Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéBourgogne-Franche-Comté : une région plutôt attractive mais qui peine à retenir ses habitants de moins de 40 ans

Régine Bordet-Gaudin, Bénédicte Piffaut (Insee)

La Bourgogne-Franche-Comté a une propension à attirer de nouveaux habitants supérieure à la moyenne des régions françaises. Cette propension ne suffit cependant pas à entraîner une croissance démographique. Le solde migratoire est négatif et la région peine à conserver ses habitants. Elle perd des personnes de moins de 40 ans, étudiants ou actifs en emploi, alors qu’elle gagne des retraités. Les mobilités résidentielles contribuent ainsi au vieillissement de la population régionale. Par ailleurs, elles renforcent la présence des jeunes ouvriers qualifiés.

Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté
No 107
Paru le :Paru le05/10/2020
Régine Bordet-Gaudin, Bénédicte Piffaut (Insee)
Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté No 107- Octobre 2020

L’accueil de nouvelles populations constitue un enjeu important en Bourgogne-Franche-Comté qui, avec la Normandie, est la région de métropole où la baisse démographique est la plus marquée, estimée à - 0,3 % par an entre 2017 et 2020. Cette décroissance, amorcée depuis plusieurs années, s ’accentue : la natalité est en repli, le nombre croissant de décès lié au vieillissement de la population dépasse celui des naissances.

Plus forte propension à attirer des habitants que les autres régions du quart nord-est de la France

La propension de la région à est supérieure à la moyenne des régions métropolitaines (figure 1). Elle attire en effet 9 % de personnes de plus que ce qu’elle serait en mesure de capter compte tenu de son poids démographique. Les Hauts-de-France et Grand Est, dont le marché du travail est globalement plus dégradé, attirent proportionnellement moins, tout comme l’Île-de-France qui polarise en premier lieu des jeunes de moins de 30 ans. Les nouveaux arrivants dans la région viennent essentiellement des territoires limitrophes. Près de 17 % arrivent de l’étranger contre 22 % au niveau national.

Au cours de l’année 2016, 46 000 personnes, résidant auparavant dans une autre région de métropole, sont venues habiter dans la région. Elles représentent 1,6 % de la population régionale. Cette part est inférieure à celle des régions plus attractives qui bordent l’Atlantique et la Méditerranée. La Bourgogne-Franche-Comté ne bénéficie ni de l’attrait des littoraux ni de l’héliotropisme, deux facteurs qui renforcent depuis plusieurs décennies les migrations vers l’ouest et le sud de l’Hexagone.

Figure 1Plus forte attractivité démographique de la façade atlantiquePropension à attirer et à retenir des habitants sur un an

Plus forte attractivité démographique de la façade atlantique
Code Région Région Propension à attirer des habitants d'autres régions Propension à retenir des habitants de la région
11 Ile-de-France 75 74
24 Centre-Val de Loire 135 61
27 Bourgogne-Franche-Comté 109 88
28 Normandie 99 99
32 Hauts-de-France 67 115
44 Grand Est 67 124
52 Pays de la Loire 133 98
53 Bretagne 131 104
75 Nouvelle-Aquitaine 129 112
76 Occitanie 130 105
84 Auvergne-Rhône-Alpes 96 117
93 Provence-Alpes-Côte d’Azur 105 98
94 Corse 128 105
  • Note de lecture : La Bourgogne-Franche-Comté attire 9 % de population de plus que ce qu’elle pourrait attirer compte tenu de son poids démographique en France métropolitaine. Elle retient, en revanche, 12 % de population de moins qu’elle pourrait en retenir .
  • Champ : population ayant changé de région métropolitaine sur un an
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Figure 1Plus forte attractivité démographique de la façade atlantiquePropension à attirer et à retenir des habitants sur un an

  • Note de lecture : La Bourgogne-Franche-Comté attire 9 % de population de plus que ce qu’elle pourrait attirer compte tenu de son poids démographique en France métropolitaine. Elle retient, en revanche, 12 % de population de moins qu’elle pourrait en retenir .
  • Champ : population ayant changé de région métropolitaine sur un an
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Des difficultés à retenir les personnes de moins de 40 ans

Cependant, l’attractivité de la région n’est pas suffisante pour que les migrations résidentielles aient un effet positif sur sa démographie.

Le nombre de nouveaux arrivants ne compense pas les départs : le déficit est de 1 500 personnes en un an. La région a du mal à retenir ses habitants et tout particulièrement les personnes de moins de 40 ans, qui par nature sont plus mobiles que le reste de la population. Elle est ainsi la 2e région, derrière Centre-Val de Loire, ayant la plus faible propension à de cette tranche d’âge. Leurs déménagements vers d’autres régions correspondent le plus souvent à une nouvelle étape dans la vie comme la poursuite d’études supérieures, l’entrée dans la vie active ou une opportunité professionnelle. Ces jeunes partent en premier lieu en Auvergne-Rhône-Alpes ou rejoignent le Grand Est et l’Île-de-France. Ces régions bénéficient d’une offre de formation plus étoffée notamment en 3ᵉ cycle. Les créations d’entreprises et le développement des emplois tertiaires y sont également plus dynamiques qu’en Bourgogne-Franche-Comté et les opportunités d’emploi, notamment très qualifié, plus nombreuses. Par conséquent, les départs de jeunes de moins de 40 ans contribuent au vieillissement de la population régionale (figure 2).

Figure 2Trois quarts des personnes qui quittent la région ont moins de 40 ans Nombre et profil des entrants et des sortants de Bourgogne-Franche-Comté sur un an

Trois quarts des personnes qui quittent la région ont moins de 40 ans
Entrants (nombre) Part parmi l’ensemble des entrants (%) Sortants (nombre) Part parmi l’ensemble des sortants (%) Solde entrants-sortants (nombre)
Ensemble 45 960 // 47 460 // -1 500
Population de moins de 40 ans 33 080 72 35 460 74,7 -2 380
Élèves, étudiants de 14 ans ou plus 6 020 13,1 7 500 15,8 -1 480
Actifs en emploi 19 550 42,5 20 950 44,1 -1 400
Retraités 5 090 11,1 4 500 9,5 +590
  • Note : La situation des entrants et des sortants décrite est celle après migration, au moment de leur recensement.
  • Champ : Population ayant changé de région métropolitaine sur un an
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Les jeunes ouvriers renforcent leur présence dans la région

Sur une année, 6 000 jeunes de 14 ans ou plus nouvellement arrivés dans la région poursuivent des études alors que 7 500 l’ont quittée pour aller étudier ailleurs. La région perd 1 500 étudiants au cours de l’année : 65 % ont uniquement le baccalauréat et près de 30 % ont au moins un diplôme de niveau bac +3 (licence, diplôme d’État, bachelor….).

La région enregistre également un déficit de jeunes actifs en emploi, de l’ordre de 1 400 personnes en un an. Parmi ceux ayant quitté la région, plus de la moitié exercent une profession intermédiaire ou sont cadres dans leur région d’accueil. En revanche, ceux venus s’installer en Bourgogne-Franche-Comté occupent davantage un emploi d’ouvrier, le plus souvent qualifié (figure 3). De ce fait, les jeunes ouvriers renforcent leur présence dans la région où l’industrie est très implantée et dont certaines activités très spécifiques, comme l’industrie automobile ou la métallurgie, requièrent une main-d’œuvre importante. D’autres s’installent dans la région mais n’y travaillent pas : c’est le cas des ouvriers venus habiter dans la bande frontalière et ayant un emploi en Suisse où les rémunérations sont plus élevées qu’en France.

Figure 3Plus de jeunes cadres parmi les sortants que parmi les entrantsRépartition des actifs en emploi de moins de 40 ans selon la catégorie sociale en Bourgogne-Franche-Comté : entrants, sortants, stables sur un an (%)*

Plus de jeunes cadres parmi les sortants que parmi les entrants
entrants sortants stables
ouvriers 19,8 15,4 28,9
employés 28,1 27,4 28,3
prof. Intermédiaires 29,2 31,6 26,7
cadres 20,3 23,0 9,8
agriculteurs, artisans, chef d’entreprise 2,7 2,6 6,2
  • * pour les entrants : la profession est celle exercée en Bourgogne-Franche-Comté, pour les sortants, il s’agit de celle exercée dans la région de résidence actuelle. Les stables sont les personnes qui n’ont pas changé de région au cours de l’année.
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Figure 3Plus de jeunes cadres parmi les sortants que parmi les entrantsRépartition des actifs en emploi de moins de 40 ans selon la catégorie sociale en Bourgogne-Franche-Comté : entrants, sortants, stables sur un an (%)*

  • * pour les entrants : la profession est celle exercée en Bourgogne-Franche-Comté, pour les sortants, il s’agit de celle exercée dans la région de résidence actuelle. Les stables sont les personnes qui n’ont pas changé de région au cours de l’année.
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Au jeu des migrations, la région gagne des ménages de petite taille et des retraités

Les migrations ont également pour effet un accroissement du nombre de ménages, 2 000 de plus en un an. Ceux-ci représentent 2 % des ménages de la région. Ils sont de plus petite taille que les ménages qui y étaient déjà installés. Ils sont majoritairement locataires et logés en appartement.

Par ailleurs, les mouvements migratoires entraînent une augmentation du nombre de retraités qui proviennent en très grande majorité d’une grande aire urbaine extérieure à la région. Ils arrivent, principalement de celle de Paris pour 36 %, et beaucoup moins souvent de celle de Lyon, 9 %. Plus d’un quart sont nés en Bourgogne-Franche-Comté, c’est un peu plus qu’en moyenne dans l’Hexagone. Ces retours pourraient être davantage liés à un rapprochement familial ou à la possession d’une maison qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur ou Occitanie (figure 4). Mais ils sont plus limités qu’en Hauts-de-France et Grand Est.

Figure 4« Un retour au pays » pour plus d’un quart des retraités nouvellement arrivés en Bourgogne-Franche-ComtéNombre de nouveaux arrivants retraités sur un an et part nés dans la région

« Un retour au pays » pour plus d’un quart des retraités nouvellement arrivés en Bourgogne-Franche-Comté
Code Région Région Nombre Part nés dans la région (%)
32 Hauts-de-France 4 350 45,3
44 Grand Est 3 950 41,8
11 Ile-de-France 6 810 35,7
28 Normandie 6 370 29,2
27 Bourgogne-Franche-Comté 5 090 26,2
84 Auvergne-Rhône-Alpes 9 450 25,5
53 Bretagne 10 050 22,3
52 Pays de la Loire 9 000 21,6
75 Nouvelle-Aquitaine 16 430 19,6
24 Centre-Val de Loire 5 910 19,5
94 Corse 1 140 18,2
76 Occitanie 15 890 15,2
93 Provence-Alpes-Côte d’Azur 10 640 10,3
Total Ensemble 105 080 22,8
  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Figure 4« Un retour au pays » pour plus d’un quart des retraités nouvellement arrivés en Bourgogne-Franche-ComtéNombre de nouveaux arrivants retraités sur un an et part nés dans la région

  • Source : Insee, RP 2017 (enquêtes de recensement de 2015 à 2019)

Définitions

La propension à attirer de nouveaux arrivants d’une région est la part d’entrants dans la région parmi l’ensemble des entrants dans les régions de France métropolitaine rapporté à la part de la population de la région dans l’ensemble de la population de France métropolitaine. La propension à retenir est calculée selon le même principe.

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