Insee Analyses NormandieLa Normandie : une région jeune et productive face au défi de l’attractivité

Jean-Luc LACUVE, Michel MOISAN, Insee

La Normandie, issue de la fusion des régions métropolitaines intervenue le 1er janvier 2016, demeure parmi les régions à la superficie réduite. Avec 30 000 km², elle occupe le 10e rang au sein des 13 régions. De même, elle ne fait pas partie des régions les plus peuplées, sa densité de population étant comparable à la moyenne nationale, située aux alentours de 112 habitants au km². Son dynamisme démographique est plutôt modeste, caractérisé par une faible attractivité que vient compenser un excédent notable de naissances sur les décès. La diversité de ses territoires englobe cependant des dynamiques très variées, villes centres, couronnes périurbaines, campagnes, littoral et espaces sous influence francilienne n’évoluant pas au même rythme. La diversité est aussi présente dans l'économie, avec des territoires industriels, agricoles, tournés vers le commerce et le tourisme ou à vocation administrative. Les traits communs historiques de la Normandie avec les régions de forte économie productive tendent aujourd’hui à s’estomper. L'économie normande reste toutefois très éloignée de celles des régions de la moitié sud de la France, davantage tournées vers la .

Insee Analyses Normandie
No 10
Paru le :Paru le24/06/2016
Jean-Luc LACUVE, Michel MOISAN, Insee
Insee Analyses Normandie No 10- Juin 2016

Au 1er janvier 2013, la Normandie compte 3 328 360 habitants. Des 13 régions métropolitaines, elle est la 9e la plus peuplée. Entre 2008 et 2013, elle a gagné 35 270 habitants, progressant en moyenne de 0,2 % par an. Ce rythme de croissance est inférieur de moitié à la moyenne nationale (+ 0,5 %). Il est aussi deux fois moindre que celui enregistré sur 40 ans dans la région. La Normandie est au 10e rang pour la croissance démographique, juste devant les Hauts-de-France, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est.

Une région qui reste jeune

Comme pour toutes ces régions de la moitié nord de la France, l'augmentation de population en Normandie résulte du seul excédent naturel. Chaque année en moyenne sur la période 2008-2013, la Normandie a dénombré 40 300 naissances pour 30 660 décès. En revanche, les départs ont été plus importants que les installations dans la région. Le déficit migratoire est de 2 590 personnes en moyenne tous les ans. La Normandie reste une des régions les plus jeunes de France, la 4e derrière les Hauts-de-France, l'Île-de-France et les Pays de la Loire, avec 24,7 % de moins de vingt ans en 2013. En revanche, elle peine à retenir ses jeunes puisqu'elle n'occupe plus que la 6e place pour la part des 20-29 ans (figure 1, figure 2). Du fait, notamment, des départs cumulés des jeunes actifs ou en fin d'études, la Normandie possède une proportion d'habitants âgés de 20 à 50 ans parmi les plus faibles de France. C'est aussi la région qui vieillit le plus rapidement. Son indice de vieillissement (rapport des 65 ans ou plus sur les moins de 20 ans) se situe dans la moyenne française mais c'est celui qui a le plus progressé ces cinq dernières années.

D'ici à 2030, si les tendances démographiques actuelles se prolongent, la Normandie pourrait gagner 4 500 habitants par an, toujours grâce à son solde naturel positif. Les zones d'emploi de Rouen, Caen et Évreux resteraient les principaux moteurs de cette croissance.

La Normandie peine à retenir ses habitants en âge d’étudier ou de travailler

Les soldes migratoires aux différents âges représentent des enjeux considérables pour l’avenir démographique d’un territoire. Le déficit migratoire de la Normandie entre 2008 et 2013 s’établit à 12 930 personnes, particulièrement au profit de l’Ille-et-Vilaine, la Loire-Atlantique et la Sarthe. Le solde migratoire est excédentaire surtout vis-à-vis de l’ouest francilien : Yvelines, Val d'Oise, Hauts-de-Seine et Paris.

Sur la base de ce que l'on pouvait observer en 2008, il part chaque année 4 300 jeunes de 20 à 29 ans de plus qu'il n'en arrive. Le déficit migratoire le plus important concerne les 20-24 ans. Un léger retour dans la région est amorcé à partir de 30 ans, qui s'accentue aux âges de fin d'activité et de départ en retraite. Les zones d'emploi de Rouen et plus encore de Caen sont les seules à enregistrer plus d'arrivées que de départs de jeunes âgés de 20 à 24 ans, du fait de leurs pôles universitaires. A contrario, le déficit de cette classe d'âge est accusé pour les zones voisines de Bayeux, Lisieux et Vire. Cherbourg, Argentan et Coutances perdent également plus de 4 % de cette classe d'âge.

Le Havre, Caen et dans une moindre mesure Rouen peinent à retenir les 25-29 ans. En revanche, Pont-Audemer, la zone normande de Nogent-le-Rotrou, Évreux, Vernon et Bernay accueillent nettement plus d’actifs de cette classe d’âge qu’ils n’en perdent, en raison de leur proximité avec l'Île-de-France et de l'installation de navetteurs.

Figure 1Pyramide des âges au 1er janvier 2000

pour 10 000 individus
Pyramide des âges au 1er janvier 2000 (pour 10 000 individus)
Âge Hommes France métropolitaine Hommes Normandie Femmes France métropolitaine Femmes Normandie
0 an 65,389 66,193 58,607 59,834
1 ans 64,861 65,738 58,345 61,221
2 ans 63,944 65,456 57,163 58,344
3 ans 64,934 67,046 58,163 59,619
4 ans 64,238 66,382 57,765 60,358
5 ans 62,974 65,844 56,631 58,726
6 ans 62,784 64,315 56,476 58,323
7 ans 65,865 67,984 59,121 62,057
8 ans 67,272 70,093 60,347 63,759
9 ans 68,154 71,051 61,051 63,023
10 ans 68,608 72,794 61,864 65,709
11 ans 69,141 72,445 62,125 65,760
12 ans 69,054 74,537 62,217 67,538
13 ans 69,946 75,665 63,057 68,631
14 ans 68,829 75,601 62,155 68,089
15 ans 68,068 73,768 61,668 67,499
16 ans 66,933 71,958 60,786 65,948
17 ans 71,376 76,341 64,567 70,621
18 ans 72,242 77,572 65,513 69,491
19 ans 71,913 75,015 65,749 67,971
20 ans 67,681 68,699 62,161 61,681
21 ans 65,166 64,017 60,441 58,892
22 ans 65,489 63,210 60,789 57,463
23 ans 63,115 60,336 59,070 56,085
24 ans 64,618 61,999 60,672 57,748
25 ans 68,781 66,280 64,789 62,354
26 ans 73,059 69,792 68,800 66,372
27 ans 75,035 71,955 70,476 67,974
28 ans 75,243 72,592 71,180 68,104
29 ans 73,659 70,997 69,586 66,130
30 ans 73,328 71,269 69,615 67,017
31 ans 72,837 70,606 69,353 66,593
32 ans 73,153 70,429 69,646 67,238
33 ans 75,668 73,451 72,028 69,107
34 ans 75,825 72,871 72,219 69,367
35 ans 77,298 74,012 74,017 71,490
36 ans 76,341 75,403 73,383 70,896
37 ans 74,053 71,900 71,162 69,845
38 ans 74,859 74,813 72,058 71,408
39 ans 74,352 73,930 71,669 70,575
40 ans 74,773 75,861 72,250 72,159
41 ans 72,930 73,512 70,719 71,117
42 ans 73,511 75,794 71,117 71,257
43 ans 72,971 74,374 70,692 70,908
44 ans 72,503 75,040 70,466 71,514
45 ans 73,173 76,059 70,648 71,281
46 ans 71,976 73,477 69,331 70,057
47 ans 73,338 75,255 70,406 71,299
48 ans 72,373 73,512 69,277 69,388
49 ans 75,363 75,944 71,633 69,646
50 ans 74,696 75,367 70,976 71,099
51 ans 74,941 73,919 70,582 69,382
52 ans 73,765 72,823 69,649 67,241
53 ans 70,149 69,096 66,412 65,085
54 ans 53,132 50,860 50,305 47,682
55 ans 52,486 48,598 50,080 46,858
56 ans 51,170 47,281 48,753 45,417
57 ans 47,664 42,695 45,451 41,226
58 ans 42,961 39,199 41,262 37,931
59 ans 44,504 41,756 43,359 41,698
60 ans 46,693 44,249 46,602 46,807
61 ans 45,855 44,406 46,215 46,698
62 ans 45,380 45,429 46,340 47,198
63 ans 45,492 45,118 47,039 47,509
64 ans 44,301 43,528 46,907 48,442
65 ans 45,362 45,877 48,610 50,138
66 ans 43,569 42,875 47,569 48,061
67 ans 44,561 43,666 49,509 50,462
68 ans 43,273 42,971 49,196 50,943
69 ans 42,711 42,772 49,556 49,629
70 ans 39,981 39,609 47,129 46,961
71 ans 38,701 37,930 46,867 46,656
72 ans 36,897 36,790 45,620 45,574
73 ans 35,756 35,832 45,455 45,229
74 ans 34,108 34,047 44,709 44,242
75 ans 31,978 31,925 43,367 43,418
76 ans 30,654 30,205 42,337 41,795
77 ans 29,139 28,054 41,439 40,205
78 ans 28,539 27,615 41,606 40,281
79 ans 27,026 26,625 40,413 40,514
80 ans 15,432 14,897 23,845 24,247
81 ans 12,071 11,754 19,769 20,773
82 ans 9,749 9,539 16,736 17,364
83 ans 8,219 7,751 14,771 14,875
84 ans 9,088 7,883 17,096 16,077
85 ans 12,080 10,482 24,218 23,093
86 ans 10,590 9,379 21,890 21,037
87 ans 8,976 7,838 19,873 19,362
88 ans 6,967 6,470 16,468 15,680
89 ans 5,868 5,133 14,860 14,051
90 ans 4,541 4,140 12,390 11,940
91 ans 3,526 3,079 10,344 9,699
92 ans 2,582 2,243 8,061 7,916
93 ans 1,903 1,573 6,451 6,168
94 ans 1,387 1,272 4,913 4,788
95 ans 0,981 0,743 3,661 3,482
96 ans 0,637 0,493 2,745 2,795
97 ans 0,443 0,381 1,943 1,705
98 ans 0,313 0,279 1,380 1,305
99 ans 0,353 0,311 2,013 1,868
  • Source : Insee, estimations de population 2000.
  • Note : En 2000, la région se caractérisait par une proportion plus importante de jeunes de moins de 20 ans qu’en moyenne nationale. Ce constat reste vrai en 2013 mais il concerne surtout les 15-20ans. Le déficit des 20-50 ans s’est accentué entre 2000 et 2013 alors que la proportion des plus de 50 ans s’accroît à presque tous les âges.

Figure 1Pyramide des âges au 1er janvier 2000

  • Source : Insee, estimations de population 2000.
  • Note : En 2000, la région se caractérisait par une proportion plus importante de jeunes de moins de 20 ans qu’en moyenne nationale. Ce constat reste vrai en 2013 mais il concerne surtout les 15-20ans. Le déficit des 20-50 ans s’est accentué entre 2000 et 2013 alors que la proportion des plus de 50 ans s’accroît à presque tous les âges.

Figure 2Pyramide des âges au 1er janvier 2013

pour 10 000 individus
Pyramide des âges au 1er janvier 2013 (pour 10 000 individus)
Âge Hommes France métropolitaine Hommes Normandie Femmes France métropolitaine Femmes Normandie
0 an 63,009 60,565 56,287 54,357
1 ans 63,355 62,522 57,126 55,341
2 ans 64,932 63,454 58,318 57,799
3 ans 64,791 64,513 58,112 57,551
4 ans 65,310 65,037 58,620 58,052
5 ans 65,061 65,179 58,405 58,724
6 ans 66,367 66,374 59,456 59,059
7 ans 64,966 64,801 58,283 58,524
8 ans 64,673 66,411 58,081 58,061
9 ans 64,449 66,238 57,780 58,757
10 ans 64,997 67,062 58,125 59,621
11 ans 65,992 67,576 59,223 61,694
12 ans 67,342 69,644 60,380 62,265
13 ans 64,492 66,640 57,473 59,580
14 ans 64,058 65,368 57,451 60,495
15 ans 63,214 66,538 56,361 58,436
16 ans 63,906 66,507 57,245 59,432
17 ans 63,250 65,399 56,899 59,316
18 ans 61,350 63,120 55,126 55,714
19 ans 60,663 59,581 54,568 53,594
20 ans 63,238 62,928 56,935 54,471
21 ans 63,037 60,503 57,537 55,758
22 ans 63,258 59,011 58,290 53,816
23 ans 62,121 59,073 58,217 55,193
24 ans 61,994 57,568 58,689 54,046
25 ans 61,564 58,178 58,353 54,715
26 ans 61,873 58,797 59,521 55,266
27 ans 61,541 58,181 59,087 55,467
28 ans 60,801 57,441 59,278 56,387
29 ans 60,217 57,692 58,353 55,132
30 ans 64,326 59,900 62,267 59,158
31 ans 64,929 61,801 63,191 58,663
32 ans 66,212 62,386 63,877 59,679
33 ans 62,699 59,367 60,569 56,334
34 ans 61,863 56,583 59,484 53,903
35 ans 62,763 57,599 59,750 54,590
36 ans 61,332 56,967 58,392 54,215
37 ans 63,302 59,866 60,246 56,520
38 ans 67,365 63,504 63,659 61,246
39 ans 71,115 67,721 67,626 65,089
40 ans 73,163 69,907 69,194 66,152
41 ans 72,735 70,133 68,838 66,699
42 ans 71,350 69,709 67,470 64,565
43 ans 70,000 68,554 66,772 64,999
44 ans 69,198 67,049 66,589 64,981
45 ans 68,806 66,981 66,139 65,136
46 ans 70,497 69,276 67,755 66,233
47 ans 70,732 69,585 67,973 66,318
48 ans 71,306 69,201 69,203 67,753
49 ans 70,574 70,948 68,455 67,354
50 ans 68,021 67,997 66,114 66,923
51 ans 68,006 68,405 66,521 67,508
52 ans 67,660 69,427 66,160 66,568
53 ans 67,021 69,449 66,126 68,166
54 ans 65,552 67,758 64,626 66,402
55 ans 65,229 68,988 64,690 67,092
56 ans 64,509 67,758 64,370 67,195
57 ans 63,621 68,613 63,974 67,584
58 ans 63,879 68,480 63,976 66,775
59 ans 62,245 66,783 62,757 65,724
60 ans 63,276 67,817 63,995 68,245
61 ans 61,716 65,758 62,340 65,747
62 ans 64,139 68,347 64,704 67,069
63 ans 62,561 67,777 63,818 68,498
64 ans 62,592 65,594 63,343 66,888
65 ans 60,998 63,792 62,128 64,577
66 ans 57,562 60,829 59,264 61,345
67 ans 43,088 44,179 44,677 44,676
68 ans 41,738 41,773 43,931 44,318
69 ans 40,369 39,677 42,759 42,598
70 ans 37,298 35,553 39,615 38,880
71 ans 32,794 31,072 35,648 35,243
72 ans 33,693 33,187 37,398 37,846
73 ans 34,739 34,862 39,434 42,627
74 ans 33,688 34,156 39,077 41,771
75 ans 32,367 34,261 38,553 41,352
76 ans 31,684 32,679 38,637 40,711
77 ans 30,053 30,258 38,185 41,384
78 ans 29,545 31,580 38,656 41,465
79 ans 27,301 27,514 37,096 38,766
80 ans 27,066 27,217 37,875 41,165
81 ans 25,075 25,972 36,157 39,412
82 ans 23,367 23,950 35,412 37,264
83 ans 20,522 20,727 32,236 33,674
84 ans 18,573 18,705 30,449 31,528
85 ans 16,346 16,804 28,366 29,164
86 ans 14,480 14,977 26,535 27,682
87 ans 12,607 12,797 24,508 25,286
88 ans 10,542 10,623 21,709 22,689
89 ans 8,892 9,4106 19,524 20,505
90 ans 7,400 7,168 17,214 17,151
91 ans 6,151 6,106 14,988 15,203
92 ans 4,865 4,650 12,666 13,372
93 ans 2,274 2,006 6,282 6,824
94 ans 1,442 1,374 4,401 4,923
95 ans 0,904 0,839 3,210 3,284
96 ans 0,595 0,597 2,274 2,294
97 ans 0,514 0,421 2,009 2,093
98 ans 0,515 0,387 2,326 2,189
99 ans 0,790 0,699 4,207 4,096
  • Source : Insee, estimations de population 2013.
  • Note : En 2000, la région se caractérisait par une proportion plus importante de jeunes de moins de 20 ans qu’en moyenne nationale. Ce constat reste vrai en 2013 mais il concerne surtout les 15-20ans. Le déficit des 20-50 ans s’est accentué entre 2000 et 2013 alors que la proportion des plus de 50 ans s’accroît à presque tous les âges.

Figure 2Pyramide des âges au 1er janvier 2013

  • Source : Insee, estimations de population 2013.
  • Note : En 2000, la région se caractérisait par une proportion plus importante de jeunes de moins de 20 ans qu’en moyenne nationale. Ce constat reste vrai en 2013 mais il concerne surtout les 15-20ans. Le déficit des 20-50 ans s’est accentué entre 2000 et 2013 alors que la proportion des plus de 50 ans s’accroît à presque tous les âges.

Des habitants rarement éloignés des pôles d'emploi

La région est partagée entre le rural et l’urbain. La moitié des Normands habitent dans des communes de faible densité, contre 35 % en France métropolitaine. Cette proportion situe la Normandie dans une position intermédiaire parmi les autres régions. Cependant, les communes peu denses ne sont pas isolées, 90 % de leur population résidant dans l’aire d’influence d’une ou plusieurs villes.

Comme partout en France, la périurbanisation se poursuit. Les 16 600 habitants perdus depuis cinq ans dans les grandes agglomérations de la région (celles regroupant plus de 10 000 emplois) sont ainsi largement compensés par les 31 400 gagnés dans leurs couronnes. Au sein de ces 20 grandes agglomérations, même celles qui gagnent des habitants (Pont-Audemer, Rouen, Bayeux, Granville, Avranches et Saint-Lô) connaissent des taux de croissance moins élevés que ceux de leur couronne périurbaine. En revanche, les pôles d’emploi petits et moyens (ceux qui regroupent plus de 1 500 ou plus de 5 000 emplois) perdent 4 000 habitants sans que leurs couronnes, peu étendues, permettent de compenser ce déficit. La proportion du territoire éloignée de l'influence de tout pôle est l'une des plus faibles de France (41%). Ces territoires, qui regroupent 14 % de la population, sont en croissance et gagnent 8 000 habitants.

La capacité de la Normandie à retenir ses jeunes et à attirer de nouvelles populations dépendra pour partie de son dynamisme économique. Les années passées laissent une impression mitigée, même si la Normandie offre autant d’emplois par habitant que les autres régions : 39 emplois pour 100 habitants en 2012 (40,7 emplois pour 100 habitants en France métropolitaine). L’impact de la récession de 2008 a été fort en Normandie et la reprise, hésitante a recréé peu d’emplois. Entre 2007 et 2012, l’emploi a baissé de 0,7 % en Normandie alors qu’il a crû de 1,0 % en France métropolitaine hors Île-de-France.

Des secteurs agricoles et industriels en repli

La concentre 35,3 % des emplois. Cette part est supérieure à la moyenne des régions de province (34,1 %). En 2012, la Normandie arrive au 6 e rang des treize régions, alors qu’ensemble la Basse-Normandie et la Haute-Normandie partageaient la première place avec les Pays de la Loire vingt ans auparavant (44,9 % d’emplois productifs en 1990, contre 41,4 % en province). Le recul de la sphère productive a donc été beaucoup plus fort en Normandie que dans les autres régions. Ce recul est imputable avant tout au déclin de l'emploi industriel. Perceptible dès le milieu des années quatre-vingt, il s’est accéléré avec la récession de 2008. Entre 2007 et 2012, les effectifs de la sphère productive ont chuté de 6,1 % en Normandie, presque autant que dans les régions d' industries traditionnelles (Grand Est, Hauts-de-France). Cette baisse est deux fois supérieure à celle de l’ensemble des régions hors Île-de-France.

Ensemble, agriculture et industrie représentent l’essentiel de la sphère productive normande, concentrant 20,3 % des emplois, contre 17,8 % en province. L’agriculture (3,6 % des emplois, contre 3,5 % en province) est surtout présente dans l’ex-Basse-Normandie. Elle offre 10,4 % des emplois dans la zone d’emploi de Coutances, 8,6 % dans celle d’Argentan. Même si la concentration de la production agricole se poursuit, avec moins d’exploitations mais des unités de production toujours plus grandes, il semble que la baisse de l’emploi agricole soit derrière nous. Les années 2010 à 2013 montrent même une augmentation inédite des effectifs dans ce secteur. L’agriculture normande n’en reste pas moins sensible aux turbulences des marchés, comme la crise bovine de 2015 l’a encore montré. La filière bois occupe également une place relativement importante. Son cœur de filière situe la Normandie au 6e rang en termes de poids dans l’emploi salarié.

Les piliers industriels de la Normandie sont les industries agro-alimentaires (3,0 % de l’emploi total, contre 2,3% en province) et la fabrication de matériels de transport (2,2 % de l’emploi total, hors emplois intérimaires, contre 1,4 % en province), avec la construction automobile, les chantiers navals et l’aéronautique. Les principaux constructeurs (Renault, PSA, DCNS, Aérospatiale…) travaillent avec de nombreux équipementiers et sous-traitants spécialisés dans des secteurs divers, de la plasturgie à l’électronique. Ils contribuent très largement à structurer l’industrie régionale. Les autres forces industrielles normandes sont la filière énergie, la pétrochimie et l’industrie pharmaceutique. Ce cœur industriel emploie au total plus de 100 000 personnes, soit plus de 8 % de l’emploi total.

Malgré une forte présence des secteurs d’activité requérant un effort d’innovation permanent, les dépenses régionales de recherche et développement des entreprises implantées en Normandie sont limitées. Ces dépenses représentent 1,0 % du PIB régional, contre 1,5 % en moyenne, et placent la Normandie au 8e rang des régions de métropole. Les dépenses des administrations en R&D sont encore plus faibles (0,3 % du PIB, contre 0,8 % en moyenne en province).

Figure_4Les zones d’emploi de Rouen, Caen, Le Havre et Cherbourg concentrent 55 % des emplois productifs - Emplois de la sphère productive en 2012, par zone d’emploi en Normandie

  • Source : Insee, recensement de la population 2012

Figure_5Les grands établissements du secteur marchand concentrés autour de la vallée de la Seine - Les 50 premiers établissements du secteur principalement marchand en 2013

  • Source : Insee, CLAP 2013

L’industrie est très développée dans les zones d’emploi de la Vallée de la Bresle - Vimeu (industrie du verre…), de Nogent-le-Rotrou (automobile, produits d’hygiène…), de Dieppe (énergie, agroalimentaire…) et dans le triangle Vire-Flers-Condé-sur-Noireau (automobile, agroalimentaire…). Les zones d’emplois de Vernon-Gisors, de Bernay, d’Évreux et d’Avranches possèdent également une industrie développée, bénéficiant de l’implantation de grands groupes de la chimie, de la pharmacie et de l’aéronautique, ainsi que de fleurons de la maroquinerie ou de l’habillement haut-de-gamme. Cependant, tant dans la zone d’emploi de Vernon-Gisors qu’à Bernay et à Évreux, le nombre d’emplois est relativement faible, rapporté à la population résidente. Dans les zones d’emploi d’Évreux et de Vernon-Gisors, un grand nombre d’actifs rejoignent leur emploi en Île-de-France.

Les zones d’emploi qui abritent les ports du Havre et de Cherbourg-Octeville présentent un profil particulier, avec la construction navale, le nucléaire, le raffinage et la pétrochimie. Alors que l’emploi dans la sphère productive a baissé au Havre entre 2007 et 2012 (- 7,2 %), il a légèrement augmenté à Cherbourg-Octeville (+ 1,0 %).

Économie présentielle : d’abord dans les ex-capitales régionales

La sphère présentielle domine largement dans les zones d’emploi les plus urbaines, celles de Caen et de Rouen. L’industrie y est certes présente (15 % des emplois à Rouen et 12 % à Caen), mais les activités présentielles offrent le plus grand nombre d’emplois, dans les services collectifs (santé, administration, éducation), le commerce et les services marchands. Dans ces deux zones, l’emploi dans la sphère productive s’est replié entre 2007 et 2012, mais moins qu’en Normandie (- 5,1 % à Rouen et - 4,6 % à Caen), tandis que l’emploi dans la sphère présentielle s’est encore accru, et plus qu’en Normandie (+ 4,9 % à Rouen et + 3,5 % à Caen). La part du tertiaire est très élevée à Caen (78,3 % des emplois, contre 72,0 % en Normandie, et 75,5 % à Rouen). Caen et Rouen fixent de nombreux emplois métropolitains supérieurs (respectivement 6,9 % et 7,1 % de l’emploi des zones de Caen et de Rouen, contre 5,8 % en moyenne en Normandie), dans la conception, la recherche, les professions intellectuelles, la culture…

Honfleur est la zone d’emploi où la part de la sphère présentielle est la plus forte (75,6 % des emplois). Le tertiaire marchand y emploie plus d’une personne sur deux. Les emplois liés à l'activité touristique représentent près de 6 % de l’emploi total, alors que la moyenne des taux d’emploi lié au tourisme des zones d’emploi normandes se situe à 1,4 %. Les zones d’emploi de Granville, Bayeux et Coutances se caractérisent aussi par une part importante de la sphère présentielle dans leur économie, en partie tournée vers le tourisme. Qui plus est, ces territoires attirent de nouveaux résidents, souvent âgés. Granville détient le record de l’installation de retraités, ainsi que le record de créations d’emplois dans la sphère présentielle (+ 5,2 % entre 2007 et 2012).

Dans les zones d‘emploi de Saint-Lô et d’Alençon, la sphère présentielle domine aussi très largement. Avec une part d’emplois présentiels de 69,9 %, Alençon se classe juste derrière Honfleur. L’industrie y est peu développée (13 % de l’emploi total), l’offre commerciale y est assez abondante et, surtout, le tertiaire non marchand y offre beaucoup d’emplois : 35 % à Saint-Lô et 36 % à Alençon, taux records en Normandie.

Des dynamiques démographiques disparates

Figure_3Populations des unités urbaines en 2013 et leurs variations entre 2008 et 2013

  • Source : Insee, recensement de la population 2013

Seules onze des vingt-trois zones d'emploi normandes gagnent des habitants entre 2008 et 2013. Celles de Rouen, Pont-Audemer, Bayeux, Saint-Lô et Granville sont en croissance grâce au dynamisme des pôles urbains principaux et de la majorité des pôles urbains secondaires, ainsi que de la plus grande partie de leur territoire. Caen et Évreux perdent des habitants dans leur pôle principal mais l'ensemble des unités urbaines de ces territoires est néanmoins en croissance. Au sein des zones d'emploi de Vernon, Bernay, Avranches ou Coutances, la population des est globalement en décroissance. Ce sont les gains d'habitants des petites communes sur le reste de leur territoire qui permettent une croissance globale de ces zones d'emploi.

Dans les douze autres zones d'emploi normandes, le nombre d'habitants est en baisse. Au nord d'une ligne Granville-Rouen, les pôles urbains sont en mutation. Entre 2008 et 2013, l'agglomération du Havre perd 1 275 habitants par an. Ce sont toutes les petites communes qui permettent de limiter la réduction du nombre d'habitants de sa zone d'emploi. Les pôles de Dieppe et d’Eu-Le Tréport perdent des habitants aussi bien en raison du solde naturel que du soldemigratoire. La Vallée de la Bresle-Vimeu connaît ainsi une situation difficile en cumulant déficit naturel et déficit migratoire. Les soldes naturels encore importants des zones d'emploi de Cherbourg et Lisieux permettent de neutraliser partiellement les importants départs de population. Dans la zone d'emploi d’Honfleur, le solde migratoire positif ne compense pas le nombre plus élevé de décès que de naissances.

Les zones d'emploi vieillissantes du sud de la région retiennent difficilement leurs actifs. Le solde naturel positif pour Alençon ne suffit pas à enrayer la décroissance de la population. De même, celle-ci se poursuit inexorablement dans les zones d'emploi de Vire, Nogent-le-Rotrou, L'Aigle et Flers.

Une contribution aux grands schémas de la Région Normandie

La loi NOTRe du 7 août 2015 a confié aux Régions le soin d’élaborer deux schémas d’importance : le Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) et le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET).

Outil de pilotage des différentes politiques publiques, le SRADDET fixe les orientations stratégiques et les objectifs à moyen et long terme sur le territoire de la région. Il a pour objectif de favoriser le développement de la région de manière équilibrée, en lien avec les autres collectivités territoriales et leurs groupements.

Le SRDEII définit la feuille de route de la Région pour 5 ans en matière d’aides aux entreprises, comme le soutien à l’internationalisation, à l’investissement immobilier et à l’innovation, ainsi que les orientations relatives à l’attractivité du territoire régional. Il comporte un volet dédié à l’économie sociale et solidaire.

Le SRADDET et le SRDEII s’appuieront sur un diagnostic partagé entre les acteurs normands sur l’état de la nouvelle région et les perspectives d’aménagement et de développement pour la Normandie. Cette publication constitue de ce point de vue un premier éclairage sur les enjeux de la nouvelle région.

Définitions

La partition de l’économie en deux sphères, présentielle et productive, permet de mieux comprendre les logiques de spatialisation des activités. Les activités et les emplois présentiels répondent aux besoins des populations présentes sur un territoire. Les activités productives produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées vers les entreprises correspondantes.

La notion d’unité urbaine correspond à celle d’agglomération. C’est une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu d’au moins 2 000 habitants. Elle est composée d’une ville-centre et de sa banlieue.

Pour en savoir plus

Moisan (Michel), « Haute et Basse-Normandie : des évolutions démographiques et économiques différentes », Insee Flash Basse-Normandie, Insee, n° 34, décembre 2015

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