Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'AzurMétropole Aix-Marseille Provence - Offre foncière économique : 25 zones de concentration de l’emploi à enjeux

Auteurs : Sylvain Adaoust, Jacques Pougnard (Insee)

Au sein de la métropole Aix-Marseille Provence (AMP), 460 500 emplois salariés sont situés dans des zones où l’emploi est particulièrement concentré. Ces espaces à forte densité d’emploi occupent 13 120 hectares, soit 4 % du territoire métropolitain. En considérant les effectifs des seuls établissements privés, les « zones de concentration de l’emploi » sont au nombre de 25, dont 11 au sein de la commune de Marseille. Trente-trois emplois par hectare y sont implantés en moyenne, contre moins d’un emploi par hectare ailleurs dans la métropole. Six profils économiques se distinguent parmi ces 25 zones : industrie, services aux entreprises, commerce, enseignement-santé-action sociale-administration, tertiaire à spécificité propre et sans spécificité. Dans certains de ces territoires, les marges de densification de l’emploi constituent une offre foncière potentielle, susceptible d’être une alternative à l’étalement urbain.

Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 05
Paru le :Paru le14/10/2014
Auteurs : Sylvain Adaoust, Jacques Pougnard (Insee)
Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d'Azur No 05- Octobre 2014

Métropole AMP : 70 % de l’emploi salarié sur 4 % du territoire

Parmi les 663 900 emplois salariés de la métropole Aix-Marseille Provence au 1er janvier 2011, 460 500 sont localisés dans des zones où l’emploi est particulièrement concentré (figure 1). Ces territoires regroupent près de 70 % de l’emploi salarié de la métropole sur 4 % de sa surface (13 120 ha).

Figure 1460 500 emplois salariés dans les zones de concentration de l’emploi de la métropole Aix-Marseille Provence

  • Source : Insee, Clap 2010, Sirene 2011

Les zones de concentration de l’emploi sont des territoires à forte densité d’emploi et comptant un minimum de 2 000 emplois (méthode). Elles ont été identifiées à l’aide d’un outil d’analyse spatiale développé par l’Insee. Basé sur la technique du carroyage, celui-ci permet de situer l’emploi très finement, par agrégation de micro-territoires qui correspondent à des carrés de 100 mètres de côté.

Cette approche territoriale précise de la localisation des emplois peut permettre aux acteurs publics d’évaluer les marges existantes en termes de densification de l’emploi sur des zones où sont déjà concentrées les activités économiques de la métropole. Exploiter cette offre foncière potentielle représenterait certes un investissement élevé, celui du renouvellement urbain, mais permettrait de lutter contre l’étalement urbain et ses coûts sociétaux ou environnementaux : destruction d’espaces naturels, augmentation des temps de trajets et des déplacements en véhicule individuel au détriment des modes doux ou collectifs, etc.

Parmi les 22 zones de concentration de l’emploi salarié (public et privé), une unique zone occupe 28 % de la superficie communale de Marseille (6 600 ha). Couvrant les arrondissements du centre-ville, celle-ci s’étend le long des principaux axes routiers jusqu’aux frontières de la commune vers le nord (autoroutes A7 et A55, route D4), l’est (A50) et le sud (D559). Elle concentre 272 700 emplois salariés (public et privé), soit plus de 40 % des effectifs salariés de la métropole Aix-Marseille Provence (AMP), sur 2 % de sa surface. Onze autres zones de concentration de l’emploi d’AMP sont situées en milieu urbain, au sein des plus grandes villes de la métropole (Aix-en-Provence, Martigues, Aubagne, etc.). La proportion d’emploi public y est très élevée : 45 % en moyenne contre 23 % sur l’ensemble d’AMP.

Ainsi, les principaux centres urbains de la métropole Aix-Marseille Provence sont à la fois des lieux de concentration résidentielle (733 00 habitants, soit 41 % de la population métropolitaine) et économique (359 000 emplois salariés, soit 54 % de l’emploi métropolitain).

25 zones de concentration de l’emploi salarié privé

Les leviers d’action dont dispose l’Établissement Public Foncier de Paca pour mettre en œuvre ses stratégies foncières (encadré 1) concernent essentiellement les établissements du champ privé, c’est-à-dire hors administrations de l’État, collectivités territoriales et établissements publics administratifs. Au sein de la métropole AMP, 507 700 emplois salariés relèvent de ce champ. Parmi eux, 304 500 sont rassemblés dans 25 zones de concentration de l’emploi salarié privé, soit six emplois de la métropole sur dix pour 3 % de sa surface (9 300 ha). Au sein de ces territoires, la densité moyenne atteint 33 emplois salariés privés par hectare, contre moins d’un emploi par hectare ailleurs dans la métropole" (figure 2). Elle s’échelonne de 10 (Gardanne Centre-Zone industrielle d’Avon) à plus de 100 emplois par hectare (Marseille 9e-Site EDF).

Figure 233 emplois par hectare dans les 25 zones de concentration de l'emploi salarié privé de la métropole Aix-Marseille Provence

33 emplois par hectare dans les 25 zones de concentration de l'emploi salarié privé de la métropole Aix-Marseille Provence
Zone Surface (hectares) Emploi (salarié privé) Densité d'emploi (emplois par hectare) Nombre d'établissements
Marseille Z.1 (Centre) 2 630 119 700 46 36 400
Marseille Z.2 (14e-15e arr. - Arnavaux-Delorme-St Louis) 710 20 200 28 3 400
Marseille Z.3 (16e arr.-St Henri-St André) 160 7 600 48 1 400
Marseille Z.4 (8e arr. - Bonneveine) 100 4 600 46 700
Marseille Z.5 (9e arr. - Roy d'Espagne) 70 4 200 60 500
Marseille Z.6 (11e arr. - La Valentine) 110 4 000 36 500
Marseille Z.7 (15e arr. - Gd Littoral) 120 3 300 28 1 000
Marseille Z.8 (11e arr. - La Valbarelle-St Marcel) 90 2 700 30 500
Marseille Z.9 (9e arr. - Site EDF) 20 2 300 100 100
Marseille Z.10 (11e arr. - Saint Menet) 90 2 300 26 200
Marseille Z.11 (13e arr. - Château Gombert) 100 2 200 22 200
Ensemble des 11 zones de Marseille 4 200 173 100 41 44 900
Vitrolles-Marignane - Estroublans-Griffon-Aéroport 1 320 32 800 25 2 300
Aix-en-Provence - Pôle d'activités et Technopôle de l'Arbois 630 28 300 45 2 500
Aix-en-Provence Centre 1 120 22 800 20 7 900
Aubagne-Gémenos - Les Paluds 290 12 900 44 900
Salon-de-Provence Centre 490 6 000 12 1 900
Rousset 140 5 500 39 < 100
Aubagne - La Penne-sur-Huveaune - Pôle Alpha 160 3 800 24 400
Plan-de-Campagne 130 3 200 25 300
Aix-en-Provence - La Pioline 60 2 000 33 200
Martigues - Écopolis 110 3 100 28 200
La Ciotat - Athelia 100 3 000 30 200
Marignane 250 2 900 12 900
Cadarache 50 2 600 52 < 100
Gardanne centre et zone industrielle d'Avon 250 2 500 10 600
Ensemble des 14 zones hors Marseille 5 100 131 400 26 18 200
Ensemble des 25 zones 9 300 304 500 33 63 100
Total métropole Aix-Marseille Provence 315 000 507 700 2 170 300
Part de l'ensemble des zones dans la métropole AMP (%) 3,0 60,0 37,1
  • Champ : emploi salarié hors administrations de l'État, collectivités territoriales, établissements publics administratifs et autres personnes morales de droit public administratif.
  • Source : Insee, Clap 2010, Sirene 2011

Limitée au seul champ privé, l’unique zone de concentration de l’emploi salarié total de la commune de Marseille se scinde en 11 zones de taille plus réduite. Celles-ci rassemblent 173 100 emplois (soit 34 % des emplois salariés privés de la métropole AMP) sur une surface de 4 200 ha.

La zone Marseille Centre, au cœur de la ville, couvre principalement les 1er, 3e, 4e, 5e et 6e arrondissements. Réunissant près d’un quart des emplois salariés privés de la métropole (119 700), c’est la zone la plus vaste (2 630 ha). Elle figure aussi parmi les plus denses : 46 emplois par hectare.

Marseille 14e/15e-Arnavaux-Delorme-St Louis est le prolongement de Marseille Centre vers le nord. Elle s’étend sur une partie des 2e, 14e et 15e arrondissements. Moins dense (28 emplois par ha), elle occupe 710 hectares et concentre 20 200 emplois salariés privés.

Les neuf autres zones marseillaises sont nettement plus petites. Dans le 11e arrondissement, trois d’entre elles jalonnent d’ouest en est la vallée de l’Huveaune : La Valbarelle-St Marcel, La Valentine et St Menet. Elles concentrent 9 000 emplois sur une surface de 290 ha (31 emplois par ha).

En dehors de Marseille, quatre zones de concentration de l’emploi salarié privé d’AMP rassemblent près de 20 % de l’emploi salarié privé métropolitain sur une surface de 3 360 ha : Vitrolles-Marignane-Estroublans-Griffon-Aéroport (32 800 emplois), Aix-en-Provence-Pôle d’activités-Technopôle de l’Arbois (28 300), Aix-en-Provence Centre (22 800) et Aubagne-Gémenos-Les Paluds (12 900).

Sept zones industrielles

Les 25 zones de concentration de l’emploi salarié privé de la métropole AMP peuvent être regroupées en six catégories, selon leur orientation économique (figure 3). La plus fréquente d’entre elles est la catégorie « industrielle » : sept zones en font partie, pour un total de 61 300 emplois salariés privés.

Figure 325 zones de concentration de l’emploi salarié privé au sein de la métropole Aix-Marseille Provence

  • Champ : emploi salarié hors administrations de l’État, collectivités territoriales, établissements publics administratifs et autres personnes morales de droit public administratif.
  • Source : Insee, Clap 2010, Sirene 2011

Vitrolles-Marignane-Estroublans-Griffon-Aéroport est la plus vaste et la plus importante en nombre d’emplois. Son caractère industriel s’explique par la présence d’Airbus Helicopters et des parcs d’activités des Estroublans et des Bagnols. L’orientation sectorielle de ce territoire ne se limite toutefois pas à l’industrie : l’aéroport Marseille-Provence et les parcs d’activités de Couperigne et l’Anjoly induisent une forte proportion d’emplois consacrés au transport et à l’entreposage (17 %). Par ailleurs, près de 5 000 emplois salariés de la zone relèvent du commerce, en lien avec l’implantation de nombreuses zones d’activités (Griffon, Bastide Blanche, Liourat…).

Aubagne-Gémenos-Les Paluds est la plus dense des sept zones à dominante industrielle (44 emplois salariés privés par ha). Elle revêt une double orientation sectorielle : industrielle par la présence du parc d’activités de Gémenos, elle concentre également de nombreux emplois dans le secteur du commerce, en raison de l’implantation de la zone d’activités des Paluds.

Certaines des plus importantes zones d’activités industrielles de la métropole AMP n’ont pas été identifiées comme des zones de concentration de l’emploi salarié. C’est le cas par exemple de la zone pétrochimique de Berre ou encore des zones du port de Fos et de Martigues (Écopolis Lavéra). Même s’ils sont pourvoyeurs de nombreux emplois, les gros établissements industriels qui y sont implantés (LyondellBasell, ArcelorMittal, Ineos, Naphtachimie... ) couvrent en effet, du fait de leurs caractéristiques techniques, une surface très vaste du territoire. La densité d’emplois y est de ce fait très faible, en deçà du seuil de 10 emplois par ha.

Six zones orientées vers les services aux entreprises, quatre zones commerciales

Six zones de concentration de l’emploi salarié privé de la métropole AMP sont orientées vers les services aux entreprises. La densité d’emploi y est souvent élevée (43 emplois par ha en moyenne). Près de 60 % des 48 000 emplois salariés privés de ces zones sont localisés à Aix-en-Provence-Pôle d’activités-Technopôle de l’Arbois.

Quatre zones de concentration de l’emploi salarié privé sont spécialisées dans le commerce : Marseille 11e-La Valentine, Marseille 15e-Grand Littoral, Plan-de-Campagne et Aix-en-Provence-La Pioline. Hébergeant chacune tout ou partie d’une zone d’activités commerciale, elles réunissent à elles quatre 12 500 emplois salariés privés (2,5 % de l’emploi de la métropole) sur une surface de 420 ha, soit une densité de 30 emplois par hectare.

Les huit zones restantes peuvent être classées en trois catégories économiques. Deux zones sont très orientées vers le tertiaire, tout en possédant leur spécificité propre : Marseille 8e-Bonneveine (information et communication, activités financières et assurance, commerce) et Marseille 11e- La Valbarelle-St Marcel (transport et entreposage). Trois peuvent être qualifiées de « non spécifiques », leur économie étant très diversifiée : Marignane, Marseille 14e/15e-Arnavaux-Delorme-St Louis et Aubagne-La Penne-sur-Huveaune-Pôle Alpha. Trois zones enfin sont situées en milieu urbain et comptent une forte proportion d’emplois salariés privés dans le secteur « enseignement, santé, action sociale et administration » : Marseille Centre, Aix-en-Provence Centre et Salon-de-Provence Centre. L’emploi salarié public y est aussi très présent.

Encadré 1 - L’Établissement Public Foncier Régional, porteur de stratégies foncières publiques

L’Établissement Public Foncier de Paca (EPF Paca) met en œuvre, pour le compte de l’État et de collectivités territoriales qui en ont la compétence, des stratégies foncières publiques.

Pour ce faire, il bénéficie des prérogatives de la puissance publique en matière d’interventions foncières et il est doté de ressources financières propres pour acheter des terrains bâtis ou non bâtis, les conserver le temps nécessaire à la préparation des projets, et les revendre au moment de leur réalisation.

Encadré 2 - Le maintien des activités d’industrie, de construction et de transport-entreposage en milieu urbain : un enjeu sociétal fort

L’identification des principaux pôles de concentration de l’emploi salarié privé de l’ensemble des trois secteurs d’activité « industrie », « construction » et « transport-entreposage », est une préoccupation de l’EPF Paca. Dans un contexte de fortes concurrences d’usage, ces activités de « production », souvent bien localisées et bien desservies subissent la pression exercée par d’autres activités plus rentables. C’est le cas notamment du tertiaire, du commerce, voire du logement, capables de supporter des surenchères foncières. Or le maintien des activités de la sphère « industrie, construction et transport-entreposage » constitue la plupart du temps un enjeu sociétal fort, pouvant faire l’objet de politiques publiques ciblées. Leur présence est en effet indispensable au fonctionnement de l’économie métropolitaine. En outre, elles représentent un gisement d’emplois pour les catégories sociales les moins qualifiées. En termes d’aménagement, l’enjeu consiste donc à rendre possible non seulement le maintien des activités de « production » en milieu urbain, mais aussi leur développement. Les zones où ces activités sont concentrées sont souvent peu denses (moins de 50 emplois par hectare). Elles offrent de ce fait une marge possible de densification de l’emploi par renouvellement urbain. Ces trois secteurs d’activités mobilisent un quart des 663 900 emplois salariés de la métropole AMP (soit 163 000 emplois).

Sources

Sources

L’étude est basée sur l’exploitation des sources Sirene et Connaissance locale de l’appareil productif (Clap).

Sirene est une base de données qui permet la géolocalisation des établissements : chacun d'eux peut être situé en un point de la carte (à chaque adresse sont affectées des coordonnées géographiques).

Clap fournit les informations sur le nombre d’emplois et l’orientation sectorielle des établissements. L'emploi salarié est localisé au lieu de travail et exprimé en nombre de postes : un poste correspond à un salarié dans un établissement. Un salarié qui travaille dans deux établissements (dans l'année ou à une date donnée) occupe donc deux postes.

Toutes les données de cette étude sont datées du 1er janvier 2011.

Méthode

Les zones de concentration de l’emploi sont construites à l’aide d’un outil d’analyse spatiale développé par l’Insee. Basé sur la technique du carroyage, il permet de localiser les établissements et leur emploi plus précisément qu’à l’aide des zonages administratifs ou statistiques usuels, à l’échelle de « micro-territoires » qui correspondent à des carrés de 100 mètres de côté.

La méthode est la suivante :

1) Sélection des carrés les plus densément peuplés

- on affecte les salariés à des carreaux de 100m x 100m : tous les salariés d’un établissement donné sont positionnés en un point (X,Y) sur la carte

- on somme les salariés d’un même carreau

- on repère les carreaux à nombre élevé d’emplois : sélection des 10 % des carreaux non vides présentant les valeurs les plus élevées ; ce seuil s'élève à :

- 40 emplois dans le cas des zones de concentration de l'emploi salarié public + privé ;

- 33 emplois dans le cas des zones de concentration du seul emploi salarié privé.

2) Agrégation de ces carrés lorsqu’ils sont proches : on identifie chaque "groupe" de carreaux densément peuplés proches les uns des autres

- pour la proximité des carreaux, on utilise un critère de distance : si un carreau est situé à moins de 500 mètres d’un autre (300 mètres dans la commune de Marseille), les deux feront partie d’une seule et même zone de concentration ;

- on ne conserve que les zones qui représentent au moins 2 000 emplois.

3) Constitution, avec ces agrégats, d'entités d’un seul tenant : une zone de concentration est une territoire non fragmenté :

- les contours de chaque zone sont lissés.

Définitions

L'emploi salarié privé est entendu au sens de la catégorie juridique des établissements, à savoir hors administrations de l'État, collectivités territoriales, établissements publics administratifs et autres personnes morales de droit public administratif.

Une zone de concentration de l’emploi se définit comme étant, au sein d'un territoire donné, l'un des sous-espaces qui concentrent le plus grand nombre d’emplois. Au sein de la métropole AMP, les zones de concentration de l'emploi sont les territoires qui présentent les caractéristiques suivantes :

- densité minimum = 13 emplois salariés par hectare (10 sur le seul champ privé)

- et nombre d'emplois minimum = 2 000.