Insee Flash Hauts-de-FranceLe Nord-Pas-de-Calais-Picardie : la région la plus touchée par le chômage

Vincent Bonjour, Véronique Bruniaux, Insee

La région Nord-Pas-de-Calais-Picardie est la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Au 3e trimestre 2015, 12,8 % de la population active régionale était sans emploi, contre 10,2 % en France métropolitaine. Au sein de la région, le chômage est plus marqué dans l’Aisne tandis que l’Oise bénéficie d’un plus faible taux de chômage en raison de sa proximité avec l’Île-de-France. La crise a touché le Nord-Pas-de-Calais-Picardie dans les mêmes proportions que la France métropolitaine : le taux de chômage a progressé de plus de 3 points entre 2008 et 2015. Alors que les femmes étaient plus fréquemment au chômage que les hommes, la tendance s’est récemment inversée, particulièrement dans la région.

Insee Flash Hauts-de-France
No 2
Paru le :Paru le06/04/2016
Vincent Bonjour, Véronique Bruniaux, Insee
Insee Flash Hauts-de-France No 2- Avril 2016

Avec 12,8 % d'actifs sans emploi au troisième trimestre 2015, soit 326 300 personnes, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie est la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Elle devance le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (12,5 %) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (11,5 %). En France métropolitaine, le chômage touche 10,2 % des actifs.

Le chômage plus fréquent dans l’Aisne

L’Aisne est le département de la région le plus touché par le chômage : 14,3 % des actifs de ce département sont sans emploi ( figure 1 ). À l’inverse, l’Oise bénéficie de l’influence positive de l’Île-de-France : son taux de chômage est le plus faible de la région (10,4 %) mais reste légèrement supérieur à la moyenne nationale.

figure1Taux de chômage de 2008 à 2015, suivant les départements de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie

  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

À un niveau géographique plus fin, le taux de chômage dans les zones d’emploi de la région peut varier du simple au double ( figure 2 ). Il reste contenu, inférieur à 10 %, dans les zones d’emploi de Flandre-Lys, d’Arras et de Berck-Montreuil.

figure2Taux de chômage en 2015 et évolution de 2008 à 2015 par zone d’emploi en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie

  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

En revanche, il touche plus de 16 % de la population active dans celles de Calais, de Lens-Hénin et de la Thiérache. Les taux de chômage sont plus homogènes et moins élevés dans les zones d'emploi de l'Oise et de la Somme que dans celles de l’Aisne, du Pas-de-Calais et du Nord.

Un impact de la crise, aussi important en région qu’au niveau national

Malgré un chômage plus marqué dans la région, l’impact de la crise a été de même ampleur qu’au niveau national. Ainsi, le taux de chômage régional a progressé de 3,7 points entre le 2trimestre 2008 et le 3e trimestre 2015, contre + 3,4 points en moyenne nationale. La crise a impacté toutes les régions, la hausse variant de + 2,9 points en Île-de-France à + 4,3 points en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Cette hausse du taux de chômage n’est cependant pas régulière. Deux périodes de hausse sont observées, suivies à chaque fois d’une légère baisse ne permettant pas de retrouver les niveaux antérieurs. Ainsi, le taux de chômage a augmenté de 2,8 points de mars 2008 à décembre 2009, puis de 1,5 point de juin 2011 à juin 2013. Plus récemment, il est à nouveau en hausse, mais de façon plus modérée.

Les zones d’emploi à l’est de la région davantage touchées par la crise

Depuis la crise, le chômage s’est accentué sur l’ensemble des territoires de la région, mais pas de façon homogène. Alors que le Nord, le Pas-de-Calais et l’Aisne avaient un taux de chômage similaire en 2008, l’augmentation du chômage a été bien plus marquée dans l’Aisne qui présente désormais le plus fort taux de chômage dans la région. Les écarts sont encore plus accentués à un niveau géographique plus fin. Ainsi, la dégradation de la situation sur le marché du travail et la hausse du chômage sont visibles dans les zones d’emploi situées à l’est de la région, déjà davantage touchées en 2008, comme celles de la Thiérache, de Valenciennes et de Maubeuge (+ 5 points). La crise a également impacté fortement les zones d’emploi de Péronne et de Beauvais (+ 4 points) qui bénéficiaient d’un taux de chômage plutôt bas en 2008.

Tendance inversée, les femmes sont moins souvent au chômage

Alors que le taux de chômage des femmes était historiquement supérieur à celui des hommes, la tendance s’est récemment inversée. En effet, le taux des femmes a augmenté moins rapidement, en particulier en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Ainsi, dans la région, il est inférieur à celui des hommes de 1,1 point en 2014 alors qu’il était supérieur de 0,5 point en 2008. En effet, les secteurs de l’industrie et de la construction, plus souvent occupés par les hommes, ont davantage subi la crise. Par ailleurs, plus encore qu’en moyenne nationale, les jeunes de 15 à 24 ans du Nord-Pas-de-Calais-Picardie sont plus souvent au chômage. Ainsi, en 2014, près d’un jeune actif sur trois est sans emploi dans la région, contre près d’un sur quatre en France métropolitaine.

Figure_3Taux de chômage par sexe et âge en 2008 et en 2014

en %
Taux de chômage par sexe et âge en 2008 et en 2014 (en %)
Nord-Pas-de-Calais-Picardie France métropolitaine
2008 2014 2008 2014
Hommes 9,3 13 6,7 10,2
Femmes 9,8 11,9 7,4 9,6
De 15 à 24 ans 27,7 31,8 18,3 23,4
De 25 à 49 ans 7,6 11,1 6,3 9,3
50 ans et plus 5,3 8,2 4,3 8,7
Ensemble 9,5 12,5 7,1 9,9
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Pour en savoir plus

A.-J. Bessone, O. Dorothée, M. Robin et S. Vugdalic, « Emploi et chômage dans les nouvelles régions depuis la crise », Insee Focus n° 40, novembre 2015.

V. Bruniaux, S. Mille et E. Vilain, « Encore peu d’indicateurs dans le vert », Insee Conjoncure Nord-Pas-de-Calais-Picardie n° 1, janvier 2016.