Insee Flash Nouvelle-AquitaineUn quart des Britanniques vivant en France sont néo-aquitains

Christian Tchiveindhais, Insee

En 2014, 39 000 Britanniques habitent dans la région. Souvent propriétaires de leur logement, ils sont majoritairement inactifs, la moitié d’entre eux sont retraités. Arrivés nombreux durant la première décennie du 21e siècle, ils sont installés depuis 10 ans en moyenne. La présence britannique s’observe également dans l’affluence touristique et les emplois localisés dans la région.

Insee Flash Nouvelle-Aquitaine
No 28
Paru le :Paru le28/09/2017
Christian Tchiveindhais, Insee
Insee Flash Nouvelle-Aquitaine No 28- Septembre 2017

Les liens unissant le Royaume-Uni et la Nouvelle-Aquitaine sont historiques et étroits. À l’heure où les négociations sur le Brexit s’accélèrent, les interrogations sur l’intensité de ces liens sont nombreuses. L'influence britannique sur l'économie de la région peut en partie se mesurer à travers la population britannique, résidents permanents et touristes, mais également par l'implantation d'entreprises dont le centre de décision est au Royaume-Uni.

Vivre en Nouvelle-Aquitaine, le choix de 39 000 Britanniques

En 2014, 39 000 habitants de Nouvelle-Aquitaine sont de nationalité britannique, soit 0,7 % de la population régionale. Ils constituent, après les Portugais, la deuxième nationalité étrangère la plus représentée. La Nouvelle-Aquitaine est la première région française d’accueil des résidents britanniques ; 26 % d’entre eux y ont élu domicile. Viennent ensuite l’Occitanie (17 %) et l’Île-de-France (13 %). La France accueille 150 000 résidents britanniques, soit 1,5 fois plus que l’Allemagne, mais 2 fois moins que l’Espagne.

Dans la région, les Britanniques semblent peu attirés par le littoral. Ils se concentrent plutôt dans des espaces à dominante rurale, aux frontières des départements qu’ils contribuent à dynamiser (figure 1). Ils constituent souvent plus de 15 % de la population dans des communes marquées par des problématiques de désertification ou de difficultés sociales.

Figure 1Les Britanniques plus nombreux dans les communes de Charente et de DordogneNombre et part de Britanniques par commune de Nouvelle-Aquitaine

  • Source : Insee, Recensement de la population 2014 exploitation principale

Une population essentiellement constituée de seniors, propriétaires de leur logement

Les Britanniques de la région ont en moyenne 52 ans, la moitié d’entre eux sont âgés de plus de 58 ans, et le plus fréquemment de 65 ans. Ces résidents constituent 21 300 ménages, dont les trois quarts sont composés uniquement de membres britanniques. La majorité des résidents (88 %) loge chez un propriétaire-occupant britannique.

Comparativement à la population régionale, les Britanniques sont majoritairement à la retraite. Toutes situations confondues, 70 % de ces résidents sont inactifs (figure 2).

Figure 2La moitié des Britanniques de Nouvelle-Aquitaine sont à la retraiteRépartition de la population de nationalité britannique en Nouvelle-Aquitaine par type d’activité

La moitié des Britanniques de Nouvelle-Aquitaine sont à la retraite
Nombre En %
Actifs ayant un emploi 10 200 26,1
Chômeurs 1 500 3,8
Retraités ou préretraités 18 600 47,6
Élèves, étudiants, stagiaires 1 900 4,9
Moins de 14 ans 3 400 8,7
Femmes ou hommes au foyer 2 000 5,1
Autres inactifs 1 500 3,8
Total 39 100 100,0
  • Note : les pourcentages de ce tableau sont calculés à partir des données arrondies.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2014 exploitation principale

Parmi les Britanniques en emploi, 37 % sont des entrepreneurs, 18 % exercent une profession intermédiaire et 16 % sont employés. La moitié de ceux qui travaillent exercent dans le commerce, le transport et les services divers.

Les retraités, moteur de l’immigration britannique de 1999 à 2008

En France, la Nouvelle-Aquitaine se distingue par le taux le plus important de Britanniques retraités, suivie de la Bretagne et la Normandie. Le profil des Britanniques néo-aquitains, proche de celui de l’Occitanie limitrophe, traduit une présence résidentielle d’agrément. À l’inverse, dans les Hauts-de-France, région la plus proche du Royaume-Uni, cette présence résulte davantage des migrations professionnelles ; la part d’actifs ayant un emploi est nettement supérieure (figure 3).

Figure 3En Nouvelle-Aquitaine, deux fois plus de retraités que d’actifs ayant un emploiPart de retraités et d’actifs ayant un emploi parmi les Britanniques

en %
En Nouvelle-Aquitaine, deux fois plus de retraités que d’actifs ayant un emploi (en %)
Retraités Actifs ayant un emploi
Nouvelle-Aquitaine 47,8 26,1
Hauts-de-France 23,0 43,1
Occitanie 41,8 31,1
France métropolitaine 34,7 36,7
  • Source : Insee, Recensement de la population 2014 exploitation principale

Figure 3En Nouvelle-Aquitaine, deux fois plus de retraités que d’actifs ayant un emploiPart de retraités et d’actifs ayant un emploi parmi les Britanniques

  • Source : Insee, Recensement de la population 2014 exploitation principale

En 1968, 840 Britanniques résidaient en Nouvelle-Aquitaine, soit deux Britanniques pour dix mille habitants de la région. En progression plus rapide que le reste de la population régionale, les installations de Britanniques s’intensifient dès 1999. La région attire une population de plus en plus âgée, qui s’installe pour la retraite. À partir de 2008, le rythme de croissance de la population britannique ralentit et rejoint celui de l’ensemble de la population en Nouvelle-Aquitaine. En 2014, les Britanniques sont 50 fois plus nombreux qu’en 1968. Ils sont présents en Nouvelle-Aquitaine depuis dix ans en moyenne.

Des touristes et des emplois dans l’économie locale

La fréquentation touristique de nos voisins d’outre-Manche contribue largement à l’activité des hébergements de la région. Depuis 2010, les Britanniques occupent la première place des clientèles étrangères dans les hôtels et la troisième dans les campings derrière les Néerlandais et les Allemands. En 2016, le classement par nationalités est identique aux niveaux régional et national.

La clientèle britannique réalise 545 000 nuitées hôtelières en 2016. Elle privilégie les établissements classés 3 étoiles ou plus qui accueillent ainsi 73 % de ces nuitées. Les départements les plus visités par ces touristes sont la Gironde (29 % des nuitées), les Pyrénées-Atlantiques (19 %) et la Charente-Maritime (17 %).

La présence britannique s’apprécie aussi via l’implantation d’entreprises. Dans la région, les entreprises sous contrôle étranger dépendant de centres de décisions situés en Union européenne emploient 56 000 personnes. Proche du niveau national, un cinquième de ces emplois s’exerce dans des entreprises dont la tête de groupe est au Royaume-Uni. La quasi-totalité relève d’entreprises de taille intermédiaire (52 % des emplois) et de grandes entreprises (44 %). La moitié de ces salariés travaille dans le commerce de gros et de détail, les transports, l’hébergement ou la restauration.

Pour en savoir plus

Huart H., « L’immigration récente en Aquitaine est teintée d’accent britannique », Insee Aquitaine e-publications n° 17, octobre 2012.

Pradines N., « En Poitou-Charentes, un immigré sur quatre est originaire du Royaume-Uni », Insee e.décim@l n° 024, octobre 2012.