Séances 2009-2010 du séminaire inégalités

L'Insee et la statistique publique
Dernière mise à jour le : 26/06/2015

Redistribution et désincitation - 6 novembre 2009

Présentation par : Caroline Guibet Lafaye, CNRS/Centre Maurice Halbwach

Discutant : Daniel Verger

Résumé :

La question de la redistribution, envisagée comme une question institutionnelle, se formule en premier lieu comme une recherche, étant donnée une certaine structure des inégalités et de l'information dans l'économie, des mécanismes et des institutions Pareto-optimaux permettant de redistribuer la richesse. Dans cette perspective, il s'agit de déterminer les instruments institutionnels efficaces (c'est-à-dire Pareto-optimaux) utiles pour redistribuer les emplois et les richesses. En somme, l'ensemble des redistributions possibles n'est pas seulement limité par une contrainte technologique - c'est-à-dire par le fait que l'on ne peut redistribuer plus de richesses que la société n'en produit - mais aussi par une contrainte institutionnelle. Celle-ci s'appréhende à travers le problème des incitations, en ce sens que la somme totale des richesses produites dépend de la façon dont on s'est engagé à les distribuer, dans la mesure où les comportements individuels s'ajustent, inévitablement, à la distribution anticipée.

Ainsi envisager une répartition juste suppose, dans un premier temps, de considérer les outils de la redistribution. Pour ce faire nous envisagerons tout d'abord les formes possibles de la redistribution fiscale (Crédit d'Impôt sur les Revenus d'Activité, Impôt universel à taux unique, Taxe générale sur le patrimoine, Salaire minimum). Nous en soulignerons les effets pervers en référence au dilemme efficacité/égalité (i.e. effets désincitatifs en termes de travail, d'investissement et d'épargne, évasion fiscale, trappe à pauvreté). Enfin nous apporterons des arguments démontrant la supériorité de la redistribution fiscale sur les autres formes de redistribution (principe de relativité salariale, redistribution capital/travail, redistribution des revenus primaires, égalisation financière des chances d'accès à l'enseignement supérieur).

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Classes moyennes et inégalités de conditions de vie - 4 décembre 2009

Présentation par : Régis Bigot, Crédoc, département des conditions de vie

Discutante : Magda Tomasini, Insee, division Revenus et patrimoine des ménages

Résumé :

Au cours de cette intervention, nous proposerons quelques hypothèses d'interprétation du malaise ressenti par les « classes moyennes ». L'une d'entre elles consiste à mettre en lumière le décalage entre l'idée que les Français se font des « classes moyennes » et la réalité des conditions de vie des personnes se situant au milieu de l'échelle des revenus. La représentation que l'on a de la hiérarchie sociale et la perception que l'on a de soi-même dans cette hiérarchie ne sont pas toujours en adéquation avec la réalité telle qu'elle est mesurée par les statisticiens, les économistes ou les sociologues. Dans l'imaginaire collectif, les « pauvres », les « riches », les « classes moyennes » ne sont peut-être pas tout à fait les mêmes que ceux qui sont étudiés par les chercheurs en sciences sociales. L'idée de cette intervention est de faire plusieurs allers et retours entre les perceptions et les « réalités ». Nous évoquerons aussi la pression financière ressentie par les ménages modestes en raison de la progression des dépenses « contraintes » (logement, eau, gaz, électricité, etc.), qui pèsent proportionnellement davantage dans leur budget que dans celui des ménages aisés.

Sur le site du Ouvrir dans un nouvel ongletCrédoc :

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La famille désarticulée. Les nouvelles contraintes de l'emploi du temps - 15 janvier 2010

Présentation par : Laurent Lesnard, Sciences Po

Résumé :

Cette recherche traite de la désynchronisation des horaires de travail des couples bi-actifs, de ses origines et de son impact sur le lien familial. Il s'appuie sur les deux dernières enquêtes sur l'emploi du temps menées par l'Insee. Les carnets d'emploi du temps de ces enquêtes permettent en effet d'étudier en détail la vie quotidienne des Français et de mettre en relation le temps qu'ils passent en famille et leurs horaires de travail. Les méthodes d'appariement optimal (Optimal matching) permettent de bâtir, d'abord pour les individus puis pour les couples bi-actifs, des typologies de journées de travail. Loin d'être un choix, la désynchronisation des horaires de travail des couples n'est bien souvent que la traduction des horaires atypiques imposés aux salariés précaires, ouvriers mais aussi employés des services et du commerce.

Situés le plus souvent en bas de l'échelle sociale, les couples désynchronisés passent moins de temps ensemble mais ne mettent pas à profit pour autant cette désynchronisation pour mieux se répartir le travail parental qui reste assumé pour l'essentiel par les mères.

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Inégalités sociales et territoriales de santé en milieu urbain : quelques enseignements tirés de la cohorte SIRS Île-de-France - 12 février 2010

Présentation par : Isabelle Parizot, ERIS/Centre Maurice Halbwachs ; Pierre Chauvin, DS3/Inserm

Discutant : Gaël de Peretti, Insee

Résumé :

Dans un premier temps, la présentation portera sur les aspects méthodologiques d'une recherche sur les inégalités sociales et territoriales dans l'agglomération parisienne. Celle-ci repose sur la cohorte SIRS (« Santé, Inégalités et Ruptures Sociales ») menée par l'Inserm (Équipe DS3, UMR-S-707) et le Centre Maurice Halbwachs (ERIS). Il s'agit d'un échantillon de 3 000 personnes, représentatif de la population générale de l'agglomération et interrogé tous les 18 mois depuis 2005.

Dans un second temps, l'analyse portera sur les inégalités de santé et de recours aux soins - abordant conjointement, mais en les distinguant, les inégalités sociales et les inégalités entre territoires. Les intervenants s'interrogeront notamment sur les facteurs (culturels, psychosociaux, normatifs, urbains, etc.) permettant d'expliquer une partie des inégalités constatées.

Les précarités du logement : absence de logement, privation de confort, précarités financières et énergétiques - 9 avril 2010

Présentation par : Pierrette Briant, Nathalie Donzeau, Insee, division Logement

Discussion introduite par: Jean-Claude Driant, Institut d'Urbanisme de Paris

Résumé:

Il s'agit d'abord de chiffrer et de décrire sommairement les populations sans logement autonome stable : personnes sans domicile, sans logement personnel (en hôtel ou hébergées par un tiers), en habitations de fortune ou mobiles. Elles sont habituellement peu décrites, sauf par des enquêtes spécifiques comme les enquêtes sans-domicile, car les enquêtes nationales ne concernent que les ménages en logement « ordinaire ». La mobilisation du recensement de la population, combiné à l'enquête logement, en permet des estimations. Une catégorie supplémentaire, de personnes en privation sévère de confort, en logement ordinaire, est également proposée.

En logement ordinaire, on compare ensuite les conditions de logement des ménages à faibles ressources et des autres ménages, ainsi que leur évolution sur 10 ans. L'amélioration du confort pour les ménages à faibles ressources se révèle plus importante que pour les autres ménages, mais ces derniers sont toujours en moyenne mieux logés. La perception de froid, un des défauts des logements qui revient le plus souvent, est en revanche davantage relevée en 2006, pour tous les ménages. On en teste la cohérence avec des critères objectifs, liés aux ménages et aux logements. Il s'agit en effet d'un des seuls critères statistiques disponibles pour étudier la précarité énergétique.

En 10 ans, l'amélioration des conditions de logement des ménages à faibles ressources est assortie d'un alourdissement des dépenses, en loyer ou en remboursement d'emprunt et en dépenses énergétiques. On tente de mesurer la contribution de l'amélioration du confort dans l'augmentation des loyers et de réfléchir à la mesure de la précarité énergétique, dans sa dimension financière.

Les très hauts revenus : des différences de plus en plus marquées - 7 mai 2010

Présentation par : Julie Lemerre-Solard, Insee, division Revenus

Discussion introduite par: Cédric Houdré, Direction générale du Trésor, Bureau des études fiscales

Résumé :

Les inégalités de niveau de vie, traditionnellement mesurées par le rapport interdécile, n'évoluent pas depuis plusieurs années. Mais cet indicateur ne rend pas compte des évolutions au-delà du neuvième décile. Cette étude s'intéresse principalement au dernier centile de la distribution des revenus déclarés par unité de consommation. Pour cela, elle utilise l'exhaustif des déclarations fiscales du haut de la distribution, et ce sur plusieurs années. En 2007, le seuil de revenu déclaré annuel par unité de consommation permettant à une personne de se situer dans les 1 % les plus riches est de 84 500 euros. L'observation en détail du haut de la distribution fait apparaître des différences de structure des revenus entre les très hauts revenus et le reste de la population. Les personnes à très hauts revenus sont ensuite caractérisées à partir de descripteurs disponibles dans les sources fiscales. Enfin, l'observation en évolution de la distribution des revenus révèle une augmentation rapide des revenus moyens des très hauts revenus, de même qu'un accroissement du nombre de personnes franchissant des seuils symboliques de revenus annuels, d'où une augmentation notable des inégalités dans le haut de la distribution.

La persistance de la pauvreté monétaire - 4 juin 2010

Présentation par : Jean-Paul Lorgnet, Nathalie Missègue, Insee, division Revenus et Patrimoine

Discussion introduite par : Delphine Chauffaut, responsable du département de l'animation de la recherche et du réseau des chargés d'études de la Cnaf

Résumé :

Cette présentation étudie l'effet sur les transitions vis-à-vis de la pauvreté monétaire de facteurs contextuels liées à la fois à la zone de résidence et aux événements auxquels les personnes sont confrontées. Dans un premier temps, on présente des statistiques descriptives permettant, à partir des données du panel SRCV-SILC (4 vagues), de décrire les différentes transitions (entrées/sorties de la pauvreté) en fonction des caractéristiques sociodémographiques des personnes. Dans un second temps, à l'aide de modèles de transition, on estime l'effet des changements intervenus – qu'ils soient d'ordre familial, professionnel et en matière de revenus – sur les entrées et sorties de pauvreté en France. L'influence des caractéristiques du ménage et du contexte dans lequel il vit sur le caractère persistant de la pauvreté sont également estimés. Les résultats montrent des effets très différenciés des différents facteurs selon le type de transition : les événements familiaux (décès, arrivée d'une personne sans revenu...) contribuent le plus à l'entrée dans la pauvreté tandis que les variations de revenus et la situation sur le marché du travail priment pour faciliter la sortie. En outre et au-delà des caractéristiques des ménages et de l'activité des conjoints au sein des couples, un contexte économique local défavorable contribue à la persistance de la pauvreté.

Trajectoires individuelles et pauvreté, Les revenus et le patrimoine des ménages - Insee références - Édition 2010

Présentation (pdf, 204 Ko )