Portrait statistique du demandeur d’emploi : 20 ans d’évolution

En Centre-Val de Loire, 218 000 demandeurs d’emploi sont inscrits en catégorie A B C à Pôle emploi fin 2015. Après une nette diminution dans les années 2000, le nombre de demandeurs d’emploi a connu une croissance très forte après la crise des subprimes de 2007. Sur l’ensemble de la période 1996-2015, il a augmenté de 38,0 %. La part des inscrits à Pôle emploi parmi les actifs est inférieure dans la région à celle de France de province (18,0 % des actifs contre 18,2 % en province) mais tend à s’en rapprocher depuis 2011 (figure 1).

L’évolution de la demande d’emploi se trouve liée au marché du travail et à sa capacité à insérer des actifs supplémentaires. L’emploi en Centre-Val de Loire ne progresse plus depuis les années 2000 et a même diminué de 22 800 emplois entre 2007 et 2015. Contrairement à la France de province, la région Centre-Val de Loire n’a pas connu de redressement progressif de l’emploi depuis 2009.

Les vingt dernières années ont été marquées dans la région par un déclin de l’industrie et une forte tertiarisation de l’emploi (figure 2). Dans l’industrie, l’emploi a diminué (- 27,0 %) entre 1995 et 2014 alors qu’il a augmenté dans le secteur regroupant les activités spécialisées, scientifiques et techniques et les activités de services administratifs et de soutien (+ 67,1 %) ainsi que dans les autres activités de services (+ 29,4 %). Dans l’administration publique, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale, secteur le plus important de la région avec un total de 298 300 emplois en 2014, l’emploi a augmenté de 14,3 % entre 1996 et 2014, en lien avec la hausse des besoins en santé et services à la personne et le vieillissement de la population.

Conséquence des dynamiques de l’offre d’emploi, la part des actifs occupant un emploi a progressé entre 1999 et 2013 dans des secteurs tels que la santé humaine (+ 12,0 %), l’action sociale (+ 30,0 %), les activités financières et d’assurance (+ 11,0 %) ou encore les autres activités de services (+ 39,0 %), tandis qu’elle a fortement diminué dans le secteur de l’industrie (- 23,0 %).

La pratique d’activité dite « réduite », le plus souvent d’emplois courts (contrats à durée déterminée – CDD, missions d’intérim, temps partiels) s’est développée depuis 1990. En 2014, 18,8 % des personnes en emploi travaillent à temps partiel en France métropolitaine, Pour un tiers de ces personnes, le temps partiel est « subi » au sens où elles souhaiteraient travailler davantage et sont disponibles pour le faire, mais vont chercher là où l’offre est la plus importante. Les inscrits à Pôle emploi ont un comportement similaire aux actifs occupés.

La part des demandeurs d’emploi à la recherche d’un emploi à temps partiel ou un contrat court a ainsi presque doublé entre 1996 et 2015, passant de 10,0 % à 18,0 %.

Le développement des activités appartenant au secteur tertiaire s’est accompagné d’une évolution des métiers occupés par des cadres et des professions intermédiaires au détriment des qualifications d’ouvriers chez les actifs occupés (figure 3).

Cette mutation est moins perceptible parmi les demandeurs d’emploi ; si le nombre d’employés chez les demandeurs d’emploi a fortement augmenté entre 1996 et 2015, passant, dans la région, de 83 483 à 134 980 (+ 61,7 %), le nombre d’ouvriers est resté stable (environ 50 000 ouvriers en 1996 comme en 2015). La part des employés demeure la plus élevée et celle des cadres la plus faible.

La tertiarisation de l’économie et le développement des métiers de services à la personne, où 82,6 % des emplois sont occupés par des femmes, ont entraîné une augmentation de la part des femmes dans l’emploi, passant de 45,5 % en 1996 à 48,3 % en 2015. Parallèlement, la crise économique a majoritairement touché les jeunes hommes qui ont plus souvent que les femmes perdu leur emploi. Entre 2007 et 2009, le nombre d’hommes de moins de 25 ans parmi les demandeurs d’emploi de la région a augmenté de 57,0 % (+  27,0 % pour les femmes). La hausse de l’offre d’emploi essentiellement occupé par des femmes et conjointement la diminution de l’offre dans des secteurs plutôt masculins ont contribué à une répartition des genres parmi les demandeurs d’emploi plus équilibrée en 2015 (figure 4).

Parmi les professions les plus qualifiées, la  part des femmes progresse.  Au sein des demandeurs d’emploi inscrits comme cadres, 36,3 % sont des femmes en 2013, contre 34,7 % en 1999. À contrario, elle diminue chez les moins qualifiés (- 12 points parmi les employés et - 8 points parmi les ouvriers).

L’allongement des durées de formation et l’augmentation du niveau de diplôme des jeunes (19,1 % des moins de 20 ans ont un niveau au moins égal au bac+2 en 2013 contre 18,1 % en 2006 en Centre-Val de Loire), ont engendré un recul de 15,2 % du nombre d’actifs occupés de moins de 20 ans sur la période 2006-2013 (figure 5). La part des jeunes parmi les actifs occupés est un peu plus importante dans la région, ce qui est dû au fait que les jeunes travaillent plus tôt qu’en province : 27,2 % des moins de 25 ans travaillent et 57,7 % d’entre eux sont étudiants ou stagiaires contre respectivement 24,9 % et 60,1 % en France de province.

La population des demandeurs d’emploi en Centre-Val de Loire est aussi plus âgée qu’il y a 20 ans. En 2015, les demandeurs d’emploi sont en moyenne âgés de 38 ans alors qu’ils avaient en moyenne 34 ans en 1996. Le vieillissement de la population active, le relèvement progressif de l’âge légal de départ en retraite depuis 2010 et la suppression, en 2011, de la dispense de recherche d’emploi (DRE) qui était accordée sous certaines conditions, ont entraîné une hausse du nombre de demandeurs d’emploi de plus de 60 ans.

Pour autant les jeunes restent structurellement très présents parmi les demandeurs d’emploi. Après une nette diminution jusqu’en 2007 (passant de 39 400 à 22 000 de 1996 à 2007), la crise a entraîné une augmentation du nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans jusqu’en 2015 (+ 63,4 %). Ils sont aussi plus présents parmi les demandeurs d’emploi dans la région qu’en France de province (16,5 % ont moins de 25 ans contre 15,8 % en France de province).

Le niveau de formation des actifs a augmenté entre 1999 et 2013 (figure 6). La part des actifs occupés détenteurs d’un diplôme supérieur au baccalauréat est passée de 20,0 % en 1999 à 31,0 % en 2013. Cette amélioration du niveau de diplôme est moins prononcée parmi les demandeurs d’emploi où les diplômés du supérieur sont passés de 14,0 % en 1999 à 19,0 % en 2013.

On observe cependant des disparités de niveau de formation entre les hommes et les femmes. Chez les demandeurs d’emploi, le niveau de formation a davantage augmenté chez les femmes. La part des femmes détentrices d’un diplôme supérieur au baccalauréat est passée de 14,0 % en 1999 à 20,0 % en 2013.

À l’inverse, la part des femmes n’ayant aucun diplôme a diminué de moitié entre 1999 et 2013 contre un peu plus d’un tiers chez les hommes. Ils sont en revanche plus souvent détenteurs de diplômes liés aux qualifications d’ouvrier en 2013 dans la région. Parmi les demandeurs d’emploi, 48,0 % d’entre eux sont titulaires d’un CAP-BEP contre 37,0 % chez les femmes.