La consommation d’énergie dans l’industrie accélère en 2016, mais la baisse de la facture s’accentue
En 2016, la consommation brute d’énergie dans l’industrie s’élève à 36,5 millions de tonnes d’équivalent pétrole. Elle s’accroît de 2 %, après + 1 % en 2015. Ces hausses en 2015 et 2016 sont liées à celles de la production dans l’industrie manufacturière. Parallèlement, la facture énergétique continue de baisser (− 8 % en euros courants après − 6 % en 2015), principalement du fait du recul des prix du gaz, de la vapeur et des produits pétroliers. Elle s’élève à 13,1 milliards d’euros en 2016. Le gaz et l’électricité restent les énergies les plus consommées.
La consommation brute d’énergie dans l’industrie continue d’augmenter
En 2016, la consommation brute d’énergie hors carburants des secteurs de l’industrie (hormis l’artisanat commercial et l’industrie de l’énergie ; sources) s'élève à 36,5 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) et la consommation nette d’énergie à 35,5 millions de tep (figure 1). La consommation brute d’énergie augmente de 2 % (après + 1 % en 2015), atteignant son niveau le plus élevé depuis 2011. Depuis 2005, elle s’est contractée de 17 % (figure 2), avec un recul marqué en 2009 (sources). Les hausses de 2015 et 2016 suivent celles de la production dans l’industrie manufacturière.
Le secteur le plus énergivore reste l’industrie chimique et pharmaceutique (29 % de la consommation brute totale), suivi de la métallurgie et de la fabrication de produits métalliques (26 %) (figure 3). Alors que le premier consomme beaucoup de gaz, le second utilise plutôt des combustibles minéraux solides : houille, coke de houille ou lignite.
tableauFigure 1 - Évolution de la consommation d'énergie et de la facture énergétique
2005 | 2013 (ancienne série) | 2013 (nouvelle série) | 2014 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Consommation brute d'énergie (en millions de tep1) | 41,7 | 34,0 | 35,6 | 35,4 | 35,8 | 36,5 |
Consommation nette d'énergie (en millions de tep1) | 39,4 | 32,6 | 34,3 | 34,2 | 34,6 | 35,5 |
Facture énergétique2 (en milliards d'euros courants) | 12,1 | 15,1 | 15,9 | 15,2 | 14,3 | 13,1 |
- Note : la base de sondage a été élargie en 2013, entraînant une rupture de série ; les données « 2013 (ancienne série) » ont été estimées pour être comparées aux années antérieures (voir Sources). Les données à partir de 2014 sont, quant à elles, comparables à celles de « 2013 (nouvelle série) ».
- Les données 2015 ont été légèrement révisées par rapport à celles publiées en février 2017, à la suite de l'intégration d'une seconde vague d'interrogation auprès d'un échantillon complémentaire.
- 1. Tep : tonne d'équivalent pétrole.
- 2. La facture énergétique comprend les achats d'électricité, de vapeur, de gaz, de combustibles minéraux solides et de produits pétroliers et, depuis 2012, le bois acheté (96 millions d'euros en 2016).
- Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus (voir Sources).
- Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2016.
tableauFigure 2 - Évolution de la facture, des consommations et de l’IPI* depuis 2005
2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Consommation brute d'énergie | 100 | 97,6 | 96,7 | 97,0 | 83,0 | 85,5 | 82,8 | 81,8 | 81,6 | 81,0 | 81,9 | 83,5 |
Facture | 100 | 112,1 | 113,1 | 127,3 | 104,0 | 113,9 | 122,1 | 126,2 | 124,5 | 118,8 | 112,0 | 102,7 |
Facture déflatée du prix du PIB | 100 | 109,7 | 108,0 | 118,7 | 96,9 | 104,9 | 111,5 | 113,8 | 111,5 | 105,8 | 98,7 | 90,2 |
IPI* dans l'industrie manufacturière | 100 | 101,5 | 103,1 | 99,0 | 83,1 | 87,2 | 90,6 | 87,7 | 87,4 | 87,3 | 89,3 | 89,7 |
Évolution du prix du PIB | 100 | 102,2 | 104,8 | 107,3 | 107,4 | 108,5 | 109,6 | 110,8 | 111,7 | 112,3 | 113,5 | 113,9 |
- * Indice de la production industrielle, en moyenne annuelle des données mensuelles CVS-CJO.
- Note : la base de sondage de l'enquête a été élargie en 2013, entraînant une rupture des séries de consommation et de facture d'énergie. À partir de 2013, leurs évolutions par rapport à 2005 sont calculées en tenant compte de cette rupture et ne s'obtiennent pas par lecture directe de la figure 1 (voir Sources).
- Lecture : la consommation brute d'énergie mesurée à champ constant est inférieure en 2016 de 16,5 % (indice = 83,5) à celle de l’année de référence 2005 (indice = 100).
- Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus (voir Sources).
- Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2016.
graphiqueFigure 2 - Évolution de la facture, des consommations et de l’IPI* depuis 2005
tableauFigure 3 - Ventilation de la consommation d'énergie brute par grand secteur* en 2016
en millions de tep | en % | |
---|---|---|
Industrie chimique et pharmaceutique | 10,5 | 28,7 |
Métallurgie et fabrication de produits métalliques | 9,4 | 25,9 |
Industrie agroalimentaire | 5,1 | 14,0 |
Caoutchouc, plastique et minéraux non métalliques | 4,6 | 12,6 |
Bois, papier et imprimerie | 4,0 | 10,9 |
Équipements électriques, électroniques, informatiques, machines, matériel de transport | 2,0 | 5,5 |
Autres industries | 0,9 | 2,4 |
Total | 37,0 | 100,0 |
- * Les grands secteurs correspondent à des regroupements de divisions de NAF rév. 2.
- Note : la consommation d'énergie inclut celle où l'énergie est utilisée en tant que matière première.
- Lecture : l’industrie chimique et pharmaceutique représente 28,7 % de la consommation d’énergie brute, soit 10,5 millions de tonnes d'équivalent pétrole.
- Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus (voir Sources).
- Source : Insee, enquête annuelle sur les consommations d'énergie dans l'industrie, 2016.
graphiqueFigure 3 - Ventilation de la consommation d'énergie brute par grand secteur* en 2016
Pour la quatrième année consécutive, la facture énergétique baisse
En 2016, la facture énergétique diminue de 8 %, confirmant le recul entamé en 2013, après une croissance de 22 % entre 2009 et 2012. En effet, les prix de la plupart des énergies continuent de baisser (figure 4). Celui du gaz diminue de 14 % en 2016, s’établissant à 24 euros le MWh (soit 318 euros par tep). Le prix de la vapeur fléchit depuis 2013 pour s’établir en 2016 à 22 euros la tonne (soit 300 euros par tep), en repli de 11 % par rapport à 2015. En lien avec la baisse du prix du Brent, le prix moyen des produits pétroliers recule de 10 % après une chute de 28 % en 2015 ; il atteint 317 euros par tep en 2016, alors qu’il s’élevait à 582 euros par tep au point haut de 2012. Les prix des combustibles minéraux solides diminuent de 3 % en 2016. Par exemple, le prix de la houille est redescendu à 111 euros la tonne contre 180 euros en 2011 (soit respectivement 179 et 291 euros par tep) ; la houille représente plus de 90 % des quantités de combustibles minéraux solides achetées. Le prix de l’électricité diminue plus rapidement en 2016 qu’en 2015 (− 8 % après − 1 %), après une période de hausse. À 60 euros le MWh (soit 702 euros par tep), il reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne.
tableauFigure 4 - Évolution des prix des énergies depuis 2005
2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Électricité | 100 | 112,3 | 111,2 | 117,6 | 124,2 | 126,4 | 134,8 | 137,7 | 143,6 | 146,0 | 144,5 | 133,0 |
Gaz | 100 | 125,1 | 130,0 | 155,1 | 138,0 | 131,3 | 139,2 | 150,7 | 158,1 | 146,2 | 138,6 | 119,3 |
Combustibles minéraux solides | 100 | 94,8 | 93,2 | 106,7 | 102,6 | 142,9 | 181,8 | 164,6 | 125,7 | 113,5 | 108,9 | 106,1 |
Vapeur | 100 | 121,7 | 121,1 | 156,7 | 130,0 | 129,4 | 147,2 | 161,1 | 158,3 | 150,0 | 135,0 | 120,0 |
Produits pétroliers | 100 | 116,9 | 125,3 | 157,9 | 119,3 | 151,7 | 187,9 | 208,6 | 188,1 | 174,8 | 126,1 | 113,6 |
- Lecture : par rapport à l’année de référence 2005 (indice = 100), le niveau de prix des produits pétroliers est supérieur de 13,6 % en 2016 (indice = 113,6).
- Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus (voir Sources).
- Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2016.
graphiqueFigure 4 - Évolution des prix des énergies depuis 2005
Le gaz et l’électricité restent les énergies les plus consommées, à parts égales
Depuis 2005, hors usage en tant que matière première, le gaz et l’électricité restent les deux énergies les plus consommées, à parts quasi égales ; elles représentent à elles deux 68 % de la consommation d’énergie totale (figure 5). Leurs parts respectives restent stables en 2016 par rapport à 2015.
La part des combustibles minéraux solides diminue légèrement en 2016, s’établissant à 7 %. Celle des achats de vapeur se maintient à 6 % (hors usage en tant que matière première) et celle des achats de produits pétroliers à 5 %. Enfin, la part des autres énergies (bois, liqueur noire, autres produits pétroliers, autres combustibles renouvelables ou non) augmente pour atteindre 13 %.
Parallèlement, l’industrie produit elle-même de l’électricité ; en 2016, cette autoproduction représente 5 000 GWh, soit 4 % de la consommation totale d’électricité, contre 5 % en 2015. Les deux tiers de cette autoproduction sont consommés sur place, le reste étant revendu au réseau. Cette autoproduction est très majoritairement d’origine thermique (91 %) ; les 9 % restants sont d’origine hydraulique, photovoltaïque ou éolienne.
Si tous les établissements consomment de l’électricité, le recours aux autres énergies est variable : 56 % consomment aussi du gaz, 38 % des produits pétroliers, tandis que chacune des autres énergies n’est consommée que par moins de 2 % des établissements.
tableauFigure 5 - Part des grandes familles d'énergies dans la consommation en volume, hors usage en tant que matières premières
2005 | 2010 | 2015 | 2016 | |
---|---|---|---|---|
Électricité | 33,8 | 34,2 | 34,4 | 34,4 |
Gaz | 34,4 | 34,7 | 33,9 | 33,9 |
Combustibles minéraux solides | 4,7 | 5,2 | 7,9 | 7,3 |
Vapeur | 6,1 | 6,1 | 6,1 | 6,0 |
Produits pétroliers | 10,2 | 7,8 | 5,5 | 5,4 |
Autres énergies* | 10,8 | 12,0 | 12,2 | 13,0 |
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- * Les autres énergies incluent le bois, les autres produits pétroliers, la liqueur noire et les autres combustibles renouvelables ou non.
- Champ : France, industrie hors artisanat commercial et industrie de l'énergie, y compris récupération ; établissements de 20 salariés ou plus (voir Sources).
- Sources : Insee, SSP, enquêtes annuelles sur les consommations d'énergie dans l'industrie 2005 à 2016.
graphiqueFigure 5 - Part des grandes familles d'énergies dans la consommation en volume, hors usage en tant que matières premières
Sources
Ces données sont issues de l'enquête annuelle sur les consommations d'énergie dans l’industrie (EACEI).
L'Insee a changé de base de sondage en 2013. Afin de permettre des comparaisons avec les années précédentes, les séries de consommations brutes et nettes et celle sur la facturation d’énergie ont été estimées pour l’année 2013 (« 2013 (ancienne série) ») en corrigeant l’effet dû au changement de base. Les données à partir de 2014 sont, quant à elles, comparables à celles de la nouvelle série démarrée en 2013 (« 2013 (nouvelle série) »). Les données 2015 ont été légèrement révisées par rapport à celles publiées en février 2017, à la suite de l'intégration d'une seconde vague d'interrogation auprès d'un échantillon complémentaire.
Définitions
La consommation brute d’énergie est obtenue en sommant les consommations en combustibles et en électricité, ainsi que les achats de vapeur.
La tonne d'équivalent pétrole (tep) représente la quantité d'énergie contenue dans une tonne de pétrole brut, soit 41,868 gigajoules. Cette unité est utilisée pour exprimer dans une unité commune la valeur énergétique des diverses sources d'énergie. Selon les conventions internationales, une tonne d'équivalent pétrole équivaut par exemple à 1 616 kg de houille, 1 069 m³ de gaz d'Algérie ou 954 kg d'essence moteur. Pour l'électricité, 1 tep vaut 11,6 MWh.
La consommation nette d’énergie est égale à la consommation brute diminuée des quantités de combustibles ayant servi à produire de l'électricité et diminuée de la quantité de vapeur vendue par des établissements industriels.
Le Brent est un pétrole assez léger, issu d'un mélange de la production de 19 champs de pétrole situés en mer du Nord. Il est coté à Londres. Malgré une production limitée, la cotation du Brent (avec le West Texas Intermediate- WTI) sert de prix de référence au niveau mondial.
La liqueur noire est un sous-produit du bois utilisé dans l’industrie de la pâte à papier.
Pour en savoir plus
Bahu M., « La consommation d’énergie dans l’industrie croît légèrement en 2015, mais la facture continue de diminuer », Insee Focus n° 76, février 2017.
« Les consommations d’énergie dans l’industrie en 2015 », Insee Résultats, octobre 2017.
« Ouvrir dans un nouvel ongletPrix de l’électricité en France et dans l’Union européenne en 2016 », Datalab essentiel n° 132, janvier 2018.
« Ouvrir dans un nouvel ongletPrix du gaz en France et dans l’Union européenne en 2016 », Datalab essentiel n° 133, janvier 2018.
Des données complémentaires sont disponibles dans le fichier « données complémentaires » joint à cette publication en haut de page.