La coordination des politiques budgétaires dans une union monétaire au taux plancher zéro

Jocelyn BOUSSARD et Benoît CAMPAGNE

Documents de travail
No G2017/05
Paru le :Paru le19/09/2017
Jocelyn BOUSSARD et Benoît CAMPAGNE
Documents de travail No G2017/05- Septembre 2017

Suite à la Grande Récession, les gouvernements de la zone Euro furent confrontés à des environnements économiques dégradés : de forts ratios de dette publique, des PIB en-deçà de leur tendance pré-crise et la possibilité d’une politique monétaire limitée par la contrainte de positivité des taux d’intérêt (Zero-Lower-Bound, ou ZLB). L’objectif de cette étude est d’évaluer dans quelle mesure les effets d’une politique budgétaire dans une région de la zone Euro affectent le reste de l’union monétaire, pourquoi ce phénomène est plus important en ZLB, et comment ce fait affecte les comportements des gouvernements à travers leurs interactions stratégiques.

À partir du modèle Mélèze, modèle DSGE budgétaire à deux zones développé au sein de l’Insee, et en estimant les chocs structurels sur la période 2004-2015, il est possible de répliquer les conditions où, en l’absence de chocs additionnels, la zone Euro aurait été contrainte par la ZLB de 2013 à 2015. En simulant les effets de divers chocs budgétaires, nous montrons que les externalités de la politique budgétaire d’une zone sur l’autre sont substantiellement plus importantes en l’absence de réponse de la politique monétaire. Elles croissent avec l’ampleur de la consolidation budgétaire, et peuvent atteindre un sixième de l’effet domestique dans le cas de mesure de réduction de la dépense, voire la moitié de l’effet domestique dans le cas de hausses de TVA.

En absence de ZLB, la zone dans son ensemble bénéficie de la coordination budgétaire dans la mesure où une expansion dans une région nuit au reste de l’union, en raison de la réponse de la politique monétaire. La coordination tend ainsi à limiter les mesures expansionnistes, même en l’absence de considérations dynamiques telles que la crédibilité de la politique monétaire. En ZLB, les objectifs nationaux sont plus alignés, et la politique coordonnée optimale est plus expansionniste. Enfin, la coordination encourage des politiques budgétaires symétriques plutôt qu’asymétriques.
(document en anglais)