Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéMénages agricoles en Bourgogne-Franche-Comté : des niveaux de vie plus faibles dans les territoires d’élevage bovins viande

Hugo Andrieu, Régine Bordet-Gaudin, Hélène Ville, Insee

Avec 29 200 agriculteurs exploitants en activité, la Bourgogne-Franche-Comté est une des régions où cette profession est la plus exercée. Vivant très souvent en couple, 80 % de leurs conjoints ont une activité professionnelle. Un quart exercent le métier d’agriculteur ou d’ouvrier agricole.

Les revenus des ménages agricoles proviennent pour 37 % de l’activité agricole, c’est plus qu’en moyenne en France métropolitaine. Ils sont composés pour 25 % de revenus du patrimoine et 38 % d’autres ressources comme les salaires ou les prestations sociales.

Les personnes vivant dans les ménages agricoles sont plus souvent touchées par la pauvreté que l’ensemble de la population régionale. C’est dans les territoires spécialisés dans l’élevage bovins viande que leur niveau de vie est le plus faible. À l’inverse, il est plus élevé dans les territoires spécialisés en grandes cultures et plus encore en viticulture.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 51
Paru le :Paru le21/03/2019
Hugo Andrieu, Régine Bordet-Gaudin, Hélène Ville, Insee
Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté No 51- Mars 2019

Très ancrée en Bourgogne-Franche-Comté, l’agriculture représente 4 % de la valeur ajoutée régionale contre 1,7 % en France métropolitaine. Avec 29 200 en 2015, soit 2,6 % des actifs en emploi, la région se classe au 4e rang des régions françaises.

La production agricole régionale repose sur cinq orientations technico-économiques (Méthodologie) principales : les grandes cultures, l’élevage bovins viande, l’élevage bovins lait, la viticulture, la polyculture-polyélevage. Elle est reconnue pour ses filières d’excellence, notamment ses vins et ses fromages d’appellation d’origine protégée (AOP).

Cette grande diversité d’activités conduit à des disparités de revenus au sein des , qui par ailleurs, peuvent bénéficier d’autres sources de revenus.

Étudier leurs conditions et leurs niveaux de vie permet d’éclairer les décideurs en charge des politiques d’aménagement des territoires dans un contexte de forte concurrence mondiale, de changements structurels et environnementaux, et de refonte de la Politique Agricole Commune.

Une population âgée, de jeunes agriculteurs diplômés

Les agriculteurs, pour la plupart des hommes, sont relativement âgés : 8 500 soit 29 % ont au moins 55 ans contre 16 % des actifs en emploi de la région (figure 1). Ils sont plus âgés dans les territoires de grandes cultures et plus jeunes dans les territoires laitiers. Le fort vieillissement de la profession et les difficultés pour trouver un successeur posent la question du renouvellement de générations d’agriculteurs et de la pérennisation des systèmes d’exploitation.

Ces vingt dernières années, le niveau de formation des agriculteurs a fortement progressé : 80 % des moins de 40 ans ont le baccalauréat ou un diplôme d’enseignement supérieur contre 39 % des plus de 40 ans. Cette évolution est bien plus marquée que dans tous les autres groupes professionnels. Elle est liée à la nécessité de posséder au moins un baccalauréat professionnel ou un brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole ou tout diplôme de niveau équivalent pour bénéficier d’aides à l’installation.

Pour la plupart propriétaires de leur logement, les agriculteurs habitent très souvent dans la commune d’implantation de leur exploitation, en particulier les éleveurs en raison des contraintes liées à la gestion de leur cheptel. Les agriculteurs résident dans des espaces peu artificialisés qui offrent les terres et emplacements nécessaires à leur activité. Néanmoins, plus de 40 % résident dans une , moins que l’ensemble de la population régionale (74 %). Ils bénéficient ainsi d’un accès relativement rapide aux services de la vie quotidienne, aux structures éducatives pour leurs enfants et aux emplois favorisant la bi-activité ou encore le travail du conjoint hors de l’exploitation. Cette vie « entre ville et campagne » concerne plus de la moitié des agriculteurs des territoires spécialisés en grandes cultures, viticulture, maraîchage ou horticulture.

Figure 1Près de 30 % des agriculteurs ont au moins 55 ans Pyramide des âges des agriculteurs et des actifs en emploi en Bourgogne-Franche-Comté

En %
Près de 30 % des agriculteurs ont au moins 55 ans (En %)
Âge (années) Exploitants agricoles Population active en emploi
Hommes Femmes Hommes Femmes
15 à 19 0,3 0,1 1,4 0,7
20 à 24 2,4 0,3 3,9 3,3
25 à 29 5,1 0,8 5,3 4,8
30 à 34 7,4 1,2 6,0 5,3
35 à 39 7,8 1,5 6,2 5,7
40 à 44 9,0 2,6 7,2 6,6
45 à 49 12,3 3,3 7,3 6,7
50 à 54 13,9 3,9 7,1 6,6
55 à 59 13,3 4,2 5,8 5,6
60 à 64 5,0 2,1 1,6 1,7
65 et + 1,9 1,6 0,6 0,5
  • Source : Insee, recensement de la population au lieu de résidence 2015

Figure 1Près de 30 % des agriculteurs ont au moins 55 ans Pyramide des âges des agriculteurs et des actifs en emploi en Bourgogne-Franche-Comté

  • Source : Insee, recensement de la population au lieu de résidence 2015

Un mode de vie familial, un conjoint très souvent salarié

Les agriculteurs vivent moins souvent seuls que l’ensemble des actifs en emploi. Même jeunes, ils sont davantage mariés, notamment lorsqu’ils travaillent sur une exploitation de grande taille.

Près de 80 % des conjoints des agriculteurs ont une activité professionnelle. Un quart d’entre eux exercent le métier d’agriculteur ou d’ouvrier agricole. Cette proportion est beaucoup plus forte chez les viticulteurs et les éleveurs bovins. Sur l’exploitation viticole, un tiers des conjoints participent aux travaux agricoles, entretien des vignes, vendanges, très souvent comme ouvrier agricole. Dans les élevages où le soin et la traite des animaux engendrent des astreintes quotidiennes, le conjoint a en revanche plus souvent le statut d’agriculteur exploitant.

Néanmoins, la très grande majorité des conjoints des agriculteurs, d’autant plus lorsqu’ils sont jeunes, sont salariés et ont un emploi stable en dehors de l’exploitation, apportant des revenus supplémentaires au ménage. La progression du taux d’activité des femmes dans la société ainsi que la forte mécanisation des processus de production et le développement des formes sociétaires en agriculture, EARL (Exploitation agricole à responsabilité limitée) ou GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) favorisent l’exercice d’une activité professionnelle en dehors de l’exploitation.

Lorsque les agriculteurs ne vivent pas en couple, ils habitent davantage avec un parent (père, mère) lui-même souvent agriculteur ou agriculteur retraité et cumulent ainsi plusieurs revenus d’origine agricole dans le ménage.

Plus de pauvreté et d’inégalités de niveaux de vie que dans l’ensemble des ménages

Les personnes vivant dans les ménages agricoles disposent d’un de 20 500 euros en 2015, comparable à celui de l’ensemble de la population régionale. Cependant, celui-ci cache de fortes disparités et une pauvreté parfois élevée (figure 2). Dans les ménages agricoles, le revenu en dessous duquel se situent les 10 % des personnes les plus modestes est 5 fois inférieur au revenu au-dessus duquel se situent les 10 % des personnes les plus aisées. Dans l’ensemble de la population régionale, cet écart est de 3. Dans les ménages agricoles, les personnes sont également plus nombreuses à vivre sous le , 18 % contre 13 % en moyenne dans la région. La pauvreté est aussi plus intense : les personnes pauvres y ont un niveau de vie médian de 8 730 euros annuel, ce qui est inférieur de 29 % au seuil de pauvreté. Cet écart est de 19 % pour l’ensemble des personnes pauvres de la région. Les ménages agricoles détiennent cependant un patrimoine plus important que l’ensemble des ménages, qui repose surtout sur leur patrimoine professionnel et moins sur les actifs financiers et immobiliers (encadré).

Figure 2Pauvreté plus prononcée dans les territoires d’élevage de bovins viandeNiveaux de vie des ménages agricoles selon les territoires* de Bourgogne-Franche-Comté

Pauvreté plus prononcée dans les territoires d’élevage de bovins viande
Type de territoire selon la production agricole dominante  Nombre de ménages agricoles % Niveau de vie médian annuel par UC** (en euros) Taux de pauvreté (%) Niveau de vie annuel médian annuel des personnes pauvres (en euros) Intensité de la pauvreté (%)
Ensemble des territoires de Bourgogne-Franche-Comté 28 670 100 20 490 18 8 730 29
Territoires de production animale Bovins viande 4 140 14 16 920 26 8 690 30
Bovins lait 5 440 19 19 910 15 9 510 23
Bovins mixtes 1 950 7 19 120 19 8 910 28
Autres productions animales 1 030 4 19 140 24 8 870 28
Autres territoires Polyculture et polyélevage 8 220 29 19 910 20 8 390 32
Territoires de production végétale Grandes cultures 3 640 13 21 770 18 7 840 37
Viticulture 3 420 12 33 550 7 8 440 32
Autre productions végétales 670 2 21 710 nd nd nd
  • *Voir Pour comprendre ; **UC = Unité de consommation
  • nd : données non disponibles (effectifs faibles).
  • Source : Insee, Filosofi 2015

Des revenus provenant davantage de l’activité agricole

Dans la région, les revenus des ménages agricoles sont plus fortement liés à l’activité agricole : ils proviennent pour 37 % des revenus agricoles contre 31 % en moyenne en France métropolitaine (figure 3). Ils dépendent de la nature de la production, les activités viticoles ou céréalières dégageant plus de richesse que l’élevage bovin. Davantage liés aux bénéfices agricoles, ils peuvent plus fluctuer selon les conditions climatiques et la volatilité des prix sur le marché.

Les ressources des ménages agricoles reposent à hauteur de 25 % sur les revenus du patrimoine, bien plus que pour l’ensemble des ménages de la région (9 %). Elles peuvent également être fournies par le salaire du conjoint ou encore de l’agriculteur lui-même qui peut avoir un emploi complémentaire hors de l’exploitation : dans la région, 12 % des agriculteurs sont ainsi bi-actifs (encadré). Les ressources peuvent aussi comprendre la pension de retraite du conjoint et des prestations sociales.

Dans les ménages agricoles les plus modestes, l’activité agricole contribue moins fortement aux ressources. Néanmoins, compte tenu de leur faible niveau de vie, ces ménages peuvent être fortement impactés par de mauvais résultats économiques ou une variation des subventions européennes.

Figure 3Revenus agricoles : un poids variable selon le territoireDécomposition du revenu disponible des ménages agricoles selon les territoires* de Bourgogne-Franche-Comté

Revenus agricoles : un poids variable selon le territoire - Note de lecture : En Bourgogne-Franche-Comté, pour 122 € perçus, 37 proviennent des revenus agricoles, 36 des salaires et prestations chômage, 25 des revenus du patrimoine, 16 des retraites, 5 des autres revenus d’activités non salariées, 3 des prestations sociales. À ces 122 € perçus, 21 € d’impôts sont déduits.
Pour 100 euros de revenu disponible Revenus du patrimoine Prestations sociales Revenus agricoles Autres revenus d’activités non salariées Pensions, retraites, rentes Salaires, traitements, indemnités de chômage Impôts
Bovins viande 22 5 30 5 16 40 -16
Bovins lait 18 5 35 4 17 38 -16
Bovins mixtes 20 4 29 4 21 39 -16
Autres productions animales 21 4 22 5 23 43 -18
Polyculture-Polyélevage 25 3 29 6 18 39 -20
Grandes cultures 29 2 35 5 15 37 -24
Viticulture 29 1 63 3 10 24 -30
Bourgogne-Franche-Comté 25 3 37 5 16 36 -21
France métropolitaine 27 3 31 5 17 39 -22
  • *Territoires selon la production agricole dominante hors autres productions végétales (effectifs faibles). Voir Pour comprendre
  • Note de lecture : En Bourgogne-Franche-Comté, pour 122 € perçus, 37 proviennent des revenus agricoles, 36 des salaires et prestations chômage, 25 des revenus du patrimoine, 16 des retraites, 5 des autres revenus d’activités non salariées, 3 des prestations sociales. À ces 122 € perçus, 21 € d’impôts sont déduits.
  • Source : Insee, Filosofi 2015

Figure 3Revenus agricoles : un poids variable selon le territoireDécomposition du revenu disponible des ménages agricoles selon les territoires* de Bourgogne-Franche-Comté

  • *Territoires selon la production agricole dominante hors autres productions végétales (effectifs faibles). Voir Pour comprendre. 
  • Note de lecture : En Bourgogne-Franche-Comté, pour 122 € perçus, 37 proviennent des revenus agricoles, 36 des salaires et prestations chômage, 25 des revenus du patrimoine, 16 des retraites, 5 des autres revenus d’activités non salariées, 3 des prestations sociales. À ces 122 € perçus, 21 € d’impôts sont déduits.
  • Source : Insee, Filosofi 2015

Élevage bovins viande : faibles revenus et plus forte pauvreté

Les personnes vivant dans les ménages agricoles des territoires tournés vers la production animale (bovins, volailles, porcs, ovins…) ont un niveau de vie médian plus faible que les autres. Dans les territoires produisant plutôt de la viande bovine, le niveau de vie médian est le plus bas (16 900 € en 2015) (figure 4). Localisés surtout en Saône-et-Loire et dans la Nièvre, berceaux de la race charolaise, les exploitations agricoles sont surtout spécialisées dans l’élevage de vaches allaitantes, qui fournit des revenus faibles depuis plusieurs années. Dans ce contexte, ces territoires sont les plus touchés par la pauvreté : 26 % des personnes vivant dans les ménages agricoles sont pauvres. L’activité agricole ne fournit que 30 % de leurs revenus. Les salaires et indemnités chômage contribuent davantage à leurs ressources financières qu’ailleurs dans la région.

Dans les territoires de production de bovins lait, le niveau de vie médian des personnes vivant dans des ménages agricoles est meilleur, 3 000 € de plus par an. Le taux de pauvreté est beaucoup plus faible (15 %) et le niveau de vie médian des personnes pauvres un peu plus élevé. Les revenus agricoles contribuent plus fortement aux ressources des ménages (35 %), soutenus notamment par la production de fromages AOP renommés sur le massif jurassien. Dans le reste de la région, la production repose par contre sur du lait conventionnel, moins rémunérateur.

Figure 4Niveaux de vie meilleurs des ménages agricoles des territoires spécialisés dans la production végétaleNiveaux de vie des ménages agricoles dans les territoires* de Bourgogne-Franche-Comté

Niveaux de vie meilleurs des ménages agricoles des territoires spécialisés dans la production végétale
Niveaux de vie (en €) 1ᵉʳ quartile Médiane 3ᵉ quartile
Bovins viande 11 897 16 924 22 738
Bovins lait 14 778 19 907 26 012
Bovins mixtes 13 803 19 116 25 613
Autres productions animales 12 736 19 143 26 534
Polyculture-polyélevage 13 670 19 908 27 852
Grandes cultures 14 645 21 767 30 989
Viticulture 22 532 33 546 49 254
Bourgogne-Franche-Comté 14 254 20 495 28 927
France métropolitaine 14 284 20 558 29 675
  • *Territoires selon la production agricole dominante hors autres productions végétales (effectifs faibles). Voir Pour comprendre
  • Source : Insee, Filosofi 2015

Figure 4Niveaux de vie meilleurs des ménages agricoles des territoires spécialisés dans la production végétaleNiveaux de vie des ménages agricoles dans les territoires* de Bourgogne-Franche-Comté

  • *Territoires selon la production agricole dominante hors autres productions végétales (effectifs faibles). Voir Pour comprendre. 
  • Source : Insee, Filosofi 2015

Polyculture-polyélevage : patrimoine et salaires composent près des deux tiers des revenus

Près de 30 % des ménages agricoles vivent dans des territoires où prédominent les exploitations de polyculture-polyélevage, par ailleurs réparties dans toute la région. Le niveau de vie médian des personnes de ces ménages est proche de celui des territoires d’élevage laitier. Néanmoins, les écarts de revenus sont plus importants et la pauvreté beaucoup plus présente.

L’activité agricole pèse moins (29 %) dans les revenus. Par contre, le patrimoine, les salaires et indemnités chômage représentent 64 %. D’ailleurs, les conjoints sont davantage salariés que dans les autres types de territoires. La diversité des activités agricoles dans ces territoires peut contribuer à stabiliser les revenus qui sont néanmoins soumis aux variations à la fois des cours de la viande, du lait conventionnel et des céréales. Cela concerne tout particulièrement l’ouest de la région où les exploitants associent la culture céréalière à l’élevage bovins viande.

Ménages agricoles des territoires de grandes cultures : de fortes inégalités de revenus

Avec 21 800 euros en 2015, le niveau de vie médian des personnes vivant dans les ménages agricoles des territoires de productions céréalières (blé tendre, orge, colza, maïs, soja) est nettement supérieur à celui des ménages des territoires d’élevage.

Globalement, les revenus de ces ménages dépendent fortement de l’activité agricole (35 %) mais aussi de la détention de patrimoine (29 %), notamment de terres agricoles. Les inégalités de revenus au sein de ces ménages révèlent des disparités de rendements des cultures, meilleurs par exemple dans le nord de l’Yonne et la plaine de la Saône. Si le taux de pauvreté se situe dans la moyenne, le niveau de vie médian des personnes pauvres est très faible (7 800 € par an).

Zones viticoles : un niveau de vie médian très élevé

C’est dans les territoires viticoles que les ménages agricoles perçoivent les plus hauts revenus. Ils concentrent un tiers des revenus agricoles de la région alors qu’ils ne représentent que 12 % des ménages agricoles. La viticulture, globalement très rémunératrice, contribue pour 63 % à leurs ressources. Celles-ci s’appuient également sur les revenus des conjoints dont l’activité a souvent un lien avec le secteur agricole. Lorsqu’ils sont salariés, la moitié d’entre eux travaillent dans l’agriculture ou dans le commerce, notamment à la commercialisation des vins de l’exploitation.

Le niveau de vie médian des personnes des ménages viticoles dépasse les 33 500 euros, soit le double de celui des territoires d’élevage bovin. De plus, les 25 % les plus modestes ont un niveau de vie nettement supérieur à leurs homologues des autres espaces agricoles. Néanmoins, il y a de fortes disparités de niveau de vie, liées aux caractéristiques des vignobles et de leurs appellations. Ainsi, les revenus sont les plus élevés au sud de Dijon, où le vignoble est réputé mondialement pour ses grands crus, ainsi que dans le Chablisien. En revanche, dans le Jura et en Saône-et-Loire, où la production de vins est moins rémunératrice, le niveau de vie médian est plus faible.

Si la pauvreté est peu présente dans les ménages viticoles, elle touche principalement les zones d’appellations moins renommées.

Un patrimoine important mais souvent de lourdes dettes

Les ménages agricoles français détiennent un patrimoine important. Celui-ci s’élève à plus d’un million d’euros contre 269 000 euros en moyenne dans l’ensemble des ménages. Il est composé pour 63 % du patrimoine professionnel lié à l’acquisition de biens nécessaires à leur activité professionnelle. Même si les disparités sont fortes au sein des ménages agricoles, 90 % possèdent un patrimoine supérieur à 172 600 euros. En contrepartie, les ménages agricoles sont plus endettés : 74 % sont endettés pour un montant moyen de 150 000 euros, alors que 46 % de l’ensemble des ménages français le sont pour 72 000 euros en moyenne.

Les exploitations agricoles de Bourgogne-Franche-Comté détiennent en moyenne près de 87 000 euros de bâtiments et d’installations techniques spécifiques ainsi que plus de 92 000 euros de matériels et outillages en valeurs nettes des amortissements, soit respectivement + 25 % et + 20 % que l’ensemble des exploitations françaises. Elles sont également plus endettées, avec en moyenne 226 000 euros de dettes contre 198 000 euros au niveau national.

Rédigé par Eric Seguin et Pierre Froissart, Draaf, SRISE Bourgogne-Franche-Comté.

Sources : Insee, Enquête Patrimoine 2015 ; Draaf, Rica 2015 (Réseau d’information comptable agricole)

La bi-activité plus fréquente chez les jeunes exploitants agricoles

En Bourgogne-Franche-Comté, 12 % des agriculteurs exercent une activité salariée en complément de leur travail sur l’exploitation. La bi-activité est plus fréquente chez les moins de 30 ans (20 %) et les agricultrices (18 %). Elle est également plus répandue dans les territoires de grandes cultures où la mécanisation et la saisonnalité des activités facilitent l’exercice d’un autre emploi. Près d’un bi-actif sur deux a un emploi salarié de plus d’un mi-temps annuel. Dans les territoires d’élevage laitier, les agriculteurs, contraints par leur activité, travaillent en revanche moins souvent en dehors de leur exploitation.

Près de 20 % des bi-actifs utilisent leurs compétences agricoles ailleurs : salariés dans d’autres exploitations agricoles, ils sont souvent ouvriers agricoles. Les autres exercent plutôt dans des entreprises ou des administrations en lien également avec le monde agricole (commerce de produits alimentaires, enseignement agricole, Chambre d’agriculture…).

Pour comprendre

Cette publication analyse les conditions de vie et les revenus des ménages agricoles en fonction de leur territoire de résidence. Ces territoires ont été constitués selon l’orientation technico-économique (Otex) dominante des exploitations des communes. L’Otex d’une exploitation est définie en fonction de sa production dominante, c’est-à-dire celle qui génère au moins les deux tiers de la production brute standard de l’exploitation.

Répartition des communes en fonction de l’orientation technico-économique des exploitations agricoles

  • Source : Draaf, Recensement agricole 2010

Définitions

Les agriculteurs exploitants regroupent les personnes qui exercent à titre professionnel une activité agricole, en qualité de chef d’exploitation, d’associé d’exploitation ou d’aide familial non salarié.

Les ménages agricoles étudiés sont des ménages qui, sur leur déclaration de revenus, ont déclaré des revenus agricoles, qu’ils soient positifs ou nuls. Les revenus agricoles correspondent aux bénéfices agricoles nets de déficits. Les revenus du patrimoine du ménage regroupent principalement les revenus fonciers (loyers, fermages…), les bénéfices industriels et commerciaux non professionnels, des recettes brutes de locations meublées non professionnelles.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG, CRDS, prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine…).

Une aire urbaine est constituée d’un pôle (ensemble de communes d’un seul tenant ayant au moins 1 500 emplois), et d’une couronne (ensemble de communes dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci).

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation. Il est donc le même pour tous les individus du ménage. Le niveau de vie médian est le niveau de vie au-dessus duquel se situe la moitié de la population, l’autre moitié se situant en dessous.

Le premier quartile de niveau de vie correspond au niveau de vie en dessous duquel se situent 25 % de la population. Le troisième quartile de niveau de vie correspond au niveau de vie au-dessus duquel se situent 25 % de la population.

Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian, selon les conventions européennes. L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Elle représente l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé, plus la pauvreté est dite intense.

Pour en savoir plus

Bordet-Gaudin R., Ville H., « Davantage d’ouvriers agricoles en Bourgogne-Franche-Comté », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 79, mars 2019.

« Les ménages agricoles en Bourgogne-Franche-Comté » Dossier Agreste Bourgogne-Franche-Comté (à paraître).

« Les revenus et le patrimoine des ménages », Insee Références, édition 2018.

« Ouvrir dans un nouvel ongletLes femmes dans l’agriculture, situation au 1ᵉʳ janvier 2016 », MSA, juillet 2018.

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