Economie et Statistique / Economics and Statistics n° 499 - 2018 Croissance économique et productivité en Polynésie française : une analyse sur longue période

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Après un essor économique très rapide dans les années 1960 lié à l’installation du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), la Polynésie française a connu une décélération continue de sa croissance pendant les quatre décennies suivantes, avant de plonger dans la dépression économique en 2009. Quels sont les facteurs de la croissance en Polynésie française ? Quelle en est la contribution de la productivité globale des facteurs (PGF), qui mesure les changements technologiques ?

Après reconstitution de séries macroéconomiques longues et cohérentes pour la Polynésie française sur la période 1960-2006, une décomposition comptable de la croissance du PIB par habitant est effectuée afin d’estimer la productivité globale des facteurs de production et de la comparer à celle de la France (France métropolitaine et DOM hors Mayotte).

L’analyse des facteurs de la croissance de l’économie de la Polynésie française sur la période 1960-2006 met en évidence la contribution positive et importante de la PGF durant la période du CEP (du début des années 1960 à la fin des années 1980), et sur une courte période durant la deuxième moitié des années 1990. En revanche, la PGF a contribué négativement à la croissance sur les périodes 1988-1996 et 2001-2006.

La forte croissance de la Polynésie française durant les années 1960-1973, près de 10 % par an, correspond à une augmentation rapide du stock de capital liée à la construction de l’aéroport de Tahiti et des infrastructures du CEP, ainsi qu’à des contributions importantes de la PGF et du facteur travail.

Le décrochage de la trajectoire de la PGF en Polynésie par rapport à celle de la France apparaît nettement dès le début des années 1990. Il illustre la difficulté pour la Polynésie française de surmonter la dépendance à la France dans les années post CEP.

Le rebond de croissance durant la deuxième moitié des années 1990 correspond à une forte expansion des secteurs visant à développer les ressources propres du territoire (tourisme, pêche et perliculture).

Les résultats obtenus soulignent la faiblesse de la PGF et sa contribution négative à la croissance de l’économie de la fin des années 1980 au milieu des années 1990. Des éléments structurels propres à l’économie polynésienne et aux petites économies insulaires (petite taille, isolement géographique, accès limité aux marchés mondiaux, etc.) semblent déterminants pour expliquer cette faiblesse durable de la PGF. Les connaissances générales accumulées sur les facteurs susceptibles de jouer un rôle positif sur la PGF invitent à recommander des politiques renforçant l’ouverture internationale et la concurrence, favorables au dynamisme entrepreneurial et à l’innovation.