Données de caisses et ajustements qualité
L’Insee a lancé en 2010 une expérimentation visant à intégrer les données de caisses dans le calcul de l’IPC français. Débutée en 2010 avec un nombre limité de groupe de la Grande distribution, l’expérience a désormais atteint une échelle significative avec la transmission quotidienne de données couvrant 30 % du marché. Cette expérimentation donne l’occasion d’examiner les différentes méthodes d’ajustement de la qualité utilisées dans l’IPC français.
Techniquement, l’Insee a choisi d’intégrer les données de caisse dans l’IPC comme un lot de données additionnelles, sans modifier les concepts de l’indice : l’échantillon est sélectionné annuellement dans l’univers des produits avec une taille conforme aux objectifs de précisions requis. Un calcul en deux étapes est réalisé : la première étape consiste à calculer des micro-indices qui tiennent compte, à cette échelle, de l’existence de substitutions entre produits ; puis la deuxième étape est une agrégation de Laspeyres des micro-indices précédents.
Dans ce schéma, le produit élémentaire est suivi jusqu’à ce qu’il disparaisse. Il est alors remplacé par un nouveau produit couvrant le même besoin, modulo un ajustement qualité.
Ce papier traite des ajustements qualité appliqués dans les données de caisses. Au-delà des prix et des quantités associés aux codes-barres, magasins et jours, l’Insee achète une base de données contenant la description technique des produits. Cette information permet de choisir un produit remplaçant en se fondant sur la proximité entre produits, eu égard à leurs caractéristiques. Cela permet aussi d’estimer, de manière objective, l’impact des différences de caractéristiques sur les prix des produits (effet qualité).
Nous comparons, sur 13 familles de produits (alimentation et produits manufacturés), les résultats obtenus à partir de différentes méthodes d’ajustement qualité et discutons les avantages et inconvénients de chacune, par rapport aux différences que nous obtenons sur les mesures d’inflation. Les résultats obtenus sur les yaourts, barres de chocolat, fromage à pâte molle, papier toilette, jus de fruit montrent que l’ajustement qualité est nécessaire dans la mesure où l’inflation mesurée en tenant compte des effets qualité diffère significativement de celle mesurée en les ignorant. En revanche, l’inflation mesurée est neutre au choix de la méthode de calcul des effets qualité.
Nous montrons aussi qu’il existe des écarts significatifs dans l’estimation des effets qualité entre les différentes méthodes examinées ici. Ces écarts sont sans conséquence sur l’inflation déterminée, au niveau de précision, moyen, recherché dans ce papier. Si les exigences de précision devaient être renforcées, les différences systématiques entre méthodes pourraient alors devenir problématiques, y compris pour les produits d’alimentation traités dans ce papier. (Document en anglais)