Fréquentation touristique de l'été 2016 : Les deux tiers du repli national imputables à l’Ile-de-France
Au cours de la saison d’été, la fréquentation touristique a sensiblement diminué en Ile-de-France. La part francilienne de la fréquentation nationale, déjà traditionnellement moins élevée pendant la saison d’été, l’est encore moins cette année (12,5 %). Cette baisse est principalement due à la désaffection de la clientèle étrangère. Tous les départements et types d’hébergement en pâtissent.
Les attentats de novembre 2015 en Ile-de-France ont rendu la région moins attractive pour les touristes, notamment au cours des quatre premiers mois de cette année : 1,8 million de nuitées en moins (soit une baisse de 8,1 % par rapport à l’année dernière sur la même période). La fréquentation touristique n’a ensuite cessé de se dégrader au cours de la saison d’été 2016 (Source et définitions), même si les répercussions de l’attentat du 14 juillet à Nice sont difficiles à mesurer en Ile-de-France, contrairement à Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’impact sur la fréquentation touristique de l’Euro de football en France avec une douzaine de matches dans la région entre le 10 juin et le 10 juillet 2016, est lui aussi difficile à appréhender.
Fréquentation estivale francilienne en berne
Les hébergements collectifs touristiques ont enregistré une fréquentation de 32,7 millions de nuitées. Il s’agit là de 4,6 millions de nuitées en moins soit une baisse de 12,4 % par rapport à l’été 2015, après une hausse de 1,8 % en 2015 par rapport à 2014 (figure 1). In fine, la baisse de la fréquentation touristique francilienne est supérieure à la totalité de la fréquentation hôtelière estivale dans des régions comme la Bretagne ou les Hauts-de-France.
Tous les types d’hébergement – hôtels, campings et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) - sont affectés par cette baisse. Les hôtels de la région, qui reçoivent 85 % de la clientèle (32 % seulement en province en raison d’une forte fréquentation des campings), enregistrent un repli de 12,1 %. Quelle que soit la catégorie (du « non classé » jusqu’au haut de gamme), l’hôtellerie francilienne a souffert d’une baisse de fréquentation. Les hôtels classés 1 et 2 étoiles ont légèrement mieux résisté (- 7,8 %), suivis par l’hôtellerie haut de gamme (- 10,7 %).
Globalement, la clientèle francaise s’est moins détournée de la région capitale que la clientèle étrangère cet été (- 6,5 % contre - 16,1 %). En province, le recul est moins marqué (- 0,6 % et - 1,8 %), en raison notamment du poids des campings qui ont mieux résisté (figure 2). Résidents et étrangers ont moins séjourné dans l’hôtellerie francilienne (- 6,7 % et - 15,4 %). La quasi-totalité de la fréquentation du territoire francilien se situant en zone urbaine (96 %), la baisse (- 3,6 %) observée en zone rurale pèse peu.
La baisse de fréquentation impacte tous les départements de la région francilienne. En province, seule la Bretagne est dans ce cas. Paris est la plus touchée sur toute la saison d'été (- 14,8 % de nuitées au total, et - 17,3 % pour la seule clientèle étrangère). Le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine sont aussi très impactés (respectivement - 14,2 % et - 13,6 %). La désaffection est principalement due à la clientèle étrangère dans chacun des départements de la région, sauf pour la Seine-Saint-Denis (- 4,5 % de résidents et - 4,4 % d’étrangers).
Au cœur de la saison, le mois d’août s’est avéré particulièrement mauvais (- 1,5 million de nuitées dans la région pour ce seul mois, soit - 19,6 % par rapport au mois d’août 2015). Les quatre cinquièmes de ce repli sont dus à la clientèle étrangère (- 23,7 %). Celle-ci a particulièrement boudé le Val-de-Marne (- 30,3 %), les Yvelines (- 28,7 %) et Paris (- 26,7 %). Si la baisse de fréquentation de la clientèle résidente est moins marquée sur l’ensemble de la saison, elle atteint tout de même 10,6 % au mois d’août.
tableauFigure 1 – La fréquentation touristique de la région en baisse de 12,4 %Nombre de nuitées au cours de la saison d'été 2016 et évolution par rapport à 2015 (en %)
Nuitées saison 2016 | Évolution des nuitées Saison d'été 2016/2015 | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nuitées totales (en milliers) | Part des nuitées étrangères | Totales | Étrangères | dont Mois d'août Totales | dont Mois d'août Étrangères | |
Hôtels + Campings + AHCT | ||||||
Paris | 15 603 | 68,5 | -14,8 | -17,3 | -24,1 | -26,7 |
Hauts-de-Seine | 2 775 | 50,4 | -13,6 | -15,4 | -20,9 | -22,2 |
Seine-Saint-Denis | 2 211 | 43,3 | -4,5 | -4,4 | -13,9 | -13,2 |
Val-de-Marne | 1 793 | 46,7 | -14,2 | -20,6 | -24,2 | -30,3 |
Seine-et-Marne | 5 468 | 64,2 | -12,0 | -13,4 | -12,6 | -16,8 |
Yvelines | 1 638 | 39,4 | -7,7 | -21,1 | -15,1 | -28,7 |
Essonne | 1 220 | 38,1 | -7,0 | -16,5 | -14,4 | -21,4 |
Val-d'Oise | 2 030 | 42,5 | -5,2 | -15,2 | -9,0 | -21,2 |
Ile-de-France | 32 738 | 59,2 | -12,4 | -16,1 | -19,6 | -23,7 |
France métropolitaine | 261 851 | 32,0 | -2,5 | -5,5 | -1,8 | -2,5 |
Hôtels | 27 764 | 60,0 | -12,1 | -15,4 | -20,5 | -24,5 |
Non classés | 1 626 | 43,7 | -16,8 | -12,0 | -30,1 | -29,1 |
1 et 2 étoiles | 5 919 | 45,8 | -7,8 | -10,0 | -15,1 | -20,5 |
3 étoiles | 10 220 | 58,6 | -15,0 | -19,8 | -22,2 | -26,3 |
4 et 5 étoiles | 9 999 | 72,5 | -10,7 | -13,0 | -19,9 | -23,8 |
Campings | 1 384 | 68,2 | -14,7 | -18,9 | -7,6 | -12,7 |
AHCT | 3 590 | 49,0 | -13,8 | -20,8 | -19,1 | -25,3 |
- Source : Insee, en partenariat avec la DGE et les Comités Régionaux du Tourisme.
tableauFigure 2 – La province résiste mieux que l'Ile-de-France
Français en Ile-de-France | Étrangers en Ile-de-France | Français en province | Étrangers en province | |
---|---|---|---|---|
mai 2014 | 4,0 | -6,5 | -3,6 | -12,3 |
juin 2014 | -2,7 | -3,4 | 5,4 | 6,3 |
juillet 2014 | -0,9 | 3,0 | 5,1 | -9,7 |
août 2014 | 3,3 | 3,1 | -4,3 | 2,5 |
septembre 2014 | 5,5 | -4,6 | -11,5 | 5,9 |
mai 2015 | 2,3 | -1,0 | 6,6 | 15,2 |
juin 2015 | 6,0 | 0,4 | 0,7 | -4,8 |
juillet 2015 | 6,4 | 3,5 | 1,5 | 5,5 |
août 2015 | 0,1 | -0,7 | 1,9 | -4,5 |
septembre 2015 | 3,7 | 0,6 | 2,8 | 0,5 |
mai 2016 | -4,4 | -12,9 | -7,9 | -1,1 |
juin 2016 | -6,7 | -14,1 | -1,9 | -0,6 |
juillet 2016 | -5,7 | -17,0 | 2,6 | -6,3 |
août 2016 | -10,6 | -23,7 | -1,1 | 3,1 |
septembre 2016 | -5,6 | -10,6 | 2,9 | -4,1 |
- Source : Insee, en partenariat avec la DGE et les Comités Régionaux du Tourisme.
graphiqueFigure 2 – La province résiste mieux que l'Ile-de-FranceÉvolution des nuitées du mois de l'année N par rapport au mois de l'année N-1 (en %)
Désaffection des étrangers
La clientèle étrangère a nettement marqué le pas pendant cette saison d’été 2016 (figure 3). S’agissant des deux pays les plus pourvoyeurs de touristes dans la région, États-Unis et Royaume-Uni totalisent 800 000 nuitées de moins qu’en 2015 (environ - 13 % chacun). Le léger sursaut observé en 2015 par rapport à 2014 (+ 60 000 nuitées) est ainsi largement effacé.
Sur le continent européen, l’Italie, dont les touristes étaient déjà moins présents pendant la saison 2015 (- 17 % de nuitées par rapport à 2014), se détourne cette année encore de l’Ile-de-France, avec un déficit de 440 000 nuitées supplémentaires. La fréquentation par les Italiens a été divisée par deux en deux ans. Ils sont désormais dépassés par les Néerlandais (- 18 % de nuitées). De l’autre côté des Pyrénées, l’attrait des Espagnols en 2015 pour la région capitale (+ 8 % par rapport à 2014) s’est lui aussi estompé (- 350 000 nuitées cette année par rapport à 2015). Les Espagnols fréquentent cependant plus la région que les Allemands, ce qui n’était pas le cas il y a deux ans.
Du côté asiatique, les Japonais ont un comportement similaire à celui des Italiens. En effet, après 21 % de nuitées en moins en 2015 par rapport à 2014, le déficit se creuse avec 38 % de nuitées en moins cette saison par rapport à 2015. La fréquentation touristique chinoise a fortement décru puisque 400 000 nuitées ont manqué cette saison (- 25 %) et cela après la remarquable embellie de 2015 (+ 46 % par rapport à 2014).
Dans ce contexte, l’ensemble des activités liées au tourisme est en berne.
tableauFigure 3 – Désaffection de la clientèle étrangère
2016 | 2015 | 2014 | |
---|---|---|---|
États-Unis | 2,92 | 3,34 | 3,33 |
Royaume-Uni | 2,58 | 2,99 | 2,94 |
Espagne | 1,41 | 1,76 | 1,63 |
Allemagne | 1,21 | 1,42 | 1,66 |
Chine | 1,21 | 1,60 | 1,10 |
Pays-Bas | 0,77 | 0,95 | 0,98 |
Italie | 0,74 | 1,18 | 1,43 |
Belgique | 0,61 | 0,68 | 0,70 |
Japon | 0,40 | 0,64 | 0,81 |
Suisse | 0,35 | 0,43 | 0,49 |
- Source : Insee, en partenariat avec la DGE et les Comités Régionaux du Tourisme.
graphiqueFigure 3 – Désaffection de la clientèle étrangèrePrincipales nationalités en millions de nuitées
Sources
L’Insee réalise chaque mois des enquêtes sur la fréquentation des hébergements collectifs touristiques (HCT) : hôtels, campings (hébergements de plein air) et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT). Ces derniers comprennent notamment les résidences de tourisme (dont les « appart’hôtels »), villages de vacances, maisons familiales et auberges de jeunesse. Les hébergements proposés par des particuliers sont exclus du champ. Or, L’accroissement de l’offre des particuliers au travers de sites internet pourrait peser sur l’évolution des nuitées, en particulier dans certaines zones comme l’agglomération parisienne.
Définitions
La fréquentation touristique correspond au nombre total de nuitées passées par les clients dans les HCT. Un couple séjournant trois nuits consécutives dans un hôtel compte pour six nuitées, de même que six personnes ne séjournant qu’une seule nuit.
La saison d’été ccouvre les mois de mai à septembre.
La clientèle peut être soit résidente en France (dont le lieu d’habitation habituel est localisé en France, désignée comme « clientèle française » par souci de simplification), soit non résidente (« clientèle étrangère »).
Pour en savoir plus
Favre F., « Saison touristique d’été 2016 - Fort repli en Ile-de-France et sur le littoral », Insee Focus n° 68, novembre 2016.
« Fréquentation touristique dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs touristiques en France métropolitaine - Troisième trimestre 2016 », Insee Conjoncture, Informations Rapides n° 299, novembre 2016.