Insee FocusEn 2016, l'emploi progresse dans toutes les régions

Grégory Verriest, division Synthèse et conjoncture du marché du travail, Insee
Guylène Tandeau de Marsac, mission Estimations d'emploi localisées, Insee

En France, l'emploi accélère de nouveau nettement entre fin 2015 et fin 2016 : + 252 000 personnes, après + 124 000 l'année précédente. Ce dynamisme provient de l'emploi salarié, en particulier dans les services aux entreprises. En revanche, l'emploi non salarié continue de reculer, excepté dans le tertiaire non marchand où il progresse. En 2016, pour la première fois depuis 2006, l'emploi augmente dans toutes les régions. C'est en Occitanie et dans les Pays de la Loire qu'il est le plus dynamique.

Insee Focus
No 102
Paru le :Paru le04/12/2017
Grégory Verriest, division Synthèse et conjoncture du marché du travail, Insee
Guylène Tandeau de Marsac, mission Estimations d'emploi localisées, Insee
Insee Focus No 102- Décembre 2017

L'emploi accélère de nouveau nettement en 2016

Fin 2016, en France, selon les estimations annuelles provisoires d'emploi, 27,6 millions de personnes occupent un emploi, salarié ou non. Après une reprise déjà conséquente en 2015 (+ 124 000 personnes), l'emploi augmente davantage encore (+ 252 000, soit + 0,9 % ; figure 1). Cette hausse intervient dans un contexte de croissance encore modérée de l'activité (hausse du produit intérieur brut de 1,1 %, après + 1,0 % en 2015), mais qui continue de s'enrichir en emplois, notamment grâce à plusieurs mesures : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), les dispositifs d'allégement du coût du travail du Pacte de responsabilité et de solidarité (PRS), la prime à l’embauche pour les petites et moyennes entreprises (PME) dans le cadre du plan d’urgence pour l’emploi.

La hausse globale de l’emploi provient de l’emploi salarié. Celui-ci s'accroît de 258 000 personnes (+ 1,1 %), dépassant pour la première fois son niveau d'avant-crise : 24,8 millions de personnes, contre 24,6 millions fin 2007. En revanche, l'emploi non salarié, qui représente un peu plus d'un emploi sur dix, diminue légèrement pour la troisième année consécutive (– 6 000 en 2016, soit – 0,2 %). Entre 2009 et 2013, il avait été particulièrement dynamique (de l'ordre de + 100 000 par an), du fait notamment de la création du dispositif des auto-entrepreneurs.

Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2005 et 2016

Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2005 et 2016 ( ) - Lecture : en 2016, l'emploi salarié a progressé de 258 000 personnes alors que l'emploi non salarié a diminué de 6 000 personnes. Au total, l'emploi a augmenté en France de 252 000 personnes.
Variation en nombre d'emplois Salarié Non salarié Ensemble
2005-2006 310 954 22 456 333 410
2006-2007 345 327 21 941 367 268
2007-2008 -161 350 16 017 -145 333
2008-2009 -228 862 13 065 -215 797
2009-2010 51 604 118 593 170 197
2010-2011 66 414 76 502 142 916
2011-2012 -70 110 100 506 30 396
2012-2013 78 118 110 648 188 766
2013-2014 11 803 -5 840 5 963
2014-2015 133 462 -9 285 124 177
2015-2016 257 897 -6 080 251 817
  • Lecture : en 2016, l'emploi salarié a progressé de 258 000 personnes alors que l'emploi non salarié a diminué de 6 000 personnes. Au total, l'emploi a augmenté en France de 252 000 personnes.
  • Champ : Emploi salarié et non salarié en France hors Mayotte.
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

Figure 1 - Évolution de l'emploi en France entre 2005 et 2016

  • Lecture : en 2016, l'emploi salarié a progressé de 258 000 personnes alors que l'emploi non salarié a diminué de 6 000 personnes. Au total, l'emploi a augmenté en France de 252 000 personnes.
  • Champ : emploi salarié et non salarié en France hors Mayotte.
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

L'emploi salarié des services aux entreprises croît fortement

En 2016, la progression de l'emploi provient essentiellement du tertiaire marchand (+ 247 000 personnes, soit + 1,9 % ; figure 2). La hausse de l'emploi salarié dans ce secteur en 2015 (+ 1,5 %), déjà la plus élevée depuis la crise économique de 2008-2009, est dépassée en 2016 (+ 2,1 %). En particulier, l'emploi salarié augmente fortement dans les (+ 162 000, soit + 5,2 %), dopé par l'emploi intérimaire (+ 82 000). Les secteurs du commerce, des transports et des activités immobilières confirment la reprise amorcée en 2015.

De manière plus modérée, les effectifs du secteur tertiaire non marchand continuent de croître (+ 0,7 % en 2016, après + 0,6 % en 2015). C'est le seul secteur dans lequel les emplois non salariés augmentent (+ 3,2 % en 2016), alors qu'ils stagnent ou déclinent dans les autres secteurs depuis 2014.

Enfin, l'emploi continue de reculer dans la construction (– 1,3 %), l'agriculture (– 1,1 %) et l'industrie (– 0,8 %). Contrairement à la construction, l'agriculture et l'industrie perdaient déjà des emplois avant la crise de 2008-2009.

Figure 2 - Évolution de l'emploi par secteur d'activité en France (emploi salarié et non salarié)

Figure 2 - Évolution de l'emploi par secteur d'activité en France (emploi salarié et non salarié) ( ) -
Agriculture, sylviculture, pêche Industrie Construction Tertiaire marchand Tertiaire non marchand Agriculture, sylviculture, pêche Industrie Construction Tertiaire marchand Tertiaire non marchand
2000 819988 4194641 1473789 11260270 7355527
2001 805516 4187067 1507391 11484224 7392475
2002 788163 4104575 1511234 11613205 7526152
2003 774963 4004674 1522671 11643637 7556823
2004 770068 3913432 1553100 11765310 7622704
2005 747280 3827677 1615326 11919751 7705296
2006 726047 3772350 1692551 12123699 7813307
2007 696513 3725298 1764719 12405431 7891507
2008 680894 3649754 1776066 12299963 7931082
2009 667811 3482387 1737263 12237165 8002126
2010 656959 3401907 1735474 12470968 8019992
2011 656826 3387255 1734818 12618105 8028087 666379 3427353 1770354 12862728 8258669
2012 665042 3410230 1766965 12852472 8321170
2013 667705 3378076 1753347 12952349 8453168
2014 657487 3344585 1701288 12985024 8522224
2015 651538 3306691 1659970 13143850 8572736
2016 644447 3281290 1638568 13390422 8631875
  • Champ : emploi salarié et non salarié ; France métropolitaine jusqu'en 2011 (courbes en pointillés) ; France hors Mayotte à partir de 2011 (courbes pleines).
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

Figure 2 - Évolution de l'emploi par secteur d'activité en France (emploi salarié et non salarié)

  • Champ : emploi salarié et non salarié ; France métropolitaine jusqu'en 2011 (courbes en pointillés) ; France hors Mayotte à partir de 2011 (courbes pleines).
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

L'emploi progresse dans toutes les régions

En 2016, et pour la première fois depuis 2006, l'emploi augmente dans toutes les régions de France (figure 3). Il progresse le plus fortement en Occitanie (+ 1,6 %) et dans les Pays de la Loire (+ 1,5 %). Ces deux régions bénéficient d'une croissance particulièrement soutenue de l'emploi dans le secteur tertiaire. La hausse est plus modeste mais supérieure à la moyenne nationale en Corse, en Île-de-France et à La Réunion. En Corse, l'emploi non salarié, qui représente 15 % de l'emploi total (soit 5 points de plus qu'au niveau national), est particulièrement dynamique en 2016.

Inversement, l'emploi augmente modérément, moins qu'en moyenne nationale, en Normandie et dans le quart nord-est de l'Hexagone (Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Hauts-de-France), ainsi qu'en Guadeloupe, Martinique et Guyane. Dans ces sept régions, la baisse dans la construction est plus forte qu'en moyenne nationale. Excepté dans les Hauts-de-France, l'emploi progresse particulièrement peu, voire diminue, dans le tertiaire non marchand. L'industrie, qui continue de décliner, est très présente dans les quatre régions métropolitaines. En outre, dans les trois départements d'outre-mer, la baisse de l'emploi non salarié est très marquée.

Enfin, dans les autres régions (Centre-Val-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur), l'emploi croît à un rythme proche de la moyenne nationale. Comme ailleurs, il est dynamisé par le tertiaire marchand, excepté en Provence-Alpes-Côte d'Azur : dans cette région, la hausse de l'emploi dans ce secteur, plus lente qu'en moyenne nationale, est compensée par un recul moins prononcé des effectifs dans la construction et dans l'industrie.

Figure 3 - Évolution de l'emploi par région en 2016

Figure 3 - Évolution de l'emploi par région en 2016 ( ) -
Régions en %
Normandie 0,2
Guadeloupe 0,3
Bourgogne-Franche-Comté 0,3
Grand Est 0,4
Martinique 0,4
Hauts-de-France 0,6
Guyane 0,6
Centre-Val de Loire 0,8
Provence-Alpes-Côte d'Azur 0,9
France entière 0,9
Auvergne-Rhône-Alpes 0,9
Nouvelle-Aquitaine 1,0
Bretagne 1,0
La Réunion 1,1
Île-de-France 1,1
Corse 1,2
Pays de la Loire 1,5
Occitanie 1,6
  • Champ : emploi salarié et non-salarié.
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

Figure 3 - Évolution de l'emploi par région en 2016

  • Champ : emploi salarié et non-salarié.
  • Source : Insee, estimations d'emploi.

Sources

Les données sont issues du dispositif des estimations d'emploi localisées, qui réalise une synthèse de plusieurs sources d'origine administrative. Ce dispositif permet de mesurer tout emploi déclaré dans les données administratives durant la dernière semaine de décembre. Le dispositif couvre l’ensemble de la France, hors Mayotte. Les évolutions d'emploi présentées ici correspondent à des glissements annuels de fin d'année.

Dans les estimations annuelles d'emploi, les secteurs d'activité sont définis en fonction de l'activité principale des établissements en fin d'année.

Définitions

Le secteur des services aux entreprises comprend les activités spécialisées scientifiques et techniques et les activités de services administratifs et de soutien (y compris l'intérim).

Estimations d'emploi localisées / ESTEL / Estel :

A partir de 2009, les estimations d'emploi annuelles sont calculées à partir du dispositif Estel (Estimations d'emploi localisées), qui se fondent sur l'utilisation des sources administratives en niveau.

Pour les salariés, il s'agit des Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS « grand format ») contenant, en plus des DADS stricto sensu, les données du fichier de paye des agents de l'État et celles des particuliers employeurs).

Pour les non salariés agricoles, les sources mobilisées sont les fichiers de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et pour les non salariés non agricoles, les fichiers de l'Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS) qui est la Caisse Nationale des Unions de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales (URSSAF).

Le concept central d'Estel est une synthèse ascendante des sources administratives utilisées avec prise en compte de la multi-activité. Estel mesure l'emploi selon un concept « BIT répertorié » : l'emploi est mesuré sur la dernière semaine de l'année et tout emploi déclaré est comptabilisé.

Le passage à Estel permet la production des estimations d'emploi annuelles à un niveau géographique et sectoriel plus fin que l'ancien système (celui de la zone d'emploi croisée avec le niveau A38 de la nouvelle nomenclature d'activités au lieu du niveau départemental) ; de plus on disposera chaque année de la double localisation au lieu de résidence et au lieu de travail pour les salariés et d'informations sur le sexe et la tranche d'âge quinquennale des travailleurs salariés et non salariés.

Glissement et moyenne :

Une évolution en glissement compare la valeur d'une grandeur à deux dates, séparées en général d'un an ou d'un trimestre.

Par exemple, le glissement annuel d'une variable à un trimestre T donné correspond au taux d'évolution (en %) obtenu en rapportant le niveau de la variable en T à son niveau au même trimestre de l'année précédente (T-4). Le glissement trimestriel est obtenu en rapportant le niveau de la variable en T à son niveau au trimestre précédent (T-1).

Lorsque la variable est mensuelle, le glissement annuel rapporte le niveau atteint un mois donné à celui du même mois, un an auparavant (par exemple décembre N par rapport à décembre N-1). En revanche, une évolution en moyenne annuelle compare la moyenne d'une année à la moyenne de l'année précédente.

Ainsi une phrase telle que « En 2006, l'emploi salarié a augmenté de... »peut avoir deux significations : selon que l'on se réfère à la moyenne de l'emploi salarié au cours de l'année 2006 par rapport à la moyenne de 2005, ou bien qu'on compare, en glissement, la situation au 31 décembre 2006 par rapport au 31 décembre 2005.

Ces deux évolutions peuvent être très différentes. Par exemple, si l'année N-1 est fortement croissante et l'année N faiblement décroissante, alors l'évolution en moyenne annuelle peut être positive alors que l'évolution en glissement est négative.

La notion de glissement s'applique en général à des grandeurs qui ont la dimension d'un stock, mesurable à un instant donné, alors que l'évolution en moyenne est plus pertinente pour des grandeurs qui ont la dimension d'un flux (exemple : le nombre d'heures travaillées au cours d'une période).

Pour en savoir plus

« Estimations d'emploi en 2016 », Insee Résultats, décembre 2017.

« Emploi, chômage, revenus du travail », Insee Références, édition 2017, juillet 2017.

Dorothée O. et Verriest G. « Des créations d'emploi plus soutenues en Occitanie et dans les DOM en 2015 », Insee Focus n° 69, décembre 2016.

« La France et ses territoires », Insee Références, édition 2015, avril 2015.

Bessone A.-J. et al. « Emploi et chômage dans les nouvelles régions depuis la crise », Insee Focus n° 40, novembre 2015.