Caractéristiques de la main-d'œuvre potentielle dans les zones d'emploi des Pays de la Loire

Christiane AUBREE (Rectorat), Jean-Luc DURAND (Direccte) et Philippe GRAY

L'insertion des jeunes sur le marché du travail ne s'effectue pas de façon homogène dans les zones d'emploi des Pays de la Loire. Les diplômés de l'enseignement supérieur s'insèrent en priorité dans les grandes aires urbaines de la région où les emplois hautement qualifiés se développent. A contrario, les jeunes faiblement qualifiés résident le plus souvent dans des territoires assez éloignés des grandes agglomérations où, notamment, la part des foyers fiscaux non imposables et la proportion d'ouvriers dans l'emploi local sont plus élevées qu'en moyenne. Cette hétérogénéité des zones d'emploi se retrouve également dans la composition socio-professionnelle et l'évolution de la demande d'emploi.

Faits et Chiffres
No 471
Paru le :Paru le24/04/2013
Christiane AUBREE (Rectorat), Jean-Luc DURAND (Direccte) et Philippe GRAY
Faits et Chiffres No 471- Avril 2013

En Pays de la Loire, en 2009, 42 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans ayant terminé leurs études ne possèdent pas de diplôme au moins équivalent au baccalauréat (cf. Notes) (ils sont 40 % en Bretagne et 43,6 % en France métropolitaine). Un quart (26 %) détiennent un diplôme de niveau IV (baccalauréat, brevet professionnel...) contre 27 % en Bretagne et 24 % en France métropolitaine. 20 % sont diplômés de niveau III (diplôme universitaire de 1er cycle, BTS, DUT...) contre 21 % en Bretagne et 18 % en France métropolitaine. Enfin, 11 % sont diplômés universitaires de 2e ou 3e cycle (doctorat, ingénieurs...) contre 12 % en Bretagne et 15 % en France métropolitaine. Cette répartition régionale des diplômés peut être très différente d'une à l'autre.

Les niveaux de qualification et d'insertion des jeunes sont plus faibles dans quatre zones d'emploi de l'est de la région

À partir de trois indicateurs (proportion des peu ou pas diplômés parmi les 20-24 ans, proportion des diplômés de niveau V parmi les 20-24 ans, proportion de jeunes non insérés parmi les 18-24 ans), quatre types de zones d'emploi sont représentés dans les Pays de la Loire.

Figure 1Quatre familles de zones d’emploi au regard des niveaux de formation et de l’insertion des jeunes

  • Source : Rectorat de Nantes

Les zones d'emploi les plus défavorisées (cf. Notes) bordent la zone d'emploi du Mans, au sud et à l'est de l'agglomération. La zone d'emploi de Saumur fait également partie de ce groupe de zones très défavorisées. Les zones d'emploi de Saumur et La Flèche regroupent, parmi les 18-24 ans, les plus fortes proportions de (20 %, médiane : 16 %). C'est aussi sur ces territoires que la part des parmi les 20-24 ans est la plus élevée (58 %, médiane : 49 %). La zone de Sablé-sur-Sarthe présente le plus fort pourcentage de jeunes faiblement diplômés (59 %), 17 % y étant non insérés. Au regard de ces critères, les jeunes sarthois apparaissent plutôt moins diplômés que les jeunes des autres départements ligériens, puisque seule la zone d'emploi du Mans figure parmi les territoires qualifiés de favorisés.

À l'opposé, les zones d'emploi les plus favorisées comprennent la zone d'emploi de Nantes et trois zones d'emploi qui la bordent au sud : La Roche-sur-Yon, Les Herbiers et Cholet. La zone de Laval fait également partie de ce groupe.

Les grandes zones d'emploi attirent les plus diplômés

Les établissements d'enseignement supérieur sont concentrés dans les centres urbains des grandes zones d'emploi. On y trouve également des emplois de services aux entreprises qui sont généralement plus qualifiés que dans les autres secteurs. Ainsi, les diplômés de l'enseignement supérieur qui habitent dans la région s'insèrent prioritairement dans les grandes zones d'emploi de la région : Nantes, Angers, Le Mans. À titre d'exemple, la zone d'emploi de Nantes regroupe à elle seule 37 % des diplômés de l'enseignement supérieur de la région, âgés de 20 à 29 ans et ayant terminé leurs études. Toutefois, la proportion de diplômés de l'enseignement supérieur dans la zone d'emploi du Mans est sensiblement inférieure à celle des zones de Nantes et d'Angers ; comparable à la proportion de diplômés de l'enseignement supérieur dans les zones moins urbanisées de Cholet et de Laval, elle se situe en dessous de la moyenne régionale.

Plus précisément, les diplômés universitaires de 2e ou 3e cycle s'insèrent à 42 % dans la zone d'emploi de Nantes, où l'emploi disponible leur permet de valoriser leur diplôme ; à 15 % dans celle d'Angers et à 11 % dans celle du Mans. En ce qui concerne les diplômés universitaires de 1er cycle (BTS, DUT), les écarts sont moins prononcés en raison d'une plus grande diffusion des formations (BTS notamment) et des emplois de professions intermédiaires sur l'ensemble du territoire régional. La zone d'emploi de Nantes accueille néanmoins un tiers de ces jeunes diplômés, contre 13 % pour la zone d'emploi d'Angers et 11 % pour celle du Mans

La répartition des jeunes diplômés sur les territoires se conforme ainsi à la structure locale de l'emploi. En effet, si les diplômés de l'enseignement supérieur sont proportionnellement presque deux fois plus nombreux sur la zone d'emploi de Nantes (39 %) que sur celle de Châteaubriant (23 %), les emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures y sont également, en part relative, deux fois plus nombreux au sein de l'emploi local (respectivement 17 % et 8 %).

Dans six zones d'emploi, plus de la moitié des jeunes non scolarisés n'ont pas de diplôme au moins équivalent au baccalauréat

Figure 2Niveau de diplôme des jeunes non scolarisés âgés de 15 à 29 ans en 2009

  • Source : Insee, Recensement de la population 2009

L'impact de la crise sur l'évolution de la demande d'emploi est différent selon les zones d'emploi

Avec la crise, le nombre des s'est très fortement accru en Pays de la Loire comme en France. Entre mars 2007 et mars 2012, les deux courbes d'évolution de la demande d'emploi de catégorie A présentent une tendance nettement orientée à la hausse avec une progression un peu plus accentuée en Pays de la Loire (+ 35 %) qu'au niveau national (+ 33 %).

Figure 3Evolution du nombre de DEFM de catégorie A entre 2007 et 2012

  • Sources : Pôle Emploi ; DARES ; Direccte ESE

Figure 4Evolution du nombre de DEFM de catégorie A (cvs) entre mars 2007 et mars 2012

  • Source : Pôle emploi ; DARES ; Direccte ESE

La hausse du nombre des demandeurs d'emploi est particulièrement sensible dans cinq zones d'emploi, avec une évolution de 15 à 30 points supérieure à la moyenne régionale : Les Herbiers (64 %), Fontenay-le-Comte (63,9 %), Segré (60,1 %), La Roche-sur-Yon (52,8 %) et La Ferté-Bernard (52,6 %). Néanmoins, à l'exception de la zone d'emploi de Fontenay-le-Comte, ces zones d'emploi se caractérisent d'un point de vue structurel, par un taux de chômage relativement faible et inférieur à la moyenne régionale au 1er trimestre 2012 (8,2 %).

À l'inverse, deux zones d'emploi présentant un taux de chômage supérieur à la moyenne régionale se distinguent avec une évolution du nombre des demandeurs d'emploi relativement faible par rapport aux moyennes régionale et nationale : il s'agit des zones de La Flèche (17,3 %) et de Saint-Nazaire (18,6 %).

Tissu économique des zones d'emploi des Pays de la Loire Volet 1 - Portrait socio-économique des zones d'emploi

Cette publication est issue d'un travail en partenariat initié par la Direction régionale de l'Insee des Pays de la Loire et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) des Pays de la Loire et associant les services d'études du Secrétariat Général pour les Affaires Régionales (SGAR) et de Pôle Emploi. Ce programme d'étude - dont les résultats donneront lieu à plusieurs publications - a pour objet l'analyse du tissu économique des zones d'emploi des Pays de la Loire.

Cette étude est également disponible dans une publication de la collection « Études et dossiers » de la Direccte sur le tissu économique des zones d'emploi régionales. Plus d'informations sur le site : http://www.pays-de-la-loire.direccte.gouv.fr/-pays-de-la-loire-.html

Le paysage socioprofessionnel des zones d'emploi de la région n'est pas homogène

Les disparités de taille des zones d'emploi ne permettent pas de comparer directement les effectifs de chaque catégorie socioprofessionnelle. Si l'on considère les proportions de chaque catégorie, plusieurs spécificités émergent :

Certaines zones d'emploi, souvent de petite taille, sont marquées par une forte tradition industrielle : la part des ouvriers y est plus importante qu'ailleurs. C'est le cas par exemple dans les zones de Sablé-sur-Sarthe (43,5 %), des Herbiers (43,0 %) et de La Ferté-Bernard (42,0 %) alors que la moyenne régionale est de 28 % ;

La zone d'emploi de Nantes attire les centres de décisions. Elle comprend près de 17 % de cadres et professions intellectuelles supérieures, contre moins de 6 % dans la partie ligérienne de la zone d'Alençon, par exemple ;

Les services sont bien représentés dans toutes les zones d'emploi : la part des employés et des professions intermédiaires, qui en constituent la plus grande part, diffère toutefois selon les zones (de 21 % aux Herbiers à 32,8 % aux Sables-d'Olonne pour les employés, de 16 % dans la partie régionale de la zone d'Alençon à 26,7 % dans la zone de Nantes pour les professions intermédiaires) ;

Dans les zones littorales de Challans et des Sables-d'Olonne, très touristiques, le taux d'artisans / commerçants / chefs d'entreprises dépasse les 10 % ;

Dans certaines zones, très urbanisées ou touristiques, l'emploi agricole est très en-dessous de la moyenne régionale : c'est le cas pour Nantes, Saint-Nazaire, Les Sables-D'olonne (moins de 2 % d'agriculteurs-exploitants), tandis que les zones rurales du nord de la région maintiennent un taux d'agriculteurs-exploitants élevé : les zones d'emploi de Mayenne (9,2 %) ou encore de Châteaubriant (7,7 %) affichent des taux deux à trois fois supérieurs à la moyenne régionale.

Notes

Sans diplôme au moins équivalent au baccalauréat : ces jeunes n'ont aucun diplôme ou sont titulaires d'un Certificat d'Études Primaires (CEP), d'un Brevet d'Études du Premier Cycle (BEPC), brevet élémentaire, brevet des collèges, d'un Certificat d'Aptitudes Professionnelles (CAP), d'un brevet de compagnon ou d'un Brevet d'Études Professionnelles (BEP).

La notion de territoires « très défavorisés » est relative et construite à l'aide de comparaisons intra-régionales. Ces territoires enregistrent des valeurs supérieures à la médiane régionale sur les trois indicateurs : proportion des peu ou pas diplômés parmi les 20-24 ans, proportion des diplômés de niveau V parmi les 20-24 ans et proportion de jeunes non insérés parmi les 18-24 ans. Les territoires identifiés comme « défavorisés » présentent sur les trois critères retenus, deux indicateurs supérieurs à la valeur médiane. Les territoires « favorisés » et « très favorisés » se situent au-dessous de la valeur médiane pour respectivement deux ou les trois indicateurs.

Les demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) sont les personnes inscrites à Pôle emploi et ayant une demande en cours au dernier jour du mois. La catégorie A regroupe les demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi.

Définitions

Zone d’emploi : une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements trouvent l'essentiel de la main-d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. Piloté par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé, avec l'appui technique de l'Insee, le découpage en zones d'emploi constitue une partition du territoire adaptée aux problématiques des marchés locaux de l'emploi. Les déplacements domicile-travail constituent la variable de base pour la détermination de ce zonage. Les zones d'emploi sont ainsi construites de telle façon que la proportion d'actifs occupés résidant et travaillant dans la même zone soit la plus élevée possible.

Jeune non inséré : Un jeune non inséré n'est ni en emploi ni scolarisé (il est au chômage ou inactif).

Jeune faiblement diplômé : les jeunes faiblement diplômés regroupent les jeunes non diplômés, les titulaires d'un certificat d'études primaires, BEPC, brevet élémentaire ou brevet des collèges, ou les diplômés de niveau V (CAP ou BEP).

Demandeurs d'Emploi en Fin de Mois (DEFM) : les demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) sont les personnes inscrites à Pôle emploi qui ont une demande en cours au dernier jour du mois. La catégorie A regroupe les demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi, sans emploi.

Pour en savoir plus

Niveaux de diplôme dans les zones d'emploi des Pays de la Loire - Insee Pays de la Loire, Informations statistiques n°448, Christiane AUBRÉE, juin 2012

Emploi et chômage dans les zones d'emploi des Pays de la Loire - Insee Pays de la Loire, Informations statistiques n°436, décembre 2011

Portrait économique des zones d'emploi dans les Pays de la Loire - Insee Pays de la Loire, Informations statistiques n°420, septembre 2011

Portrait démographique des zones d'emploi dans les Pays de la Loire - Insee Pays de la Loire, Informations statistiques n°415, juillet 2011

20 zones d'emploi dans les Pays de la Loire - Insee Pays de la Loire, Informations statistiques n°413, juillet 2011

Pays de la Loire : moins de pauvreté et d'inégalités qu'ailleurs, malgré des disparités territoriales - Insee Pays de la Loire, Études n°100, décembre 2011