Y a-t-il eu polarisation de l’emploi salarié en France entre 1988 et 2014 ?
Une analyse selon les catégories socioprofessionnelles et le contenu de l’emploi
en tâches
De 1988 à 2014, en France, la composition de l’emploi salarié en matière de catégories socioprofessionnelles a évolué. Hors salariés des particuliers-employeurs, la part des catégories qui étaient les mieux rémunérées en 1988 a progressé fortement, au détriment des catégories aux rémunérations intermédiaires et faibles. Cette situation diffère du phénomène de forte polarisation aux deux extrémités de la distribution observé dans d’autres pays, en particulier aux États-Unis.
Cette évolution de la composition de l’emploi salarié en France aurait dû accroître les inégalités salariales. Or, celles-ci sont restées stables au cours de la période, en raison notamment du changement des caractéristiques de l’offre de travail. Avec la démocratisation scolaire, le niveau de diplôme des salariés s’est élevé. L’offre de travail qualifié a fortement augmenté au cours de la période, ce qui a pu conduire à un moindre accès, pour certains niveaux de diplôme, aux professions les mieux rémunérées, et à une baisse relative du prix du travail qualifié.
La demande de travail a elle aussi évolué, en particulier sous l’effet du progrès technique et de l’automatisation. Les catégories socioprofessionnelles qui effectuaient le plus de tâches routinières sont celles dont les effectifs se sont le plus réduits.