56 %) et Malte (59 %) ont les plus faibles taux de « made in », à l’inverse du Brésil (89 %), des États-Unis (89 %) et du Japon (87 %). Avec 80 %, la France est dans une position intermédiaire au même titre que ses proches partenaires européens : le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.

Toutefois, la structure par type de produits diffère d’un pays à l’autre. Ainsi, le « made in » en biens manufacturés de la France est proche de 40 %, comme celui du Royaume-Uni ; il est inférieur à celui de l’Allemagne et de l’Italie (50 %) et à celui de l’Espagne (45 %). Celui des États-Unis approche les 65 %.

Entre 2005 et 2015, le « made in » français a reculé de 1,9 point, contre 1,0 point en moyenne pour les pays de l’OCDE (hors Chine et Mexique). La dynamique est semblable au Royaume-Uni (– 1,6 %), au Danemark (– 1,3 %) et en Italie (– 1,0 %). Le « made in » allemand a diminué plus nettement (– 3,6 %), tout comme celui du Japon (– 4,0 %) ou de la Belgique (– 4,3 %). À l’inverse, les « made in » américains (+ 0,8 %), espagnols (+ 0,5 %) ou suédois (+ 1,7 %) se sont accrus sur cette période. D’un point de vue structurel, la part des importations françaises directes et indirectes reste semblable entre 2005 et 2015.

Les partenaires français restent assez stables entre 2005 et 2015. Cependant, le contenu de la consommation française en importations chinoises augmente sensiblement (+ 3,9 %), alors que le contenu en importations italiennes recule (– 2,5 %). Dans une moindre mesure, les contenus de la consommation française en importations japonaises (– 1,0 %), espagnoles (– 1,2 %) et britanniques (– 1,1 %) se replient, alors que ceux en importations américaines (+ 0,8 %), polonaises (+ 0,9 %) ou irlandaises (+ 0,5 %) progressent légèrement.

Les importations de produits allemands pour satisfaire la consommation des ménages français en équipements de transports et en activités informatiques se sont largement développées entre 2005 et 2015 (respectivement + 11,9 % et + 12,6 %), de même que les importations de pétrole raffiné des États-Unis (+ 7,5 %). La progression des contenus de la consommation française en importations chinoises résulte notamment des textiles (+ 20,6 %), des équipements électriques (+ 17,2 %) et des produits informatiques (+ 15,9 %).

Figure 4 - Comparaison internationale des « made in » en 2015 (pays de l'OCDE)

Figure 4 - Comparaison internationale des « made in » en 2015 (pays de l'OCDE)
Consommation des ménages (en dollars) en 2015 Contenus en « made in » de la consommation des ménages en 2015 (en %) Écart 2015-2005 du contenu en « made in » de la consommation des ménages (en points de %)
États-Unis 14 358 609 89,3 0,8
Brésil 1 367 955 89,0 -2,0
Japon 3 314 692 86,8 -4,0
Inde 1 409 232 86,1 -0,5
Australie 886 877 85,2 -0,2
Indonésie 556 548 85,1 5,5
Fédération de Russie 884 611 84,8 0,2
Turquie 516 331 83,7 -1,8
Italie 1 359 979 81,4 -1,0
Espagne 863 738 80,9 0,5
France 1 760 275 80,0 -1,9
Royaume-Uni 2 245 009 79,8 -1,6
Corée 826 287 78,9 -2,1
Allemagne 2 244 427 78,3 -3,6
Canada 1 145 235 77,8 -0,7
Moyenne des pays ci-dessus 2 249 320 85,5 -0,6
Moyenne des autres pays de l'OCDE (hors Chine et Mexique*) 161 072 75,5 -0,4
Total (monde, hors Chine et Mexique*) 41 310 184 83,7 -0,8
  • * La Chine et le Mexique ont des données partielles, qui ne permettent pas de décomposer leurs contenus.
  • Note : il s’agit des pays ayant une consommation intérieure supérieure à 500 milliards de dollars.
  • Source : calculs Insee à l'aide du modèle Avionic sur la base TiVA 2018 de l'OCDE ; résultats sur l'année 2015 et comparaison avec les données 2005.

Encadré - Les périmètres du « made in France » : d’une définition juridique à une définition statistique

En première approche, le « made in France » correspond à ce qui est produit en France. Généralement, selon les définitions du « made in », un produit prend l’origine du pays où il a subi sa dernière transformation substantielle. Ces transformations peuvent se traduire par un changement de la position tarifaire douanière du produit (au sein de la nomenclature douanière internationale) ou par un critère de pourcentage de valeur ajoutée attribuée à cette dernière transformation (45 % pour la Commission européenne).

Cette définition juridique du « made in France » est fragile en raison des effets de seuil. En effet, un produit est considéré complètement « made in France » quand au moins 45 % de sa valeur ajoutée est produite en France. L’approche statistique développée dans cette étude (modèle Avionic, sources) n’introduit pas d’effets de seuil. Pour chaque produit consommé, le contenu en valeur ajoutée domestique est estimé. Si une chemise est produite en France et composée à 50 % de valeur ajoutée française, elle est considérée comme 100 % « made in France » du point de vue juridique. Du point de vue statistique adopté ici, si le reste de la valeur ajoutée provient des tissus indonésiens, alors le modèle Avionic considère que 50 % de la chemise est « made in France » et que les autres 50 % sont des contenus importés.

Cette approche statistique du « made in France » se heurte à une limite : une partie des importations peut avoir un contenu d’origine française. Par exemple, une voiture importée contenant un volant français sera considérée comme entièrement importée. Cependant, cet effet se concentre sur les biens qui sont en grande partie importés à l’origine : l’impact reste donc limité. Ainsi, le « made in France » est légèrement sous-estimé.

Sources

– Données françaises Insee : comptes nationaux de l’année 2015 en base 2014 ; compte des ménages par catégorie de l'année 2015 ;

– Données internationales : base OCDE « Trade in Value Added » (TiVA), édition 2018 sur données 2015 et données 2005.

Les données françaises de source Insee sont issues du tableau des entrées-sorties symétrique (TESS) fourni à Eurostat. La construction du TES symétrique au prix de base plutôt qu’au prix d’acquisition (pour la demande finale) conduit à retirer au prix d’acquisition les impôts et subventions, les marges commerciales et les marges de transport. Les agrégats présentés ne correspondent donc pas strictement à ceux qui sont classiquement diffusés. De même, les données OCDE mobilisées pour les comparaisons internationales (base inter-pays TiVA) ont fait l’objet d’ajustements pour rendre compatibles les échanges extérieurs de tous les pays qui sont en interaction, ce qui conduit là aussi à des agrégats pouvant s’écarter de ceux qui sont diffusés individuellement par les États ou présentés dans d’autres bases de données internationales.

Des méthodologies s’appuyant sur des TES symétriques inter-pays (données internationales, exemple : TiVA) permettent notamment de faciliter l’analyse des chaînes de valeur mondiales. Les TES inter-pays sont construits à partir de plusieurs types de sources : les comptes nationaux, le cadre entrées-sorties national, les données internationales de commerce de biens et services, et enfin les statistiques d’entreprises. Ce cadre cohérent est utilisé pour ventiler les contenus en importation par pays de provenance, à titre direct et indirect. En effet, là où les TES symétriques classiques sont habituellement décomposés en un TES domestique et un TES importé, les TES inter-pays permettent de décomposer les TES symétriques en un TES domestique et les TES importés de chaque pays présent dans la base considérée.

Le cadre théorique du modèle Avionic, basé sur l’exploitation des TES symétriques nationaux ou internationaux, est une modélisation de type input/output. Celle-ci consiste à exprimer un équilibre entre les ressources et les emplois nationaux valorisés au prix de base pour chaque produit de l’économie. La ventilation des consommations intermédiaires permet de définir des « coefficients techniques », intégrés dans la matrice inverse de Leontief.

Le périmètre retenu dans cette étude est celui de la consommation effective des ménages, sauf pour la décomposition par catégorie de ménage qui ne prend en compte que la dépense de consommation finale des ménages. La consommation effective des ménages comprend la consommation finale des ménages et la consommation individualisable des administrations publiques et des institutions sans but lucratif au service des ménages. Ainsi, les résultats ne dépendent pas du taux de « socialisation » de l’économie, notamment lors des comparaisons internationales.

Définitions

Effets directs / indirects : pour une modélisation en contenus (importation ou emploi), l’effet direct représente les importations ou la quantité de travail qui satisfont directement l’emploi final considéré, sans entrer dans le processus de production domestique. L’effet indirect représente les importations ou la quantité de travail transitant par les consommations intermédiaires qui servent, à travers la production domestique, à satisfaire la demande finale.

Biens manufacturés : postes C1 à C5 de la nomenclature de produits, c’est-à-dire la fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac, la cokéfaction et le raffinage, la fabrication d’équipements électriques, électroniques et informatiques, la fabrication de machines, la fabrication de matériels de transport et la fabrication d’autres produits industriels.

Biens fabriqués : postes C3 à C5 de la nomenclature de produits, c’est-à-dire la fabrication d’équipements électriques, électroniques et informatiques, la fabrication de machines, la fabrication de matériels de transport et la fabrication d’autres produits industriels.

Demande finale : elle est constituée de la consommation finale, de la formation brute de capital fixe (investissement), des exportations et de la variation des stocks et objets de valeurs.

Pour en savoir plus

Le « made in France » de la consommation des ménages, Chiffres détaillés, juin 2019.

Bourgeois A. et Briand A., « Le modèle Avionic : la modélisation input/output des comptes nationaux », Documents de travail, n° G2019/02 (Insee), avril 2019.

Accardo J., Billot S., Buron M.-L., « Les revenus, la consommation et l’épargne des ménages par grande catégorie entre 2011 et 2015 », in L’économie française, coll. « Insee Références », édition 2017.

Ouvrir dans un nouvel ongletOECD TiVA database.

Miller R., Blair R., « Ouvrir dans un nouvel ongletInput-output analysis – foundations and extensions », Cambridge University Press, 1981 puis 2009.