Séances 2008-2009 du séminaire inégalités

L'Insee et la statistique publique
Dernière mise à jour le : 26/06/2015

Inégalités de consommation : quelles évolutions sur 20 ans ? Quelles évolutions récentes ? - 12 septembre 2008

Présentation par : Maël Theulière (Insee, Conditions de vie des ménages)

Résumé :

La structure de consommation s'est déplacée depuis 1980 des produits alimentaires, de l'habillement et des dépenses d'intérieur vers les dépenses de logement, de transports et de communication et loisirs. Sur la première moitié de la décennie, c'est l'augmentation de la part du logement et du poste communication qui est frappante. Ces évolutions traduisent de fortes disparités par niveau de vie, qui ont induit un déplacement des inégalités de consommation de l'alimentation vers le logement. Parallèlement, si les taux d'équipement pour les principaux biens durables ont tendance à se rapprocher, les disparités demeurent sur les fréquences d'achat et les gammes. Pour les automobiles, les différences mesurées avec le niveau de vie s'expliquent quasi exclusivement par une plus grande fréquence d'achat pour les voitures neuves, et le choix de modèles d'occasion plus récents, pour les ménages les plus aisés.

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L'accès à l'enseignement supérieur en Allemagne et en France : régularités sociales et facteurs institutionnels - 7 novembre 2008

Présentation par : Annick Kieffer (Centre Maurice Halbwachs, CNRS), David Reimer (MZES, Université de Mannheim)

Résumé :

Les comparaisons qu'elles soient internationales ou historiques offrent des occasions heuristiques de revisiter les théories sociologiques du rôle de l'éducation dans la reproduction sociale. En effet, la « distribution » de l'éducation entre les différents groupes sociaux change, selon la période ou le pays, tant quantitativement que qualitativement. Les décennies récentes se caractérisent par une forte expansion éducative dans la plupart des pays développés, qui s'est le plus souvent accompagnée d'une tendance marquée vers plus de différentiation, avec évidemment des nuances sensibles entre pays. Les comparaisons éclairent la question de l'impact des structures éducatives sur ces processus, ainsi que celui du contexte plus vaste dans laquelle s'inscrivent les phénomènes éducatifs, mais il est clair que c'est infiniment plus difficile. L'intervention portera sur l'évolution récente des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur, sur la base des données FQP 2003 qui peuvent être raisonnablement comparées avec les données allemandes, au prix certes de certains compromis inévitables quand on s'engage dans des comparaisons internationales.

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En aval de la redistribution : la place des services publics et des impôts sur la consommation et l'investissement - 5 décembre 2008

Présentation par : François Marical (Insee, Études Sociales)

Résumé :

Le champ de la redistribution s'arrête traditionnellement aux prélèvements et prestations monétaires qui répondent explicitement à un objectif de redistribuer les revenus que ce soit spécifiquement des plus riches vers les plus pauvres (impôt sur le revenu, minima sociaux...) ou vers des populations particulières (allocations familiales). Or l'action des administrations publiques ne se limite pas à organiser la gestion de ces prélèvements et prestations, elles rendent aux ménages de nombreux services, dans des domaines tels que la santé, l'éducation ou le logement social, qui augmentent le bien être de la population. Par ailleurs le financement de l'action des administrations publiques ne se limite pas aux prélèvements pris en compte dans le cadre de la redistribution. En particulier les impôts sur la consommation et l'investissement représentent une part importante des prélèvements acquittés par les ménages.

L'objectif de ce travail n'est pas de redéfinir le champ de la redistribution. Il s'agit d'en donner une nouvelle perspective dans un champ plus large d'action des administrations publiques qui, au-delà d'un simple échange d'argent entre des personnes aisées et des personnes modestes, contribuent par les services qu'elles rendent à une autre forme de redistribution et également de tenir compte des impôts indirects qui représentent une source majeure de prélèvement sur les ménages.

France, portrait social, Insee Références - Édition 2008 :

La redistribution en 2007 et la réforme de l'impôt sur le revenu et de la prime pour l'emploi

Les services publics de santé, éducation et logement contribuent deux fois plus que les transferts monétaires à la réduction des inégalités de niveau de vie

Les lycéens et leurs parents : expériences et perceptions croisées du quartier et du monde scolaire dans des communes populaires de la Seine-Saint-Denis - 16 janvier 2009

Présentation par : Marco Oberti (Sciences Po - Observatoire Sociologique du Changement)

Résumé :

Cette recherche vise à saisir le rapport des lycéens et de leurs parents au quartier et à ses habitants d'une part, et à l'environnement scolaire d'autre part. Il s'agit d'aborder ces deux espaces comme des cadres d'expériences vécues dont il faut saisir le sens pour les acteurs concernés en les resituant dans des contextes structurels spécifiques (des quartiers populaires à forte présence de populations immigrées ou issues de l'immigration). Les particularités de ces quartiers nous donnent également la possibilité d'approfondir l'analyse des interactions entre ségrégation, inégalités, et discriminations.

Plusieurs types de méthodes seront mobilisés : analyse des contextes urbains et scolaires locaux, entretiens individuels et questionnaire auprès des parents d'élèves, entretiens collectifs avec les lycéens, observation ethnographique des lycées.

Il s'agira de préciser le recours à des méthodes quantitatives et qualitatives en montrant leurs intérêts et leurs limites, et en donnant les premiers résultats.

Préférences pour la redistribution : quelques résultats issus de la méthode des questionnaires de type « quasi expérimentation » - 6 février 2009

Présentation par : Christine Le Clainche (CEE, ENS Cachan, Lameta/CNRS), Jérôme Wittwer (Paris-Dauphine, Legos)

Résumé :

L'analyse empirique relative aux préférences pour la redistribution se développe en économie. De nombreux travaux portent sur le retraitement de données d'enquêtes, sur échantillon représentatif, relatives à l'Etat providence, mais d'autres portent sur l'élaboration d'enquêtes spécifiques, prenant la forme de questionnaires relevant de la quasi expérimentation. Ces enquêtes sont réalisées sur de petits échantillons, leur objectif étant de tester l'acceptation ou le rejet d'axiomes relatifs aux comportements des agents. Ces questionnaires sont présentés sous forme de scénarios et les individus qui répondent aux questions sont extérieurs aux problèmes posés. L'objet de l'exposé sera de présenter la méthode de ce type d'enquêtes et les résultats issus de différentes études relatives aux domaines de la santé et de l'éducation notamment. Nous verrons ainsi que les critères éthiques qui déterminent les préférences pour la redistribution peuvent différer selon le contexte (domaine d'application -santé, éducation, redistribution monétaire-, culture etc.) et le degré d'information fourni aux individus.

Les disparités d'évolutions de niveau de vie - 3 avril 2009

Présentation par : Yves Jauneau (Insee, division Études Sociales); Émilie Raynaud (Insee, division Revenus)

Discutant : Bruno Jeandidier (Université de Nancy 2)

Résumé :

Le dispositif de Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV-SILC) permet de suivre dans le temps un échantillon de personnes et donc de mesurer des disparités individuelles en termes d'évolutions de revenus. En effet, les évolutions « moyennes » de revenus mesurées d'un point de vue macroéconomique (Comptes nationaux) ou microéconomique (enquêtes Revenus fiscaux) ne renseignent pas sur ces disparités. Une évolution modérée du niveau de vie moyen pourrait être le résultat de variations individuelles plus dispersées.

À partir des résultats des trois premières vagues du panel SRCV (2004-2006), la présentation s'intéressera aux points suivants :

  • quel diagnostic global tirer sur les disparités des évolutions individuelles de niveaux de vie,
  • quels sont les avantages et les inconvénients d'un tel panel pour observer les inégalités de revenus,
  • parmi les différentes catégories de population (milieu social, part du patrimoine dans les revenus, etc.), qui sont les « gagnants » et les « perdants » au cours de la période, et pourquoi ?
  • en quoi les événements (familiaux, emploi, etc.) modifient-ils les niveaux de vie ?

Ségrégation socio-économique et ethno-raciale et inégalités dans la métropole parisienne - 15 mai 2009

Présentation par : Edmond Préteceille (Sciences-Po, Observatoire sociologique du changement)

Discutant : Guy Desplanques (ancien chef du département de la démographie à l'Insee)

Résumé :

La question de la ségrégation est le plus souvent traitée en France à propos des quartiers populaires les plus en difficulté. Politiques et experts s'accordent depuis deux décennies au moins sur l'idée que la ségrégation augmente, et qu'il faut la réduire (politique de la ville, loi SRU) en réduisant la concentration spatiale des pauvres, liée à celle du logement social. La concentration des immigrés est, de plus en plus, considérée comme une composante majeure de cette aggravation, et conduit à l'usage fréquent de l'idée de ghetto.

L'étude systématique de la ségrégation dans la métropole parisienne, prenant en considération l'ensemble des catégories socioprofessionnelles et l'ensemble des espaces, conduit à des conclusions assez différentes. Les catégories les plus ségrégées sont les catégories supérieures ; la majorité des quartiers sont assez mélangés, et ce mélange ne s'est pas réduit au cours des années quatre-vingt-dix ; cependant, le contraste entre les extrêmes s'est accentué, les beaux quartiers accentuant leur caractère exclusif, alors qu'un groupe, minoritaire mais significatif, de quartiers populaires a vu s'accentuer nettement la présence des chômeurs et des précaires. Quant à la ségrégation ethno-raciale, qu'on ne peut étudier qu'indirectement par la prise en compte de l'origine des immigrés ou des lieux de naissance, elle est d'un niveau modéré, et s'est accentuée légèrement dans cette même période; les situations de mélange sont restées les plus répandues, une petite minorité seulement des immigrés résidant dans des quartiers où ils sont majoritaires, et cette mixité de fait ne s'est pas réduite, sauf dans une petite minorité de communes.

Mobilité intergénérationnelle du patrimoine en France au XIXe et XXe siècle - 12 juin 2009

Présentation par : Jérôme Bourdieu, Gilles Postel-Vinay, Akiko Suwa-Eisenman (Inra)

Résumé :

Mesurée à partir d'une base de données historiques issue de l'enquête 3 000 familles couvrant la France entière, la mobilité inter-générationnelle des patrimoines entre 1820 et 1939 semble non négligeable. On observe ainsi qu'en trois générations, la mobilité ferait presque disparaître les inégalités de richesse dans la population. Cependant, on peut affiner ce diagnostic : d'une part, les positions apparaissent bien plus figées en haut de la distribution (qui concentrent l'essentiel de la richesse) et, d'autre part, la mobilité évolue au cours du temps.