Un Rhônalpin sur trois est diplômé du supérieur

Florence Léger, Benjamin Beaumont

Avec un tiers de diplômés du supérieur, Rhône-Alpes se place en première position des régions de province. L’écart de niveau de formation favorable à Rhône-Alpes est en partie lié à la composition sociale de ses résidents. Le niveau de formation des résidents rhônalpins résulte aussi des mobilités interrégionales. La région retient deux tiers de ses diplômés, et en attire de nombreux d’autres régions françaises et de l’étranger : 45 % des diplômés résidant en Rhône-Alpes n'y sont pas nés.

Insee Flash Rhône-Alpes
No 14
Paru le :Paru le25/06/2015
Florence Léger, Benjamin Beaumont
Insee Flash Rhône-Alpes No 14- Juin 2015

Dans sa stratégie de coordination des politiques économiques au sein de l'Union européenne, l’Europe préconise une élévation du capital humain, en favorisant la poursuite d’études supérieures et la formation tout au long de la vie. Être diplômé du supérieur augmente en effet les chances d’accéder plus rapidement et durablement à l’emploi.

Rhône-Alpes, première région de province pour le taux de diplômés du supérieur

En 2012, un tiers de la population adulte rhônalpine est titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur ou est en cours d’étude (32,0 %). C'est un taux supérieur de 2,5 points à celui du niveau national. Si cette proportion est loin de celle observée en Île-de-France (42,1 %), elle place toutefois la région au premier rang des régions de province, juste devant Midi-Pyrénées (31,6 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (29,4 %). Quelle que soit la classe d’âge, la proportion des Rhônalpins les plus diplômés est toujours supérieure à la moyenne de France de province. L’écart est plus fort dans la première partie de la vie active : c’est surtout chez les plus jeunes que la région compte ses diplômés. En se plaçant dans le cadre du nouveau maillage territorial, la région Auvergne-Rhône-Alpes reste aussi au premier rang des régions de province (30,6 %).

Figure 11,8 million de diplômés du supérieur ou en cours d'études en Auvergne Rhône-Alpes

1,8 million de diplômés du supérieur ou en cours d'études en Auvergne Rhône-Alpes
Région de résidence Nombre de diplômés du supérieur Part des diplômés du supérieur
Rhône-Alpes 1 565 400 32,0
Auvergne 268 000 24,6
Auvergne Rhône-Alpes 1 833 400 30,6
Provence-Alpes-Côte d'Azur 1 150 700 29,4
Bourgogne 299 700 22,9
Franche-Comté 228 700 25,0
Languedoc-Roussillon 600 000 28,0
Midi-Pyrénées 737 000 31,6
Nord-Pas-de-Calais 792 400 25,7
Île-de-France 3 842 500 42,1
France entière 14 984 000 29,5
  • Source : Insee, Recensement de la population 2012

Un niveau de formation lié à celui des générations précédentes

D’une décennie à l’autre, les écarts observés entre les régions évoluent peu, même si l’élévation du niveau des diplômes pour les plus jeunes est générale. En 1990, Rhône-Alpes présentait déjà une forte part de personnes diplômées du supérieur parmi les personnes résidentes, derrière la région capitale.

L’écart de niveau de formation favorable à Rhône-Alpes est ainsi lié en partie à la structure sociale de ses résidents, susceptible de se renouveler d’une génération à l’autre. Ainsi, à titre de référence, en 2010, 2011 et 2012, 62 % des enfants de cadres ou de professions intermédiaires sont titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur, soit deux fois plus que les enfants d'employés et d'ouvriers.

Figure_2Le niveau de formation des natifs d'une région est lié à celui des générations précédentes

  • Note de lecture : la taille des bulles est proportionnelle au nombre de natifs de chaque région, âgés de 25 à 34 ans en 2012 et titulaires d’un diplôme du supérieur
  • Source : Insee, Recensements de la population 1990 et 2012

La région retient les deux tiers de ses diplômés

Au-delà de la reproduction sociale, le niveau de formation des résidents rhônalpins résulte aussi des mobilités interrégionales. Rhône-Alpes se distingue par sa forte capacité à retenir ses diplômés de l’enseignement supérieur nés sur le territoire. Ainsi, en 2012, seuls 30 % des natifs de la région titulaires d’un diplôme du supérieur ou en cours d’études n’y résident plus.

En comparaison, en France métropolitaine, près de 37 % des diplômés du supérieur n'habitent plus dans leur région d'origine. Les 370 000 natifs rhônalpins ne résidant plus dans la région se sont installés essentiellement en Île-de-France (110 600 personnes) et dans les régions voisines (64 300 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 31 500 en Languedoc-Roussillon et 24 700 en Auvergne).

700 000 diplômés rhônalpins ne sont pas nés dans la région

Les migrations interrégionales et depuis l’étranger se traduisent également par des arrivées nombreuses de diplômés sur le territoire : 45 % des diplômés résidant dans la région ne sont pas nés en Rhône-Alpes. Parmi ces derniers, trois sur quatre sont natifs d’une autre région française (520 000 personnes), et un sur quatre de l’étranger (180 000 personnes).

Les entrants depuis le reste de la France viennent essentiellement d’Île-de-France (112 000 personnes), des régions frontalières (Provence-Alpes-Côte d’Azur, Bourgogne et Auvergne avec de 30 000 à 50 000 personnes pour chacune d’elles) et du Nord-Pas-de-Calais (35 000 personnes).

Néanmoins, si la région attire un grand nombre d'individus, elle attire, en proportion, moins de personnes diplômées que les régions voisines du Languedoc-Roussillon (17 points de moins) et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (11 points de moins). La moindre attractivité de Rhône-Alpes pour les diplômés du supérieur justifie la proportion de natifs diplômés légèrement supérieure à celle des résidents.

Des migrations liées au cycle de vie

L’importance des migrations interrégionales évolue au cours du cycle de vie, où trois phases se succèdent : le moment des études, qui conditionne des choix migratoires liés à la géographie des établissements universitaires et des écoles supérieures ; la vie professionnelle, caractérisée par sa dépendance à l’attractivité économique du territoire et les opportunités professionnelles associées ; et enfin la retraite, qui induit le choix d'un lieu de vie en lien avec la qualité de vie.

De 20 à 25 ans, des jeunes viennent s’installer en Rhône-Alpes pour commencer ou poursuivre leurs études, choix conditionné par l’offre en formation supérieure. Au cours de la première partie de la vie professionnelle, les personnes nées en Rhône-Alpes et résidant aujourd'hui en France sont comparativement plus diplômées que les personnes nées en Rhône-Alpes ou ailleurs qui résident désormais dans la région : certains jeunes diplômés quittent la région pour saisir des opportunités professionnelles, généralement situées en Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Figure 3Les mobilités jouent différemment selon le cycle de vie

en %
Les mobilités jouent différemment selon le cycle de vie (en %)
Âges Natifs de Rhône-Alpes Résidents en Rhône-Alpes
20 55 55
21 54 55
22 52 53
23 50 50
24 49 49
25 49 48
26 49 48
27 48 47
28 48 47
29 49 47
30 49 48
31 49 48
32 50 48
33 50 48
34 50 48
35 49 48
36 48 46
37 47 45
38 46 44
39 44 43
40 42 41
41 40 39
42 39 38
43 36 35
44 34 34
45 32 32
46 31 31
47 30 30
48 29 29
49 28 28
50 27 28
51 27 27
52 26 26
53 26 26
54 26 26
55 25 25
56 25 25
57 24 23
58 23 23
59 23 23
60 23 23
61 23 22
62 23 22
63 23 22
64 22 20
65 21 19
66 20 19
67 20 18
68 19 17
69 18 16
70 17 15
71 15 14
72 14 13
73 12 12
74 11 11
75 10 11
76 10 10
77 9 9
78 9 9
79 9 9
80 8 8
  • Source : Insee, Recensement de la population 2012

Figure 3Les mobilités jouent différemment selon le cycle de vieEffet des migrations en Rhône-Alpes sur la part de la population en cours d’études ou titulaire d’un diplôme du supérieur en 2012

  • Source : Insee, Recensement de la population 2012

Toutefois, ces départs sont proportionnellement moins nombreux qu’ailleurs : l’écart entre les natifs et les résidents est assez faible (+ 0,8 point à 30 ans, contre + 2,6 points en Provence-Alpes-Côte d’Azur). Par ailleurs, cet écart se réduit au long du cycle de vie jusqu’à s’annuler vers 45 ans : cela traduit un solde positif entre les arrivées et les départs de diplômés sur le territoire en seconde partie de la vie professionnelle. Enfin, la retraite induit des départs de diplômés vers d’autres régions, en lien avec la qualité de vie recherchée.

Définitions

Champ : l’étude porte sur les adultes âgés de 18 ans ou plus et résidant en France. Les natifs d’une région française résidant à l'étranger ne sont donc pas pris en compte.

Définition : les diplômes de l’enseignement supérieur sont les diplômes délivrés par les universités, les instituts universitaires de technologie, les instituts universitaires de formation des maîtres, les sections de techniciens supérieurs, les écoles d’ingénieurs, les écoles de commerce, les écoles paramédicales et sociales, etc.

L'étude prend en compte toutes les personnes disposant d'un diplôme du supérieur, ainsi que les adultes inscrits dans un établissement de l'enseignement supérieur et titulaires au moins d'un diplôme de niveau baccalauréat.

Pour en savoir plus

Région de naissance, région de résidence : les mobilités des diplômés du supérieur, Insee Première N° 1557, juin 2015

Un tiers des habitants de Rhône-Alpes ne sont pas nés dans la région, Insee Analyse Rhône-Alpes N° 17, janvier 2015

Sept pôles d'enseignement supérieur en Rhône-Alpes, Insee Rhône-Alpes, la Lettre Analyse N° 17, octobre 2012