Les technologies de l'information et de la communication et le commerce électronique en 2012 Analyse et commentaire des principaux résultats de l'enquête « TIC » de 2012.

Jean-Marc Pépin, pôle d'enquêtes entreprises, Insee

Insee Résultats
Paru le :Paru le11/04/2014
Jean-Marc Pépin, pôle d'enquêtes entreprises, Insee
Insee Résultats- Avril 2014

Résumé

Début 2012, la quasi-totalité des sociétés d'au moins 10 personnes est connectée à l'internet et 68 % d'entre elles possèdent une connexion mobile à l'internet.

Les sociétés d'au moins 250 personnes sont en moyenne plus équipées en technologies de l'information et de la communication (TIC) que celles de plus petite taille et possèdent plus de compétences en TIC internes à la société. Si 15 % des sociétés d'au moins 10 personnes emploient des spécialistes en TIC, sept sociétés sur dix le font parmi celles d'au moins 250 personnes et la même proportion d'entre elles organise des formations pour développer ou améliorer les compétences en TIC de leur personnel.

Les deux tiers des sociétés d'au moins 10 personnes possèdent un site web. Mais seule une sur dix vend sur le web, pour un montant représentant 3 % du chiffre d'affaires total. 5 % des sociétés d'au moins 10 personnes vendent via d'autres procédures électroniques et automatiques (ventes par échange de données informatisé), pour un montant correspondant à 10 % du chiffre d'affaires total.

Six sociétés sur dix d'au moins 10 personnes utilisent un système d'échange de données informatisé en externe pour envoyer et recevoir des messages appropriés à des traitements automatiques, principalement à destination des administrations et des institutions financières. Le partage électronique d'informations relatives à la gestion de la chaîne logistique d'approvisionnement reste assez peu fréquent (13 %), sauf dans le commerce (21 %). Le recours à des outils de partage automatique de l'information en interne se développe : un tiers des sociétés utilise un progiciel de gestion intégré, 28 % une application de gestion de la relation client.

Début 2012, la quasi-totalité des sociétés d'au moins 10 personnes est dotée d'ordinateurs. Au sein de ces sociétés, 57 % des personnes employées utilisent régulièrement un ordinateur ; cette proportion augmente avec la taille de la société : 47 % dans les sociétés de 10 à 19 personnes, 53 % dans les sociétés de 20 à 249 personnes et 62 % dans celles d'au moins 250 personnes.

Après le secteur de l'information et de la communication et celui de la réparation d'ordinateurs où la quasi-totalité des personnes employées utilise régulièrement un ordinateur, c'est dans les secteurs des activités spécialisées, scientifiques et techniques et des activités immobilières que cette proportion est la plus importante (respectivement 87 % et 79 %). À l'opposé, se situent les secteurs de la construction et de l'hébergement et de la restauration où seul un tiers des employés est dans ce cas.

Une connexion internet mobile avec au moins une technologie 3G dans 57 % des sociétés d'au moins 10 personnes

L'équipement pour l'accès à l'internet est généralisé dans les sociétés d'au moins 10 personnes début 2012 (99 % des sociétés) et 68 % d'entre elles possèdent une connexion mobile à l'internet (57 % ont une à haut débit avec au moins une technologie 3G (troisième génération) et 54 % un autre type de connexion mobile, une société pouvant disposer des deux).

Les sociétés d'au moins 250 personnes utilisent presque toutes une connexion mobile et neuf sur dix ont une connexion mobile à haut débit.

Les raisons qui limitent ou empêchent l'utilisation d'une connexion mobile à l'internet dans une société sont principalement le fait qu'il y a peu ou pas de besoin (40 % des sociétés), des coûts importants d'abonnement ou d'utilisation (30 %), des risques au niveau de la sécurité des données (26 %).

Des compétences en TIC plus présentes dans les sociétés d'au moins 250 personnes

Début 2012, 15 % des sociétés d'au moins 10 personnes emploient des spécialistes en technologie de l'information et de la communication (TIC), c'est-à-dire des personnes occupant des postes dont les TIC constituent l'activité principale, et capables de réaliser différents travaux relatifs aux systèmes d'information de la société (conception, développement, maintenance ou recherche en TIC par exemple). Les sociétés de 10 à 19 personnes ne sont que 8 % à employer des spécialistes en TIC, 21 % parmi celles de 20 à 249 personnes et 71 % parmi celles d'au moins 250 personnes.

Durant l'année 2011, 7 % des sociétés d'au moins 10 personnes ont recruté ou cherché à recruter du personnel pour des postes requérant des compétences dans le domaine des TIC. Ce taux atteint 39 % pour les sociétés d'au moins 250 personnes contre 4 % pour les sociétés de 10 à 19 personnes. Parmi les sociétés qui ont recruté des spécialistes en TIC ou cherché à le faire, quatre sur dix ont rencontré des difficultés pour trouver de tels spécialistes.

En 2011, une société sur cinq a organisé une ou plusieurs formations pour développer ou améliorer les compétences de son personnel dans le domaine des TIC, 13 % dans les sociétés de 10 à 19 personnes, 26 % dans celles de 20 à 249 personnes et 68 % dans celles d'au moins 250 personnes. Les sociétés des secteurs de l'information et de la communication et de la réparation d'ordinateurs, plus concernées par les TIC de par leurs activités, sont, en proportion, respectivement 55 % et 41 % à organiser de telles formations pour leur personnel (figure 1).

Figure 1 - Part des sociétés ayant organisé des formations dans le domaine des TIC

Champ : sociétés d'au moins 10 personnes hors sociétés agricoles, financières et d'assurance, France.

Source : Insee, enquête TIC 2012, statistique publique.

Deux sociétés sur trois possèdent un site web mais seule une sur dix vend par internet

Début 2012, 64 % des sociétés s'affichent sur l'internet via un site web ou une page d'accueil. Cette présence sur le web est d'autant plus courante que la société est de taille importante. Ainsi, 57 % des sociétés de 10 à 19 personnes possèdent un site web ou une page d'accueil, contre 95 % des sociétés d'au moins 250 personnes. C'est dans le secteur de l'information et de la communication que les sociétés s'affichent le plus sur le web quelle que soit leur taille (95 %). A contrario, le secteur des transports, avec 47 % de sociétés possédant un site web ou une page d'accueil début 2012, est le plus en retrait (figure 2).

Deux tiers des sociétés d'au moins 10 personnes possèdent un site web début 2012, mais seules 16 % en ont un qui permet d'effectuer des commandes ou de réserver en ligne.

Au cours de l'année 2011, 11 % des sociétés d'au moins 10 personnes ont reçu des commandes via un site web. Cette proportion est de 25 % pour les sociétés d'au moins 250 personnes.

Figure 2 - Part des sociétés ayant un site web ou une page d'accueil

Champ : sociétés d'au moins 10 personnes hors sociétés agricoles, financières et d'assurance, France.

Source : Insee, enquête TIC 2012, statistique publique.

Ventes via un site web : le secteur du commerce domine

La vente via un site web est plus répandue dans les secteurs de l'hébergement et de la restauration (22 % des sociétés), de l'information et de la communication (19 %) et du commerce (15 %) (figure 3). Pour les sociétés d'au moins 250 personnes, les secteurs les plus en pointe sont ceux du commerce (47 %) et de l'hébergement et de la restauration (41 %).

La vente via d'autres procédures électroniques et automatiques (vente de type ) est deux fois moins répandue que celle via un site web : 5 % des sociétés d'au moins 10 personnes ont reçu des commandes par ce moyen.

Bien qu'elles concernent moins de sociétés que les commandes reçues via un site web, les commandes reçues via des messages de type EDI génèrent des parts de chiffre d'affaires trois fois plus importantes : 10 % du chiffre d'affaires des sociétés d'au moins 10 personnes contre seulement 3 % pour les commandes reçues via un site web.

Le secteur du commerce réalise à lui seul 39 % du montant des commandes reçues via un site web et l'industrie 24 %. En revanche, le secteur de l'industrie concentre 53 % du montant des ventes via des messages de type EDI (contre 35 % pour le commerce).

Figure 3 - Les achats et les ventes par voie électronique en 2011

en %
Figure 3 - Les achats et les ventes par voie électronique en 2011 (en %)
Secteurs Ventes par voie électronique Achats par voie électronique
Part des sociétés qui vendent via un site web Part des sociétés qui vendent via des messages de type EDI Part des ventes via un site web dans le chiffre d'affaires Part des ventes via des messages de type EDI dans le chiffre d'affaires Part des sociétés qui achètent via un site web Part des sociétés qui achètent via des messages de type EDI Part des achats via un site web dans le total des achats Part des achats via des messages de type EDI dans le total des achats
Industrie manufacturière, énergie et assainissement 8 10 2 16 17 5 2 15
Construction 5 1 0 0 14 2 1 1
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 15 6 4 10 17 10 4 17
Transports et entreposage 8 7 6 13 13 3 9 5
Hébergement et restauration 22 2 7 0 10 4 2 5
Information et communication 19 4 9 3 34 5 4 7
Activités immobilières 1 1 1 1 25 1 3 2
Activités spécialisées, scientifiques et techniques 6 2 1 3 23 3 3 4
Activités de services administratifs et de soutien 10 2 5 5 13 1 6 6
Réparation d'ordinateurs et d'équipements de communication 13 9 1 4 39 7 18 4
Ensemble 11 5 3 10 17 5 3 14
  • Lecture : en 2011, 22 % des sociétés du secteur de l'hébergement et de la restauration ont vendu via un site web et le montant des commandes reçues via un site web représente 7 % du chiffre d'affaires des sociétés de ce secteur.
  • Champ : sociétés d'au moins 10 personnes hors sociétés agricoles, financières et d'assurance, France.
  • Source : Insee, enquête TIC 2012, statistique publique.

L'achat par site web est plus répandu que la vente : 17 % des sociétés d'au moins 10 personnes ont passé commande via un site web en 2011. Comme pour les ventes, les achats via des messages de type EDI concernent moins de sociétés (5 %) que ceux via un site web, mais les montants dépensés représentent une part plus importante dans le total des achats des sociétés : 14 % pour les achats via des messages de type EDI contre 3 % pour les achats via un site web.

Six sociétés sur dix d'au moins 10 personnes utilisent un système d'échange de données informatisé en externe

Les échanges de données entre une société et des systèmes informatiques extérieurs peuvent se faire via des messages à un format permettant des traitements automatiques, dits de type EDI (EDI, Edifact, XML, Odette, etc.).

61 % des sociétés d'au moins 10 personnes utilisent un système d'échange de données informatisé (EDI) pour envoyer et recevoir des messages. Cette proportion varie fortement avec la taille de la société, quel que soit son secteur d'activité : de 55 % pour les sociétés de 10 à 19 personnes, elle passe à 67 % pour celles de 20 à 249 personnes et atteint 84 % pour les plus grandes.

C'est principalement pour envoyer des instructions de paiement à des institutions financières ou pour échanger des données avec les administrations que ce type d'outil est utilisé (respectivement 50 % et 45 % des sociétés d'au moins 10 personnes).

Pour échanger des informations avec leurs fournisseurs ou leurs clients, 13 % des sociétés d'au moins 10 personnes utilisent le (GCL ou SCM - supply chain management). Cette proportion varie de 5 % dans le secteur des activités immobilières à 21 % dans le commerce (figure 4).

Figure 4 - Part des sociétés utilisant le partage électronique d'informations relatives à la gestion de la chaîne logistique d'approvisionnement (GCL)

Champ : sociétés d'au moins 10 personnes hors sociétés agricoles, financières et d'assurance, France.

Source : Insee, enquête TIC 2012, statistique publique.

Un tiers des sociétés utilise un progiciel de gestion intégré pour partager automatiquement l'information en interne

Pour partager l'information automatiquement entre différents services internes, les sociétés peuvent utiliser une seule application informatique tel qu'un progiciel de gestion intégré ( - enterprise ressource planning), utiliser une application pour la gestion de la relation client ( - customer relationship management), ou encore avoir plusieurs applications dédiées à différentes fonctions internes liées entre elles.

Un tiers des sociétés d'au moins 10 personnes utilise un PGI, soit plus fréquemment que début 2011, où un quart d'entre elles s'en servait. Le PGI est un ensemble de logiciels qui permet de partager automatiquement l'information entre les principaux services de la société : comptabilité, gestion de la production, gestion commerciale, logistique...L'utilisation de ce type d'outil est fortement liée à la taille de la société : 23 % des sociétés de 10 à 19 personnes se servent d'un PGI, 45 % de celles de 20 à 249 personnes et 78 % des plus grandes.

Début 2012, 28 % des sociétés utilisent une application de GRC après 24 % début 2011. Un quart des sociétés l'utilise pour collecter et partager l'information sur la clientèle en interne ; 20 % pour analyser l'information sur la clientèle à des fins de marketing (respectivement 22 % et 16 % début 2011).

Définitions

Connexion mobile :

C'est un accès à l'internet via le réseau des téléphones portables, utilisant des liens de communication par ondes radio, qui peut être utilisé en se déplaçant. Les connexions mobiles à haut débit considérées ici sont celles utilisant au moins une technologie 3G (troisième génération).

Échange de données informatisé / EDI :

L'échange de données informatisé (EDI) est une technique qui remplace les échanges physiques de documents entre entreprises (commandes, factures, bons de livraison,...) par des échanges, selon un format standardisé, entre ordinateurs connectés par liaisons spécialisées ou par un réseau (privatif) à valeur ajoutée (RVA). Les données sont structurées selon des normes techniques internationales de référence (ex : Edifact).

A titre d'exemple, l'envoi par fax d'une commande puis sa saisie par un opérateur de l'entreprise fournisseur, est remplacé par l'émission d'une information qui est acheminée vers un ordinateur de l'entreprise fournisseur capable d'interpréter la commande.

Partage électronique d'informations relatives à la gestion de la chaîne logistique d'approvisionnement (GCL ou SCM - supply chain management) :

Cela correspond à l'échange de tout type d'information avec les fournisseurs ou les clients afin de coordonner la disponibilité et la livraison des produits ou services au consommateur final. Il inclut l'échange d'informations sur les prévisions de la demande, les stocks, la production, la distribution ou le développement des produits. Cet échange se fait de la société vers ses fournisseurs ou clients, et inversement. L'information peut être échangée via des sites web ou via d'autres moyens de transfert électronique de données (messages de type EDI par exemple). Les courriels tapés manuellement sont exclus.

Progiciel de gestion intégré (PGI ou ERP - enterprise ressource planning) :

C'est un ensemble de logiciels qui permet de gérer les processus d'une société et de partager les informations entre les métiers par le biais d'une base de données unique. Les PGI sont divisés en modules qui correspondent à des fonctions de la société (exemples de marques de PGI : SAP, PeopleSoft, Oracle). Classiquement, un PGI intègre les fonctions suivantes : planning, achats, ventes, marketing, relation client, finances et ressources humaines.

Application pour la gestion de la relation client (GRC ou CRM - customer relationship management) :

C'est un progiciel permettant de gérer l'ensemble des relations client dans un même processus en regroupant la gestion des campagnes marketing, l'informatisation des forces de vente, le suivi de la relation client au quotidien, etc.

Échange de données informatisé (EDI) :

C'est un échange de messages entre une société et d'autres systèmes TIC extérieurs à la société. Il peut s'agir de commandes, de factures, d'opérations de paiement, de description des marchandises par exemple. Ces échanges ont lieu via l'internet ou d'autres réseaux informatiques, dans un format reconnu qui permet son traitement automatique (XML, Edifact, etc). Les messages individuels tapés manuellement sont exclus.