La population du littoral bas-normand baisse très légèrement
Le littoral bas-normand continue d’attirer de nouveaux habitants mais le vieillissement de sa population explique l’inversion de la courbe démographique. Jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, la population croissait plus vite sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. Depuis 2006, cette croissance s’est presque partout ralentie, quand elle perdure. Le Nord Cotentin est quant à lui frappé par un fort recul démographique. En revanche, la croissance démographique se maintient à l’intérieur des terres.
Entre 2006 et 2011, la population baisse de 0,06 % par an sur le littoral bas-normand alors qu’elle croît de 0,33 % à l’intérieur des terres. C’est une inversion de tendance radicale. Dans les années quatre-vingt, la croissance de la population était deux fois plus forte sur le littoral qu’à l’intérieur de la région (+ 0,59 % contre + 0,27 %). Dans les années quatre-vingt-dix encore, le littoral gagnait plus d’habitants que l’intérieur des terres (+ 0,31 % contre + 0,23 %).
Ce changement important s’explique en grande partie par le fort recul démographique du Nord Cotentin mais ne signifie pas que le littoral a perdu complètement son attractivité. Il attire toujours des habitants venant d’autres régions en plus forte proportion que l’intérieur des terres. Ainsi, pour mille habitants en 2011, 41 résidents sur le littoral vivaient dans une autre région que la Basse-Normandie un an auparavant. Les habitants de l’intérieur des terres n’étaient que 34 dans ce cas. Mais ces arrivées sont compensées par des départs. Au total, l’impact des migrations entre le littoral bas-normand et le reste du territoire métropolitain est nul.
graphiqueFigure 1 – Le littoral bas-normand
Les nouveaux habitants sur le littoral sont souvent retraités. Parmi les migrants d’autres régions qui se sont installés sur le littoral bas-normand, 12 % sont retraités ou préretraités, alors que la proportion n’est que de 7 % pour l’intérieur des terres. Le littoral attire également des actifs (un tiers des migrants venant d’une autre région, contre un quart seulement pour l’intérieur des terres). Mais ces actifs sont eux-mêmes assez âgés et, en tout état de cause, “ amènent avec eux ” moins d’enfants que ceux, plus jeunes, qui s’installent à l’intérieur des terres.
Vieillissement de la population
Au fil du temps, ces mouvements accélèrent le vieillissement naturel de la population. Du coup, le solde des naissances et des décès, devenu négatif dès 2007, se dégrade plus vite sur le littoral qu’en moyenne en Basse-Normandie. Les écarts avec le reste de la région s’accroissent : entre 2006 et 2011, le nombre de personnes de 60 ans ou plus a crû de 14,7 % sur le littoral (contre 12,9 % dans l’intérieur des terres), faisant passer la part de cette classe d’âge de 26,2 % à 30,1 % (22,7 % à 25,2 % hors littoral). Le nombre de jeunes de moins de 15 ans a chuté alors qu’il a crû dans l’intérieur des terres. Le nombre de personnes de 30 à 39 ans s’est lui effondré. En 2011, les plus de 60 ans représentent 30,1 % de la population sur le littoral, contre 25,2 % dans l’intérieur des terres. Le nombre de retraités a crû de + 11 % sur le littoral, contre + 9,2 % à l’intérieur de terres. Parmi eux, les anciens artisans, commerçants, cadres et chefs d’entreprise ont vu leur nombre s’envoler.
tableauFigure 2 – Forte dégradation du rapport entre naissances et décès
Littoral | Basse-Normandie | |
---|---|---|
1992 | 1,4 | 1,4 |
1993 | 1,2 | 1,3 |
1994 | 1,4 | 1,3 |
1995 | 1,3 | 1,3 |
1996 | 1,2 | 1,3 |
1997 | 1,2 | 1,3 |
1998 | 1,2 | 1,3 |
1999 | 1,2 | 1,3 |
2000 | 1,2 | 1,3 |
2001 | 1,2 | 1,3 |
2002 | 1,1 | 1,3 |
2003 | 1,1 | 1,2 |
2004 | 1,1 | 1,3 |
2005 | 1,0 | 1,2 |
2006 | 1,1 | 1,3 |
2007 | 0,9 | 1,2 |
2008 | 1,0 | 1,2 |
2009 | 0,9 | 1,2 |
2010 | 0,9 | 1,1 |
2011 | 0,8 | 1,1 |
2012 | 0,8 | 1,1 |
- Source : Insee, Etat civil
graphiqueFigure 2 – Forte dégradation du rapport entre naissances et décès
Situations contrastées selon la bande littorale
Ces phénomènes démographiques ne sont pas de même intensité sur toute la bande côtière et, de plus, ils se combinent aux réalités économiques locales. Ainsi, dans le Nord Cotentin la baisse de la population (- 0,67 % par an en moyenne) reste concentrée à Cherbourg-Octeville et Tourlaville, tandis que l’activité économique soutient la croissance de la population aux Pieux, à Flamanville et à Beaumont-Hague. Dans l’Ouest Manche et la Baie du Mont Saint-Michel, territoires de prédilection pour retraités cherchant à s’installer, la population continue de croître (respectivement + 0,38 % et + 0,36 %), avec de fortes croissances à Bréhal, Créances, Carolles, Jullouville ou Saint-Pair-sur-Mer. En revanche, la population baisse à Avranches et stagne à Granville. Le vieillissement de la population y fait aussi son œuvre. La part des 60 ans et plus atteint 36,9 % dans l’Ouest Manche et 34,7 % dans la Baie, avec le taux record de 59,8 % pour Saint-Jean-le-Thomas. Du coup, la croissance globale de la population s’essouffle.
Dans le Calvados, le dynamisme démographique de la Côte Fleurie ne se dément pas, avec même un rythme de croissance en hausse (+ 0,42 % par en entre 2006 et 2011, contre + 0,34 % par an entre 1999 et 2006). Si certaines des communes les plus peuplées perdent des habitants (Honfleur, Cabourg, Deauville, Trouville-sur-Mer), d’autres se développent fortement (Merville-Franceville, Varaville...). Sur la côte du Bessin et la Côte de Nacre, la croissance démographique se maintient à + 0,4 % par an, en retrait toutefois par rapport à la période 1999 à 2006 (+ 0,59 % sur la côte du Bessin et + 0,98 % sur la Côte de Nacre). La croissance est plus forte à Port-en-Bessin et dans les stations balnéaires de la Côte de Nacre (Courseulles-sur-Mer, Langrune-sur-Mer, Saint-Aubin-sur-Mer), tandis que Ouistreham a gagné moins d’habitants que sur la période 1999 à 2006.
tableauFigure 3 – Des évolutions démographiques très différentes sur le littoral
Territoire | Population en 2011 | Croissance annuelle de la population (%) | |||
---|---|---|---|---|---|
Nombre | % | Entre 1990 et 1999 | Entre 1999 et 2006 | Entre 2006 et 2011 | |
Basse Normandie | 1 475 684 | 100,0 | +0,24 | +0,34 | +0,26 |
Littoral | 273 778 | 18,6 | +0,31 | +0,27 | -0,06 |
Côte Fleurie | 42 917 | 2,9 | +0,52 | +0,34 | +0,42 |
Estuaire de l'Orne | 3 130 | 0,2 | +1,55 | -0,13 | -0,54 |
Côte de nacre | 30 641 | 2,1 | +1,94 | +0,98 | +0,44 |
Bessin | 10 900 | 0,7 | +0,16 | +0,59 | +0,41 |
Nord Cotentin | 113 048 | 7,7 | -0,23 | -0,25 | -0,67 |
Ouest Manche | 46 292 | 3,1 | +0,72 | +0,99 | +0,38 |
Baie du Mont Saint-Michel | 26 850 | 1,8 | +0,14 | +0,51 | +0,36 |
Hors littoral | 1 201 906 | 81,4 | +0,23 | +0,36 | +0,33 |
- Source : Insee, recensements de la population
tableauFigure 4 – Autant de départs que d'arrivées sur le littoral
Taux de variation moyens annuels de la population | Entre 1999 et 2006 | Entre 2006 et 2011 | |
---|---|---|---|
Littoral | +0,27 | -0,06 | |
dont variation due au solde naturel | +0,13 | -0,06 | |
variation due au solde des arrivées-départs | +0,15 | +0,00 | |
Basse-Normandie | +0,34 | +0,26 | |
dont variation due au solde naturel | +0,26 | +0,20 | |
variation due au solde des arrivées-départs | +0,09 | +0,06 |
- Source : Insee, Recensements de la population
Pour en savoir plus
"La vitalité du littoral ouest de la Manche compense l’érosion des villes-centres", E pour cent Basse-Normandie, n° 73, janvier 2014
"La mer et le littoral en Basse-Normandie : recherche, enseignement supérieur et innovation", CESER, janvier 2013
"Manche : l’attractivité du littoral ouest se confirme", E pour cent Basse-Normandie, n° 51, janvier 2012
"La population du littoral bas-normand en 2006 : une croissance inégale", E pour cent Basse-Normandie, n° 30, août 2009
"Economie et démographie du littoral bas-normand", Cent pour cent Basse-Normandie, n° 134-135, novembre 2004