Le modèle de simulation macroéconomique Mélèze

Le modèle Mélèze est un modèle macroéconomique de la zone euro qui y distingue la France et le reste de la zone euro. Il permet notamment d’évaluer l’impact de mesures de politique économique (fiscales, budgétaires…) sur l’économie française ou la zone euro (PIB, consommation…).

Méthodes
Dernière mise à jour le : 26/03/2019

Caractéristiques générales du modèle

Mélèze (Modèle Économique Linéarisé d’Équilibre en Zone Euro) est un modèle trimestriel de la zone euro, qui y distingue la France d’une part, le reste de la zone euro d’autre part.

Il s’agit d’une représentation de l’économie où les agents économiques (ménages, entreprises, administrations publiques…) sont modélisés dans leurs comportements de consommation, d’investissement, de détermination des prix et des salaires, et dans leurs relations avec leurs partenaires commerciaux au sein de la zone euro (exportations, importations).

Le modèle appartient à la famille des modèles dit DSGE (dynamic stochastic general equilibrium) : 

  • il repose sur un cadre théorique cohérent, défini au niveau microéconomique et qui spécifie l’intégralité des comportements des agents économiques. À titre d’exemple, le comportement des ménages découle de celui d’un ménage supposé représentatif, disposant d’une fonction d’utilité (reflet de son « bien-être » économique) et qu’il cherche à chaque instant à maximiser compte tenu de sa contrainte budgétaire ;
  • ce cadre théorique fait notamment intervenir la notion d’anticipations rationnelles des agents économiques. Ces derniers prennent en effet en compte, dans leurs décisions à la date t, les anticipations d’événements susceptibles de les toucher aux dates ultérieures.

Outre ces traits communs aux modèles DSGE, Mélèze dispose des caractéristiques suivantes : 

  • les ménages sont supposés de deux types distincts : les ménages contraints financièrement, c’est-à-dire sans possibilité d’épargne d’une période sur l’autre (ménages « contraints », représentant 40 % de la population des ménages) ; les ménages pouvant épargner (ménages « ricardiens », 60 % des ménages). La présence de ménages contraints est une hypothèse nécessaire de façon à ce que le modèle rende compte à court terme de comportements de demande similaires à ceux observés empiriquement ;
  • la zone euro est supposée en « économie fermée », c’est-à-dire que ses liens avec le reste du monde ne sont pas modélisés. En revanche, les liens entre la France et le reste de la zone euro (et réciproquement) sont partie intégrante du modèle. Par ailleurs, la modélisation au niveau de la zone euro intègre une réaction de la politique monétaire à l’évolution des agrégats macroéconomiques : cette dernière est modélisée sous la forme usuelle d’une « règle de Taylor », le taux d’intérêt nominal de l’économie s’ajustant aux déviations de l’inflation et du PIB de la zone ;
  • Mélèze permet également une réaction endogène des finances publiques, tant pour la France que pour le reste de la zone euro, à l’évolution de la situation macroéconomique : lorsque le ratio de dette sur PIB s’écarte de son niveau stationnaire, un ajustement budgétaire s’opère, soit par les recettes soit par les dépenses, de façon à ce que le ratio revienne progressivement au niveau stationnaire.

Mélèze offre une analyse complémentaire à celle d’un modèle macroéconométrique tel que Mésange. L’hypothèse d’anticipations rationnelles enrichit en effet la description des comportements des agents économiques. La modélisation de la zone euro apporte également une réaction des partenaires de la France situés dans la zone euro, tandis que Mésange repose sur une hypothèse d’environnement international totalement exogène. À cet égard, Mélèze rend compte de la réaction de la politique monétaire là où Mésange suppose qu’en simulation, les taux d’intérêt réel restent exogènes. Enfin, le comportement endogène des finances publiques permet de prendre en compte la contrainte budgétaire inhérente aux mesures de politique économique.

Utilisations

Mélèze est destiné principalement à être utilisé en « variante », c’est-à-dire à étudier la réaction du modèle à une modification de l’économie au niveau de la France, du reste de la zone euro ou de la zone euro dans son ensemble : mesure budgétaire ou fiscale, choc de politique monétaire, choc de productivité… Le modèle fournit alors l’impact macroéconomique de la modification considérée, c’est-à-dire prenant en compte les effets d’entraînement ou de diffusion engendrés. L’impact est évalué sur les agrégats de l’économie française (PIB, consommation des ménages, taux de chômage, balance commerciale…) et à des horizons temporels allant du court terme (trimestre ou année immédiatement après le choc) au long terme (plusieurs années après le choc).

À noter que, comme tout modèle macroéconomique, Mélèze ne constitue qu’un outil parmi d’autres de l’analyse économique, et notamment de l’évaluation de la politique économique. En particulier, Mélèze ne peut fournir d’impact à un niveau fin de la population des ménages ou des entreprises (impact par décile de revenus, par taille d’entreprise, par zone géographique…).

Méthodologie

La construction du modèle consiste en premier lieu à élaborer le cadre théorique définissant l’ensemble des comportements des agents économiques. À partir de ce cadre théorique, de nature dynamique, on étudie l’existence d’un état stationnaire, ou état de référence « en l’absence de choc », et on en détermine les relations qui le caractérise. Le modèle est ensuite principalement utilisé en petites déviations par rapport à cet état stationnaire : les comportements des agents économiques y prennent alors la forme d’équations « log-linéaires » et ce sont ces dernières qui constituent le code source du modèle.

Il s’agit ensuite de donner une valeur aux paramètres du cadre théorique. Dans Mélèze, les paramètres sont choisis de façon empirique pour répliquer certains grands ratios observés à l’échelle de la France ou de la zone euro, ou calibrés à l’aide des valeurs issues de la littérature économique.

On applique alors au modèle le choc qu’on souhaite étudier et on simule le modèle sur plusieurs trimestres : en réponse au choc, la trajectoire du modèle s’écarte alors du scénario de référence pour donner un scénario « avec choc ». L’impact du choc consiste à évaluer, pour toute grandeur économique d’intérêt, l’écart entre le scénario avec choc et le scénario en l’absence de choc. Les impacts sont en général fournis en écart relatif par rapport au scénario en l’absence de choc (impact sur le PIB en % du PIB de référence).

Publications

Pour en savoir plus

Le code source et une documentation du modèle sont mis à disposition dans un Ouvrir dans un nouvel ongletdépôt en ligne.