Enquête Budget de famille 2011 - Le niveau de vie des ménages guyanais augmente mais les inégalités s’accroissent

Le revenu disponible est un indicateur de richesse monétaire à disposition des ménages pour consommer et épargner. Il correspond au revenu total, comprenant les revenus d’activité, du patrimoine et les revenus sociaux, net des impôts et autres charges régulières (environ 6 %). A travers l’analyse du revenu disponible médian, on identifie le seuil/niveau de revenu disponible qui partage la population en deux groupes de même taille. La première ayant moins et la seconde ayant plus.

En 2011, le revenu disponible médian d’un ménage guyanais s’élève à 19 160 €. Il est proche de ceux des autres Départements Français d’Amérique (DFA), (respectivement 18 720 € et 18 960 € pour la Guadeloupe et la Martinique), mais son niveau reste inférieur de 35 % à celui des ménages vivant en France métropolitaine (29 590 €).

Sur la période 2001-2011, le revenu disponible médian des ménages a augmenté de près de 29 %, soit une hausse plus dynamique qu’en France métropolitaine. Elle est plus forte que celle de la Martinique (+ 20 %) mais proche de celle de la Guadeloupe (+ 33 %).

Les revenus d’activité représentent les quatre cinquièmes des revenus totaux guyanais. Cette part reste quasiment stable (hausse de 1 point) sur la période 2001-2011. En effet, la part des retraités ne représente que 5 % des individus en Guyane alors que cette part avoisine les 20 % pour la Martinique et la Guadeloupe. En raison des spécificités démographiques guyanaises, la part des allocations retraites ne représente que 7 % du revenu total contre environ 20 % pour les deux autres DFA.

En Guyane, les autres revenus sociaux représentent la deuxième source de revenus. Il sont constitués des minimas sociaux, des prestations sociales et des allocations logement.

Deux ménages disposant du même revenu peuvent se trouver dans des situations financières très différentes, en fonction par exemple de leur taille ou de l’âge de ceux qui les composent. Pour prendre en compte la structure du ménages, on considère le nombre d’unités de consommation qui le constitue. A partir d’un facteur de proportionnalité, lié à la composition du ménage, on définit le niveau de vie, comme le revenu disponible par unité de consommation (définitions).

En 2011, le niveau de vie médian guyanais s’établit à 11 140 € annuel, soit 930 € par mois et par unité de consommation (définitions). Contrairement au revenu disponible des ménages, le niveau de vie médian guyanais est le moins élevé des DFA, en raison de la taille supérieure des ménages guyanais.

Sur la période 2001-2011, le niveau de vie médian a augmenté de 39 %. Cette hausse est proche de celle enregistrée pour le revenu disponible des ménages. A l’inverse des autres DFA, il n’y pas de baisse de la « taille » des ménages (1,9 unité de consommation et 3,3 individus par ménage en 2011, contre 2,0 et 3,3 en 2001). Dans les autres DFA, la forte baisse de la taille des ménages accentue la hausse du niveau de vie par rapport à celle du revenu disponible. Si l’écart de revenu avec la métropole a diminué entre 2001 et 2011, le niveau de vie médian en Guyane reste inférieur de 43 % à celui de la métropole (19 550 €).

Entre 2001 et 2011, les niveaux de vie inférieurs au deuxième quartile croissent moins vite que ceux égaux ou supérieur à cet indicateur. Ainsi, l’indice de Gini (définitions), qui mesure le degré d’inégalité d’une distribution de niveaux de vie pour une population donnée, augmente fortement sur la période. La part dans la masse des niveaux de vie des 50 % les plus aisés croît de 3,3 points sur la période. Enfin, en 2011, les 20 % les plus aisés représentent la moitié de la masse des niveaux de vie.

Le seuil de pauvreté (définitions) est déterminé par la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population. Il augmente de ce fait mécaniquement avec la hausse du niveau de vie médian, pour s’établir à 6 680 € en 2011.

La pauvreté concerne 87 000 individus en Guyane, soit un taux de pauvreté de 44,3 %. Ce taux est éloigné de ceux de la Guadeloupe (19,4 %), et de la Martinique (21,1 %), et bien supérieur à celui de la France métropolitaine (14,3 %).

Sur la période 2001-2011, le taux de pauvreté des ménages croît de 9,7 points, alors qu’il baisse légèrement en Guadeloupe (– 2,9 points) et croît légèrement en Martinique (+ 4,7 %). L’intensité de la pauvreté qui permet d’apprécier les écarts de niveau de vie au sein de la population pauvre, augmente fortement sur la période 2001-2011 (respectivement 0,38 en 2001 et 0,51 en 2011).

Entre 2001 et 2011, le niveau de vie de l’ensemble de la population augmente de 3,5 % en moyenne annuelle, plus fortement que l’inflation qui reste contenue sur cette période (+ 1,9 %). Les gains moyens de pouvoir d’achat se sont ainsi accumulés au rythme de 1,5 % l’an, soit près de 16 % sur la période.

Ces gains bénéficient principalement aux ménages aisés (situés entre le 2^e et le 3^e quartile) avec une hausse supérieure à 20 % sur la période. Cette hausse leur permet d’accroître sensiblement leur niveau de consommation.

A contrario, les plus pauvres, appartenant au premier décile de la distribution des niveaux de vie connaissent des pertes importantes de pouvoir d’achat. Compte tenu de la part importante des biens ou services indispensables ou de première nécessité dans leur consommation, comme les produits alimentaires, ils subissent fortement la hausse des prix.

Ainsi, sur la période 2001-2011, les postes alimentation et logement représentent à eux deux 76 % de l’évolution des prix subie par les ménages les plus pauvres, 58 % de l’évolution subie par les ménages modestes et 50 % de l’évolution subie par les plus aisés.

Malgré des pertes importantes de pouvoir d’achat, les dépenses de consommation des plus pauvres (Q1) s’accroissent en valeur. En 2011, 70 % de ces ménages déclarent « être justes » ou « éprouver des difficultés à boucler leur budget ». 14 % « n’y arrivent pas sans s’endetter ». La moitié des ménages du Q1 déclare en 2011 puiser dans son épargne ou s’endetter pour financer ses dépenses.

En moyenne, les ménages guyanais consacrent 20 % de leurs dépenses aux transports, 19 % au logement et 17 % à l’alimentation. Les ménages les moins aisés consomment davantage de biens et services de première nécessité comme l’alimentation, le logement ou l’habillement. Au contraire, les ménages les plus aisés consacrent en 2011 une part plus importante de leurs revenus aux postes « transports », « loisirs et culture » , « restaurations et hôtels », et « biens et services divers ».