Îlots de chaleur urbains et inégalités : l’expérience des villes françaises

Julie Sixou (Insee), Céline Grislain-Letremy (Banque de France et Crest-Ensae), Aurélie Sotura (Banque de France)

Documents de travail
No 2024-21
Paru le :Paru le01/10/2024
Julie Sixou (Insee), Céline Grislain-Letremy (Banque de France et Crest-Ensae), Aurélie Sotura (Banque de France)
Documents de travail No 2024-21- Octobre 2024

Pendant les vagues de chaleur, les îlots de chaleur urbains (ICU) affectent les quartiers des villes de manière hétérogène en raison des différences dans la forme urbaine, la qualité des bâtiments, la végétation et l'activité humaine. Certaines populations sont particulièrement vulnérables, comme les personnes âgées, les jeunes enfants ou les ménages à faibles revenus, qui ont moins d'options face aux ICU. Dans cet article, nous mesurons pour la première fois l'exposition aux ICU des ménages en fonction de leur revenu dans les principales villes françaises. Nous construisons et comparons des données finement localisées sur la température, la végétation, la densité des bâtiments résidentiels, la hauteur et la période de construction, ainsi que les caractéristiques socio-économiques des ménages dans neuf des plus grandes villes françaises. Nous constatons que la relation entre l'exposition aux ICU et le revenu dépend de la répartition spatiale préexistante. Dans des villes comme Paris, la capitale française, où les ménages aisés et à faibles revenus résident à proximité du centre-ville, l'exposition aux ICU en fonction du revenu suit une courbe en forme de U. En revanche, dans les villes où les ménages aisés vivent dans de riches banlieues, comme Lyon, la deuxième ville de France, l'exposition aux ICU diminue avec le revenu. Nous constatons également que les ménages vulnérables, définis à la fois par des critères d'âge et de revenu, sont légèrement plus exposés mais beaucoup moins capables de rénover leur logement ou de quitter la ville pendant les vagues de chaleur.