La place des animaux dans la vie quotidienne : une lecture à travers les enquêtes Emploi du temps

Cécile Brousse (Insee, ENS-PSL), Marceline Bodier (Insee)

Documents de travail
No 2024-22
Paru le :Paru le02/10/2024
Cécile Brousse (Insee, ENS-PSL), Marceline Bodier (Insee)
Documents de travail No 2024-22- Octobre 2024

Trois éditions des enquêtes Emploi du temps (1966-1967, 1986 et 2010) ont recueilli des informations sur les animaux que possèdent les ménages. Elles confirment l’idée depuis longtemps établie que les personnes seules sont les moins susceptibles de posséder un animal de compagnie.

Les cinq éditions (1966-1967, 1974, 1986, 1998, et 2010) ont toujours prévu une nomenclature d’activités avec quelques postes consacrés à des activités avec des animaux, d’une manière qui s’est précisée au fil des enquêtes. Mais ces catégories d’activités préétablies n’ont jamais été étudiées, et elles ne décrivent que de manière incomplète le temps passé au contact d’animaux.

Nous sommes retournées aux sources des libellés exacts employés par les enquêtés de 2010 pour décrire leurs journées. Cela nous a permis de reconstituer le champ exhaustif des activités animalières (i.e. réalisées pour un animal ou en sa présence, d’une manière explicitement mentionnée par l’enquêté), et de définir une nomenclature d’activités animalières plus détaillée que la nomenclature « standard ». Nous étudions l’ensemble de ces activités (qui impliquent aussi bien des animaux de compagnie que des animaux d’élevage ou des animaux non domestiqués, notamment lorsqu’il s’agit de pêche ou de chasse), et montrons notamment que les personnes seules qui possèdent un animal de compagnie passent plus de temps avec lui, notamment à jouer.

Enfin, nous avons établi une méthode pour l’analyse textuelle du corpus de libellés ainsi constitué, que nous utilisons pour qualifier la manière dont les enquêtés ont mentionné les animaux de compagnie et pour essayer d’évaluer leur degré d’attachement. Cela permet de trancher une question sur laquelle la littérature avait deux réponses opposées : celle de l’attachement des personnes seules à leur animal de compagnie. Nous montrons que les femmes et les personnes âgées utilisent plus que les autres un vocabulaire d’un registre qu’on pourrait qualifier d’« anthropomorphique » pour décrire la place de leurs animaux dans leur quotidien. Les personnes seules étant plus souvent des femmes et des personnes âgées, cela suffit à expliquer qu’elles utilisent plus que les autres ce vocabulaire « anthropomorphique ».