Economie et Statistique / Economics and Statistics n° 499 - 2018 Productivité sectorielle du travail et compétitivité de l’économie de la Nouvelle-Calédonie

Serge Rey et Catherine Ris

Economie et Statistique / Economics and Statistics
Paru le :Paru le13/06/2018
Serge Rey et Catherine Ris
Economie et Statistique / Economics and Statistics- Juin 2018

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Question clé

Le ralentissement de la croissance économique observé ces dernières années en Nouvelle-Calédonie met en lumière l’essoufflement de son modèle de croissance extensive. Celui-ci repose depuis plusieurs décennies sur l’accumulation du travail et du capital, s’appuyant largement sur l’exploitation du nickel et son exportation tout en protégeant son marché intérieur de la concurrence internationale. Quels sont les gains de productivité de l’économie calédonienne ? Comment évolue sa compétitivité ? Quelles sont les conditions du retour à une croissance soutenue à moyen terme ?

Méthodologie

À partir de données sur l’activité économique (valeur ajoutée et quantités produites) et l’emploi salarié, des indicateurs de productivité du travail sont calculés pour les principales branches marchandes de l’économie calédonienne sur les années 1992-2014. Sont aussi calculés des indicateurs de coûts unitaires du travail (qui rapportent le taux de salaire à la productivité du travail) en se basant sur le salaire minimum garanti (SMG), et des indicateurs de compétitivité prix/coûts par rapport aux principaux partenaires.

Principaux résultats

On observe des divergences sectorielles dans les dynamiques des productivités du travail. Quatre branches ont vu la productivité du travail croître depuis les années 1990 – l’agriculture, la construction, l’industrie manufacturière (y compris industries agro-alimentaires) et le commerce – alors que le secteur du nickel, l’énergie et les transports et télécommunications, ainsi que le tourisme ont connu une baisse de leur productivité.

Pour l’ensemble de l’économie calédonienne, la productivité du travail est relativement stable, malgré une légère diminution liée aux mauvaises performances du secteur nickel.

La hausse plus rapide des salaires que de la productivité du travail se traduit par une tendance à la hausse des coûts unitaires du travail et une détérioration de la compétitivité prix/coûts de la Nouvelle-Calédonie, notamment par rapport à la France métropolitaine et au Japon.

Principaux messages

L’économie calédonienne n’a pas connu de gains de productivité du travail depuis plus de deux décennies. Après avoir été soutenue par d’importants investissements dans le secteur nickel durant les années 2000, sa croissance économique a ralenti, alors que la société reste marquée par de fortes inégalités sociales. La politique économique du gouvernement local – notamment la politique fiscale et la politique de la concurrence, ainsi qu’un accroissement des investissements dans l’éducation – a un rôle clé à jouer pour favoriser les gains de productivité nécessaires à la croissance à long terme de l’économie calédonienne.

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